XXXI. Misérable
POINT DE VUE JONATHAN
Allongé sur le lit au deuxième étage, j'observais la fine pluie qui avait commencé depuis quelques minutes à travers le velux. Ce son aussi simple avait le don de m'apaiser et de remettre mes idées en ordres.
En particulier une pensée.
Kalie.
J'avais beau faire tout le sport au monde, passer du temps avec ma copine, rigoler avec mes amis, à la fin de la journée je ne pensais qu'à elle, mais le pire, c'est que je ne savais pas pourquoi. Depuis son accident, je me sentais comme attirée par elle et ce sentiment avait grandit de plus en plus.
Son hostilité à mon égard avait été le moteur du comportement que j'avais aujourd'hui. Elle m'ignorait, me parlait mal, comme si je lui avais fait quelque chose de personnel. Et puis à l'hôtel, quand elle a eu cette crise, j'ai lu dans son regard de l'effroi, de l'inquiétude puis finalement, du soulagement.
Pourquoi est-ce qu'elle se montrait aussi soulagée et horrifiée de me voir en même temps ? D'un côté elle me supplie de partir, de l'autre, de rester à ses côtés. Sans le vouloir, sans le comprendre, dès que quelque chose la concernait, mon cœur se serrait. D'où venait ce putain de sentiment ?
— Jo, t'es prêt ? Les activités vont commencer ! lança Justin.
— J'arrive, grommelai-je.
En descendant l'échelle je manquais de tomber.
— Ressaisis-toi Jo...
Je passais un coup d'eau froide sur mon visage et me changeais dans des vêtements un peu plus confortable pour les activités. J'optais pour un bas de sport gendarme et un t-shirt noir simple. Pour les chaussures, je gardais mes grosses bottines noires qui faisaient amplement l'affaire.
En poussant la porte du bungalow, je remarquai Justin, Jason et Drake en train de se chamailler comme à leur habitude, sur qui était le meilleur basketteur.
— Tiens, on va demander à Jo. Hey, mec, qui est le meilleur passeur ?
Je les regardais à tour de rôle avant de pointer quelque chose du doigt.
— Tu te pointes toi-même là.
— Justement, affaire suivante.
Jason se foutu de la gueule des autres me tapotant le dos tout en marchant vers le camp.
— J'en connais un qui s'est levé du mauvais pied.
— Tu bon, tu veux dire ? Ce matin je l'ai vu avec...
Avant que Justin ne finisse sa phrase, je le foudroyai du regard. Il déglutit et se tut tout de suite après.
— Avec qui ? questionna Drake.
— Victoria. Avec Vic, conclus-je.
Alors que nous marchions vers le camp, Jason m'interpella.
— Tiens, en parlant de ta chérie, elle est là-bas. Mais se dirige dans la direction opposée... Qu'est-ce qu'elle fou ?
— J'en sais rien, attends, je vais la voir. Je vous rejoins !
Après les avoir laissé, je courus à grande enjambées pour pouvoir la rattraper. Tout le monde se réunissait au camp, qu'est-ce qu'elle faisait à courir partout ? D'un coup, j'eu un pincement au cœur. Je pensais à Kalie, tandis que j'avais une copine géniale d'ailleurs. Ces derniers temps, j'étais un peu un fantôme pour elle. Il fallait que je me fasse pardonner.
Vic, Vic, t'es où ?
A ma grande surprise, je l'avais vu s'enfoncer dans un coin de la forêt un peu sombre. Je me demandais où est-ce qu'elle allait. Je la suivis jusqu'à l'entrée de l'endroit en question et m'arrêta net quand je vis qu'elle n'était pas seule.
Une autre personne se trouvait juste à ses côtés.
Un autre mec.
Qu'est-ce que... ?
Après quelques secondes, je pus avoir un meilleur angle et à ma grande surprise, Lucas était avec elle. Mais qu'est-ce qu'il foutait ensemble ? C'était quoi ce délire ? Victoria le connaissait ? La tournure des évènements ne me plaisait absolument pas.
— Non, non... tu ne comprends pas ? Je me torture depuis des mois, Lucas !
— Et tu crois que moi je souffre pas en voyant Kalie me détester ?
— Te détester ? Vous aviez pas l'air de vous détestez quand vous avez couché ensemble !
Oh.
— Tu veux bien te taire Vic ? C'est pas moi qui ai trompé mon copain !
Est-ce que j'ai bien entendu ? Victoria et Lucas sont...
— C'était une stupide erreur... je... je sais pas pourquoi j'ai fait ça, mais tu peux pas dire à Kalie la vérité. Si tu lui dis que c'est moi, tu me perdras pour toujours.
Stop.
— Parce que tu m'aimes toujours, Lucas. Tu as beau te le nier, tu m'aimes autant si ce n'est plus qu'elle.
— T'es qu'une manipulatrice, Vic, tu le sais ? Tu utilises ça contre moi, alors que tu te contrefous de ce que je peux ressentir.
Elle s'approcha de lui, lui caressant la joue.
— Qui te dit que je m'en fiche complètement ?
Leur visage n'étant qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, je décidai de tourner la tête et de me barrer au plus vite. Qu'est-ce que... qu'est-ce que ça voulait dire ? Victoria m'avait trompé ? Avec lui ? L'ex de Kalie qui ne semblait pas trop l'être en ce moment...
Ma tête se mit à tourner dans tous les sens tandis que je me mis à courir dans les bois sans savoir où est-ce que j'allais. Ma respiration était saccadée, je n'avais plus aucun repère. Je m'arrêtai un instant, envie de vomir toutes mes tripes, mais rien ne sortait. Juste ma pure bêtise et stupidité. Comment est-ce que j'avais pu être aussi bête ?
Je lui avais tout donné. Mon temps, mon corps, ma patience, mon amour et elle, elle m'avait traité comme ça. Qu'est-ce que j'avais fait de mal ? Etais-je une mauvaise personne ? Je mis ma tête entre mes mains et m'effondrai sur le sol, à bout de forces.
Aucune larme ne tombait, je voulais juste crier et m'énerver contre le monde. Assis pendant quelques minutes sous la fine pluie qui s'était un peu décuplée, je décidai de rebrousser chemin, sans prendre en compte que j'étais complètement perdu.
A l'aide d'un tronc d'arbre, je me relevais difficilement et manquais de glisser sur les feuilles humides. Je tournais en rond pendant encore quelques minutes avant de me rendre compte que je n'arriverais pas à retourner au camp.
Et puis sans faire attention à où je marchais, je ratais la grosse marche qui s'offrait devant moi, me faisant tomber tête la première sur le sol. Le seul souvenir que j'avais était la pluie qui frappait mon visage puis je sombrais dans le néant total.
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