XXVIII. Intuition
Est-ce que tout est écrit dans un livre caché du monde entier ? Est-ce que le destin d'une personne ne change pas peu importe l'univers dans lequel elle se trouve ? Sydney devait-elle être une fille manipulatrice ? Devait-elle être cette briseuse de couple ?
Après avoir vu cette boucle d'oreille, je ne savais plus quoi penser, encore une fois, ma liste se rallongeai de jour en jour et je ne pouvais rien y faire. C'est comme si on ne me laissait pas le temps de m'ennuyer. Celui qui écrit mon destin, sache que je te hais.
Une fois que j'arrivais à chasser quelque chose de mon esprit, un autre truc prenait place et me faisait encore plus stresser. Est-ce qu'un jour ça s'arrêtera ? Est-ce que j'aurais du répit ?
C'était sur le chemin pour aller au boulot que je me répétais sans cesse ces questions. Travailler me fera du bien et pour une fois, même si le cas de Sydney me donnait encore plus envie de frapper quelqu'un, c'était un problème d'adolescent, avec des êtres vivants et non des esprits qui voulaient vous tuer.
Voir le positif dans les situations les plus improbables, c'était mon grand pouvoir.
Qu'est-ce que je donnerais pour pouvoir... j'allais dire retourner à ma vie d'avant, mais pas vraiment. Je ne savais même plus ce que je voulais.
Au moins, au travail, je ne penserais qu'à moi et au restaurant. J'aurais pas le temps de penser à Jonathan, le fantôme ou Sydney. Enfin arrivée devant le diner, je me réchauffais les main et poussai la porte. Une sonnerie retentit comme d'habitude quand une personne rentrait.
Il n'était presque dix-neuf heures, il n'y avait pas beaucoup de clients, ce qui était un peu bizarre, d'habitude ça grouillait de monde. En espérant qu'il y aura assez de clients plus tard dans la soirée...
— Kalie ! Te voilà, comment ça va aujourd'hui ?
— Super Ashley et toi ? souris-je.
Tu parles d'un cache misère...
— Très bien, même si c'est un peu triste pour un mercredi soir... fit-elle tristement. D'ailleurs, j'ai une petite nouvelle à t'annoncer. Nous avons une nouvelle recrue ! Tâche de bien lui expliquer comment ça fonctionne ici d'accord ? Ah, tiens, le voilà.
Non, mais je devais rêver.
Il n'y avait pas d'autres explications.
L'univers se déchaînait clairement contre moi, là.
Pourquoi est-ce que Jonathan se trouvait sous mes yeux ?!
— Salut, dit-il simplement.
Salut...
Salut ?!
Non ! Juste non !
Mais bon sang, qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça ? Je serrais mes poings tellement fort que je pouvais sentir mes ongles percer ma peau. Tant bien que mal, j'essayais de garder un visage neutre, en esquissant même un petit sourire, mais mes yeux témoignait de ma surprise.
— Vous êtes dans le même lycée, c'est ça ?
— Oui, dans la même classe aussi, fit-il fièrement.
Mais à quoi il jouait ? Depuis son malaise, je ne lui avais pas reparlé, mais il me semblait très en forme. Pas besoin de s'inquiéter.
— Je vous laisse tous les deux, en espérant que des clients pointent le bout de leur nez, soupira Ashley.
— Alors tu-
— Je dois aller aux casiers, m'exclamai-je pour couper court à la conversation.
Je me faufilai derrière le comptoir pour atteindre la porte arrière, le laissant seul. Ah, ça ne m'avait pas manqué ce petit jeu. Techniquement parlant, c'était ici qu'il avait failli faire une bêtise. Je n'arrivais toujours pas à croire qu'il m'avait presque embrassé et le pire c'était que Lucas nous avait pris en flagrant délit.
J'avais presque oublié cet épisode.
J'enlevai ma veste et mon haut et enfilai l'uniforme de l'établissement, puis refermai mon casier un peu trop fort à mon goût avant de l'affronter encore une fois. Il se trouvait là, en train de sécher des verres et de regarder le flux de clients.
— T'as pas le choix, Kalie, quand faut y aller, faut y aller... chuchotai-je.
J'ouvris la porte complètement et m'avançai vers le comptoir, essayant au mieux de l'ignorer, mais il n'était pas de cet avis. Il se posta juste à côté de moi, mais ne parla pas.
J'haussai un sourcil.
— Je peux t'aider ?
— C'est pour ça que je suis là, pour apprendre et pour que tu m'aides, sourit-il.
Il avait oublié nos petites mésaventures ? Il avait aussi perdu la mémoire ?
— Oh et bien, tu sors les poubelles quand c'est à moitié plein, faut pas qu'il y est trop d'odeur, tu nettoies les tables quand quelqu'un à fini de manger et quand y a un nouveau client tu t'occupes de prendre les commandes. Pour les cafés, tu peux directement me demander, la machine est un peu compliquée à comprendre, sinon demande à Ashley. Tu passes aussi la serpillère en fin de journée, et le balais occasionnellement. Oh et oublie pas le comptoir, il se salit vite. Des questions ?
Il haussa les sourcils et eu un sourire en coin.
— Non..., ça va, je pense me débrouiller.
— Bien.
Peu importe ce que je faisais, je pouvais sentir son regard posé sur moi. Il ne rendait vraiment pas cette tâche facile. En faisant de mon mieux pour l'ignorer, je m'occupais de nettoyer le comptoir déjà propre et de bidouiller des trucs sans importance.
— D'ailleurs...
C'est parti.
— J'ai trouvé l'endroit parfait pour le camping avec le lycée. Le camp est magnifique et je pense que tu pourras présenter le projet aux professeurs.
— Super, merci.
— Kalie... tu comptes vraiment m'ignorer ?
— Ca dépend, tu comptes me jouer un de tes petits tours comme la dernière fois ?
Il déglutit péniblement, regarda de droite à gauche puis essaya de s'excuser :
— Je suis désolé pour la dernière fois, je... je devais pas être dans mon état normal. C'est juste que...
Il pausa un instant me fixant avec ce regard. Ce regard que je ne pouvais pas supporter et qui me donnai envie de me jeter dans ses bras.
— Que quoi ? répétai-je.
— Rien du tout, soupira-t-il. Je voulais juste te dire pour le camp et que je suis désolé.
J'hochai la tête sans dire un mot.
— Tu ne vas pas me demander comment je vais après mon malaise ?
— Euh, si... comment tu vas ?
Il rit doucement.
— T'es pas croyable, tu m'espionnes par ta fenêtre, mais tu n'arrives pas à me demander en face si je vais bien.
Le rouge me monta aux joues, ne sachant plus quoi faire ni dire. Il m'avait bien eu sur ce coup là et merde, j'étais obligé de le regarder moi ?! Mon cœur battait dans mes oreilles tellement j'avais honte.
— Je... c'était pas...
Je rêve ou je balbutiai là ? Mais ressaisis-toi Kalie ! Pendant que j'étais enfoncé dans ma honte profonde, Jonathan lui se marrait bien de me voir comme ça.
— C'est la première fois ou tu me montres une autre facette de toi que de l'hostilité.
— Je suis pas hostile ! J'ai juste... je suis comme ça c'est tout.
Personne ne dit rien pendant un moment, ce qui était très gênant encore une fois. Bizarrement, l'atmosphère s'était détendue et je ne me sentais plus aussi crispée quand j'étais à ses côtés. Mieux vaut-il ne pas trop s'y habituer. Je détestais entendre mon cœur battre pour lui quand je savais qu'il ne sera jamais à moi. Et dire que j'avais cru passé ce stade, j'étais encore éperdument amoureuse de lui.
Je le serais toujours.
Avec lui, j'avais l'impression de tout oublier, c'était tout le contraire de ce que j'éprouvais à son égard avant. J'avais l'impression que mon accident de voiture datait d'un million d'années.
— Kalie ! Tu veux bien aller jeter les poubelles ?
— J'y vais ! dis-je en me précipitant vers ces dernières.
Enfin dehors, je respirais l'air frais qui pénétrait dans mes poumons. La ville était sublime, les étoiles brillaient déjà dans le ciel et cette vue me donnait des frissons. Je voulais tellement restée ici et les admirer. On aurait dit que je pouvais les toucher.
— Belle vue, n'est-ce pas ?
Je sursautai en émettant un bruit de surprise.
— Jonathan, tu comptes me suivre le reste de la soirée ? T'as du travail tu sais ?
Il s'approcha un peu plus de moi et par réflexe, je reculai.
— Ne t'inquiète pas, je ne vais pas... Kalie, je voulais te demander quelque chose. Quelque chose d'important.
— Je t'écoute.
— Qui est Leiw ?
Mon cœur s'était figé, mes membres ne me répondaient plus, il fallait quelques instants avant que je reprenne conscience. Ce qu'il venait de dire avait encore plus chamboulé mon monde. Est-ce que le pacte que j'avais conclu s'effacer parce que je parlais un peu trop à Jonathan ? Qu'est-ce que je devais faire ? Fuir le pays ? L'univers trouvera un moyen de le remettre dans ma vie.
— J'en sais rien moi, fis-je en jouant la carte de l'ignorance.
Il fronça les sourcils, pas convaincu par ma réponse et se rapprocha un peu plus.
— Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu en sais plus que ce que tu prétends.
Je ne dis rien, incapable de prononcer un mot.
— Pourquoi est-ce que j'ai l'impression de te connaître ?
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