XXV. Rapprochement dangereux
Allez Jo, encore trente secondes...
Mes yeux étaient fermés, ma respiration contrôlée. Des perles de sueur perlaient sur mon front tandis que je tenais encore quelque seconde en position de planche. Travailler les abdominaux dès le matin me paraissait une bonne idée il y a quelques semaines, mais depuis quelques jours, je me sentais plus faible que d'habitude.
Le bip de mon chronomètre était mon signal pour enfin pouvoir m'écrouler sur le sol de ma chambre. Après quelques minutes, je me levai et filai dans la douche, la tête remplie de pensées que j'avais réussi à chasser pendant ma courte séance de sport matinale.
En me séchant les cheveux, je fis attention au carnet posé sur mon bureau contenant tout un tas de gribouillis. J'essayais tant bien que mal de déchiffrer ce qui se passait dans ma vie, surtout avec Kalie. J'y comprenais tellement rien que j'avais décider d'écrire mais ça n'avait pas plus de sens.
Pourquoi Kalie me repoussait autant ?
L'épisode de l'hôtel... tout était incompréhensible.
C'était quoi ce rêve bizarre que j'avais eu d'elle ?
Et qui était Leiw ?
Mais surtout... pourquoi j'étais attiré par elle ?
Sous tous les aspects, Kalie était la même qu'avant, mais depuis son retour au lycée, elle me semblait différente. Elle n'avait pas arrêté de mal me parler, de m'éviter, de m'ignorer, la grande question était pourquoi ?
Mais avoir tenté de l'embrasser ne jouait pas en ma faveur... Et puis ce Lucas qui avait débarqué pile à ce moment. Quelle relation ils avaient tous les deux ? Pourquoi ça m'énervait autant ? Si je continuais à me demander encore "pourquoi ?" j'allais avoir une migraine.
Je jetai le carnet dans un de mes tiroirs et me préparais avant de sortir de ma chambre. En descendant, mon père, ma mère et mon frère avaient déjà quitté la maison. Je commençai un peu plus tard aujourd'hui ce qui rendait la tâche du petit déjeuner beaucoup plus simple. Je me battais littéralement chaque jour avec Damien pour une tranche de pain.
Ce morveux était capricieux, mais je l'adorais quand même. Arrivé dans la cuisine, je me fis un déjeuner simple et regardais les messages que j'avais reçu. Plusieurs de Justin et Victoria et un de Jason. Tous me demandaient si j'allais bien et les mecs m'avaient dit de ne pas arriver tard à l'entraînement de basket aujourd'hui.
Je répondis rapidement et une idée me vint à l'esprit. Je partis dans la barre de recherche et tapais frénétiquement ce nom qui me tourmentais depuis quelque temps. Une fois la page chargée, je fus surpris de tomber sur ça.
Je m'attendais à ce que Leiw soit une personne pas un hôtel. Pourquoi j'aurais un rêve de moi et Kalie qui parlions d'un hôtel ? J'haussai les sourcils pour éviter de m'imaginer autre chose. Non, je me souvenais de ce que j'avais entendu "Leiw est mon frère". Le frère de qui ?
Je défilai les images et tous montraient un hôtel. Un frisson me parcouru l'échine quand je me dis qu'il fallait peut-être que j'y aille. Intuition ou pas, j'avais un mauvais pressentiment. Mon téléphone enfin fourré dans ma poche je pris mon sac, respirai un bon coup et me dirigeai vers ma voiture.
Je mis la radio, ouvris la fenêtre et laissais mon esprit se laisser aller. L'impression de suffoquer se faisait de plus en plus fréquente ces temps-ci. Tout allait bien dans ma vie avant... qu'elle ne débarque à nouveau. Je comprenais plus rien et peut-être que je voulais pas comprendre ce qui m'arrivait.
Le trajet se passant dans le plus grand des silences -à part les sons de radio- j'arrivai enfin près du gymnase où je me garais. Une fois dans le gymnase, je rejoignis la bande avant de commencer l'entraînement.
— Allez, tous en position, je veux pas en voir un s'arrêter ! cria le coach.
— Toujours aussi aimable, chuchota Justin.
Je rigolais avant de suivre à la ligne l'entraînement. Une vraie torture même si je le faisais pendant des années maintenant. Après avoir transpirer comme un porc pour la deuxième fois, les matchs commençaient enfin. Entre les cris du coach et le bruit des baskets qui se frottaient contre le sol, je me retrouvais enfin chez moi.
Mon esprit ne chuchotait plus, je me sentais juste libre, surtout quand je volais littéralement dans les airs pour mettre un panier. Cette sensation que rien ne pouvait vous atteindre, c'était ça qui me motivait à aller de l'avant.
Ne jamais reculer, ne jamais renoncer.
***
— Je te jure, il va me tuer avec son entraînement... se plaignit Justin en marchant vers ma voiture.
Je rigolai légèrement avant de grimper dans la bagnole. Justin s'installa sur le siège passager et poussa un soupir de fatigue.
— Je meurs de faim, on va où ?
— Le Diner, comme d'habitude ? proposai-je.
— Du moment que tu paies, soupira-t-il en allongeant le siège.
Je secouai légèrement la tête avant de démarrer. Ce mec était radin et glouton.
— T'as un job à temps partiel ? Tu gagnes plus que moi je te signal, dis-je en m'engageant sur la route.
Il s'étira avant de bailler.
— Ah, ça ? J'ai été viré... j'arrivais toujours en retard. Mais pour ma défense, c'était Sydney qui m'empêchait d'arriver à temps, tu sais comment elle...
— Ouais, merci mec, les détails de votre vie m'intéresse pas trop.
Il s'esclaffa et reprit après un moment.
— Et toi avec Vic ? Comment ça se passe ?
— Ouais, super.
C'était quoi cette réponse si peu confiante ? Il y a quelques semaines j'aurais dis ça avec un sourire géant et Justin aussi l'avait remarqué.
— Wow, palpitant tout ça. Elle se faisait un sang d'encre pour toi, il s'est passé quelque chose entre vous ?
Je secouai la tête, jetant rapidement un regard en sa direction, l'air de rien. S'il se doutait de ce qui se passait dans ma vie... même lui ne comprendrait pas. Comment est-ce qu'il pourrait si même moi, j'arrivais pas à faire le tri ?
— Jo, t'es sûr que ça va ? Je te sens bizarre depuis quelques jours.
Débile le reste du temps, mais quand il le voulait Justin pouvait être très observateur.
— Je vois pas de quoi tu parles, répondis-je, simplement. Tout va très bien.
— Jonathan, même moi j'y crois pas. Depuis l'excursion t'es bizarre, si y avait un problème tu me le dirais pas vrai ?
— Je te dis que j'ai rien, insistai-je.
Il se tût voyant que je ne voulais pas continuer la conversation. Une fois arrivés au Diner, nous nous asseyons dans un box et sans le vouloir, mon regard balaya la pièce à la recherche de son visage.
— Tu recherches quelqu'un ?
— Quoi ? dis-je en tournant vivement la tête. Non, continuais-je les sourcils froncés, je me demandais qu'il y avait pas mal de monde pour un mercredi.
Il haussa un sourcil et fit une moue étrange avant de changer de sujet. Justin n'était pas dupe, il allait me tirer les vers du nez pour savoir ce qui clochait chez moi.
— Je me demande où est leur nouvelle serveuse, avec du monde pareil, ils auraient bien besoin d'un coup de main.
Ma gorge se serra et je me grattai l'arrière de l'oreille, espérant que cette sensation dans ma poitrine passe.
— Kalie, c'est ça ? Elle en a du cran pour travailler après tout ce qui lui est arrivée.
— Hum hum, fis-je, en grattant un espace usé de la table avec mon pouce.
Justin riait légèrement ce qui me fit lever le regard vers lui. Il passa une main dans ses cheveux avant de dire :
— Je le savais... c'est elle qui te fait tant d'effet.
J'écarquillai les yeux, avant de rire nerveusement.
— Pff, de quoi tu parles ? marmonnai-je en réajustant ma chemise. Kalie ? C'est juste ma voisine de palier.
— Tu crois vraiment que je suis stupide ?
J'haussai un sourcil.
— Oui, bon, ça m'arrive, mais je suis ton meilleur ami Jo, je sais très bien comment tu réagis quand tu es stressé. Rien qu'en deux phrases, tu étais paralysé. Et puis, je vois très bien comment elle te regarde et comment toi tu l'as regarde.
Cette fois-ci, il ne riait plus. Il était complètement sérieux, le visage fermé. Jouer le pitre lui allait à merveille, mais là il avait endossé le rôle du meilleur ami ou du psy, à voir. Mes yeux se fermèrent pendant quelques secondes, le temps de reprendre ma respiration, j'avais l'impression de vraiment suffoquer.
— Il s'est rien passé entre nous, mais cette nana, je l'a comprend pas.
— Comment ça ?
— J'en sais rien, elle est distante, elle m'ignore et tu l'aurais vu quand je suis allé dîner chez ses parents, elle a dit et je cite "Courir derrière un ballon fait peut-être perdre des neurones".
Il haussa les sourcils et eu un mouvement de recul, choqué.
— Et la liste est longue. On dirait qu'elle a une espèce de vendetta contre moi.
— Peut-être que tu lui as fait quelque chose ?
— Oui, je l'ai aidé à plusieurs reprises, mais tout ce que j'ai eu le droit en retour c'est un regard menaçant et un silence complet quand je lui adresse la parole...
Vider mon sac me faisait plus de bien que je ne l'aurais pensé. Surtout que Justin m'écoutait vraiment, il ne foutait pas de ma gueule. Même lui trouvait ça bizarre.
— Hum... bizarre, elle avait l'air différente pourtant. Tu sais ce qu'on dit, après un accident on a une sorte de révélation.
— Et c'était quoi sa révélation ? Qu'elle devait me détester du jour au lendemain.
— J'en sais rien mec, cette situation est bizarre mais la question est pourquoi ça te gêne autant qu'elle t'ignore ? T'as qu'à faire pareil.
— J'essaie ! Mais le destin nous mets toujours dans des situations bizarre. L'autre jour à l'hôtel, elle était complètement pétrifiée, plantée au milieu du couloir. Elle chuchotait quelque chose du jour "ne meurs pas".
— Wow, euh, ne meurs pas ? répéta-t-il en se replaçant sur la banquette. C'est louche cette histoire.
Passant une main sur ma nuque, je sentais que j'avais plus de tension que d'habitude. Grattant toujours l'endroit sur la table, j'expliquais également le rêve bizarre sur Kalie, Leiw et l'hôtel.
— On a qu'à y faire un tour !
— Hors de question, grinçai-je entre les dents. Imagine on va là-bas et il se passe un truc d'horrible.
— Me dis pas que tu flippes, c'est rien on va juste voir et on pars. Dans tous les cas t'as pas le choix, si tu veux le fin mot de l'histoire, faudra bien creuser.
Je secouai la tête.
— Mais imagine, il n'y a rien à découvrir ? Imagine que justement, je me fais des films ?
— Et bien, tu le sauras si tu vas à cet hôtel.
Je soupirai, ne pouvant pas m'empêcher de me dire qu'il avait raison. Voulant changer de sujet, j'appelais la serveuse qui me disait qu'elle arriverait dans une minute.
— Sérieusement, ils avaient pas embauché... tu sais qui, pour une raison ? Pourquoi est-ce qu'elle n'est pas là ?
J'haussai les épaules.
— D'ailleurs, en parlant de travail à temps partiel, tu comptes toujours vivre seul ?
— J'avais complètement oublié... J'ai pas trouvé de travail pour rechercher un appartement. Tu sais combien c'est cher.
D'un coup, un flash apparut dans les yeux de Justin. De la pure malice, enfin je ne savais pas trop ce que c'était, mais il mijotait quelque chose tandis que la serveuse s'approchait.
— Excusez-moi messieurs pour le retard, je vais prendre votre commande.
— Y a pas de soucis, sourit Justin. Mais, dites-moi si je me trompe, Kalie Cole, elle ne devrait pas être ici ?
La serveuse écarquilla les yeux, passant son regard de moi à Justin.
— Oh non, on est dans le même lycée, on se demandait juste si elle avait eu un problème.
Elle soupira et replaça une mèche de cheveux derrière son oreille.
— Kalie va très bien, elle n'est pas venue parce que je voulais pas la surmener. Après avoir été agressée dans son propre lycée et le coupable qui court toujours... La sécurité de mes employés est le plus important.
Justin passait son regard de la serveuse à moi et vice-versa avant de sourire légèrement.
— Vous savez, Jonathan cherche un travail, il pourrait vous aider le temps que Kalie récupère.
Je le regardai avec une envie de meurtre, la mâchoire serrée. Mais à quoi il jouait bon sang ?!
— C'est vrai ? dit-elle en me regardant.
J'esquissai un sourire forcé avant d'hocher la tête.
— Oui, enfin...
— Je suis la patronne de ce Diner, j'avais de grande ambition, mais c'est une petite ville, j'ai du mal à garder du personnel. Si tu m'amène ton CV, je pourrais t'embaucher sans problème.
J'haussai les sourcils surpris.
— Me regarde pas comme ça, je suis à ce point désespérée, oui, soupira-t-elle. Donc, c'est d'accord ?
Je regardai Justin en coin, je savais pourquoi il avait fait ça. Si j'ai un problème, autant aller à la source. Mais d'un autre côté, travailler avec Kalie serait le meilleur prétexte pour qu'elle me parle... sans tenter de l'embrasser.
Oui, ce détail à été omis de notre conversation avec Justin, il m'aurait trucidé. Surtout que j'avais initié cette intention.
Je regardais l'endroit usé de la table et relevai la tête.
— C'est d'accord.
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