XXII. L'éveil
JONATHAN
— Si je t'adresse la parole, ça voudrait dire que mon père finirait également célibataire ? C'est vrai après tout, ta mère est partie avec un homme plus riche, plus beau et plus intéressant... Désolée, c'est sorti tout seul.
Le collier, la clé c'est le collier.
Leiw mon frère.
Leiw, Leiw, Leiw !
D'un coup sec j'ouvris les yeux et repris petit à petit conscience de moi-même et d'où je me trouvais. Alors que mes sens reprirent du service, je clignais plusieurs fois des yeux pour enfin réaliser que j'étais à l'infirmerie et que le ciel s'était presque couché.
— Il est réveillé !
Pendant une seconde je crus entendre la voix de Kalie, mais quand je tournis la tête vers mon interlocuteur, ce n'était personne d'autre que Victoria. Après quelques minutes, ma vision devint normal et je pouvais me lever.
Je pris ma tête dans mains tandis que Victoria posait une main douce sur mon dos. Avec un peu de force, je souris faiblement, incapable de savoir d'où venait ce mal de tête. Et puis d'un coup, tout me revenait. Kalie, Lucas et mon malaise. Encore maintenant je pouvais sentir Kalie poser ma tête sur ses genoux et me rassurer.
Mais mon âme était complètement vide, comme si j'étais partis dans un autre univers, dans une autre dimension. Comment se faisait-il qu'elle occupait mes pensées à chaque fois. Et puis ce "presque baiser" laissait montrer quel genre d'homme j'étais.
Un mot restait sur le bout de ma langue, un mot qui m'avait marqué juste avant que je me réveille. Leiw. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi est-ce que je continuais de l'entendre ? Ça y est, je devenais sénile.
— Mon coeur, ça va ? Tu m'as fichu une de ces trouilles... Tu peux marcher jusqu'à la voiture ?
— Oui... commençai-je la voix rouillée. Oui, ne t'en fais pas, dis-je après m'être raclé la gorge.
L'infirmière débarqua un comprimé à la main et un verre d'eau dans l'autre.
— Tiens, ça te fera du bien. Je pense ouvrir un groupe spécial mal de crâne, plaisanta-t-elle avant de gribouiller quelque chose sur une feuille.
Elle l'arrache et me la tendit me disant que ces médicaments pourraient me faire du bien. Aucune explication donnée parce qu'elle ne savait pas ce que j'avais eu. D'un coup, en voyant Kalie et Lucas, ma tête s'était mise à tourner et là, trou noir. Enfin, je pouvais entendre et sentir ce qu'il y avait autour de moi, mais comme je l'avais dit, je me sentais... égaré.
— Allez, on y va, fit Victoria. Merci encore, madame.
— Faites attention à vous, sourit-elle.
On sortit de l'infirmerie et étions arrivés au parking scolaire où était garée ma voiture.
— Tes parents ont été prévenus, je leur ai dit que je t'amènerai à la maison. Ils doivent être mort d'inquiétude.
— Désolé...
— C'est pas de ta faute, mon chérie, tu n'y es pour rien. Allez rentre, fait attention à la tête, précisa-t-elle en m'ouvrant la portière et en jetant à l'arrière mon sac. Elle m'embrassa rapidement et prit place au côté conducteur.
Après passés le portail, je m'allongeais un peu plus confortablement sur mon siège. Mon mal de crâne était toujours là, mais la douleur s'était un peu estompée. Maman va devenir folle, elle voudra me faire faire tellement de tests et voir des tas de médecin. Le regard inquiet de Victoria me disait qu'elle était du même avis que ma mère.
— Je sais ce que tu vas dire, mais ça va. J'irais voir un docteur ce week-end.
— Je te connais, tu dis ça mais tu "oublieras" comme par hasard. Tu sais que tu m'as fichu une de ces trouilles ?
— Oui, tu l'as déjà dit, la taquinai-je.
— C'est pas drôle... selon Kalie, tu t'es évanoui comme ça.
Kalie ? Pourquoi mon cœur s'emballait quand j'entendais son prénom ? J'étais avec ma copine, bordel ! Kalie n'a rien fait à part m'ignorer et m'insulter. Un petit câlin et je devenais beaucoup trop soft. Mais je n'allais pas mentir, la voir comme ça à l'hôtel, ça avait réveillé quelque chose en moi. Son regard, ses pleurs, son état... on aurait dit qu'elle était dans un autre monde elle aussi.
— Kalie ? demandai-je en me grattant l'arrière de l'oreille. Elle... elle était là ?
— Tu t'en souviens pas ? Elle t'a amené à l'infirmerie, elle était complètement paniquée. Après je suis venue et elle est partie avec Oliver et Chloé. Tu te souviens pas ?
Je raclai ma gorge et jetai un coup d'oeil par la fenêtre.
— Si, si...
— Heureusement que t'étais entouré, sinon... D'ailleurs en parlant de Kalie, tu l'as trouve pas un peu bizarre ?
Je tournai vivement la tête vers elle, provocant des craquements dans ma nuque. Je grimaçai et massai l'arrière de mon cou avant de répondre :
— Non, pourquoi tu dis ça ?
Pourquoi est-ce que je défendais Kalie ? Ah oui, j'avais failli l'embrasser. Je chassai cette image de mon esprit et me concentrai sur la réponde de Vic.
— Je sais pas... elle a l'air super différente après son accident.
— L'amnésie, tu sais... ça change les gens.
Elle haussa les épaules.
— Possible. Mais je la trouve super tendue surtout quand elle nous voit. T'as pas remarqué ça ? Et pour la sortie des musées, elle était normale ?
— J'ai trouvé ce que tu pouvais faire comme carrière, agent du FBI, ça t'irai bien, rigolai-je.
— Haha, très drôle, dit-elle sans rire. Et dire que bientôt on va devoir choisir une route pour notre avenir.
— Des idées ? demandai-je, heureux d'avoir détourné la conversation.
— Non... et toi ?
— Tout de suite ? J'aimerais me débarrasser de mon mal de crâne.
— Tu vas pouvoir faire un gros dodo, dit-elle en se garant près de ma maison.
Elle enleva sa ceinture et vint ouvrir la portière de mon côté.
— T'es mignonne, mais je peux marcher, ris-je.
Elle m'embrassa encore, un peu plus longtemps cette fois-ci et mis ses mains sur mon torse.
— T'as plus intérêt à ma faire ça, d'accord ? chuchota-t-elle.
— Promis.
Elle me donna mon sac et désigna du menton ma maison.
— Aller, rentre, ils doivent être inquiets.
Je l'embrassai encore une dernière fois essayant de chasser la pensée "Et si c'était Kalie que tu embrassais ?" de mon esprit. Je devais me faire soigner. On se séparait et elle se dirigea vers l'arrêt de bus en me faisant signe de la main.
Je pris mon sac sur mon dos non sans un gémissement de douleur, tout mon corps me faisait mal. A peine entré dans le salon, Damien se jeta à mon cou en criant à ma mère que j'étais rentré. Je le serrai fort dans mes bras et mes parents débarquèrent m'assénant de questions et d'embrassades.
— OK, je vous aime, mais là j'arrive pas à respirer.
— Désolé mon chérie, est-ce que ça va ? fit ma mère les larmes aux yeux. Foutu boulot, j'aurais du dire à Daniel que je viendrais pas...
— Non maman, Vic a bien prit soin de moi. Et l'infirmière aussi.
— Que Dieu bénisse cette jeune fille de t'avoir trouvé à temps. Victoria est vraiment faite pour toi.
Je raclai ma gorge et serrai ma mâchoire. Kalie avait beau être un mystère et exécrable les trois quart du temps, elle m'avait aidé quand j'en avais vraiment besoin.
— Non, c'est pas Victoria qui m'a trouvé. C'est Kalie, Kalie Cole.
— Cole ? Comme Tim et Cynthia Cole ? Nos voisins ? demanda mon père sur son trente-et-un. C'était tout lui ça, s'habiller en croyant qu'il allait à un gala.
J'hochai la tête et pu voir ma mère soulagée.
— Je pense aller lui faire des brownies à cette fille, mais peu importe qui t'as aidé, heureusement que tu es là, répondit ma mère. Aller va te changer le dîner est prêt, sourit-elle.
Je souris à mon tour et montai les escaliers d'un pas las. Des courbatures recouvraient mes jambes entières. C'était horrible, j'avais l'impression d'avoir été déterré. Une fois dans ma chambre, je me débarrassai de l'entièreté de mes affaires y compris les vêtements que je portais et grimpais dans la douche.
L'eau me fit instantanément du bien et mes pensées se mirent encore à voyager dans ma tête. Ils revenaient tous à un point : Kalie. J'avais beau essayé de me l'enlever de la tête, elle ne faisait que de revenir. Son regard, je pouvais le sentir sur moi. Ses yeux chocolats me foudroyaient du regard ou à l'inverse, me regardait avec tendresse et peine.
Cette peine, d'où est-ce qu'elle venait ? Pourquoi est-ce que je voulais pleurer et la serrer dans mes bras à chaque fois que je la voyais dans cette état ? Tant de "pourquoi" et pas assez de réponses. Et puis, elle ne faisait que de répéter quelque chose dans mon rêve, "Leiw". Encore un énorme point d'interrogation.
Kalie Cole, qui es-tu vraiment ?
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