XLVIII. Le sacrifice
Samedi était arrivé plus tôt que prévu et mes maintes moites et tremblantes avaient visiblement du mal à transporté le miroir que mon double m'avait demandé de prendre dans la forêt. Non mais sérieusement, un sacrifice avec un collier, un miroir et dans la forêt ? Un peu trop Blair Witch à mon goût.
Ma mère se reposait dans sa chambre et mon père faisait les courses au supermarché du coin. Il devait être surpris de me voir l'enlacer aussi fort alors qu'il allait juste faire les courses, mais peut-être que c'était la dernière fois que je le voyais.
Je me dirigeai à pas de loup jusqu'à la porte puis sortis, quand l'air frais me fouetta le visage. Cela faisait du bien avec ce qui allait prochainement suivre. La mort de Kalie Cole, youhou ! Rire nerveusement me rendait un peu plus détendue. Ou du moins ça me donnait l'impression d'avoir un espèce de contrôle sur la situation.
Jonathan se trouvait comme prévu dans sa voiture m'attendant impatiemment, le moteur déjà en marche. En faisant bien attention au miroir, je pénétrai dans l'habitacle, le visage de Jo tout pâle. Après notre... rendez-vous, il m'avait rassuré en me disant qu'il n'essaierait pas de stopper quoique ce soit, mais il voulait être présent.
— Le collier, c'est bon, le miroir... OK, j'ai tout ! Let's go !
— Kalie ? T'es pas obligée de faire semblant avec moi, je sais que tu es en panique.
— Toi et Terminator vous avez un don ou quoi ? Aussi, j'ai l'impression d'aller en voyage scolaire alors que j'ai littéralement rendez-vous avec la mort.
— Je dirais plutôt réincarnation ou renaissance.
Jonathan et moi nous regardions, nous rendant compte qu'aucun de nous deux n'avaient prononcé ces mots. Doucement, j'enlevais le bout de tissu qui recouvrait le miroir pour me rendre compte que Terminator avait bel et bien parlé.
— Hum, Terminator ? Jonathan, merci pour ce surnom, pas très flatteur.
Même s'il essayait de rester infaillible, il arrivait à peine à se concentrer sur la route tellement il n'arrivait pas à croire que mon double lui parlait.
— Wow... tu m'en avais parlé, mais j'avais jamais vu qu'elle...
— Oui, j'existe. Et je te conseille de changer de surnom si tu veux que je sois gentille.
— Je vois pas pourquoi vous vouliez vous entretuez, vous vous ressemblez sur plusieurs aspects.
Je lui fis une petite tape sur l'épaule avant de sourire. Mais quand je vis le sourire sournois de Terminator, je m'attendais au pire.
— Alors, fit-elle en prolongeant bien la deuxième syllabe. La tension s'est apaisé à ce que je vois, est-ce qu'on s'est rapproché ?
Jonathan et moi raclions nos gorges en même temps, ne voulant pas parler de notre vie intime à l'autre Kalie.
— Mais qu'est-ce que je raconte, tout ce que tu sens, je le ressens. Merci pour la dopamine, j'en avais besoin.
Jonathan failli faire un accident, tandis que je fixais mon double avec horreur.
— Ne me dis pas que tu ressens ce que je fais avec Jonathan ?!
Elle éclata de rire avant de reprendre :
— Non ne t'en fais pas, mais tu viens d'admettre la vérité, donc j'ai ma réponse, sourit-elle.
— Je suis à deux doigts de casser ce miroir, se plaignit Jonathan.
— L'époque où elle voulait me tuer me manque.
Et soudain, en parlant de mort, l'atmosphère changea subitement. Nos rires passèrent des expressions sérieuses et graves. Mourir... même si c'était pour réparer les erreurs et revenir dans mon monde, faire semblant que tout va bien serait se mentir à soi-même.
Après quelques kilomètres, j'aperçu la forêt, à mon plus grand désarrois.
— Prête ? demanda Jonathan en me tendant sa main.
— Prête.
Je saisis sa main, le contact de sa peau me réconfortant immédiatement. Après quelques instants, nous sortions de la voiture pour nous diriger vers la masse d'arbres qui nous attendait. Après encore cinq minutes, nous étions assez isolés de la route, ce qui était parfait pour ce qui allait suivre.
Le miroir, posé au sol contre un arbre, nous attendions l'arrivée de Kalie 2.0 avant de commencer. Après quelques secondes, elle réapparut, l'air sérieux, mais confiant. Elle me lança un regard pour me demander si j'étais prête. Je le lui rendis, signe que maintenant, je ne pouvais plus faire marche arrière.
Alors qu'elle s'apprêtait à commencer, Jonathan l'interrompit :
— Attends...
Il me fit face, pris mon visage entre ses deux mains et déposa un long baiser sur mes lèvres. Quand il s'écarta, nos visages demeuraient à quelques centimètres l'un de l'autre et à ce moment-là, je savais que je me sentais en sécurité, je savais que je pouvais partir en paix.
Jonathan m'avait apporté tellement en si peu de temps, et je pense que mon coeur battra toujours pour lui. Tandis, qu'il me lâchai complètement, je pris un instant pour me remémorer tous les moments que j'ai pu passé dans cette vie, tous les visages que je ne retrouverais peut-être pas dans mon monde.
Leila, ce petit rayon de soleil qui m'a tellement aidé quand j'en avais le plus besoin, qui s'est inquiété pour moi comme une réelle amie, cette fille qui me sautait littéralement dans les bras après mon accident.
"Tu me dois dix dollars, je t'avais dit qu'elle allait se souvenir de mon prénom"
Je rigolais intérieurement quand j'entendis Leila prononcé cette phrase à Oliver. Ah, Oliver, l'ami que j'espérais retrouver dans mon monde. Ce bonhomme qui semblait si timide et réservé risquait sa propre vie pour me retrouver au fin fond des bois, ce mec qui, malgré son caractère taquin, possédait un si grand cœur, que vous vous sentiez comme chez vous avec lui.
"Et quand tu as aidé Leila, j'ai su quel genre de personne tu étais, et j'ai su que j'allais bien t'aimer."
Mais le groupe ne sera jamais complet sans ma petite Chloé. Même si je n'ai pas eu l'occasion de lui en face, jamais je ne pourrais oublier sa gentillesse, sa bravoure et son âme serviable. Chloé ressemblait comme à la cerise sur un gâteau, elle était indispensable au groupe, elle représentait tout ce que je ne voulais pas affronter, et pourtant avec le temps, je me suis tellement attachée à elle, je n'aurais pas les mots pour décrire à quel point je suis reconnaissante. Elle n'a jamais abandonné, elle a tout fait pour m'aider quand ma vie était en danger, et je lui serais toujours reconnaissante.
"Tu es une amie Kalie, je ne t'aurais jamais abandonné."
Mon cœur se serra quand je me rappelais de notre conversation téléphonique après le camp Harlow. Parmi le groupe, c'était elle qui avait mené la danse et aucun mot ne pourrait définir à quel point je la remercie pour tout ce qu'elle m'a apporté.
Dans un monde qui ne semblait pas être le mien, j'avais réussi à trouvé des amis, une famille, un endroit que je pouvais appeler "chez moi" et ça devait être le plus beau cadeau que cet univers me donna.
Les larmes aux yeux, je n'essayais même pas de les contrôler. Je reniflais un bon coup et la Kalie de l'autre côté du miroir commença le rituel après m'avoir demandé de mettre le collier autour de mon cou. La peur grandissait en moi au fur et à mesure qu'elle récitait une espèce d'incantation.
La main de Jonathan caressant doucement la mienne me soulagea un peu plus, jusqu'au moment où je le sentis enfin. L'air autour de moi se fit plus lourd, plus étouffant et puis petit à petit, je ne sentais plus mes membres, ni la main de Jonathan.
Mon souffle se faisait cours et la forêt ressemblait à une espèce de tourbillon qui ne faisait que de s'accélérer au fur et à mesure. Je ne pouvais pas bouger, je ne savais même plus ou je me trouvais.
D'un coup, je sentais mon corps propulsé dans les airs, en lévitation et je me souviens avoir poussé un cri strident après avoir senti une sensation de poignard me transpercer le cœur. Alors que je tandis le bras vers la lumière au dessus de moi, je ne faisais que de m'éloigner de cet lueur, comme si c'était le monde que je laissais derrière moi.
Cet lueur.
Ce monde.
Il est parti.
Bizarrement, même si je ne le voyais pas, mon corps semblait recouvert de sang, mais je ne me sentais pas en danger, la peur qui semblait me paralyser s'était comme évanouie et tout ce que je ressentais était une sensation de flotter sur l'eau.
Cette sensation d'eau envelopper mon corps était la dernière chose dont je me souvenais avant de complètement... mourir.
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