XIV. Joyeux Anniversaire

Quand je repris conscience, c'étaient les voix inquiètes et en même temps soulagé d'Oliver, de Chloé et de Leila qui parvinrent à mes oreilles. 

— Kalie ! Madame, elle est réveillée ! s'enquit de dire Leila à l'infirmière. 

— Bon, je vais vous demander à tous de quitter les lieux. 

Ils quittèrent les lieux me laissant seule avec l'infirmière qui m'examina en passant sa main sur mon front puis en utilisant son stéthoscope pour entendre les battements de mon cœur. 

— Comment te sens-tu, Kalie ? Des vertiges, des maux de tête ? 

— Non, répondis-je faiblement.

Elle hocha la tête, un air approbateur sur le visage, avant de reposer son matériel et de me donner un médicament me rassurant que c'est juste au cas où. 

— Kalie, est-ce que tu as la moindre idée de ce qui a pu se passer ? 

Elle fit glisser sa chaise roulante jusqu'à mon lit puis me tendis un vers d'eau. Je secouai la tête. 

— Tu devrais peut-être aller voir ton médecin, juste pour être sûre que ce ne soit pas lié à ton accident.

Je hochai la tête avant d'avaler le comprimé. Le goût pâteux dans ma bouche me donna un haut-le-cœur. 

— Tu n'es pas obligé de répondre si tu n'en a pas envie, dit-elle en s'humectant les lèvres, mais est-ce que t'as mémoire est revenue ? 

Je percevais beaucoup mieux les alentours maintenant, ma tête ne me faisait plus mal, même si je me sentais toujours un peu dans les vapes. 

— Non, enfin... j'arrive à me souvenir de certaine chose. 

— Comme quoi ? 

— Euh, un homme. Il s'appelait Ben, on avait passé des vacances avec sa famille et la mienne. Une sorte de camping. Et j'ai réussi à deviner le prénom de Leila, la fille brune de tout à l'heure. 

Elle hocha de nouveau la tête. 

— Tu te rappelles de toutes les personnes qui étaient avec toi dans cette pièce ? Même celle qui t'a amené ici ? 

Comment ça "la personne qui m'avait amené ici" ? 

—  Ce n'était pas Oliver, Leila et Chloé qui m'ont emmené ? 

Elle secoua la tête.

— Non, il y avait une quatrième personne, mais je ne sais pas comment il s'appelle et je n'ai pas pu le voir, je suis arrivée seulement quelques minutes après. C'est Leila qui a mentionné un "il" quand je suis venue. 

Je fis la moue, déçue de ne pas savoir qui m'avait aidé. Je lui devais une fière chandelle. Peut-être que les autres pourront me le dire. 

— Tu peux rester ici le temps qu'il te faudra, mais prend un rendez-vous chez le médecin par précaution, une crise comme ça peut être grave surtout avec tes antécédents. 

— Merci madame, je prendrais rendez-vous, mais je vais y aller, je me sens beaucoup mieux. 

La dernière affirmation était fausse, j'avais encore un peu le tournis et ma tête -même si la douleur avait disparu- me lançait toujours par moment. Mais je ne pouvais pas me permettre de rater les cours. 

L'infirmière, qui se prénommait madame Holden, sembla surprise de mon envie de quitter les lieux, c'est sûr que la plupart des élèves souhaitaient rester ici pendant toute la journée s'il le fallait. 

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, s'inquiéta-t-elle, tu es encore fragile et il se peut que ça revienne. Surtout que selon tes amis, tu te surmènes beaucoup trop. Tu es la présidente du conseil des élèves, tu pratiques des activités extra-scolaire, tu manque de sommeil et tu restes tard le soir à la bibliothèque. 

— Ce n'est que la vie d'une lycéenne normal, beaucoup de gens font ça. 

— Certes, mais ils ne se sont pas fait renversé par une voiture il y a trois semaines. 

Touché. Dans tous les cas, je n'allais pas rester ici, qu'elle le veuille ou non. 

— Ecoutez madame, merci de vous inquiétez mais je vais partir. Si je me sens mal, je viendrais tout de suite. 

Elle me regarda, cette fois-ci avec un air désapprobateur avant de me donner un autre comprimé à prendre dans la journée en cas de besoin. Je souris poliment avant d'enfiler ma veste et de prendre mes affaires, déposés soigneusement par le groupe. Je les remercierai dès que je les verrais. 

En sortant, l'air frais me frappa de plein fouet et comme à mon habitude, j'en profitai pour remplir mes poumons de ce cadeau. Il y avait une foule d'élèves sous le préau, en train de ranger leurs affaires dans leur casier, de parler, de rire. Je cherchai du regard Leila et les autres, mais ils avaient du repartir dans la salle pour reprendre leurs affaires eux aussi. 

Alors que je m'apprêtai à me diriger vers mon casier, une voix familière me surpris. 

— Salut, ma puce ! J'ai entendu pour ton malaise, j'espère vraiment que ça va. 

C'était Carla, la fille ultra populaire avec qui je semblai proche. Au début, j'avais cru qu'elle se fichait de moi, mais elle avait l'air vraiment sincère avec sa mine inquiète. Je lui souris et la rassurai lui disant que tout allait mieux. 

— Tant mieux ! Ecoute, tu ne m'as toujours pas dis pour la fête. Tu es invitée, mais je comprendrais que tu ne puisses pas venir. 

Cette fille n'allait vraiment pas lâcher l'affaire. D'un côté, cette fête pourrait me changer les idées et puis après ce petit accident, j'ai bien envie de profiter et qui dit fête, dit emploi du temps rempli. Pas le temps pour des pensées inutiles. 

— C'est d'accord, je vais venir. 

Elle sauta littéralement de joie et me serra dans ses bras en me remerciant. Je l'étreignis à mon tour, gênée de notre proximité. Après cinq minutes de papotage sur mon accident, la sonnerie retentit, signe que nous devions rejoindre nos classes respectives. 

Je me souvenais par cœur de mon emploi du temps maintenant, j'avais cours de maths. En me dépêchant, j'arrivai avant que la professeur ne débarque, m'assis sur ma chaise et ouvrai mon bouquin de maths. Les exercices étaient déjà fait et rédigés, j'en étais plutôt fière. 

La prof arriva deux minutes plus tard avec ses affaires et son café à la main et fut surprise en me voyant à ma table. 

— Kalie ? Tu n'es pas à l'infirmerie ? 

Tous les visages se tournèrent vers moi, et dans la foule je remarquai Sydney. Sa chevelure était longue et blonde, le contraire du carré court d'avant. Elle me fixa comme tous les autres, mais je ne pus m'empêcher de la foudroyer du regard.

— Non, je vais mieux. 

Voyant la gêne qu'elle avait engendré, la professeur décida de commencer son cours sans plus tarder. Cela faisait déjà dix minutes que le cours avait commencé, mais quelqu'un toqua à la porte. Je relevai mon nez de mon exercice et mon cœur se mit soudain à battre. Ma gorge se noua.

— Jonathan, je t'en pris assieds-toi. 

Je déglutis péniblement, le voyant avancer dans ma direction. Au début, je pensais qu'il allait s'installer au premier rang, mais il avança vers le fond pour se poster juste derrière moi. J'utilisai toute ma force pour ne pas croiser son regard, même s'il ne me fixai pas, lui, je ne voulais pas le regarder, alors je lisais encore et encore la même phrase dans mon livre de maths pour être un peu plus crédible. 

Le cours reprit et malheureusement, j'étais déconcentrée pour de bon. 

*** 

— Une soirée ? s'étonna mon père. Ce n'est pas un peu tôt ? 

— Je t'assure que non Papa, et puis c'est Carla, elle a l'air sympa cette fille, enfin même si je la connaissais avant... enfin bref ! J'ai envie de me changer les idées et puis c'est même toi et maman qui voulaient que je change d'air et que j'arrête de bouquiner ou de travailler. Je vais me détendre à cette fête c'est tout. 

Mon père paru sceptique et détourna le regard vers ma mère qui était dans la cuisine en train de manger une clémentine. Elle ne leva pas le regard vers moi, toujours fâchée à cause de notre dispute. 

— C'est toi qui décide, fit-elle. 

Il se tourna vers moi, inquiet mais prêt à faire un compromis.

— C'est d'accord, mais tu reviens avant une heure du mat', Leila pourra te déposer ? 

— Oui, elle et Oliver sont d'accord pour venir me chercher et me déposer, j'en ai de la chance, pas vrai ? rigolai-je. 

Mon père rit de même en m'embrassant sur la joue. 

— Et Chloé ? demanda ma mère. Tu l'as invité ? 

— Oui, mais elle préfère ne pas venir, elle a un truc de prévu avec sa famille. 

Et cette fois, je ne mentais pas. Chloé m'avait vraiment prévenu qu'elle n'irait pas à la fête. Et puis, ça se voyait très clairement que Carla ne l'aimait pas. 

— Allez, va te préparer, ça commence bientôt, fit mon père. 

Je m'exécutai, montai les escaliers, puis préparait ma meilleure tenue. Quelque chose de chic mais décontracté. Je regardai dans mon armoire, il y avait des pièces que je n'avais encore jamais vu ou porté. Il y avait une jolie petite robe rouge, assez moulante qui m'interpella. Je l'essayai et tombai directement en amour avec elle. D'habitude, j'aurais trouvé ça trop tape à l'œil, mais la photo de moi avec cette robe noir moulante m'avait marqué. Je voulais ressembler plus à ça, à cette fille qui ne se souciait de rien. 

Il fallait des chaussures avec, j'hésitai entre des escarpins et des bottines pour casser le look. J'optai finalement pour les bottines et une veste en cuire qui se mariaient parfaitement ensemble. Je passai désormais au maquillage et décidai d'y aller fort. Il y avait des produits de luxe sur cette table, bordel, ce serait un gâchis de ne pas les utiliser. 

Après avoir préparé ma peau et fait mon teint, je me fis un smoky noir, appliquai une couche de mascara et finis le tout en mettant du rouge à lèvres bien rouge pour rappeler la robe. Je creusai mes joues à l'aide d'un fard et appliquait quelque touche d'highlighter pour apporter de la lumière. J'avais fait tout ça presque mécaniquement, sans forcément réfléchir, comme je l'avais toujours fait. Et je devais l'admettre, je me trouvais vraiment pas mal. 

Je me mis à rire devant le miroir tellement toute cette situation me paraissait improbable il y a quelques semaines, mais en levant les yeux au ciel, je remerciai Leiw de m'avoir accordé cette chance de revivre une nouvelle vie, avec, certes, des embûches, mais bien meilleure que la dernière. Mon téléphone vibra, c'était Oliver et Leila qui étaient enfin arrivés. 

J'arrangeai une toute dernière fois mes cheveux avant de descendre les escaliers et de grimper dans la voiture. 

***

La fête battait déjà de son plein lorsque Oliver se gara près de la maison de Carla. Oliver siffla. 

— Sympa la baraque. 

Il avait totalement raison, sa maison était vraiment immense, éloignée des petites résidence, la maison de Carla était littéralement un château ainsi que toutes celles qui se trouvaient à proximité. On pouvait clairement sentir la richesse des parents de Carla rien qu'en regardant la maison. 

On s'enfonçait dans la foule qui s'était accumulée sur le gazon devant la maison. Au moins, personne ne vomissait, mais je perçu au loin un couple qui s'éclataient énormément. 

— Kalie, tu as mis le paquet aujourd'hui, remarqua Leila. 

Elle pouvait parler, elle était tout aussi habillée et maquillée que moi avec sa robe argentée et ses escarpins. Je lui fis la même remarque avant d'entrer dans la maison. La musique était forte et les corps bougeaient en rythme sur de la bonne musique. Je reconnu directement le morceau qui était Get Low, mais plus du chanteur. Je me surpris à commencer à bouger mon corps, comme si j'avais l'habitude de m'enflammer sur la piste de danse. 

Mais j'ai l'habitude. 

Cette petite voix résonnait dans ma tête me rappelant de qui j'étais maintenant. Leila se mit à bouger la tête de façon rythmée puis nous nous dirigions tous vers le mini bar. L'intérieur de la maison était encore plus impressionnant avec les poutres de deux mètres, la cuisine immense et les escaliers qui couvraient trois étages. 

Leila se servit un shot et en glissa un sous le nez d'Oliver qui le bu d'une traite. Je les imaginai pas du tout comme ça, mais parfois les apparences peuvent tromper. Leila faisait sa petite fille, mais elle savait quand s'amuser et Oliver paraissait timide mais il possédait un côté badass, et mon petit doigt me disait que Leila n'y était pas indifférente. 

La musique changea soudainement pour laisser place à Danza Kuduro de Don Omar et Lucenzo. Leila écarquilla les yeux et me tira par le bras vers la piste de danse. 

— Faut qu'on danse sur cette musique ! s'écria-t-elle. 

On enlevait nos vestes et les mis sur le comptoir. 

— Allez-y, je me verse un autre shot, dit Oliver tout sourire. 

Leila m'entraîna puis commença à se déhancher comme jamais. Cette fille était vraiment pleine de surprise, elle m'épatait. Je l'imitai en me lâchant complètement. Il commençait à faire super chaud à cause du monde qui s'accumulait sur la piste. Plusieurs garçons se collèrent à nous, dansaient avec nous et nous rigolions toutes les deux en se rendant compte à quel point ils étaient bourrés. 

Après avoir dansé comme deux petites folles, on rejoignit Oliver qui avait trouvé de la compagnie. Une belle fille avec des boucles rousse lui faisait les yeux doux et je pouvais déjà sentir Leila se crisper à côté de moi. Elle ne laissa rien paraître et avança vers le bar pour se servir un autre shot. Pendant qu'Oliver bavait devant cette fille, Leila et moi parlions de tout et n'importe quoi quand Carla débarqua tout excitée :

— Kalie !! Je suis tellement contente que tu sois là !! 

Elle nous salua toutes les deux en nous faisant la bise quand un sentiment de culpabilité s'empara de moi, j'avais complètement oublié son cadeau ! Enfin, elle était trop bourrée pour s'en rendre compte. Elle cria par-dessus la musique pendant encore cinq minutes avant de repartir danser. 

— Cette fille est délirante ! 

— Carrément ! Leila, je dois aller aux toilettes, tu sais où est-ce que c'est ? 

— T'es sûre que ça va ? 

— Oui, oui ! Juste une pause pipi. 

— Va à celle du deuxième étages, elles sont énormes ! 

Je la remerciai avant de monter rapidement les escaliers. Mes oreilles sifflaient à cause de la musique, un peu de calme faisait toujours du bien. Ma tête se mit légèrement à tourner, c'était pour ça que je voulais m'éloigner de la foule. Leila avait raison, la porte de la salle de bain était double, ce qui voulait forcément dire qu'elle renfermait une pièce immense. 

Je la saisis la poignée, mais rien à faire, c'était occupée. J'attendis quelques minutes, la motivation pour grimper d'autres marches ne se manifestait pas. Et puis, si la personne tardait trop, je monterai, en attendant je m'adossais au mur à côté. 

Après quelques secondes, j'entendis la porte grincer, signe que la personne avait enfin fini. Je décollai mon dos transpirant du mur, puis m'apprêtai à entrer, quand mon regard resta figé sur la personne en face de moi. 

Bien sûr qu'il serait là. 

Toute la confiance en moi que j'avais accumulé sur la piste s'était évaporé. Je me raidis face à lui, mes mains étaient crispées et sans m'en rendre compte j'avais arrêté de respirer. Lui aussi me fixait, au début avec de l'étonnement, puis avec dureté. Son regard me perçait littéralement, surtout quand il était en colère. Il pouvait désarmé n'importe qui avec ses yeux. 

Il n'y avait pas que ses yeux qui me déstabilisait, mais lui tout entier. Il était vêtu d'un simple t-shirt noir et d'un jean de la même couleur et ça lui allait merveilleusement bien. Des gouttes d'eau perlaient de ses cheveux pour venir s'écraser sur le sol. Plus je le regardai et plus c'était dur de rester concentrée sur mon but initial. 

Je le vis ouvrir la bouche mais avant qu'il ne prenne la parole, j'essayais de le pousser du chemin pour pouvoir passer, ce qui ne lui plaisait pas franchement. 

— T'es pas croyable comme fille, c'est dingue ! 

Me retrouvant dos à lui, je pouvais laisser mon visage exprimer la douleur quand j'entendais sa voix. Tous mes traits se crispèrent, mais le plus horrible c'était qu'il était en colère... et ça devait continuer comme ça. 

Je repris mes esprits en respirant un bon coup. Le voir me perturbait, me déchirait de l'intérieur, mais peu importe à quel point il avait cet effet sur moi, il fallait que je me contrôle. J'échouai beaucoup trop de fois et je ne voudrai pas que cette vie se termine. Je me retournai vers lui, décider à être seule en paix dans cette salle de bain. 

— Tu pourrais sortir de la salle de bain, s'il te plaît ? 

Mon ton était sec et froid, je m'étonnai moi-même d'avoir pu parler comme ça. Lui aussi était déconcerté, il entrouvrit la bouche, choqué de mon attitude, sa main serrant la poignée. Il claqua la porte, mais n'était pas sortie des toilettes pour autant. Je me crispai à nouveau. 

— Je peux savoir c'est quoi ton problème, Cole ? Tu m'ignores complètement, tu m'humilies devant tes parents et puis à chaque fois qu'on se croise on dirait que j'ai tué ton chien et t'essaie de me fuir ! Je peux donc savoir c'est quoi ton problème ? 

Le nœud dans ma gorge se resserra, j'arrivai à peine à déglutir normalement en sa présence. Et ce qu'il venait de balancer me brisa encore plus de l'intérieur. Je paraissais froide et sans états d'âme, là, tout de suite, en face de lui, mais s'il savait à quel point les larmes voulaient sortir en ce moment. 

— Tu as perdu ta langue ? dit-il sarcastiquement. 

— Je suis désolé pour ce que j'ai dit au dîner, c'était cruel de ma part. 

Je lui devais au moins des excuses, ça ne voulait pas dire que je voulais qu'on se mette ensemble dis-je en espérant que Leiw entende mes pensées. 

— Et je peux savoir qu'est-ce que j'ai fait pour mériter cette cruauté ? Devrais-je dire : une hostilité puissance dix. 

Voulant écourter la conversation, j'ignorai sa question en lui disant de quitter les lieux. Il bloqua la porte m'empêchant de l'ouvrir et à ce moment-là, je me rendis compte qu'on était un peu trop près l'un de l'autre. Je reculai de quelques pas. 

— Tu vois, ça.

Il désignait les pas que je venais d'effectuer. 

— On dirait que tu m'évites comme si j'avais la peste. 

— J'ai dit que j'étais désolé, tu veux quoi de plus ? 

Il plissa les yeux et contracta sa mâchoire. 

— Heureusement que je n'ai rien dit. 

Je haussai les sourcils, surprise de son soudain changement de ton. Ma curiosité prit le dessus. 

— De quoi tu parles ? 

Il m'ignora, ouvrant la porte en grand avant de sortir de la pièce. Je fermai à clé derrière lui et me laissa glisser le long de la porte, libérant par mes larmes la pression qui s'était accumulée, me demandant vraiment si ça allait s'arrêter un jour. 

J'en avais marre de lui, marre de le voir, marre de me sentir aussi faible. Mais comment résister à la peine en moi ? Au déchirement qui se produisait à chaque fois que je posais mes yeux sur lui ? Je me débarbouillai, respirai un bon coup et sorti des toilettes avec encore ce maudit mal de crâne qui revenait. 

Leila était repartie danser avec Oliver ; ils paraissaient bourrés et heureux, même très. Ma mère me l'avait déconseillé, et l'infirmière aussi, mais je m'autorisai une petite exception ce soir. Et puis juste un, ça n'allait pas être terrible. 

Je pris la bouteille en face de moi, me servis un verre et le bu d'une traite. Après cinq minute, je m'en ressers un autre et puis c'était quand j'aperçu Jonathan au loin avec Victoria que je remplis mon verre complètement. Mon sans ne fit qu'un tour dans mes veines quand je la voyais se trémousser sur lui et l'embrasser langoureusement. Je me surpris moi-même d'éprouver une telle jalousie, après tout je l'avais demandé. Dans une autre vie, ils ne seraient même pas ensemble. 

L'alcool avait fait effet, même un peu trop. J'essayai de me lever, mais je tenais à peine debout. Ma tête était toute embrouillée, j'arrivai même plus à voir Oliver ou Leila. Une main vint se poser sur mon épaule ce qui me fit sursauter. 

En plissant les yeux pour ajuster ma vue, je riais bêtement après m'être rendu compte de qui c'était. 

— Luuucaas ! C'est toi ! criai-je en lui tapotant les joues. 

— Kalie, tu devrais freiner sur l'alcool. 

Il ôta mon verre des main avant de le reposer sur le comptoir. 

— Hééé ! C'est mon verreuh... 

Je voulu reprendre le verre, mais il m'en empêcha en posant sa main sur la mienne. 

— Wooooow ! T'as sentis l'électricité ? cris-je en frottant ma main. On doit avoir une sorte d'alchimiiiie. 

— Kalie, tu es un peu trop pompette, je te ramènes chez toi. 

— Naaan ! J'ai pas envie et puis la fête vient de commencer.

Je fis un bon prête à aller danser, mais mes pieds ne voulaient pas coopérer. Lucas me rattrapa lors de ma chute laissant nos visages qu'à quelques centimètres. 

— Tu sais que t'es vachement canon, comparé à l'autre vie ? 

— Kalie, on y va... 

Je le coupai dans son élan écrasant mes lèvres sur les siennes. Il parut surpris mais ne me repoussa pas et ce fut le dernier souvenir de cette soirée d'anniversaire. 



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