XII. Chemin dangereux

— Mademoiselle, vous êtes sûre de vouloir rejoindre le club de tir à l'arc ? Votre emploi du temps à l'air très chargé entre les cours, le conseil des élèves et le sport, j'ai bien peur que...

— Ne vous en faites pas, je viendrais à tous les cours sans exceptions, le samedi à dix heures. 

Le professeur en face de moi fit une moue dubitative, avant de hocher la tête. 

— Bon, très bien. A demain mademoiselle. 

Je donnai mon inscription avant de me diriger vers la sortie. L'air fais fouetta ma peau ce qui me fit instantanément le plus grand bien. Dans un monde où j'avais l'impression de suffoquer, les températures douces des premiers mois de l'année me donnèrent l'impression de respirer. Et dire que je détestais l'hiver auparavant, il y avait de grande chance pour qu'elle devienne ma saison préférée. 

Mais malgré tout ce que j'avais sur les bras en ce moment, ce n'était pas assez. Je finissais mes devoirs et mes révisions avec beaucoup trop d'avance et le projet pour la sortie aux musées à été acceptée, je n'ai plus qu'à faire l'annonce et on n'aura presque plus rien à faire. Oliver et Leila me rappelèrent le plan pour chaque jour, mais j'avais déjà tout planifié. 

Oliver me prit à part en me disant de ne pas me surmener, mais honnêtement, je n'avais pas l'impression d'en faire trop, au contraire. J'avais la sensation que ma vie était vide et c'était dans ce vide que mes pensées au sujet de Jonathan se remplissait. Rien que maintenant, sur le chemin du retour, je pensais à lui. 

Toutes mes pensées se redirigeaient vers lui finalement. 

C'était comme un bruit incessant, que vous ne pouvez pas vous empêchez d'entendre. Vous avez beau essayé comme une acharnée de combattre les pensées, elles revenaient de plus belle. 

Mais j'avais la solution, il fallait juste ne pas avoir le temps d'y penser. Alors que je marchais en direction de ma maison, je me trouvais dans le petit quartier où restaurants, boutiques, cinémas et autre s'y trouvaient. Je regardais de droite à gauche, admirant la fine couche de neige s'installer. Rien n'avait changé ici au moins. 

Madame Hunter gardait toujours la boutique de fleurs du coin, monsieur Logan était toujours gérant du fast-food et mademoiselle Smith se chargeait encore du magasin de guitares et pianos. 

Je m'arrêtai net devant une espèce de restaurant à la façon typique américaine, du genre année soixante-dix, quatre-vingts. Dans mes souvenirs, on appelait ça un Diner. De là où je me trouvais, les lumières étaient éclatantes, un mélange de rouge, de jaune, de bleus et sans oublier le carrelage noir et blanc où les lumières se reflétaient. 

Les boxes étaient de différentes couleurs, rouge, bleu, jaune et encore. Cette endroit ce démarquait carrément de tous les autres. Je ne savais pas qu'ils avaient retapé la bâtisse, dans mes souvenirs c'était... Je ne sais même plus à quoi ça ressemblait. 

Alors que j'inspectais cet endroit au peigne fin à travers la vitre, mon regard croisa celle de la serveuse. Une femme ravissante, rousse avec des yeux marrons assez clairs et une peau pâle. Elle me sourit comme pour m'attirer dans son restaurant avant de reposer son attention sur son assiette de pancakes qu'elle devait servir. 

Je ne savais pas pourquoi mais un sourire se dessina sur mon visage. Il faisait presque nuit, le vent était doux et cet endroit me réconfortait pour une raison inconnue. Mon regard s'attarda sur une affiche juste à côté de moi et quand je la lu, je n'hésitai pas une seule seconde, je décidai de pénétrer dans le Diner. 

La douce odeur de sucré chatouillait mes narines et c'était à ce moment-là que je me rendis compte que j'avais une faim de loup. Je bavais littéralement sur le bacon, les pancakes, les milkshakes, les œufs brouillés et bien d'autre plat plus savoureux les uns que les autres. 

Au loin, je vis un monsieur plutôt âgé avec son journal en train de saupoudrer du sucre sur ses pancakes avant de mettre un peu de sirop d'érable dessus. Il planta sa fourchette avant de la fourrer dans sa bouche ce qui me fit saliver encore plus. 

— On a faim ? 

La voix de la serveuse de tout à l'heure retentit dans mes oreilles. Elle était aussi douce que son apparence. 

— Installez-vous dans un des boxes, je suis à vous dans une minute, sourit-elle. 

Je tendis mon bras vers elle pour l'interpeller. 

— Non attendez ! Je suis venue pour autre chose, commençai-je. J'ai vu l'affiche dehors et j'aimerais bien postuler. 

— Oh et bien asseyez vous dans un box, j'arrive tout de suite. 

Elle me sourit encore une fois avant de se diriger vers un autre box. Je pris place sur une des banquettes, mais je ne pouvais m'empêcher d'avoir terriblement faim. Ça me revenait maintenant, je n'avais pris qu'une banane ce matin et mangé une barre de céréales sur le temps du midi, tu parles d'un repas copieux. 

Mais étant une grande imbécile, je n'avais pas pris assez d'argent pour manger. Mon porte-feuille m'était donc inutile. Je n'étais qu'à quelques mètres de chez moi, mais il fallait que je prévienne ma mère pour lui dire que je m'étais arrêté dans ce Diner. Peu après, mon téléphone sonna. 

— Allô ? 

— Kalie, pourquoi tu t'es arrêté au Diner ? 

— J'ai passé une bonne journée, merci et toi ? 

Elle soupira de l'autre bout du fil. 

— Kalie... 

Si je lui disais pour l'offre d'emploi, elle me dirait de rentrer tout de suite et me persuaderai de laisser ça à une autre fois, c'était à ce moment-là que je me dis que je n'aurais pas du la prévenir.

— J'ai juste voulu prendre un truc à grignoter, j'ai rien mangé ce matin. 

— Tu sais que ton traitement nécessite une alimentation riche et équilibrée ? Je n'aime pas du tout le chemin que tu prends, ma chérie. 

— Mais quel chemin maman ? Je dois te laisser, je suis avec Chloé. 

— Ah vraiment ? Chloé est avec toi ? 

Je détestais mentir, mais la serveuse s'approcha de moi avec un grand sourire. 

— Oui, je dois te laisser, bye. 

Je fourrai mon téléphone dans mon sac quand une bonne odeur de bacon avec des œufs brouillés fit mon ventre gargouiller. Deux secondes plus tard, une assiette avec les aliments que je venais de sentir se posa juste sous mes yeux. Je lis son badge et pus voir son prénom : Ashley. 

Je relevai la tête immédiatement pour me rendre compte que la gentille serveuse avait déposé l'assiette en question. 

— Euh, c'est gentil, mais je n'ai pas de quoi payer, dis-je très gênée. 

— Oh, ne t'en fais pas. Je te vois saliver sur les plats depuis dix bonnes minutes, je ne vais pas laisser l'argent être une barrière. 

Elle souriait de plus belle, cette femme adorait vraiment sourire à tout le monde, c'est ce qui rendait cet endroit si chaleureux. 

— Et puis, apparemment, tu vas travailler pour moi, enfin si tu passes l'entretien. Manger l'assiette sera ta récompense. Si tu es prise, tu peux manger. 

Je fronçai les sourcils. 

— L'entretien ? Je passe un entretien, là ? 

Elle hocha la tête avec son petit sourire éternel. 

— D'accord, alors, je m'appelle Kalie Cole...

Rien qu'à l'entente de mon nom, elle leva la tête de son petit carnet en me fixant avec ses yeux ronds. 

— Tu es... tu es la petite qui s'est faite renversée il y a quelque semaine ? dit-elle avec un ton des plus compatissant. J'ai entendu pour ton... 

Je hochai la tête. 

— Oui, ma perte de mémoire, mais elle commence à revenir, y a du progrès selon mes proches. 

— C'est super ! Désolé de t'avoir interrompu, continue, je t'en prie. 

Je raclai ma gorge et repris : 

— Je m'appelle Kalie Cole, je suis lycéenne et je cherche un travail à temps partiel pour combler le vide dans mes journées et faire quelque chose de productive. Je suis motivée, sérieuse, ponctuelle et j'adore le contact avec la clientèle. 

— Des expériences dans le passé ? 

— Non, du moins, pas que je m'en souvienne. Mais je suis présidente du conseil des élèves, je pratique du tir à l'arc et j'aide les personnes en difficulté dans les devoirs quand j'ai le temps. 

Elle paru impressionnée avant de sourire. 

— Et ton emploi du temps est vide ? Wow, impressionnant.

— Merci, rougis-je. 

— Si je récapitule, tu es à peine rétablie et tu voudrais quand même travailler ? Tu es sûre de pouvoir tout gérer ? 

Je hochai vivement la tête. 

— S'il vous plaît, j'ai vraiment envie... non, j'ai besoin de ce travail. 

Elle s'adossa à la banquette avant de regarder mon plat. Elle tapota le crayon sur son carnet avant d'hocher doucement la tête. Son regard s'attarda sur le ciel extérieur avant de me regarder en coin. 

— Tu peux manger, sourit-elle. Je t'enverrai ton emploi du temps la semaine prochaine.

Je la remerciai sincèrement avant de pouvoir savourer ce plat. Elle repartie me chercher un milkshake. Le goût des aliments était explosif, jamais le bacon n'avait testé aussi bon. Croustillant et tendre à la fois, il se mariait parfaitement avec les œufs brouillés en accompagnement. Ces derniers n'étaient pas tout ramollis ou trop secs au contraire, les morceaux étaient bien tendre sans trop d'huile. 

Après avoir fini le plat, j'attaquai les pancakes comme une affamée et le milkshake. Un mélange de saveur extraordinaire se mêlait, c'était un pur délice. La crème du milkshake était ni trop épaisse, ni trop légère, juste ce qu'il fallait. Idem pour les pancakes, ils étaient tellement moelleux, que j'en redemandai encore. 

Enfin mon ventre complètement rempli, je regardai l'heure pour me rendre compte qu'il était assez tard, ma mère allait s'inquiéter. J'avais déjà manque deux appels, elle allait être fâchée. Je rangeai mes affaires et saluai Kate en sortant : 

— Au revoir, à la semaine prochaine ! 

— Oui ! Oh, Kalie, attention ! 

Son avertissement était en retard de deux secondes puisque je percutai quand même ce qu'elle voulait que j'évite. Je me frottai le front après avoir jurer sous ma barbe, puis j'ouvris les yeux pour m'apercevoir que je m'étais frappé contre le torse de quelqu'un, mais ce qui me faisait mal c'était la fermeture éclaire que je m'étais prise. La personne en question m'avait rattrapé de justesse en me saisissant par les coudes. 

— Je suis désolé ! 

J'eus un mouvement de recul immédiat. Non... non, pas ici quand même. J'aurais voulu me frapper le crâne contre un mur pour ne plus entendre cette voix. Il allait me hanter pour l'éternité ou ça se passait comment ? 

Je n'avais même plus la force de relever la tête, je ne voulais pas faire face à ses yeux, ça serait trop dur. Je ne pouvais pas. Et dire que pendant quelque jour, j'avais réussi à le tenir éloigné. 

— Kalie ? dit-il, voyant que je ne levai pas la tête. 

Je devais partir tout de suite. Je le contournai et me précipitai vers la sortie en ignorant tout contact avec qui que ce soit. Je voulais juste atteindre ma maison et effacer cette voix de ma tête. Mais peu importe mes efforts, ses mots résonnaient dans toute ma tête, dans toute mon esprit et dans tout mon être.

Il me consumait littéralement. 

Jonathan, quand est-ce que tu vas arrêter d'avoir autant d'emprise sur moi ? 

Après dix bonnes minutes, j'arrivai au bercail quand la voix de ma mère retentit dans le salon. 

— Kalie ! Viens ici tout de suite ! 

Je fronçai les sourcils et fermai les yeux, c'était bien ma fête aujourd'hui. 

Alors que je pénétrai dans le salon, mon regard se figea sur la personne assise sur mon canapé en face de ma mère. Je fermai doucement les yeux, me rendant compte de ma bêtise. 

— Salut Kalie... 

Je soupirai. 

— Chloé.







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