VII. Populaire

Debout, devant ma vanité, j'arrangeai mes cheveux. Ma nervosité envahissait toute la pièce, mes mains tremblaient et j'essayais au mieux de contrôler ma respiration. Depuis très longtemps, j'appréhendai ce moment. 

Le fameux retour au lycée. 

Je fixai l'horloge accroché au mur qui affichait très précisément : neuf heures dix, jeudi treize janvier. Au début, je croyais que la date était faussée, mais ma mère m'avait assuré du contraire. Puis, j'ai relié le tout pour me rappeler la date et le treize janvier était la date du dîner de classe.  

Il était trop tard pour faire marche arrière de toute façon, ce qui était fait ne pouvait et n'allait pas se défaire. Je me lissai les cheveux à l'aide de mes deux mains, puis balançai mon sac sur le dos. 

— Courage, murmurai-je. 

Ma mère attendait en bas, emmitouflée dans son gros blouson en laine. Le temps se faisait de plus en plus frais. Rien que dans le salon, la température demeurait trop basse. Elle me vit, puis un sourire s'afficha sur ses lèvres. Elle posa sa tasse de thé, rangea son téléphone pour saisir ses clés de voiture. 

— Prête ? 

— Prête. 

Ma mère ouvrit la porte et m'invita à sortir. Mon cœur battait à tout rompre en regardant la maison d'en face. Je détournai le regard et me précipitai vers la voiture. J'avais réussi à retrouver mes capacités physiques depuis quelques semaines maintenant. Après la visite d'Anna ma mère et moi avions beaucoup discuté sur quand reprendre les cours et j'avais conclu que ce lundi serait parfait. Une nouvelle semaine pour une nouvelle vie. 

En me remémorant Anna, un frisson parcouru mon échine. La façon dont je fus captivé par son regard me hantait. On aurait dit un tourbillon sans fin, c'était trop perturbant. Je décidai de chasser ses pensées négatives puisque tout ce que j'avais voulu est enfin entre mes mains. 

Le trajet se passa dans un silence presque total, la radio était en marche, elle faisait passer Written in the stars depuis tout à l'heure.  J'adorai cette musique, elle transmettait un message positif, ce qui contrastait beaucoup avec mon état actuel. Je tentai de me faire à cette nouvelle vie, mais rien n'était facile. Et puis, qu'est-ce que me réserve le lycée ? Sans Sydney, je me retrouverai seule dans mon coin. Ce n'est pas plus mal. 

Sydney, Victoria, Justin, Jason, Drake, et Jonathan. Je les reverrai.

Et j'en étais terrifiée. 

Le paysage défilait à une vitesse incroyable ce qui me donna le tournis. Pour le reste du trajet, je décidai de fermer les yeux et d'adosser ma tête contre la vitre. Quelques minutes plus tard, ma mère ralentissait. On était arrivé. 

Mes mains tremblèrent de plus en plus, je les triturai pour me détendre même si ça me donnait l'air encore plus stressée. 

— Si tu n'es pas prête, Kalie, on peut rentrer. 

L'espace d'une seconde, je considérai cette proposition, puis mon regard dérivait sur le lycée. Il n'avait pas changé à mon plus grand bonheur. Les bâtiments avaient conservé leurs couleurs blanches que je percevais à travers le portail était verte recouvert d'un léger voile blanc. Il allait peut-être neiger d'ici quelque temps. 

— Non, c'est bon. 

Je tournai la tête vers elle. 

— Je vais y aller. 

Elle me sourit, puis j'ouvris la portière. Mes deux pieds à terre, je regardai le lycée et bizarrement tout le stresse que j'accumulais me paraissait ridicule maintenant. Pourquoi stresser ? Ce n'était pas le festival de Cannes. J'avançai jusqu'au portail sous le regard interrogateur de plusieurs personnes. Je leur adressai un mince sourire puis continuai ma route. Enfin dans le lycée, je humai l'air comme si je revivais et c'était totalement le cas. 

Je pouvais le faire. 

Alors que je m'apprêtai à continuer ma route seule vers mon casier, une voix m'interpella. 

— Kalie ! 

Je me retournai et vis une fille, blonde, les yeux marron avec de petites tâches de rousseurs sur les nez et les joues. Elle avait de grosses lunettes rondes ce qui lui donna un air sérieux. Chloé. 

— Chloé ? 

— Tu te souviens de moi ? Génial ! s'exclama-t-elle. 

Elle se tut gênée comme si elle avait fait une gaffe. 

— Désolé, mais ta mère a appelé la mienne et elles ont discuté longtemps avant de venir à la conclusion que je devrais t'aider pour... tu sais, avoir des repères. 

Je haussai les sourcils, étonnée. 

— Mais si tu ne veux pas, je comprends !! Tu as sûrement des personnes plus proches à qui demander de t'aider. Mais c'est juste que je suis la déléguée et première de la classe du coup je pourrai t'aider partout ! Mince... on aurait dit que je me vantais, c'était pas du tout mon attention, je suis désolé ! Mince, je parle trop. J'en étais où déjà ? 

— Chloé ? Respire. 

— Euh... Oui, désolé, soupira-t-elle. 

— On y va ? 

Elle haussa ses sourcils. 

— A mon casier ! ris-je. 

— Qu'est-ce que je peux être bête ! Allons-y. 

Je suivais Chloé qui me raconta tout ce qu'il s'était passé pendant mon absence. Ce qui m'étonna, c'étaient les personnes qui me saluaient timidement, me demandant si j'allais bien, me souriait de toutes leurs dents. Je passais outre ces détails et me concentrais sur Chloé. Elle avait l'air toute gentille et mignonne, mais ça ne marchera pas deux fois. On m'a trahi une fois, deux fois serait trop douloureux. 

— Kalie, où est-ce que tu vas ? Ton casier est juste ici. 

Elle s'était arrêtée à un autre casier qui n'était absolument pas le mien. Tiens, un autre changement ! 

— Ah... je ne m'en souvenais pas. 

Elle se tapota la tête, pas violemment, mais assez pour lui faire mal. 

— Désolé, je suis débile ! 

Cette fille émanait beaucoup trop d'excitation. On aurait dit une fille sortit tout droit d'un dessin animé. Elle prit son sac à dos, l'ouvrit et me donna une pochette plastique avec tout un tas de papiers. 

— Tiens, ça ce sont les devoirs, cours et tout ce que tu as loupé, je t'ai mis des annotations pour pas que tu te perdes ! 

J'allais la remercier quand une fille assez élancée et surtout très attirante s'approcha de nous. C'était une bombe cette fille et je pouvais sentir Chloé se rembrunir à côté de moi. Son expression enjouée d'il y a quelques secondes avait disparu. 

— Kalie ! Tu es de retour, je suis tellement heureuse ! 

Elle m'enlaça, une étreinte courte et pourtant étouffante. 

— Moi c'est Carla ! Au cas où tu ne t'en souviendrais pas. Oui, Chloé, dit-elle, en s'adressant à elle, apprend à ta mère à garder les secrets pour elle. Kalie chéri, tout le monde sait que tu as perdu la mémoire et tu sais il y a quoi de mieux que pour te remettre sur pied ? Ma fête ! Je t'invite toi et... Chloé, si tu veux, à ma fête d'anniversaire ! Elle a lieu ce samedi, j'aimerais vraiment que tu viennes, ta présence sera tellement appréciée ! 

Elle ne s'arrêtait pas de parler, elle était pire que Chloé. 

— Ma présence serait appréciée ? 

— Bien sûr ! J'espère vraiment que tu pourras venir. Bisous ma puce ! 

Puis elle s'en alla après m'avoir tendu deux invitations. Adorable. 

— Tiens, prends-là, dis-je. 

Chloé paru surprise. 

— Merci... 

Elle semblait vidée de son énergie, ça m'étonnait un peu. Mais bon, après tout ce n'était pas mes affaires. Je saisis la pochette qu'elle avait gardé dans les mains, puis la remerciai sincèrement de son aide. Chloé partit en me faisant un petit signe de la main, elle avait rendez-vous avec les responsables du journal du lycée. Quant à moi, je regardai l'invitation. Moi, Kalie Cole, recevoir une invitation ? Je levai les yeux au ciel. 

— Wow, Carla n'a pas perdu de temps avec toi. 

— C'est sûr, murmurai-je, sans faire attention à mon interlocuteur. 

Mon cœur allait sortir de ma poitrine. Non, c'était impossible que... Je tournai doucement la tête pour m'assurer que ce n'était qu'un rêve. 

Ce n'en était pas un. Nos yeux se croisèrent et je ne pouvais plus les quitter. Mon sang bouillonnait à l'intérieur de moi. J'avais très chaud. 

Ses livres dans ses mains, je le vis ouvrir son casier. 

Son casier ? 

— Au moins, j'ai retrouvé ma voisine de casier ! Ça faisait longtemps, Kalie. 

Jonathan. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top