Chapitre 7 ✔

La fin du cours d'histoire touchait à sa fin et j'en étais plus que ravie. L'idée de retrouver Kalie au prochain cours m'aidait à relativiser et à prendre sur moi cette situation. En sortant de la salle, j'attendis, cette fois-ci, Sydney qui était visiblement ennuyée de ce cours. C'était toujours aussi bizarre de la voir près de moi, de lui parler. Sydney et moi n'étions pas... proche. Même si à une époque, tout aurait pu changer.

—  Madame Foster me tue littéralement avec ces cours ! Je n'en peux plus sérieusement, je crois que je vais arrêter le lycée, dit-elle, épuisée.

Que répondrait Kalie à ça ? Oh, allez Jonathan tu sais quand même tenir une conversation !

—  Ah... et tu me laisserais seule ? dis-je avec un ton boudeur le plus ridicule de ma vie.

—  Oui ! Je te laisserais seule sans aucun scrupule et en plus tu devras te coltiner Jonathan toute seule, rit-elle.

C'était à ce moment-là que ma conscience prit le dessus.

—  Non mais oh ! Fiche lui la paix bon sang !

Un, deux, trois, quatre, cinq, six. On se calme, on se reprend. Excellent, John, excellent.

—  Je plaisante haha, ris-je.

—  Sur une échelle de un à dix, je dirais qu'aujourd'hui ton niveau de bizarrerie est de cent. Je peux savoir pourquoi est-ce que tu es si... bizarre ?! dit-elle, en s'arrêtant.

— Comment ça ? Moi ? Bizarre ? Non, je suis normale, c'est juste que je me sens pas très bien, je crois que j'ai chopé un truc.

— D'accord, mais de là à ce que tu défendes l'autre abruti, ta maladie doit être grave.

Alors Kalie me détestait -elle aussi- à ce point ? Intéressant. En plus avec le coup de la piscine, c'était difficile de trouver un peu de bonté en elle, mais on va dire que je l'avais cherché. Et j'aimais bien jouer ce petit jeu avec elle, cela me manquait presque. Alors que j'étais perdu dans mes pensées, ma tête commençait à me faire atrocement mal. Ma vue se limitait à des personnes qui bougeait dans tous les sens et puis je m'écroulais par terre. Cependant, j'étais toujours conscient.

Des images défilèrent devant mes yeux sans que je n'y prête vraiment attention et puis... du son. J'entendais des voix et je reconnus celle de Kalie et la mienne, mais également un brouhaha de voix derrière. Tout était tellement flou et puis la voix de Sydney parvint à mes oreilles et m'extirpa de ce mauvais cauchemar.

—  Kalie ! Kalie ! Tu vas bien ? Quelle question... viens, on va à l'infirmerie !

—  Je vais bien, ne t'en fais pas. C'est passé. Je pense que j'ai du mal à digérer ce que j'ai mangé à midi.

—  Tu es sûre ?

—  Certain... Certaine.

Ce qui venait d'arriver n'était pas rien et j'en étais persuadé. Si jamais ma mémoire revenait, je pourrais peut-être découvrir ce qui c'était passé l'autre soir. Une minute...

—  Sydney, à la soirée étudiante, est-ce que tu sais ce qui s'est passé ?

Cette dernière m'aida à me relever et nous décidâmes de nous asseoir sur un banc non loin de la salle de notre prochain cours. Ma tête me faisait un peu mal, mais le pire était passé.

—  Pour répondre à ta question, j'ai quitté la soirée un peu après toi, je t'en avais parlé au téléphone. Tu ne te souviens pas ? Ma mère m'a appelé en urgence. Et pour ta gouverne tout le monde était bourré alors personne ne se souvient de rien. Pourquoi ? 

—  C'est juste... comme ça.

Sydney n'était pas débile, elle se doutait de quelque chose, de part le regard qu'elle me lançait. Certes, elle ne pourrait jamais deviner ce qui m'arrive, mais elle reconnaîtrait sa meilleure amie et ce n'était pas moi. 

Enfin le mot meilleure amie était un peu trop gros, je me demandais vraiment comment elles étaient devenues amies. 

Je devais vraiment trouver Kalie et vite, le fait qu'elle soit si en retard ne me plaît absolument pas. Ce n'était pas son genre de manquer un cours.

—  Enfin bon, si jamais tes malaises recommencent, tu sais quoi faire. Je dois y aller, le cours de science va bientôt commencer. Bonne chance pour ton cours d'anglais.

J'avais presque oublié, Sydney et moi n'avions pas le même emploi du temps. Ce n'était pas plus mal d'un côté, le masque que je portais depuis le début de la journée pouvait enfin tomber. Il restait environ dix bonnes minutes avant la reprise, je me disais que c'était une bonne idée pour aller me détendre. Mes jambes lourdes parvinrent à me traîner vers le bureau de tabac en face du lycée et une fois arrivée un large choix de paquet de cigarettes s'offrait à moi. Je choisissais le paquet habituel et après avoir payé, je me faufilais dans une petite rue non loin de l'école et m'asseyais en tailleur à l'abri de tous les regards.

Rien que moi, la cigarette et le silence. Un parfait combo.

L'être humain n'était pas infaillible et à priori, j'en étais un. Alors pourquoi ? Pourquoi quand j'avais besoin de quelqu'un, je n'avais personne. Quand je me retrouvais seul, un tas de pensées plus déprimantes les unes que les autres refaisaient surface sans que je ne puisse avoir aucun contrôle. Mon subconscient partait loin, très loin, trop loin. Peut-être était-ce l'effet de la cigarette ? Sûrement.

Assis dans cette ruelle, je pouvais empêcher mon cerveau de penser à trois mille choses en même temps. Je me souviens, sans aucune raison apparente, de l'appel de la mère de Kalie. Quand j'y repense, je ne lui avais même pas rendu son téléphone. Je me souviendrais toujours de ce petit moment où j'ai vu marquer maman sur le cellulaire, de ce bref instant où ma poitrine s'était comprimée et de ce sentiment d'avoir retrouvé une once de figure maternelle. Bordel, qu'est-ce que ça faisait mal d'y repenser, mais je n'avais aucun contrôle, c'était plus fort que moi. 

—  Kalie Cole ? C'est bien toi ?

Un instant de répit était tout ce que je demandais. C'était qui encore ? On ne pouvait pas me laisser une minute ! Une seconde... Cette voix. 

Surpris. Il n'y avait aucun autre mot pour décrire ma réaction. Je me relevais vite fait et jetais la cigarette sous ma chaussure. Mais c'était trop tard, elle m'avait vu.

—  Vic ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

—  C'est plutôt à moi de te poser la question tu ne trouves pas ? Comment connais-tu cet endroit, il n'y a que moi et John qui connaissions cette ruelle.

Encore oublié. Même si mon corps était Kalie, ma conscience était bien Jonathan.

—  Laisse tomber, tu as bien le droit d'y venir après tout, finit-elle par dire.

La prendre dans mes bras était ce que je voulais faire là dans cet instant. Victoria était ma lumière au fond du tunnel, aussi bateau que cela puisse paraître, sans elle jamais je n'aurais pu survivre dans ce monde de fous.

—  Merci et pour la cigarette...

—  Oui, oui, je connais la chanson ne t'en fais pas. Après tout le monde fume donc. J'avais une question, vous parliez de quoi avec Jonathan la dernière fois ? C'est pas que je me méfie mais...

—  Victoria, écoute moi bien, je ne ressens rien pour Ka... Jonathan, je t'assure. Ne crois pas que je suis ta rivale ou que j'essaie de briser ton couple. A l'avenir si tu nous vois moi et lui ensemble, ne te m'éprends pas, car je suis sûre qu'il pense de tout son cœur à toi.

Elle était assez choquée et esquissait un petit sourire bienveillant. Mes paroles ne ressemblaient pas vraiment à Kalie, elle venait de moi cette fois-ci.

—  Hum... T'es pas si coincée que les gens le disent, rit-elle.

—  Je prendrais cela comme un compliment. Mais en parlant de Jonathan, il n'est pas avec toi ?

Elle éteignit la cigarette qu'elle avait depuis le début et se tourna vers moi

—  A ton avis ? Jonathan est absent comme tous les mardis. Il sèche c'est pas nouveau.

Ah oui, c'est vrai, le mardi, j'avais les...

Oh merde !

Bien joué Jonathan, bien joué !


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top