CHAPITRE 6 (NV)
Jonathan
— Donc, comme montré dans cet exercice, les maths c'est complexe.
C'était peu de le dire. Déjà que les cours de maths ne m'intéressaient pas plu que ça, il fallait que je me retrouve dans la classe de Kalie. Tout à l'heure, je n'ai rien laissé paraître, mais quand j'avais découvert mon nouveau corps, je m'étais retrouvé paniqué et pétrifié. D'un autre côté, voir Kalie dans tous ses états était plutôt gratifiant. On aurait dit que le ciel nous avait punis pour nos comportements respectifs.
À ma droite Sydney, la meilleure amie de l'autre crapule, soupirait, mais prenait tout de même des notes, ce que jamais je n'aurais fait. Mais quelque chose m'échappait, Sydney et Kalie étaient bien trop différentes, alors comment pouvaient-elles être amies ? Kalie ne savait vraiment pas choisir d'amis. Ni de petit-copain.
— Kalie, veux-tu nous dire ce que tu as mis comme réponse à la question 2.b ?
Misère, misère. Kalie était supposée être une bonne élève, ce qu'évidemment, je n'étais pas. Dans toute ma scolarité, je me suis dégonflé ou bien je faisais tout pour passer les tests les moins difficiles. Bon, même si j'avais failli redoubler, je m'en étais plutôt bien sorti. Quant à l'homme qui se tenait devant moi, il attendait une réponse, et vu ses lèvres retroussées, il s'attendait à une excellente réponse. Je me penchai en avant pour regarder la question 2.b sur mon livre. Il fallait déduire que la suite était géométrique... C'était quoi déjà une suite géométrique ?
— La suite est géométrique, car...
Un bruit strident, qui d'habitude ne me plaisait pas trop, retentit dans les couloirs et c'était avec un grand soulagement que je rangeai mes affaires pour pouvoir sortir au plus vite de cet endroit. Combien de temps est-ce que ça allait durer ? Même si je ne possédais pas la vie la plus palpitante et la plus joyeuse, la seule idée de perdre mon frère me terrifiait plus que toute autre chose. Je ne pouvais pas craquer, je devais garder le masque que j'avais si bien forgé durant ces dernières années. C'était bien moi ça, être calme devant une situation démente et m'énerver pour des sottises.
— Ah bah merci, c'est sympa de m'attendre, depuis tout à l'heure, je crie ton nom dans les couloirs.
Cette voix, je la reconnaîtrais entre mille.
— Sydney.
— Quel accueil chaleureux, c'est moi ou tu n'as pas su répondre en maths ? Tu étais toute tremblante.
— Tremblant tu veux di... oui tremblante, tremblante c'est ça.
Génial.
— T'es malade ou quoi ? T'es super tendue.
— Je...
J'allais répondre quand mon regard fut attiré par moi, enfin, Kalie qui était dans mon corps. Tout cela était trop compliqué pour mon cerveau. Ne répondant pas, Sydney agita sa main sous mon nez.
— Hé ho !
— Désolé, je dois y aller, je te retrouve plus tard.
— Mais...
Kalie se trouvait avec Justin, Jason et Drake. J'avais peur de ce qu'ils pourraient lui dire. De plus, connaissant Kalie, elle n'était pas bavarde, ce qui pouvait paraître bizarre. Si elle se trouvait dans mon corps, elle devait agir comme moi. Je m'approchais de plus en plus de la bande et Kalie croisa mon regard.
Bingo.
Kalie était perdue, son regard dans le vide... elle pouvait faire un petit effort pour ne pas paraître aussi morte. Drake, un mec de la bande, me vit arriver et sourit de toutes ses dents.
— Tiens, tiens, regardez qui est là, la tigresse.
En plus de subir les moqueries, je devais porter les surnoms débiles. Malheureusement, je n'étais pas Kalie et je perdais vraiment patience. De base, je ne m'entendais pas trop avec Drake, alors s'il m'insultait en plus, je n'allais pas le supporter.
— Jonathan, on doit parler.
— J'arrive, fit-elle, au plus vite.
C'était un cauchemar, ma voix était frêle et basse, j'avais vraiment l'air d'une petite fille. J'étais le clown du lycée, j'avais une sorte de réputation d'avoir toujours une grande gueule et là c'était totalement l'effet inverse. Jason prit la parole :
— John, t'es sûr que ça va ? Depuis ce matin t'es bizarre mec.
— Je...
— Il est très malade, dis-je, on l'entendait éternuer dans tout le quartier. Je dois lui parler, cela vous dérangerait de me la... le laisser quelques minutes ?
— On t'attend dans la voiture, fit Justin.
— Justin, tu conduis ! cria Kalie.
— Euh, si tu veux.
Pendant que le reste du groupe se dirigeait vers le parking, je traînais Kalie par le bras dans un endroit un peu plus à l'écart. À peine arrivé, Kalie implosa.
— C'est la dernière fois que je vais à l'école avec ces énergumènes ! Ils ne font que de m'insulter à longueur de journée et je ne te parle pas de leur hygiène. Surtout Drake ! Vous vous êtes vraiment bien trouvés. De vrais gamins.
— Oh c'est sûr que toi tu es tellement parfaite miss j'ai envie de me venger en mouillant le matériel de basket, marmonnai-je.
— Drake est vraiment le plus détestable. Heureusement que Justin est là, finit-elle.
— Moi aussi ma matinée était rude d'accord ? Arrête de te plaindre et essayons de trouver une solution.
Elle respira un bon coup et commença :
— Je suis d'accord avec toi, pour une fois. Qu'est-ce que tu proposes ?
— Pour le moment ? Je n'en sais rien. Mais il faudrait qu'on arrive à s'habituer à la vie de l'autre. J'ai l'impression que ça va être long comme histoire.
— Tu es d'une grande aide ! Je préfère encore me plaindre.
Elle m'exaspère.
— Jonathan !
Une voix résonna dans tout l'espace et je me crispai soudainement, me rendant compte de qui il s'agissait. Je me retournais et vis Victoria. Elle s'avança de plus en plus de nous et croyant qu'elle allait s'arrêter en face de moi, je commençai :
— Salut Vic...
Manque de bol, je n'étais pas Jonathan à ses yeux, mais rien de plus que Kalie Cole. Elle ouvrit ses bras et enlaçait "le vrai Jonathan, mais qui en réalité est le faux puisque je suis là !" et lui fit un bisou sur la joue. Même si la situation était critique, je ne pouvais m'empêcher de glousser rien qu'en voyant la tête de Kalie. Pâle et sans vie.
— Alors John, de quoi vous parlez tous les deux ?
Victoria... la petite-amie la plus possessive qu'il soit.
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