Chapitre 5 ✔
— Donc, comme montré dans cet exercice, les maths ça peut être dur.
Tu m'étonnes, non mais qu'est-ce que les maths pouvaient être barbant et en plus je n'étais même plus dans ma propre classe. Il n'y avait que des filles ici. Atroce. Techniquement moi aussi j'en étais une, mais personne ne me croirait si je leur disais "Hey c'est moi Jonathan, mais je me retrouve dans le corps de cette moins-que-rien." Justement, en parlant d'elle, je la voyais au prochain cours. Pour l'instant, tout se passait bien, enfin en quelque sorte. C'était donc assis sur ma chaise et un crayon à la main que je m'ennuyais au plus haut point dans ce cours interminable.
A ma droite Sydney, la meilleure amie de l'autre crapule, soupirait mais prenait tout de même des notes, ce que jamais je n'aurais fait. Mais il y avait un truc qui m'échappait, Sydney et Kalie étaient bien trop différente, alors comment pouvait-elle être amie ? A moins que...
— Kalie, veux-tu nous dire ce que tu as mis comme réponse à la question 2.b ?
Misère, misère. Kalie était supposée être une bonne élève, ce qu'évidemment, je ne suis pas. Dans toute ma scolarité, je me suis dégonflé ou bien, je faisais tout pour passer les tests les moins difficiles. Bon, même si j'avais failli redoubler, je m'en étais plutôt bien sorti. Quant à l'homme qui se tenait devant moi, il attendait une réponse, et vu ses lèvres retroussées, il s'attendait à une excellente réponse. Je me penchais en avant pour regarder la question 2.b sur mon livre. Il fallait déduire que la suite était géométrique... C'était quoi déjà une suite géométrique ? Bon, allez réfléchis, réfléchis
— La suite est géométrique car...
Un bruit strident, qui d'habitude ne me plaisait pas trop, retentit dans les couloirs et c'était avec un grand soulagement que je rangeai mes affaires pour pouvoir sortir au plus vite de cet endroit. Tout ça était en réalité beaucoup plus dur à avaler, même si je ne le montrais pas, au fond de moi, j'étais pétrifié à l'idée de ne plus avoir ma propre vie. Même si je ne possédais pas la vie la plus palpitante et la plus joyeuse, la seule idée de perdre mon frère me terrifiait plus que tout autre chose. Je ne pouvais pas craquer, je devais garder le masque que j'ai si bien forgé durant ces dernières années. C'était bien moi ça, être calme devant une situation démente. Je me demandais bien ce que ressentait Kalie maintenant. Contrairement à moi, elle était sous le choc et je devais admettre que la voir dans cet état était très drôle.
Mon téléphone, enfin, celui de Kalie se mit à sonner et je me souviens l'avoir mis dans son sac de cours au cas où. Mais maintenant que j'y repensais, il faudrait peut-être que je lui rende. Je regardais le numéro qui s'affichait sur l'écran et un nom apparu :
Maman.
Je ne pus m'empêcher de ressentir une profonde tristesse, mais je la chassais rapidement. Je ne sais pas pourquoi la mère de Kalie l'appelait maintenant mais ça devait être important alors je décidai de décrocher.
— Allo ?
— Kalie, heureusement que tu as pu décrocher, c'était juste pour te prévenir que ce soir je rentrerai tard mais je t'ai mis de l'argent pour commander ce que tu veux. Ton père lui... il s'en va en déplacement cet après-midi.
— D'accord. Je ne savais pas trop quoi répondre donc j'optais pour la simplicité.
— Je t'aime, travaille bien !
— Je t'aime aussi...
Elle raccrocha et la tristesse que j'avais ressentie il y a quelques minutes refit surface. Jamais je n'aurais cru dire les mots je t'aime à une figure maternelle et pourtant. Ce qui m'a marqué c'est que les parents de Kalie sont rarement à la maison eux aussi. Moi qui pensais qu'ils dînaient ensemble tous les soirs... aussi elle a tout le temps l'air heureuse, qui pourrait croire qu'elle passait certains soirs seule dans une si grande maison ?
— Ah bah merci, c'est sympa de m'attendre, depuis tout à l'heure, je crie ton nom dans les couloirs.
Cette voix... je la reconnaîtrais entre mille.
— Sydney.
— Quel accueil chaleureux, c'est moi ou tu n'as pas su répondre en maths ? Tu étais toute tremblante.
— Tremblant tu veux di... oui tremblante, tremblante c'est ça.
Génial.
— Je peux savoir la raison pour laquelle tu as paniqué ? Tu es malade ?
— Je...
J'allais répondre quand mon regard fut attiré par moi, enfin, Kalie qui était dans mon corps. Tout cela était trop compliqué pour mon cerveau. Ne répondant pas, Sydney agita sa main sous mon nez.
— Hé ho !
— Désolé, je dois y aller, je te retrouve plus tard.
— Mais...
Kalie se trouvait avec tous mes autres potes et j'avais peur de ce qu'il pourrait lui dire. De plus, connaissant Kalie, elle n'était pas bavarde, ce qui pouvait paraître bizarre. Si elle se trouvait dans mon corps, elle devait agir comme moi. Je m'approchais de plus en plus de la bande et Kalie croisa mon regard.
Bingo.
Kalie était perdue, son regard dans le vide... elle pouvait faire un petit effort pour ne pas paraître aussi morte. Drake, un mec de la bande, me vit arriver et sourit de toutes ses dents.
— Tiens, tiens, regardez qui est là, la tigresse.
En plus de subir les moqueries, je devais porter les surnoms débiles. Malheureusement, je n'étais pas Kalie et je perdais vraiment patience. De base, je ne m'entendais pas trop avec Drake, alors s'il m'insultait en plus, je n'allais pas le supporter.
— Jonathan, on doit parler.
— J'arrive, fit-elle, au plus vite.
C'était un cauchemar, ma voix était frêle et basse, j'avais vraiment l'air d'une petite fille. J'étais le clown du lycée, j'avais une sorte de réputation d'avoir toujours une grande gueule et là c'était totalement l'effet inverse. Justin prit la parole :
— John, t'es sûr que ça va ? Depuis ce matin t'es bizarre mec.
— Je...
— Il est très malade, dis-je, on l'entendait éternuer dans tout le quartier. Je dois lui parler, cela vous dérangerait de me la... le laisser quelques minutes ?
— On t'attend dans la voiture, fit Justin.
— Tu conduis ! cria Kalie.
— Euh, si tu veux, dit Justin.
Pendant que le reste du groupe se dirigeait vers le parking, je traînais Kalie par le bras dans un endroit un peu plus à l'écart. A peine arrivés, Kalie implosa.
— C'est la dernière fois que je vais à l'école avec ces énergumènes ! Non mais tu sais combien de rots et de pets ils ont lâchés aujourd'hui ?! Tu sais comment les vestiaires sont ?!
— A toi de me le dire Miss j'ai envie de me venger en mouillant le matériel de basket, marmonnai-je.
— Est-ce qu'au moins ils savent faire une lessive ? Pire ! Est-ce qu'ils étudient le soir ? continua-t-elle sans prêter attention à la remarque que je lui ai faite. Je me sens sale, je transpire comme jamais, je veux retrouver mon corps ! finit-elle.
— Hum...
— Hum quoi ?! s'emporta-t-elle.
— Tu as finalement perdu ton sang-froid, souris-je.
— Jonathan ! Cria-t-elle.
Sentant que l'atmosphère était lourde, je décidai de calmer le jeu.
— Bon, écoute... calme toi. Si tu veux savoir ça n'a pas été facile, entre les maths, Sydney et le fait d'habiter dans le corps d'une fille, je ne sais pas tout gérer, mais il faut prendre ça plus calmement, si cette chose s'est produite, il doit y avoir une raison.
Elle respira un bon coup et commença :
— Bon, qu'est-ce que tu proposes ?
— Des cours.
— Hein ?
— Nous ne savons rien l'un sur l'autre, je n'y comprends rien aux maths et toi tu ne comprends rien au basket. Je ne sais pas comment agir comme Kalie et tu ne sais pas comment agir comme moi. C'est pour cela qu'il nous faut des cours.
Cette idée n'était pas ridicule, il fallait que chacun s'adapte au mode de vie de l'autre sinon les choses allaient être compliquées à gérer. Le froncement de sourcils sur le visage de Kalie (enfin...) me rassurait, car elle réfléchissait sur ce que j'avais dit et par conséquent elle pouvait penser que j'avais eu une idée de génie, ce qui ne m'étonnerait pas... Ah, le narcissisme.
— D'accord, je trouve que c'est une bonne idée.
— Jonathan !
Une voix résonna dans tout l'espace et je me crispais soudainement, me rendant compte de qui il s'agissait. Je me retournais et vis Victoria... tout sauf elle, par pitié. Elle s'avança de plus en plus de nous et croyant qu'elle allait s'arrêter en face de moi, je commençai :
— Salut Vic...
Manque de bol, je n'étais pas Jonathan à ses yeux, mais rien de plus que Kalie Cole. Elle ouvrit ses bras et enlaçait "le vrai Jonathan mais qui en réalité est le faux puisque je suis là !" et lui fit un bisou le joue. Même si la situation était critique, je ne pouvais m'empêcher de glousser rien qu'en voyant la tête de Kalie. Pâle et sans vie.
— Alors John... de quoi tu parlais avec elle et que tu ne dis pas à moi ?
Victoria... la petite-amie la plus possessive qu'il soit.
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Merci d'avoir lu jusqu'au bout, vous ne savez pas à quel point ça me touche ! Voici les questions du jour :
Que pensez-vous de l'idée de Jonathan ? Celle de prendre des cours ? 🌸
Quel point de vue aimez-vous le plus lire ? 🌸
Quel personnage à l'air le plus attachant entre Kalie et Jonathan ? 🌸
Krystal ~
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