CHAPITRE 34 (NV)

Ils étaient là.

Kalie.

Jonathan.

Sydney.

Ces deux derniers s'envoyaient des regards qui voulaient absolument tout dire. C'était leur signal. Si Kalie avait prêté un peu plus attention à ces deux-là... dans tous les cas ce qui est fait ne peut être défait, et ça, ils le sauront bientôt.

Kalie but une gorgée de sa boisson, la dernière pour être plus précis. Ce sera la dernière gorgée qu'elle boira avant de sombrer dans le brouillard, un brouillard profond, pétrifiant et qui ne laissait aucune échappatoire.

Un brouillard tellement épais que plisser les yeux n'aident en rien pour y voir plus clair. Un brouillard répandu et qui continuera de s'éterniser jusqu'à ce que la vérité soit révélée.

Jonathan, un sourire accroché sur ses lèvres, prit le verre discrètement et y ajouta la substance désirée. On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid et pourtant, il hésita.

Il ne savait pas si c'était la meilleure chose à faire.

Mais sa colère, sa rage de toutes ces années, refit surface. Il ne voulait pas lui faire payer ce qu'elle avait fait au gymnase, non... Il voulait la priver de tout ce qu'il n'a jamais eu.

Le bonheur.

Il n'était pas heureux, cela se sentait à plusieurs kilomètres. Du moins, c'était évident pour moi, je ressentais chaque chose dans l'atmosphère, je pouvais entendre chaque pensée des personnes autour de moi et j'avais un avantage, ils ne me voyaient pas.

En réalité, je n'avais pas de formes à proprement parler, je n'étais pas un fantôme non plus. Je suis ce que l'on appelle, une âme perdue. Une âme qui n'a pas su se détacher du monde des humains.

Je devais accomplir une mission personnelle, celle de la vérité. Dans notre société, le mensonge était quelque chose de courant et il le resterait toujours, si je me trouvais ici, dans ces lieux, c'était pour limiter les dégâts, pousser les personnes à dire la vérité.

Les moyens utilisés étaient, certes, peu orthodoxes, mais je n'avais pas vraiment le choix. Jamais je n'aurais cru que je devais aller si loin. Ce n'était pas tous les jours qu'il y avait autant d'action, d'habitude j'avais affaire à des adultères, mais cette fois-ci, ce n'était que de la haine pure.

Une aversion qui se faisait sentir dès que ce jeune homme avait posé les pieds ici.

C'est bon. Les lèvres de la jeune femme avaient touché le verre et le liquide coula au fond de sa gorge sans se douter des effets que cela allait lui procurer. Le regard de son amie s'était assombri, un désir de vengeance résidait également en elle. Ce n'était pas aussi puissant que celui du jeune homme, non... sa haine était dirigée envers elle-même.

Après quelques minutes, Kalie se sentait bizarre, ses yeux ne s'ouvraient pas malgré ses efforts, ils ne faisaient que de se refermer. Elle se leva de sa chaise, légèrement chancelante, et se dirigea vers les toilettes. Sydney l'avait accompagné comme une amie était censée le faire, mais ses idées étaient loin d'être amicales. Au contraire, elle lui avait donné le signal.

À Jonathan.

Un seul regard, il ne lui a fallu qu'un seul regard pour comprendre. Il se leva également de sa chaise en boutonnant sa veste et se dirigea vers les toilettes pour homme, enfin c'était ce qu'il voulait faire croire. Sa destination était la même que les deux jeunes femmes qui avaient quitté la table il y a quelques minutes, mais ça, personne n'allait sans douter, ils étaient bien tous trop bourrés pour y prêter attention.

Alors que Kalie avait totalement perdu connaissance, les deux jeunes adolescents savaient que c'était le bon moment pour agir. Sydney avait tout préparé, elle savait qu'une personne importante l'attendait à l'étage. Ils la transportèrent jusqu'à cette dernière.

La chambre 206, plus précisément. Il l'avait bien choisi.

La clé, préalablement volée par les doigts discrets de Sydney, permettait d'ouvrir la porte de cette fameuse pièce. L'atmosphère était lourde, le cœur de nos deux jeunes adolescents battait si vite, la culpabilité devait forcément s'emparer d'eux. Sydney ne put s'empêcher de se mordiller les lèvres en signe de stress. Le message était clair :

Ils avaient perdu tous les deux leur objectif de départ, mais il était trop tard pour renoncer et tout effacer. Ils devaient finir ce qu'ils avaient commencé. Et puis, soudainement, la haine que notre jeune adolescent éprouvait refit surface. Il se souvint de son désir de vengeance, du moins il essaya de se convaincre que c'était la meilleure chose à faire.

Une fille de leur âge attendait dans la chambre depuis bien longtemps. Jonathan fut troublé de sa ressemblance avec Kalie, enfin ce n'était que de dos. Elle avait les mêmes yeux vert, une longue chevelure épaisse et un corps presque identique à celui de Kalie. Mais les traits du visage étaient tout à fait différents.

Jonathan était un peu perdu, il n'avait pas été prévenu de cette visite surprise. Il prit peur, mais Sydney prit la parole en lui disant qu'elle était dans le coup. Selon Sydney, elle se nommait Maeva.

Mais Jonathan était toujours perplexe quant à sa raison d'être ici. Maeva prit la parole en disant qu'elle était là pour se faire passer pour la jeune femme que Jonathan tenait dans ses bras. Se faire passer pour Kalie ?

Tout prit sens... Sydney avait prévu une roue de secours au cas où ils se faisaient prendre. Cela ne risquait pas d'arriver selon elle, mais il fallait tout de même être sur ses gardes. Maeva prendra les vêtements de Kalie et se fera passer pour elle en essayant de cacher au mieux son visage. Tout le monde avait bu, alors ça allait être facile.

Jonathan déposa Kalie sur le lit, elle avait l'air si paisible en train de dormir, ne se doutant de rien. Remémore-toi ce qu'elle t'a fait Jonathan, c'était ce qu'il se disait en boucle et pourtant, il n'arrivait plus à s'en convaincre.

Mais Sydney l'encourageait encore et encore... c'était assez ironique quand on savait leur passé. Pourquoi demander à Sydney, cette femme qu'il déteste, pour se venger d'une autre femme ? Les adolescents de nos jours.

Maeva commença à enlever ses vêtements et à enfiler ceux de Kalie la laissant maintenant en sous-vêtements. On pouvait dire que cette soirée prenait une tournure inattendue. Maeva demanda ce qu'elle ferait de ces vêtements une fois qu'elle en avait fini avec puis Sydney répondit qu'elle allait se rendre le lendemain chez elle pour récupérer les vêtements.

Vite. Je devais agir, la seule chose qui me rattachait à cette fille inconsciente était ses vêtements. D'habitude, quand je voulais que la vérité soit révélée, je réussissais à pénétrer dans l'esprit des personnes pour qu'ils disent ce qu'ils avaient au fond d'eux. Mais jamais je n'avais été incapable de lire dans les pensées d'une personne. Ce jeune homme était profondément meurtri, il ressentait une colère tellement intense qu'elle dépassait mon champ d'action.

Comme moi.

Il fallait que je le fasse. Après tout, j'étais maître de cet endroit. J'appréhendai le moment. Je n'avais pas fait cela depuis longtemps, mais si je l'avais fait une fois alors je pouvais encore le refaire. En espérant que tout se passera mieux que la fois précédente...

Jamais je n'avais ressenti autant de tension dans une seule et même pièce. Ce que je m'apprêtais à faire était dangereux, mais je ne pouvais pas laisser cela passer. Je devais faire régner la vérité, et si je faisais ça, je leur rendrais un grand service.

Jonathan sortit l'appareil photo et commença sa vengeance, pendant ce temps Sydney donnait de l'argent à Maeva dans le couloir pour la remercier du service qu'elle lui avait rendu. Ce qu'elle ne savait pas c'était qu'une caméra les surveillait.

Mais ça n'allait pas être un problème.

Après avoir eu ce qu'il voulait dans son téléphone, la vengeance de Jonathan fut assouvie. Mais pourquoi ressentait-il un vide si énorme ? Il ne voulait plus se poser de questions inutiles et pourtant après le départ de Sydney, il regarda les photos et hésita encore et encore se disant qu'elle ne méritait pas cela.

Il enregistra les photos sur son ordinateur et conclut qu'il y réfléchira le lendemain. Au final, Jonathan n'aura aucun souvenir de ces photos. En fin de compte il n'avait pas été un monstre, il ne s'était pas trahi lui-même. Il avait fait le bon choix.

Il n'avait pas envoyé les photos.

Et c'était devant celles-ci que se trouvaient maintenant nos deux adolescents.

La vérité était dévoilée, maintenant, pourront-ils retrouver leur corps ? 

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