CHAPITRE 29 (NV)

Sydney

J'étais allongé sur les genoux de Justin, il faisait beau, mais frais, ce jour-là. Nous avions décidé d'aller au parc tous ensemble avec le groupe. C'était vraiment paradisiaque. L'homme que j'aimais se trouvait juste ici, en train de me caresser les cheveux. J'avais tellement de chance de l'avoir, et pourtant, il m'avait glissé entre les doigts à cause de mon erreur.

Victoria était en train de courir dans tous les sens en essayant de fuir Jonathan qui courait après elle. De vrais enfants. J'explosais de rire devant leurs enfantillages et Justin fit de même. Tous les autres membres du groupe discutaient et Drake, l'un d'entre eux, encourageait Jonathan à attraper Victoria. Drake et Jonathan étaient vraiment inséparables à ce moment-là.

Qui savait que tout allait basculer ?

Je savourais ce moment de bonheur pur. Être assise avec ses amis au soleil avec une légère brise agréable. Que demander de plus ? Nos rires résonnèrent partout dans le parc, puis quand Jo et Victoria avait fini de se chamailler, ils étaient revenus s'asseoir.

Victoria avait pris sa guitare et nous avait joué un morceau pendant que moi je m'occupais de chanter les paroles de la musique. Nous étions vraiment complices, elle était comme ma petite sœur. Sous ses apparences de fille forte, elle était fragile. Je regardais le groupe à tour de rôle et je me dis une seule chose.

Protéger ces personnes.

Quelques jours plus tard, le 23 décembre 2015 plus précisément, la mère de Jonathan s'était volatilisée. Rien. Aucun mot. Aucun au revoir. Le père de Jonathan était effondré et il s'en voulait terriblement, mais on n'a jamais su pourquoi. Suite à cela, la relation entre Victoria et Jo était de plus en plus conflictuelle. Ils ne faisaient que de se disputer. Un jour, après une dispute assez violente, sur le départ de la mère de Jonathan, ce dernier est venu voir Justin qui n'était pas là.

Mais moi, je l'étais.

J'avais vu Jonathan pleurer, ce qui m'était inconnu. Un sentiment que je ne connaissais pas grandissait en moi. Le voir ainsi me fit un pincement au cœur. Je me suis dit que consoler Jonathan était la meilleure chose à faire.

Décidément, j'avais une drôle de définition du mot "consoler".

Après de longues minutes, mon regard s'était perdu dans le sien et je ne pensais plus à rien. Ni à Justin, ni à Victoria, ni à personne d'autre. Juste à moi et Jonathan.

Ce jour-là, j'avais caressé sa joue et essuyé ses larmes.

Ce jour-là, j'avais franchi le pas de l'amitié.

Ce jour-là, j'avais pris son visage entre mes mains et posé mon front contre le sien.

Mes pensées étaient emmêlées, je ne savais plus ce que je faisais.

Mais j'étais déjà allée trop loin.

Autant franchir le pas.

Je me souvenais de cette nuit comme si c'était hier. La culpabilité m'avait rongé tellement, que je n'arrivais plus à contenir mes larmes à chaque fois que je voyais Justin. Jonathan était parti très tôt ce matin-là, quant à moi, j'étais restée dans le lit, bredouille, ne sachant plus quoi faire.

Une erreur.

Une nuit.

Et toute ma vie fut chamboulée.

Fin décembre, Jonathan avait tout avoué à Justin. Ce dernier m'avait maudite et dit des horreurs alors je suis partie. Que fut mon étonnement quand je voyais Victoria et Jonathan ensemble. Il n'avait pas rompu, parce que Victoria ne savait rien. J'aurais voulu aller la voir... mais il semblait si heureux.

Je ne voulais pas gâcher ça.

C'était la dernière fois que je m'attachais à quelqu'un comme à Jonathan.

Je ne voulais plus ressentir quoi que ce soit pour quiconque.

Amitié ou pas.

Jonathan m'avait laissé une nuit en souvenir, cela m'était amplement suffisant.

Mais plus les jours passèrent et plus je m'ennuyais de Justin. Mon cœur était déchiré entre deux hommes qui ne m'aimaient pas. L'un parce que je l'avais trahi, l'autre parce que son cœur appartenait à une autre fille. Je me suis retrouvée seule, sans amis, sans épaule sur qui pleurer.

Pourquoi je me plaignais ?

Je l'avais mérité !

J'avais passé de longues nuits à me faire du mal, à me dire des mots atroces. J'avais gâché leur bonheur, alors pourquoi devais-je faire perdurer le mien ? Me punir était la meilleure solution.

Puis un jour, vers fin décembre de la même année, elle est venue dans ma vie.

Kalie.

Un prénom qui restera dans ma mémoire ça, c'est sûr.

Elle était froide, sympathique au fond et incroyablement rancunière.

Quand Jonathan lui avait fait une blague, elle l'avait terriblement mal pris et à ce moment-là, toutes leurs chamailleries n'ont fait que se multiplier. Je restais spectatrice. Jonathan ne m'adressait même plus la parole. Alors moi aussi, j'avais pris part au jeu. D'un côté, je me vengeais de Jonathan à ma manière.

Mais on ne pouvait pas nier la tension qui régnait entre ces deux-là. À force de se chercher, ils avaient tissé plus que des sentiments de haine. Surtout Kalie, elle qui m'avait avoué qu'elle avait aimé Jonathan avant toute cette situation.

À partir de là, je l'ai détesté.

Je ne savais même pas pourquoi, mais une partie de moi voulait lui arracher les cheveux. Cette double facette me faisait peur. J'avais terriblement peur de moi-même. La complicité qui s'était créée entre Kalie et Jo me démangeait. Quand ils étaient un peu trop près l'un de l'autre, je ne le supportais pas.

Après quelques années, c'était devenu une habitude. Mais le jour où Kalie avait saboté les qualifications, j'ai su qu'elle était partie trop loin. Bien sûr, j'ai préféré garder le silence. Ne rien dire est toujours plus simple.

Si seulement je m'attendais à ce que Jonathan vienne me demander de l'aide pour se venger. Il avait trouvé une autre personne à torturer. Il m'avait menacé de dire à Kalie que j'avais couché avec lui, si je ne l'aidais pas.

Et ça, c'était hors de question.

Au fil du temps, je m'étais attachée à Kalie. J'avais beau le nier, elle m'avait remonté le moral plus d'une fois, elle était la seule épaule sur laquelle je pouvais déverser mes larmes. Mais au moment du dîner de classe, cette deuxième partie de moi, celle qui réclamait vengeance, refit surface. J'avais pris un malin plaisir à faire partie du plan de Jonathan, c'était moi qui avais tout organisé.

J'étais sa complice.

Il était impressionné de toutes les idées que j'avais eues. Parce qu'au fond, une partie de moi haïssait Kalie.

Elle avait aimé Jonathan et j'en étais jalouse.

Et même s'il ne le montrait pas, il ressentait une attirance pour elle.

Il n'y avait vraiment qu'un pas entre la haine et l'amour.

Je voulais que Kalie souffre.

Du moins, pendant un court instant.

Après le dîner, le même sentiment de culpabilité est apparu. Les mêmes questions commencèrent à résonner dans ma tête.

Pourquoi est-ce que j'avais fait une chose horrible ?

Étais-je folle ?

J'avais terriblement mal... mal au cœur.

Si ce jour-là, je n'avais pas embrassé Jonathan, rien ne se serait passé.

Ou plutôt, si la mère de Jonathan n'était pas partie, jamais Jonathan n'aurait été aussi démuni.

Sydney, ne rejette pas la faute sur les autres.

C'était entièrement ma faute.

Je me remémorais tous ces évènements, assise sur ma chaise en face de mon bureau. D'un coup sec, je fermai mon journal et le rangeai dans mon tiroir sous mes vêtements. Quelque chose attira mon attention.

Le collier.

Il n'avait aucune valeur, mais je le gardais précieusement comme si au fond il représentait quelque chose. Le bijou était cassé en deux, l'autre moitié était cependant introuvable. La couleur bleue faisait ressortir tous les détails.

Il était magnifique.

Je décidai de le ranger dans ma boîte à bijoux puis me dirigeai vers la porte quand quelque chose attira, encore une fois, mon attention.

Ma penderie à moitié ouverte laissait transparaître quelques vêtements. C'était sans difficulté que je devinais à qui ils appartenaient.

Les vêtements de Kalie...

Ceux du dîner de classe.

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