Chapitre 2 ✔
En me levant ce matin, j'étais excité. Aujourd'hui étaient les qualifications pour le match de basket qui aurait lieu dans deux mois. En repensant à tous mes efforts, je priais pour être dans les meilleurs joueurs. Même si je n'étais pas parfait, je me débrouillais plutôt bien. Justin et Jason, mes amis, étaient beaucoup plus expérimentés que moi et c'étaient, d'ailleurs, eux qui m'avaient appris les bases du basket.
En entrant dans le salon, je vis mon père dormir sur le canapé, la télécommande sur le ventre. Sa respiration était irrégulière et je sentais qu'il n'était pas en train de rêver, mais de cauchemarder. Mon cœur se figea à l'instant où il prononça les mots :
— Non, ne pars pas.
Il ne s'adressait pas à moi, mais au fond, je savais à qui était destinée cette phrase. Ne voulant plus y repenser, je marchai jusqu'à atteindre la cuisine. Grande et spacieuse, cette dernière était définitivement le seul endroit de la maison qui ne datait pas du 18e siècle, avec le bordeaux et le blanc comme principales couleurs, cela ramenait de la vivacité et de la gaieté à l'endroit. En me dirigeant vers l'étagère pour prendre un bol de céréales, mon attention se concentra sur la photo... Pourquoi elle était toujours accrochée sur le frigo ? Je la pris et la mis à la poubelle. Plus besoin de ça maintenant.
Des pas derrière moi m'extirpèrent de mes pensées. Il ne manquait plus que lui... je voulais passer une bonne journée alors j'essayais le plus possible de l'éviter, mais malgré tous mes efforts pour le haïr, je n'y arrivais pas. C'était mon père après tout.
— Bonjour... dit-il, avec ce regard triste qui m'était devenu si familier.
— Salut, lançai-je, froidement.
Nulle l'envie de lui parler. J'ouvris le frigo et pris le lait ainsi qu'un bol et mélangeai le tout. Rien de mieux que ça dès le matin. Mon téléphone en main, mon attention ne déviait pas vers mon père qui, sans doute, me regardait avec pitié. Du coin de l'œil, je l'examinais : ses cheveux bruns ébouriffés lui donnaient ce côté soucieux et sa petite barbe accentuait le fait qu'il était misérable. Décidément, les coups de vieux ce n'était pas beau à voir.
— Bien dormi ?
Fixant toujours mon téléphone, je répondis :
— Hum...
Je voulais juste qu'il abandonne cette image de père attentif, il n'en était pas un. Quand une petite voix derrière moi parvint à mes oreilles, je soupirai de soulagement, car cela voulait dire que le silence était maintenant rompu.
— Salut frérot ! lança-t-il.
— Salut Damien, lui dis-je, en ébouriffant ses cheveux.
Damien, mon petit frère était mon panneau "Stop". Quand je m'énervais - ce qui arrivait souvent - il était là pour me rappeler que la vie valait la peine d'être vécue, même quand elle nous faisait caca dessus, pour rester poli. Plus sérieusement, Damien n'était pas ce genre de petit frère arrogant, prétentieux, contrairement à ce que j'avais pu être à son âge. Il était très attentif, bon il n'avait que dix ans alors il piquait des crises, mais ce n'était pas la mer à boire. J'étais content d'avoir un petit frère comme "temps mort", je n'avais pas besoin de faire semblant avec lui.
— Tu m'emmènes à l'école ?
Oui bon, il profitait un peu trop de ma générosité...
— Je suis trop gentil pour dire non...
Il émit un petit cri de victoire et se dirigea vers mon père pour l'enlacer, chose que moi je n'avais plus envie de faire.
— Papa, après les cours tu pourrais m'emmener à la salle de jeux ? Après avoir fait mes devoirs bien sûr... dit-il, en faisant une moue.
— Je ne peux...
— Quoi ? Même ça t'es pas foutu de le faire ? m'emportai-je.
Mon regard ne pouvait dire qu'une chose : colère. Je ne supportais plus mon père, il n'avait pas de travail ni même de quoi s'occuper alors pourquoi il ne lui ferait pas plaisir ? Son attitude se dégradait de plus en plus et c'en était pénible.
— C'est d'accord, fit-il, avec un sourire forcé.
Damien émit un autre cri de victoire suivi d'un sourire béat et se dirigea vers ma voiture.
— Tu ne manges pas ? demandai-je.
— Je mangerai à l'école, j'ai de l'argent, dit-il, en claquant la porte derrière lui.
— D'accord, vas-y, je te rejoins.
En prenant mon sac pour me diriger vers la sortie mon père m'agrippa par le bras, ce n'était pas un geste violent, seulement pour me retenir.
— Jonathan... Il faut que...
— Te fatigue pas. Ça fait longtemps que j'ai arrêté de t'écouter, dis-je, en sortant.
Tu as bien fait Jonathan, tu as bien fait...
Le soleil qui se dressait à l'horizon me brûlait légèrement la peau ce qui me fit penser à autre chose. Sérieusement, le moindre détail pour me faire oublier mon père ne serait pas de refus, même voir une mouche voler serait moins fatiguant. Ce quartier, maintenant que je le regardais avec attention, me rappelait tant de bons moments, mais également de mauvais. Même si la verdure était magnifique et que les fleurs parsemaient chaque jardin, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que cette rue, cet endroit, représentait l'enfer.
Je descendis les marches du perron et grimpai dans ma voiture. Damien, tête contre la vitre, m'interpella.
— Oh ! Regarde, c'est Kalie ! Elle est vraiment belle.
Si je m'attendais à cela ? Non. Damien n'avait aucun goût en matière de filles.
— Bonhomme, tu dois apprendre la définition de la beauté, car ça, c'est pas une belle fille mais une crevette.
Il étouffa un rire, mais reprit son sérieux.
— Pourquoi tu ne l'aimes pas Kalie ? fit-il.
Pour le coup, j'étais un peu pris au dépourvu... Pourquoi je ne l'aimais pas ? La liste était longue.
— T'es trop jeune pour comprendre.
Il se tut en esquissant une moue boudeuse et reposa sa tête contre la vitre. Mon regard dévia quelques secondes sur Kalie... Elle avait l'air si parfaite. Aucun problème ne se promenait dans sa vie. Son sourire toujours plaqué sur son visage, je ne pouvais pas la supporter.
Arrivé à l'école de Damien, je le déposai et je roulai en direction du lycée. Heureusement, ma place du parking n'était pas prise. Je me garai rapidement et en sortant de la voiture, j'aperçus au loin Jason avec Justin, ces deux-là me firent un signe de la main.
— On t'attendait, prêt pour un des grands jours de ta vie ?
— N'exagère pas Jason, c'est pas mon mariage, rétorquai-je, pour diminuer le stress en moi.
— T'as raison, qui voudrait de toi dans tous les cas ? dit-il, en s'esclaffant.
— Tu me fais rire, c'est incroyable, dis-je, en ayant l'air le plus froid au monde.
On discutait de tout et de rien quand Michaela, une fille de notre classe, déboula en manquant d'air. Soit elle avait couru un marathon, soit il se passait quelque chose de grave.
— Les garçons ! Vous devez venir voir ça ! C'est un carnage !
Elle désigna le gymnase et nous n'attendions pas une minute de plus pour nous y rendre. En pénétrant dans ce dernier nous fûmes surpris par le brouhaha qui s'y trouvait. Puis une substance bizarre se trouvait à mes pieds... De l'eau ? Je levai le pied et c'était bien de l'eau, le terrain n'était pas non plus inondé mais il y avait juste assez d'eau pour nous empêcher de jouer et je voyais au loin le gardien essorer des tonnes de serviettes ainsi que son assistant qui balayait la surface. Les membres de notre équipe de basket ainsi que notre entraîneur étaient en plein débat. Jason se précipita vers eux suivi de Justin et de moi.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Jason.
Le coach nous regardait d'un air sévère et répondit :
— J'ai débarqué ici ce matin et regardez moi ce massacre ?! Les qualifications sont reportées... Mais ce n'est pas tout, vous feriez mieux d'aller voir l'étage du dessus.
Nous ne perdions pas une minute et quand nous arrivions enfin, Jason et Justin jurèrent.
— Mais c'est quoi ce bordel ?! cria Justin.
Je me posais exactement la même question. Dans la piscine se trouvait absolument tout le matériel de basket et tous nos maillots qui flottaient à la surface. C'était quoi cette blague ?!
— Regardez ça.
Justin désigna les petits plongeoirs à l'avant de la piscine. Quand je lus les mots qui y étaient inscrits, je sentis mon sang ne faire qu'un tour dans mon corps.
— Qui sera dompté en premier ? lit Jason.
— Kalie, murmurai-je, tout bas.
— Quoi ? fit Justin.
Comment avait-elle osé ? Le jour des qualifications en plus ! Sécher le matériel prendrait des heures et surtout les maillots ! Elle m'avait cherché et j'étais sûr qu'elle jubilait. Mais j'allais lui enseigner une leçon, il ne fallait pas jouer au mauvais moment et au mauvais endroit. Elle avait tapé fort et surtout juste. Kalie savait pertinemment que le basket était tout pour moi, mais même si elle en était consciente, elle n'avait pas hésité à faire ce coup bas. Je n'étais pas un saint, loin de là, je me comportais comme un con avec elle, mais ce qui m'énervait le plus c'était qu'elle m'avait rendu faible en premier. Elle avait gagné... pour le moment.
En parlant du loup, je la voyais devant son casier en train de ranger ses livres. Je me précipitai vers elle en l'interpellant.
— Kalie ! criai-je.
Elle détourna le regard et me sourit mesquinement. Elle savait que j'étais en colère et elle en était fière en plus !
— Jonathan ça fait plaisir...
Je la pris par le poignet avant même qu'elle finisse sa phrase. On devait parler, mais pas devant tout le monde. Elle ne résistait même pas et je la sentais glousser derrière mon dos. Puis, arrivé à un endroit isolé, je la lâchai brutalement.
— Tu es la pire des garces !
La brunette qui se dressa sous mes yeux ne semblait pas le moins du monde concernée. Elle était en train de sourire... Un sourire narquois qui me donnait vraiment des envies de meurtres.
— Toi, tu as vu ma surprise, dit-elle, calmement.
Non mais j'hallucinais vraiment. Elle le prenait vraiment à la légère.
— Tu te rends compte qu'aujourd'hui c'est les qualifications ?!
Elle restait zen, impassible et poursuivit :
— Et alors ? Ça fait longtemps que je me fiche de ta vie et toi de la mienne. Depuis quand dans notre jeu on a eu de la considération pour les sentiments de l'autre ?
Elle s'approcha un peu plus de moi et continua de plus belle :
— Ah et si l'envie te prenait d'aller me dénoncer sache que j'aurais gagné. D'une, je t'aurais fait péter un câble la première et de deux, ils sauront pour tous tes coups bas. Je garde certaines preuves dont tu ne te doutes même pas.
Elle tourna les talons et se dirigea de nouveau vers la cour principale. Quant à moi, je restais là, fou de rage. Elle me le paiera... et très cher.
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