Chapitre 18 ✔

— Comment ça un mois ?! 

Je venais de me réveiller il y a quelques heures et j'apprenais que cela faisait un mois entier que j'étais inconscient ? Mais alors ça voulait dire que Kalie était dans le même cas ? Et si, elle était restée inconsciente ? Mon cœur commençait à s'affoler, je devais aller la voir, m'assurer qu'elle allait bien. 

Tout me revint en mémoire, mais ce qui restait gravé en moi, c'était bel et bien ma discussion avec Kalie. Elle m'avait paru si sincère ? Mais en même temps, j'avais pu déceler une once de tristesse dans sa voix. D'un autre côté, j'espérais qu'elle n'avait pas tout oublié sinon tout cela n'aurait servi à rien. 

— Est-ce que Kalie va bien ? demandai-je au docteur qui se trouvait juste en face de moi. 

— Kalie ? demanda-t-il perplexe. 

Ah oui, j'avais oublié, je n'avais toujours pas récupéré mon corps. 

— Je veux dire Jonathan. Est-ce que Jonathan va bien ? 

— Il va bien, un léger traumatisme, mais rien de bien méchant, quant à vous, il faut que vous vous reposiez, le choc a été plus fort et vous étiez à deux doigts d'avoir une commotion cérébrale. Mon collègue va vous donner des médicaments qui vous aideront à aller mieux. 

Je hochai la tête, mais l'envie d'aller voir Kalie me démangeait. Malheureusement, je ne pouvais rien faire pour l'instant, ordre du médecin. Ce dernier sorti de la pièce me laissant seul avec mes pensées. Mais comment en étions-nous arrivés là ? De simples lycéens qui se chamaillaient finissent à l'hôpital après avoir échangé leur corps. 

Ça fait un bon livre, tiens. 

Je ressassais sans cesse les derniers événements qui nous étaient arrivés et je lâchais un rire nerveux quand je repensais aux courses, à Sydney, à Victoria... À ma famille. 

Quand est-ce que tout cela aura une fin ? Quand est-ce que nous découvrirons le fin mot de l'histoire ? Peut-être dans une semaine, ou dans un an... 

Cela faisait déjà un mois et demi que nous avions échangé nos corps alors jusqu'où le destin nous mènera-t-il ? Encore des questions sans réponses.

La porte de ma chambre s'ouvrit, pensant que c'était le collègue du médecin qui venait de m'ausculter, je me redressai pour me préparer à d'autres questions en tout genre. Mais je me trompais. 

C'était Justin et non le médecin qui était venu me rendre visite. À ma plus grande surprise, il était tout pâle mais un air sévère se dessinait au fur et à mesure sur son visage. Arrivé au pied de mon lit, il fronça les sourcils et un petit sourire retroussa ces lèvres. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Pourquoi venait-il voir Kalie alors qu'il n'était même pas proche d'elle ? 

— Salut Kalie, comment tu te sens ? demanda-t-il dans le plus grand des calmes. 

Je déglutis péniblement face à cette situation peu commune. Parler à mon meilleur ami dans le corps d'une autre personne, qui elle, ne le connaissait absolument pas allait s'avérer difficile. 

— Bien... enfin, j'ai toujours quelques examens à passer. 

J'essayais d'écourter la conversation, mais Justin ne semblait pas de cet avis, il poursuivit, une pointe de curiosité dans ses yeux. 

— Je vois. Jonathan est réveillé d'ailleurs. C'est étrange, vous vous réveillez en même temps, dit-il en riant légèrement. 

Quelque chose clochait, il était bizarre, anormal. Je connaissais bien Justin et je pouvais affirmer qu'il n'était pas comme d'habitude. Mais qu'est-ce qu'il avait derrière la tête ? Le son de l'horloge envahissait toute la pièce ce qui nous plongeait dans un silence extrêmement gênant. Après quelques minutes, je décidais de briser la glace :

— Donc... pourquoi es-tu venu ici ? Ce n'est pas pour être désagréable, mais à vrai dire on ne se connaît pas plus que ça, ta visite me prend de court, dis-je en essayant de rester polie. 

Il prit une grande inspiration et me regarda avec une lueur étrange dans les yeux. Pour la première fois, mon meilleur ami était indescriptible. 

— Est-ce que tu as fait la course à la place de Jonathan ? 

Sa question me fit l'effet d'un choc, je ne savais absolument pas quoi dire. Alors c'était ça qui le tracassait pendant tout ce temps ? J'étais vraiment mal barré, qu'est-ce que je pouvais dire franchement ? Oui, tout à fait ? Il fallait que je nie tout en bloc. Sinon, je pouvais dire au revoir à ma vie et à celle de Kalie. 

— Pardon ? Je ne vois pas de quoi tu parles. 

— Ne joue pas à l'autruche, tu étais là au moment de la course, et puis Strep t'a vu également et tu peux me croire il t'a très bien décrite sans oublier aucun détail. Alors, je veux savoir pourquoi tu as passé la course à la place de Jonathan. 

J'avais presque oublié toute cette histoire, Strepsil et compagnie. Je lui ferai sa fête à celui-là, quand j'aurais récupéré mon corps ! Dans tous les cas, j'étais vraiment dans un pétrin pas possible. Invente bon sang ! 

— Et bien... 

La porte s'ouvrit d'un seul coup, c'était le collègue du médecin qui devait justement venir me voir. Jamais je n'avais été aussi content de voir un médecin. Justin fronça les sourcils, mécontent de la tournure que prenait la situation et se retourna vers le médecin en question. 

— Jeune homme, personne ne vous a autorisé à entrer, les heures de visites n'ont même pas encore commencé, veuillez attendre dans le couloir. 

Il serra les dents et sa mâchoire par la même occasion. Il mima des mots et je pouvais deviner qu'il me disait que cette conversation était loin d'être terminée. Je soupirais de soulagement quand il quitta la pièce me laissant seul avec le médecin. Ce dernier se rapprocha de moi et commença à m'ausculter, il brisa le silence en m'adressant la parole : 

— Dis donc, vous avez de la chance d'avoir un petit ami qui est si présent pour vous, depuis un mois il vient ici tous les jours vous voir et attend impatiemment votre réveil. 

Cette réflexion était tellement absurde que j'en gloussais intérieurement. Si seulement le monde savait, tout serait plus simple non ? Ou plus chaotique, au choix. 

— Ce n'est pas mon petit-ami, dis-je poliment. 

— Vraiment ? questionna-t-il, en fronçant les sourcils. Peut-être que c'est le petit-ami de l'autre demoiselle, finit-il. 

Je fronçai à mon tour les sourcils ne sachant pas de qui ce médecin parlait. D'autant plus que si Justin avait une copine, je l'aurais remarqué. 

— Mais oui, une fille assez petite, carré court, très mignonne et qui porte toujours une veste en cuir assez tape à l'œil. Ces deux-là viennent tous les jours ensemble, la fille va voir Jonathan et le jeune homme vient vous voir, je pensais donc que c'était votre petit-ami. 

Sydney. Cette fille ne pouvait être autre que Sydney. Mais pourquoi diable Sydney et Justin étaient ensemble tout ce temps ? Ne me dites pas que... Je devais en être sûr par moi-même. Il se tramait quelque chose de louche et cela ne me plaisait absolument pas. Déjà que leur passé commun était assez louche alors les voir ensemble à nouveau ne présageait rien de bon. 

Ayant fini de m'ausculter, le médecin s'en alla en me disant de bien me reposer et étant une personne qui n'écoute absolument pas les règles, je me levais sur la pointe des pieds et ouvrais la porte tout doucement en faisant attention de ne pas faire de bruit.

 La chambre de Kalie n'était pas bien loin de la mienne, c'était instinctif, je savais exactement où elle était, ce qui d'ailleurs était très étrange. Ma chambre portait le numéro 402 quant à elle c'était le numéro 404.

Je pénétrai dans cette dernière et à ma grande surprise Kalie regardait le mur en face d'elle, mais tourna la tête quand elle me vit. J'étais soulagé de voir qu'elle allait bien. Mais pour une raison que j'ignore la voir dans mon corps m'embêtait au plus haut point. Depuis le départ, je voulais retrouver mon corps mais en cet instant présent, l'envie se faisait plus forte. 

— Kalie !dis-je, en me précipitant vers elle, tu vas bien ! Il faut que je te dise quelque chose d'important. 

— Jonathan, essaya-t-elle de dire. 

— Non, ça ne peut vraiment pas attendre, je dois te dire quelque cho...

— Jonathan ! dit-elle plus fort en désignant le mur en face d'elle. 

Je tournais lentement la tête et mon visage se décomposait littéralement quand une demi-portion fit son apparition dans l'ombre. Damien ? 

Attendez... Damien ?! Me voyant me décomposer, Kalie me rassura en me disant trois mots qui sur l'instant me choquèrent. 

— Il sait tout... souffla-t-elle. 

Damien se releva de sa chaise et couru vers moi en m'enlaçant par la suite. Alors lui... Il m'avait tellement manqué. Je passai ma main dans ses cheveux et l'enlaçai à mon tour. 

— Je te connais trop bien Jonathan, jamais personne ne t'a égalé... 

Je ne savais pas par quel moyen il avait su la vérité mais à vrai dire cela m'était égal, je pouvais enfin me sentir plus léger. Décidément Kalie et moi avions beaucoup de choses à nous dire. 

Pour le moment, je savourais ce petit moment avant qu'il ne me soit enlevé. Damien quitta la pièce peu de temps après, ayant peur de se faire attraper par le médecin, me laissant Kalie et moi seuls. 

Je m'assis au bord du lit et Kalie se redressa petit à petit. Voir mon propre reflet était si étrange, mais d'un autre côté, je voyais et ressentais Kalie, mais j'avais l'impression que ce n'était plus assez... Une autre raison me poussait à récupérer mon corps, mais je refusais de l'admettre. 

— On revient de loin pas vrai ? dit-elle en brisant le silence. 

— Tu ne me le fais pas dire, toi et moi... On pourrait écrire un bouquin là-dessus ! ris-je. 

Après un petit instant de blanc, je repris la parole. 

— Tu... tu n'as pas oublié ? Le rêve ? Quand on s'est vu et... 

— Non. Pour rien au monde j'oublierais ce moment, me coupa-t-elle, l'air sévère. Désolé... reprit-elle, tu avais quelque chose à me dire ? demanda-t-elle. 

— Oui, Justin et Sydney, il faut se méfier de ces deux-là. Il se passe un truc de louche et ça ne me plaît pas du tout. 

Kalie semblait pâle et pas assez fragile dans sa façon de parler. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Elle répondit à ma question intérieure en ajoutant : 

— On a un plus gros problème, Jonathan. 

Elle retira sa main qui était en dessous de la couverture et me la montra. Le monde s'acharnait contre nous, il n'y avait pas d'autre explication. Mon expression était horrifiée quand je vis que sa main passait du visible à l'invisible. Mais pour être plus exact, c'était ma main qui devenait invisible. C'était un pur bordel. 

— Il faut qu'on retourne au restaurant et au plus vite, Jonathan. 

On allait donc disparaître ? 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top