CHAPITRE 17 (NV)

Kalie

Jonathan m'avait appelé dans la matinée pour me dire que Sydney l'avait invité à un repas avec toute sa famille. Les parents de Sydney n'étaient pas les créatures les plus adorables de la planète, surtout en constatant leur caractère assez exécrable. Tout le contraire de leur fille.

Entre Caroline, sa mère exigeante et froide, ainsi que son père Gavin, absent et invisible, la fête ne semblait pas vraiment au rendez-vous dans cette famille. Ils pouvaient se montrer sympathiques, mais seulement après deux ou trois verres de vin. Je plaignis intérieurement Jonathan qui ne les avait sans doute jamais rencontrés, puis me préparai moi-même pour sortir.

Entraînements après entraînements, je sentais mon niveau s'améliorer. Toute la bande était surprise de mes progrès et de mon programme intensif. Finalement, j'y prenais un peu goût. Heureusement que Jonathan pratiquait le basket et non pas un autre sport plus violent comme de la boxe. En parlant de violence, ses courses folles le mardi après-midi ont été mises sur pause pendant quelques jours. J'en fus surprise, mais Jonathan s'était montré évasif sur le sujet.

Samuel, le père des garçons, ne pouvait pas se libérer pour aller chercher Damien, du coup je m'y collais. Les vendredis soir, Samuel se sentait mal à l'aise de laisser son petit rentrer seul. Depuis quelques jours, des journaux jonchaient la table de la cuisine et du salon. Plusieurs annonces furent entourées à l'aide d'un gros marqueur rouge. Jonathan serait-il fier de son père s'il le savait qu'il cherchait du travail ?

En sortant du gymnase, je pris le chemin vers l'école de Damien qui n'était pas très loin du bahut. Mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles, je fis abstraction de chaque bruit pour me concentrer sur la musique. The sense of you par Mud était une chanson triste et relaxante à la fois, de ce fait, je l'écoutais en boucle. Arrivé devant l'école de Damien, je pénétrai dans l'enceinte et cherchais du regard un petit garçon, brun aux yeux marron. Aucune trace de ce dernier. En m'aventurant plus loin dans l'école, je passais entre des parents qui étaient venus chercher leurs gosses, balayais du regard les alentours, mais aucune trace de Damien.

C'est à ce moment-là que des voix parvinrent à mes oreilles. Je tournai la tête à la recherche de ces dernières et c'est là que j'aperçus Damien en compagnie de ses amis. Un sourire aux lèvres, j'allais crier son prénom, mais l'un des garçons en face de lui le poussa violemment par terre. Un hoquet de surprise s'échappa de ma gorge, tandis que j'avançai rapidement vers les gamins en question.

— Hé ! criai-je à l'attention du groupe, vous faites quoi là ?

Sans m'en rendre compte, j'avais adopté une voix plus grave que d'habitude. En fait, j'avais parlé exactement comme Jonathan quand il était en colère. Le taux de testostérone en moi augmentait de jour en jour.

Les morveux prirent peur en me voyant, sauf celui qui avait poussé Damien. C'était sûrement la tête du troupeau. Non, mais je rêve... même en primaire ?!

— T'es qui toi ? Sa baby-sitter ?

— Espèce de morveux, je suis son grand-frère ! m'enflammai-je. Et je te signale que si je te vois t'en prendre encore à Damien, je me sers de ta tête comme un ballon de basket, c'est clair ?

Calme-toi, Kalie, ce sont des gosses !

Le chef de la bande écarquilla les yeux, puis éclata en sanglots devant ma menace. J'y étais allé un peu fort.

— Mon frère viendra te mettre une râclé ! cria-t-il.

Ils prirent tous leurs affaires et détalèrent le plus vite possible. J'affichai un sourire victorieux et Damien me fixa, admiratif.

— C'était très bad-ass.

Je ris à l'entente de ses mots, puis lui ébouriffai les cheveux qu'il arrangea tout de suite après. Sur le chemin du retour, Damien se montrait très silencieux, il n'avait même pas demandé pourquoi, je n'étais pas venue en voiture. Je décidai de briser le silence :

— C'était qui ces garçons ? Pourquoi ils te harcelaient comme ça ?

Damien soupira, passa une main dans ses cheveux et prit la parole :

— Ils me rackettent. Nourriture, devoir, affaires. J'ai arrêté de prendre mon petit-déj dans mon sac, mais ils s'amusaient à le vider et à casser mes affaires. De vrais gamins.

Damien, du haut de ses dix ans, paraissait dix fois plus mature que son grand-frère. Même sa façon de s'exprimer était plaisante pour son âge. Le fait qu'il se fasse racketter me brisait un peu le cœur.

— Si jamais ils te font encore du mal, tu me le dis.

— Mais...

Je m'agenouillai devant lui et le saisi par les épaules.

— Pas de « mais » qui tiennent, d'accord ? S'ils t'embêtent, tu me le dis et on ira voir le directeur. C'est clair ? dis-je sévèrement.

Il hocha la tête.

— Allez, on rentre, souris-je. 

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