Chapitre 16 ✔
Des bruits me réveillèrent petit à petit et je retrouvais, enfin, le monde que j'avais connu. Plus jamais je ne voulais retourner dans cet endroit tourmentant. Plus jamais je ne voulais ressentir cette sensation de mal-être. Et plus jamais je ne voulais ressentir un degré de culpabilité aussi important. La boule qui avait pris place dans mon ventre au moment où j'avais posé les yeux sur Jonathan ne m'avait pas quitté à mon réveil. Je me sentais lourde et je ne voulais voir personne... À part lui.
Je me méprenais sur ma vie, sur mon entourage, sur tout, et cela fût un choc sur moi. J'avais osé dire à Jonathan qu'il n'était qu'un lâche et un hypocrite ainsi qu'un menteur et un manipulateur, et pourtant, j'avais fait bien pire. Tout était de ma faute.
Tout.
Alors, je m'étais promis une chose, je le protégerais... À l'avenir, je serai la présence qui lui manquait, je serai la personne à qui il pourra se confier, je serai son épaule pour qu'il puisse pleurer, je serai tout simplement son amie. C'était la moindre des choses que je pouvais faire.
Mais je me suis faite la promesse d'une autre chose. Rester de marbre, faire comme si de rien n'était. Ne rien laisser transparaître en ce qui concernait ma vision.
Ma conscience me criait le contraire, mais il fallait que Jonathan et moi retrouvions nos corps respectifs pour lui parler en toute honnêteté.
Pour le moment, j'avais choisi de porter un masque, de me cacher, ce qui me permettait d'étouffer mes sentiments ainsi que cette culpabilité qui me rongeait un peu plus à chaque instant. Un petit sourire se forgeait sur mes lèvres en repensant à la scène que j'avais pu lui faire parce qu'il avait menti à propos de Sydney... J'étais vraiment descendu bien bas.
En repensant à cette violente dispute, je m'étais rendu compte de ma bêtise. Ma réaction n'avait ni queue ni tête. Je n'étais pas proche de Victoria et je parie que si Jonathan avait eu une relation avec une autre fille, je n'aurais pas explosé comme je l'avais fait.
Le simple fait que ce soit Sydney... c'est ça qui te ronge autant.
Est-ce que je pouvais parler de jalousie ? Sûrement. Mais pourquoi être si jalouse de Sydney ? Après tout, elle était avec Jonathan avant toute cette histoire et mes sentiments n'étaient apparus que bien après leur relation.
Peut-être que Jonathan avait raison, peut-être que j'étais jalouse de ne pas être à la place de Sydney. Et puis, finalement, je me sentais bête de m'acharner sur Jonathan en demandant de l'aide à Sydney, ignorant le fait qu'elle avait couché avec lui. Elle devait bien se foutre de moi pendant tout ce temps.
Pendant de longues minutes, j'observais le plafond blanc un peu fissuré sur les recoins, puis mon regard dérivait sur le reste de la pièce. Un hôpital était un hôpital. Sobre, blanc, sans vivacité.
Une petite table de chevet en bois était mise à ma disposition sur ma droite et de l'autre côté de la pièce les rayons du soleil inondaient la chambre en traversant les stores d'une fenêtre simple comme le reste des affaires ici. Un fauteuil en cuir gris était la seule chose moderne de cette cellule infiniment petite.
Perdue dans mes pensées, je sursautai quand la porte s'ouvrit lentement. Assez de choses fantomatiques pour le moment, j'avais eu ma dose, et une bonne d'ailleurs. Mais c'était en voyant une petite chevelure brune et un petit corps frêle que mon angoisse se dissipa. Ce n'était que Damien.
Il était en forme, ou du moins, c'était ce que son visage laissait transparaître. Il était vêtu simplement d'un jean bleu marine et d'un t-shirt marron où il y avait inscrit I am a warrior, ses chaussures étaient de simples basket noires dont les lacets étaient impeccablement noués.
Il s'avança petit à petit vers moi, et quand il arriva au pied de mon lit, sourit et soupira de soulagement. Mais son attitude était bizarre, il était froid envers moi. Son sourire n'était pas sincère ou du moins, il n'était pas assez réel pour quelqu'un qui venait de retrouver son frère.
Son regard balaya le sol et il se mordillait la lèvre inférieure, je connaissais Damien et il n'était pas du tout comme ça avec Jonathan.
— Je peux te poser une question ?
Sa voix m'extirpa de mes pensées et je le regardai dans les yeux. Ces derniers exprimaient des sentiments qui m'étaient indescriptibles. Néanmoins, je hochai la tête, curieuse de savoir ce qui pouvait bien le titiller à ce point. Il hésita durant un court instant et planta ses petits yeux verts dans les miens puis il posa la question qui lui brûlait les lèvres.
— Tu... est-ce que tu... enfin ce que je veux dire c'est que...
Il secoua la tête et ferma les yeux avant de reprendre son souffle et de les rouvrir, cette fois-ci, avec plus de détermination.
— Est-ce que tu es bien mon frère ? annonça-t-il, plus sérieux que jamais.
J'étais bloquée. Que pouvais-je répondre ? Et surtout qu'est-ce qu'il entendait par là ? Cette question n'avait aucun sens. Bien sûr que oui, j'étais son frère, enfin en quelque sorte. Me voyant débattre intérieurement, il reprit la parole en développant sa question qui m'avait laissé perplexe.
— J'étais là, tu sais. Quand tu étais en train de te disputer avec Kalie, j'ai tout entendu. En premier, j'ai cru que c'était la musique que j'écoutais dans mon casque qui était rempli de cris, mais quand je l'avais enlevé, ces mêmes cris résonnaient partout dans la maison. Alors je suis descendu, et j'ai vu que tu te disputais avec Kalie. Le seul problème, c'est que tu l'appelais Jonathan... Et puis j'ai cru que tu t'étais trompé, mais je suis resté à vous regarder et tu continuais toujours à l'appeler Jonathan. Alors je répète ma question. Es-tu mon frère ?
Mais oui bordel, ce jour-là, l'école était fermée à cause d'un rendez-vous important entre professeurs. J'avais complètement oublié la présence de Damien, il savait se faire tout petit celui-là. Je n'avais pas de mots qui pouvaient décrire dans quel état de choc je me trouvais à présent.
Deux choix s'offraient à moi, soit, je lui disais la vérité, soit j'inventais une excuse quelconque. Mais la question était : qu'est-ce que je pouvais bien inventer ? Damien était peut-être jeune, il n'en restait pas moins un être humain, et ce dernier n'était pas débile, il pouvait comprendre que je lui mentais. De plus, Damien a toujours été très avancé pour son âge, Jonathan le soupçonnait d'être précoce, mais ce n'était qu'une hypothèse qui venait tout juste de se confirmer.
Mon choix était fait, je ne voulais pas mentir à un autre Byler et puis admettons qu'il aille dire ce qu'il savait, personne ne le croira. Et un allié en plus n'était pas négligeable. Sydney étant une traîtresse -enfin à quelques détails près- il ne me restait plus personne et c'était à ce moment-là que je me rendis compte que je ne m'étais ouverte à quasiment personne dans le lycée.
Loin de moi l'idée d'être populaire, mais juste sympathiser avec la majorité de ma classe aurait été bénéfique pour moi. Je n'avais pas ce problème étant dans le corps de Jonathan, j'étais entouré, mais par de faux-amis. Il fallait vraiment que j'arrête de m'égarer dans mon esprit, surtout qu'il attendait une réponse. Alors je pris mon courage à deux mains et fermai les yeux pendant environ dix bonnes secondes avant d'enfin prendre la parole.
— Écoute Damien, ce que je vais te dire va te paraître bizarre mais...
— Alors tu n'es pas Jonathan, tu es Kalie... me coupa-t-il, en chuchotant les derniers mots de sa phrase comme s'il n'en revenait pas.
Et moi qui me préparais pour un monologue extrêmement long, ce petit à résumé cela en une seule phrase. Il n'était pas du genre à passer par quatre chemins. Mais comment se faisait-il qu'il ne soit pas plus choqué que cela ? pensai-je. Il avait l'air calme, pensif certes, mais très silencieux. Il n'était vraiment pas comme Jonathan. Un petit pincement au cœur me prit d'un seul coup à la seule mention de son nom.
— Alors, ce qu'il s'est passé doit forcément être une sorte de choc... reprit-il, en se baladant dans la pièce, les sourcils froncés. Quand la secousse a eu lieu, elle ne s'était pas propagée ailleurs que dans le salon, cela veut dire que l'énergie venait de vos deux corps. Donc si j'en crois mes recherches sur le sujet...
— Attends, attends, Damien... le coupai-je. Tu peux m'expliquer comment ça se fait que tu en connaisses autant sur le sujet ? Tu n'as que dix ans, tu n'es pas censé agir aussi sereinement !
Sa réaction m'étonnait de plus en plus. Ces recherches ? Mais comment avait-il pu comprendre en si peu de temps le sujet. Il parlait comme une personne de cinquante ans ! La façon dont il faisait des va-et-vient dans la pièce me rappelait mon prof de science. Ce gamin était vraiment trop étrange à mon goût. Il était peut-être vraiment précoce après tout.
Il soupira et s'assit sur le fauteuil en cuir juste en face de moi. Ce gamin était vraiment étonnant. Il avait l'air d'un petit garçon normal, il faisait des activités ludiques comme jouer à la console, aller au parc, embêter son frère. Mais là maintenant, dans le moment présent, il était beaucoup plus adulte. Ne me dites pas que lui aussi a changé son corps, il ne manquerait plus que ça.
— Tu sais Jona, non, Kalie, reprit-il, ce n'est pas parce que je vis comme un garçon de dix ans que je n'ai pas d'autres centres d'intérêt. J'ai toujours aimé les sujets un peu plus philosophiques et matures tout en aimant la vie qu'un enfant de dix ans peu mener. Et, si j'agis aussi sereinement comme tu le dis, c'est parce que paniquer ne servirait à rien. Et j'ai eu du temps pour digérer la chose...
Tiens, j'ai déjà entendu ça quelque part.
— Tu aurais dû voir ma tête quand je vous ai vu par terre allongé. J'étais perdu, je ne savais pas si ce que je venais de voir était réel ou juste le fruit de mon imagination et puis après votre arrivée à l'hôpital, j'ai commencé à faire des recherches, à me documenter sur le sujet. Je veux vous aider et surtout, je veux retrouver mon frère, ajouta-t-il sur un ton triste.
— Attends Damien, n'ai pas peur, Jonathan et moi allons trouver une solution et je ne veux surtout pas que tu t'embarques dans quelque chose qui pourrait être dangereux. Je compte juste sur toi pour ne rien dire et d'autant plus que tu dois encore être sous le choc même si tu affirmes le contraire. Et puis ça m'étonnerais qu'en un jour ou deux tu aies pu regrouper et digérer autant d'informations.
Il se leva précipitamment de sa chaise et vint se placer devant moi avec de gros yeux et sa mâchoire qui pendouillait légèrement. Il était choqué, comme si j'avais dit une ânerie.
— Jo...Kalie, reprit-il une seconde fois, tu ne te souviens vraiment de rien ? Cela va faire environ un mois que Jonathan et toi êtes à l'hôpital.
🌸🌸🌸
Bonsoir !
J'espère que vous allez bien et que votre journée c'est bien passée ! Quant à moi, je suis heureuse de vous poster ce chapitre un peu plus court que le précédent, mais quand même assez long de ce que j'ai l'habitude de faire !
J'espère que ce chapitre vous a plu ! En effet j'ai trouvé intéressant de mettre en avant le personnage de Damien, surtout que je lui ai trouvé un rôle assez important (enfin dans certains moments) !
Pour ceux qui seraient un peu étonné de voir une réaction aussi mature chez un gamin de 10 ans sachez que je me suis renseigné sur le sujet. Comme dit dans le texte la précocité est peu détectable chez les enfants car ce n'est pas une maladie ou quoi mais c'est une façon de penser plus vieille que celle de notre âge actuel. Et bien sûr précoce ne veut pas dire être un génie, c'est pour cela que je gardais un vocabulaire assez commun pour les dialogues de Damien a part quand il faisait allusion à ses recherches ! (l'enfant précoce retient facilement tout ce qu'il lit plusieurs fois) Vous devriez vraiment voir ce sujet que je trouve passionnant, surtout si on vous a déjà dit "tu penses comme une personne vieille toi" ou un truc du genre. Du coup je me suis dit que ça serait intéressant de mettre en place un caractère comme celui de Damien dans l'histoire et donner une importance à tous mes personnages est mon but !
Attention, je ne suis pas médecin, mais j'ai lu quelques articles c'est tout !
Enfin bref ! Dites moi ce que vous avez pensé de ce chapitre comme d'habitude, vos réactions en commentaires me font mourir de rire à chaque fois ! Et j'ai oublié de le dire dans mon précédent chapitre mais MERCIIIII pour les 1K vues c'est juste énorme, merci encore <3
Ah ! Il est temps d'accélérer la cadence, c'est pour ça que le prochain chapitre sera d'un différent point de vue et je pense que cela peut-être intéressant de voir comment cette personne fonctionne.
Krystal ~
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