Le jour où Max est entré dans son cœur

allemagne, 2017

— Max ? MAAXXX ? 

Les pas de Daniel le mènent au garage Red Bull alors qu'il cherche désespérément son jeune coéquipier. Ils venaient de réaliser leur premier podium en commun et Daniel compte bien emmener le blond avec lui en soirée. Il a même réussi à obtenir la bénédiction de Christian, après avoir promis de ne pas le faire boire, et de le surveiller, et de ne pas le lâcher d'une semelle, et de le protéger tout au long de leur sortie. 

C'est sur un ne t'inquiète pas papa que l'australien aux mèches bouclées a quitté les lieux tout en riant. Mais il compte bien respecter sa promesse, parce que la lueur inquiète dans le regard de son directeur d'écurie à l'idée que le plus jeune se retrouve à cette soirée trainait de façon bien trop distincte sur son visage.

Cela ne fait pas très longtemps que le néerlandais est arrivé dans son écurie, et dans ses pattes au passage. Il l'observe régulièrement, à la dérobée, tentant de se faire une idée sur celui qui partagera son quotidien pendant plusieurs années. 

Il était arrivé en boulet de canon. Sa première course avait été un ouragan emportant tout sur son passage. Et Daniel avait compris qu'avoir Max à côté de lui était peut-être la pire chose qui puisse lui arriver dans la vie. 

Parce qu'il n'était qu'un gamin, mais un excellent pilote de formule un. Parce qu'il n'était qu'un enfant, mais il voyait déjà en lui un redoutable concurrent. 

Mais ce jour-là, Daniel ne voit que l'adolescent quand il le découvre recroquevillé contre un mur, les épaules secouées par des sanglots. 

— Max ? 

Le corps tremble une seconde quand il l'appelle. Il s'approche lentement, allongeant doucement sa main pour aller délicatement la poser sur son épaule. Il a l'impression de s'attaquer à un animal blessé, qu'à chaque seconde le néerlandais peut dégoupiller ou s'échapper. 

— Max, ça va pas ? 

Une pierre tombe au plus profond de son estomac quand les yeux océan se relèvent vers lui. Ils sont noyés de larmes et l'australien sent son cœur se fissurer.  Il ne réfléchit pas et quelques secondes plus tard, le jeune est entrainé dans une longue étreinte. Il le sent se crisper quelques secondes avant que l'intégralité de ses muscles se détendent. 

Il reste silencieux, glissant ses doigts dans ses mèches désordonnées et à chaque seconde qui passe, il sent le corps se serrer un peu plus contre lui. La tête s'enfouie dans le creux de son cou tandis que les bras le serrent fortement dans son dos. 

—  Qu'est-ce qui t'arrive chaton ? 

Quand il pense à Max, Daniel pense à un chaton. Si son cadet n'arrête pas de lui rabâcher qu'il sera un lion, il en est très loin. Non, avec son air curieux dès qu'il l'emmène en dehors du paddock découvrir le monde, ses maladresses en public et devant les journalistes parce qu'il ne maitrise nullement l'art d'être sous le feu des projecteurs, ses accrochages et balbutiements dès qu'il se retrouve en société comme s'il n'y avait jamais été, et ses siestes sur n'importe quel canapé pouvant trainer, il ressemble à un chat qui a encore tout à découvrir : un bébé chat titubant sur ses pattes et ratant ses sauts, un chaton mettant pour la première fois ses pattes dans la terre et les secouant ou découvrant de façon désagréable que l'eau mouille. 

— Je pensais qu'il serait fier, c'est un podium et il...

Les sanglots entrecoupent la phrase mais Daniel n'a pas besoin de la suite. Il a vu le regard noir du père quelques heures plus tôt. Il ne pensait juste pas qu'il en avait voulu à Max pour son résultat. 

—  Max. 

Le soupir lui échappe. Tous les muscles se contractent violemment contre lui, le corps se met à légèrement trembler et les sanglots redoublent, le laissant dans l'incompréhension de cette réaction. 

— Maxy, regarde-moi. 

Les yeux baignés de larmes finissent par plonger dans les siens tandis que le corps s'est détendu à l'entente du surnom. 

— Ne l'écoute pas. Oui, c'était beau à Barcelone, mais un podium, y a dix-sept personnes qui en auraient bien voulu sur le paddock et des milliers d'autres qui en rêvent sans même pouvoir s'en approcher. 

Les pupilles bleutées ne le quittent plus alors qu'il l'écoute. Quelques gouttes salées continuent de lui échapper et de rouler doucement sur ses joues rosées. Elles hypnotisent le brun qui les regarde glisser lentement et s'échouer sur le vêtement ignifugé du plus jeune. Il se demande alors depuis combien de temps son coéquipier est caché et verse tous les larmes de son corps dans le garage plongé dans le noir, pour ne toujours pas être changé.

— Christian était très fier de toi, les mécaniciens et moi aussi. 

Une émotion qu'il n'arrive pas à déterminer traverse les yeux clairs. 

— T'étais fier de moi ? 

Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres fines tandis que la malice nait dans ses prunelles. Pourtant elle disparait quand il comprend que Max ne voulait pas qu'il lui lance des fleurs par sa remarque. Non, l'adolescent est sérieux et semble s'accrocher à l'idée qu'il puisse être fier de lui. 

— Bien sûr que j'étais fier Maxy. T'as fait une super course. 

Daniel ne pensait pas qu'il était possible de rendre quelqu'un aussi heureux avec de simples mots. Il laisse les secondes s'écouler alors que la tête est de nouveau plaquée contre son torse et le plus jeune s'imbrique parfaitement contre lui. Il ne peut s'empêcher de refermer doucement ses bras sur lui d'une façon protectrice qui ne lui ressemble pas vraiment.

— Maintenant que je t'ai enfin trouvé. Est-ce que tu veux qu'on aille fêter notre double podium ensemble ? 

— Mais papa a dit que...

Il dépose son doigt sur les lèvres de Max pour l'empêcher de parler. 

— Ton papa n'est pas là. Ton chef c'est Christian maintenant, c'est lui qui décide de ce que tu vaux et de ton avenir en formule un, et il est d'accord pour que tu m'accompagnes. Donc tu viens ? 

Un sourire satisfait s'installe sur ses lèvres quand il le voit hocher la tête en réponse. 

— Parfois tu sais Maxy, il faut se changer les idées, penser à d'autres choses que les voitures, et c'est ce qu'on va faire ce soir. Il n'y a pas que la formule un dans la vie. 

Les prunelles azur ne le quittent pas des yeux. Elles le regardent avec révérence et adoration. Il approche ses mains du visage qui se fige une seconde. Il attend qu'il se détende avant de les plaquer doucement sur les joues. Il fait glisser ses pouces sous les paupières, écrasant les larmes qui avaient roulé. 

— C'est bien mieux comme ça. 

Un fin sourire se peint sur le visage qui lui fait face. L'idée qu'il est responsable de ce sourire l'emplie de joie. Il a envie d'arracher des sourires à Max encore et encore, de le voir heureux grâce à ses actions à lui. De voir ses pupilles l'observer avec reconnaissance et gratitude perpétuellement. 

Les iris semblent attendre la suite. Daniel comprend alors que Max le regarde comme un grand frère, comme un modèle, comme cette personne qui est là pour le guider. Il comprend aussi qu'il pourrait faire n'importe quoi avec lui. Et avoir quelqu'un qui se raccroche autant à lui le terrifie. 

Ils quittent les lieux avec un Max au cœur réparé et Daniel au sourire resplendissant à cette idée. Il réalise alors que le néerlandais a réussi l'exploit d'entrer et de s'installer rapidement dans son cœur et d'avoir la capacité de jouer sur ses humeurs. C'est rare chez lui qui se méfie toujours des inconnus et de la nouveauté. Il ne sait pas quoi penser de ce fait.

Quand Daniel lui dit qu'il était fier de lui, la joie s'insinua dans le cœur de Max, et puis se fit transporter à travers le sang pulsant dans ses artères à l'intégralité de son organique où une douce chaleur se diffusa . En plus, aux yeux de Daniel, il n'était pas Max, il était Maxy. Ça glissait dans son oreille tel un murmure et ce n'était pas comme Max, dur et faisant trembler les murs. C'était doux Maxy. Ça roulait sous la langue et ça s'élevait délicatement dans l'air et les lieux que la colère avait noircis. Et après les larmes et les cris, c'était agréable à entendre Maxy. Encore plus quand c'était chuchoté dans le creux d'une oreille par la voix de celui qu'on considérait comme un peu plus qu'un ami.




hop premier chap pour rentrer dans l'histoire. suite ce we :) 

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