Le jour où Max a joué avec son cœur
— Tu penses que c'est vraiment pour ça qu'il ne vient pas ?
Daniel s'approche du multiple champion du monde au téléphone à quelques mètres de lui. Il pouffe dans le combiné et il peut le voir rouler des yeux d'où il est.
— Tu veux que je le fasse boire pour savoir s'ils sont ensemble ? Mais enfin Seb !
Daniel surprend la fin de la conversation de Lewis sur l'épaule du quel il vient plaquer sa main pour le saluer, heureux de le retrouver pour une nouvelle saison.
— Qui est-ce que tu dois faire boire pour obtenir des informations ?
Un rire s'élève de l'autre côté du téléphone et la conversation semble s'arrêter subitement.
— Personne. D'ailleurs, il est pas là Max ?
Il secoue négativement la tête. Daniel est particulièrement déçu de son absence à ce premier grand prix de la saison. Néanmoins, il comprend aisément ses raisons. Le néerlandais est toujours cloué dans son fauteuil malgré les semaines de kiné. Mais ce n'est pas la raison de son absence lors des deux premiers grands prix de la saison. Max n'a pas envie que son image serve à faire de la publicité pour des pays ayant une morale contraire à la sienne.
Cette phrase lancée dans la presse l'a fortement étonnée en même temps qu'elle a choqué tout le paddock. Le néerlandais est bien la dernière personne dont tout le monde attendait une telle sortie. Mais elle était semblable à Max : offensive, létale, faite pour provoquer et sans prendre la moindre précaution visant à limiter les sensibilités. Car Max n'en a pas grand chose à faire que son avis plaise depuis des années, non, seul l'avis de Christian semble lui importer. Christian qui avait grogné un instant mais n'avait rien voulu faire pour que son pilote s'excuse ou vienne à Bahreïn et en Arabie Saoudite.
— Non, il boycotte.
Parce que c'est le meilleur mot pour décrire l'action de son ami.
— Mais tu le savais déjà ça.
— Oui, mais tu connais certainement mieux ses raisons que moi.
— T'es bizarre parfois. C'est pas ce que tu veux depuis des années, qu'il s'investisse plus politiquement ?
— Touché.
En face, le britannique a un sourire malicieux que l'australien ne comprend pas trop.
— Je reformule ma question, est-ce que quelque chose a changé dans la vie de Max dernièrement pour qu'il se sente soudain une envie de boycotter certains pays ?
— Je crois p... Non.
Les lèvres du néerlandais à quelques centimètres des siennes quelques semaines plus tôt lui reviennent et il sent ses joues se mettre à violement rougir. Il entend distinctement le petit rire qui s'élève en face de lui et roule des yeux quand le son atteint ses tympans.
— Daniel, tu fous quoi ?
Il sait quand la voix de Christian s'élève depuis le garage Red Bull qu'il vient de le sauver d'une conversation dérangeante dont il n'avait pas le moins du monde envie.
— On reprendra cette conversation plus tard Ricciardo, tu me caches quelque chose sur lui et je découvrirai ce que c'est.
Il soupire d'exaspération. Il n'est pas prêt à faire face à la curiosité du septuple champion du monde. Car il ne doute pas un seul instant qu'il finira par comprendre tout ce qu'il ne lui a jamais dit, même au cours de certaines de leurs soirées en compagnie des plus âgés du paddock. Et Daniel a tout sauf envie d'être sujet de leurs éternelles moqueries quand ils comprendraient tous que Max est depuis un bon moment l'unique constante dans sa vie.
Félicitatiiiooooons Danny ! T'es le meilleur 🦡🖤🤍🌟⚡️🏎🚀🛸🏆🥇🍾🔥🔥🔥 (la voiture aussi d'ailleurs)
T'es rentré ?
Les message s'affichent au milieu de dizaines d'autres de félicitations quand il supprime le mode avion après avoir remis les pieds à Monaco après deux week-ends à enchainer des courses. Il ne prend pas le temps de lire les autres, il se décide à répondre immédiatement à ceux du blond qu'il a si hâte de retrouver.
Oui, je viens d'atterrir à Nice
VIENS A LA MAISON !!!
C'est un appart.
ON S'EN FOUT, VIENS QUAND MÊME !
Arrête avec les majuscules chaton, je me sens agressé.
C'EST URGENT DAN !
La dernière phrase le fait réagir. C'est rare que Max dise que quelque chose est urgent. Cela doit donc être le cas. Malgré la fatigue, il se décide donc à le rejoindre alors que son lit l'appelle après la courte nuit passée à célébrer sa première victoire de la saison.
Je pose mes affaires, je prends une douche et j'arrive.
A TOUTE A L'HEURE ! DEPECHE TOI DANNNNNNNYYYYY JE T'ATTEEEENNNNNNNNDS
Il éclate de rire en lisant la dernière réponse et secoue la tête devant sa bêtise, s'imaginant aisément son éclat de rire et ses yeux pétillants de malice quand il lui a répondu.
— Entre Danny !
Il éclate de rire quand la voix résonne avant même qu'il n'ait eu le temps de toquer à la porte.
— Heya chaton, tu sais voir à travers les murs ?
Le rire du blond résonne alors qu'il se retrouve dans son salon. Il évite habillement Ouragan qui se met en travers de ses pieds, manquant à plusieurs reprises de le faire basculer. Il peste une seconde contre le félin qui lui lance un regard mauvais en réponse et file s'installer contre le blessé qui lui gratte machinalement la tête comme pour le réconforter.
— Je t'ai vu passer par la fenêtre.
Le corps se redresse légèrement du canapé alors que le téléphone sur lequel Max trainait quelques secondes plus tôt est déposé sur la table basse alors qu'il approche.
— Félicitations.
La petite bête noire est déposée sur le sol et bientôt, il est attiré dans les bras agréables du néerlandais qui le serre quelques secondes contre lui, tandis que celle-ci se met à miauler. Il se laisse complétement aller dans ceux-ci, se détendant et enfouissant sa tête dans le creux de son cou inspirant son odeur de shampoing à l'amande.
— Merci Maxy.
Il finit par quitter l'étreinte à regret. Il plonge ses yeux sombres dans ceux clairs et brillants de son cadet.
— Alors qu'est-ce que tu avais de si important à me dire ou faire pour que ma présence soit indispensable aussi rapidement ?
— Je vais pouvoir remarcher !!!!
La joie éclate dans l'exclamation qui s'élève dans l'appartement. En face de lui, le bonheur de Max est intense, et il se dit qu'il ne l'a jamais vu aussi heureux. Même lors de son premier podium, même lorsqu'il a gagné le titre le néerlandais ne resplendissait pas autant qu'il est en train de le faire alors qu'il va enfin pouvoir quitter son fauteuil roulant dans lequel il est cloué depuis des mois.
— C'est génial Maxy ! Depuis quand tu es au courant ?
— Vendredi, ils ont vérifié et tout est bon et je...
Les mots semblent s'emmêler dans l'esprit du blond qui rayonne depuis son canapé.
— Aide-moi à marcher.
Il se fige, restant silencieux une seconde. Les pensées s'entrechoquent dans son esprit entre son envie de lui répondre immédiatement oui et sa raison lui disant qu'il s'agit d'une très mauvaise idée. Il finit par réagir quand la tête s'incline légèrement comme pour le sonder plus profondément.
— Mais chaton, je suis pas kiné, c'est pas mon rôle.
En face de lui, Max se renfrogne, ses prunelles bleutées se gorgeant de noir alors qu'il parait énervé d'avoir vu son envie être refusée. Daniel se dit qu'il ressemble à un enfant pourri gâté à qui on viendrait de refuser un énième cadeau. Mais peut-être qu'il est un peu trop responsable de la situation à n'avoir jamais réussi à lui dire réellement non.
— On s'en fout de ça ! C'est avec toi que je veux remarcher Danny, pas avec elle ! Je veux que tu sois là, j'ai pas envie de faire mes premiers pas juste avec elle dans une salle moche et terne.
Le silence se fait quelques secondes alors que son esprit tourne à toute vitesse, cherchant une solution qui ne blesserait pas le blondinet.
— S'il te plait Dan... Je te promets que ça se passera bien. T'as juste à me maintenir pour pas que je bascule.
Il soupire, réfléchissant encore une seconde. Mais, il est incapable de ne pas prendre les deux mains dans les siennes quand il les tend dans sa direction.
— T'inquiète pas Danny, il y a aucun risque, je sais que tu me laisseras jamais tomber.
Un faible sourire lui est adressé, mais les iris brillent de reconnaissance et sont assurées, comme si le néerlandais est certain de ce qu'il avance. Au plus profond de lui, Daniel sait qu'il a raison, parce qu'il est prêt à tout pour Max et jamais il ne laisserait tomber intentionnellement et toujours il tenterait de le rattraper.
— D'accord, mais juste quelques pas.
Il cède au blond sans réellement savoir comment agir. Il le laisse se mettre debout alors qu'il pousse sur l'accoudoir du canapé de ses bras ayant repris du muscle grâce aux nombreuses semaines de kiné. Il retient son souffle, alors qu'il a peur que rien n'aille. Les et si dramatiques affluent bien trop vite dans son cerveau. Le pire étant le cas où il n'y arriverait pas, celui où Max aurait un faux espoir. Il ne sait pas s'il serait capable de le relever s'il ne parvenait plus jamais à marcher après qu'on lui ait promis l'inverse.
Mais les jambes finissent par se tendre. Il les observe trembler légèrement. Il approche ses mains, prêt à le rattraper avant de le voir basculer. Il le regarde émerveillé faire un léger pas suivi d'un second. Ses doigts se portent à ses hanches, le maintenant fermement par la taille alors que le sourire illumine la pièce, mais que les genoux le lâchent légèrement.
— Tout doux chaton.
Les bras s'enroulent autour de son cou alors que le corps bascule vers l'avant et qu'il le maintient contre lui. Un rire entrecoupé d'un sanglot de joie éclate dans son oreille.
— Je savais que tu me rattraperais.
Le visage est reculé. Il entoure la taille d'un bras, le maintenant fermement et vient écraser les quelques larmes qui glissent silencieusement sur le visage heureux du blond de l'autre main.
— Toujours Maxy.
Il ne sait pas qui fait le mouvement suivant, mais bientôt ses lèvres sont plaquées contre celles absolument parfaites de Max. Cette fois-ci, elles n'ont pas le goût métallique du sang, mais celui acidulé et sucré du fruit préféré du néerlandais. Il ne se plaint même pas quand des griffes s'enfoncent dans ses mollets, il se contente d'un rire quand Max se recule pour gronder son animal de compagnie quand il comprend pourquoi il s'est soudainement crispé, avant de recapturer ses lèvres et reprendre là où ils se sont arrêtés. Le monde pourrait bien s'arrêter de tourner qu'il resterait là à l'embrasser.
— Est-ce que si je remonte jamais dans une voiture tu voudras quand même de moi ?
Il roule des yeux à l'entente des mots avant de faire faire un demi-tour au blond et de le pousser dans son fauteuil dans lequel il s'écroule. Il se laisse lourdement tomber sur ses cuisses. Il s'empare une nouvelle fois de sa bouche, laissant ses doigts aller emmêler les mèches blondes. Il finit par se reculer, gardant son front collé à celui dont les pupilles ne se détachent pas de lui et brillent follement.
— Même s'il faut que je te pousse dans ce fauteuil parce que tu marches plus, je voudrai de toi.
Un soupir de soulagement s'échappe des lèvres dont il ne parvient plus à se lasser. Il se demande comment il a fait pour ne pas céder avant alors qu'il y avait déjà goûté. Il se demande aussi si son cœur ne va pas lâcher à force de se soulever aussi fortement.
— Est-ce qu'il faut que Christian s'inquiète ou que je sois jaloux de Charles ?
Le rire éclate contre lui et il admire le blond détendu sur les draps rouge écarlate où ils viennent de longuement l'embrasser. Il le parcourt du regard avant de faire glisser ses doigts sur son flanc, s'arrêtant sur sa taille à la ceinture de son pantalon. Il les fait doucement glisser sous le T-shirt alors qu'il s'abreuve de ce qu'il lit dans les yeux océan.
— Est-ce que je peux le voir ?
L'incompréhension s'installe un instant sur le visage dont la pâleur tranche avec sa main bronzée glissant sur sa joue. Il fait trainer son pouce sur la portion de hanche une seconde et le regard semble s'éveiller.
— Tu savais ?
Un sourire victorieux s'installe sur les lèvres de l'australien avant qu'il les rapproche de l'oreille du blond.
— T'es pas le seul à remarquer les tatouages sur les autres chaton. Alors, je peux ?
Il n'en revient pas qu'il va enfin pouvoir accéder à ce qu'il n'a jusqu'alors que partiellement visualisé.
— Oui, il est à toi.
A cette idée, il sent une agréable chaleur se diffuser dans son corps, le traversant de la tête aux pieds. Le murmure se poursuit une seconde alors qu'il pense qu'il ne se lassera jamais de la façon qu'ont les joues de Max de rougir face à lui et son sourire de s'élargir dès qu'il s'intéresse un tout petit peu à lui.
— J'espère qu'il te plaira.
Les doigts trainent machinalement sur son torse dénudé, lui arrachant des frissons alors qu'à côté de lui, le regard bleuté semble perdu dans le vide. Le silence s'installe dans leur bulle alors que la nuit est tombée depuis déjà plusieurs heures. S'il écoutait bien, Daniel est presque certain qu'on pourrait presque entendre leurs deux cœurs battant en parfaite communion.
Les doigts s'entrelacent et il les sent être doucement pressés alors que la tête de Max se dépose là où bat son organe vital et qu'il vient se coller contre lui. Il sourit quand il sent les lèvres glisser une seconde sur sa peau. Il le rapproche encore un peu plus de lui, la main ne quittant plus le carré de peau colorée par ce dessin qui lui est dédié.
— Tu fais quoi demain ?
— J'ai kiné à sept heures et ensuite je sais pas. Des courses j'imagine, mon frigo est vide.
Il ne peut empêcher un rire de lui échapper. Faire les courses en compagnie de Max est une véritable expédition. Un très faible coup est porté à ses côtes.
— Te moque pas, je vais devoir me lever super tôt.
La voix faiblit, signe que le blond est en train de s'assoupir. Un coup d'œil sur les yeux bleus se fermant bien trop régulièrement lui confirme qu'il ne se trompe pas. Mais il le savait déjà, ayant vu bien trop souvent Max s'endormir à côté de lui en débrief ou alors qu'ils regardaient des films sur leurs canapés respectifs.
— Bon, je vais te laisser dormir alors.
Les doigts se referment un peu plus sur les siens avant de se détacher lentement. Il les sent glisser le long de ses phalanges, puis s'attarder une seconde sur le tatouage de son poignet qu'il sait être son préféré.
— D'accord.
La chaleur de Max le quitte alors qu'il s'écarte légèrement. Puis leurs jambes se démêlent. Les prunelles ne le quittent pas alors que le néerlandais lutte pour garder les paupières ouvertes. La main s'étend pour secouer ses boucles brunes qu'il sait être complètement décoiffées avant que le visage se rapproche et que leurs bouches s'effleurent en une douce caresse.
— Bonne nuit Danny.
Il n'arrive pas à savoir s'il doit être attendri par le corps s'endormant doucement ou déçu que Max ne lui ait pas proposé de rester. Il jette un dernier coup d'œil au blond endormi, les cheveux ébouriffés tout autour de sa tête sur son oreiller et le corps légèrement marqué à moitié recouvert par la couette rouge , avant de refermer silencieusement la porte derrière lui pour ne pas le réveiller. Après des années à avoir ri du fait que Max n'était qu'un chaton ne pouvant que grignoter, Daniel est forcé d'admettre que ce jour-là, il s'est fait sacrément croquer.
Quand il se réveille seul dans des draps froids sans Max à côté de lui le lendemain matin, sa présence lui manque immédiatement. Il pense au fait qu'il aurait pu être en train de le réveiller ce qui reste une des choses qu'il préférait concernant le néerlandais, ou bien de l'embrasser alors qu'il serait encore un peu groggy pour bien entamer leur journée. Il se redresse puis se laisse retomber dans ses draps en se souvenant que le blond n'a même pas essayé de le rappeler. Et sa pensée première est qu'il regrette absolument d'avoir cédé comme un adolescent en chaleur et d'avoir laissé Max jouer avec son cœur, même si pendant quelques heures il a cru enfin goûter au bonheur.
Max savait que jamais Daniel ne le lâcherait et qu'il céderait. Il voulait que ce soit Daniel parce qu'il ne le laisserait pas tomber, c'était d'ailleurs pour ça qu'il était prêt à lui offrir le monde entier. Mais une fois de plus, il n'avait pas osé le lui confier. Il lui avait de toute façon déjà tout donné même si le néerlandais avait tendance à l'oublier. Cette nuit-là, sous les baisers de Daniel, son cœur tambourinait comme jamais et il s'était senti enfin complet. Comme si l'australien était cette pièce du puzzle inachevé qu'il cherchait depuis une éternité pour enfin être entier. Et lorsque cinq heure trente sonna et qu'il se réveilla, la première chose qu'il fit fut d'enfouir son nez dans l'oreiller où la tête du brun avait pendant quelques heures reposé en ne pensant qu'au moment où il pourrait de nouveau le retrouver pour se sentir tant désiré et aimé.
😱🥰
(pour ceux qui l'ont lue, je l'admets, l'envie de caler des bouts de paragraphes de 'j'ai le droit aussi' dans ce chapitre a été immense, mais j'ai résisté à l'envie de recaler ma métaphore du lionceau (chap 8 pour les curieux) qui est pourtant certainement un des paragraphes que j'ai préféré écrire dans toutes mes histoires & qui mériterait d'être dans toutes du coup ^^ - eux aussi c'était la choupi-attitude totale il faut bien l'admettre hihi)
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