Interlude, les jours où le paddock a compris qu'ils s'offraient leurs cœurs
Christian, 2017
— Bon, il va falloir qu'il reste concentré. Un premier amour, ça peut tout faire foirer.
Lorsque Geri éclata de rire à cette remarque, Christian ne comprit pas. Cette photo sortie dans la presse était une véritable situation de crise pour lui. Il n'avait jamais vu Max en couple et son protégé n'en avait jamais parlé. Il espérait que ça n'allait pas le faire vriller.
— Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
Les éclats de rire ne s'arrêtèrent pas et il commença à pester sur son coin du canapé en attendant que sa femme se calme. Il arqua un sourcil interrogatif quand ce fut le cas, espérant obtenir une réponse à cette réaction.
— Ah les hommes, toujours aussi perspicaces.
Et elle repartit dans son fou-rire sans même lui donner de réponse.
— Le futur meilleur pilote de la grille fait la une des journaux people au bras d'une blonde, ce qui nous met dans une énorme inconnue et ma compagne trouve ça amusant. Quelle journée !
Son énervement dût se faire sentir puisque le rire de l'ancienne chanteuse s'arrêta sur le champ.
— Tu devrais plutôt te concentrer sur les relations de tes deux pilotes.
— C'est ce que je suis en train de faire-là !
— Non, entre eux.
— Comment ça entre eux ?
Il ne voyait vraiment pas où sa compagne voulait en venir.
— Tu n'as pas compris ?
— Pas compris quoi ?
— La seule personne qui pourrait briser le cœur de Max, c'est Daniel. Et ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
— Quoi ?! Impossible.
Max ne pouvait pas être intéressé par Daniel.
Pourtant lorsqu'il vit Daniel arriver dans le champ de vision de Max deux jours plus tard et son visage s'illuminer, lorsqu'il vit le plus âgé le serrer un long moment dans ses bras puis faire glisser ses doigts dans ses mèches rebelles et le sourire du plus jeune s'agrandir un peu plus, il réalisa qu'elle avait raison, si tous les hommes étaient comme lui, ils n'étaient vraiment pas perspicaces.
Comment je gère la situation ?
Quelle situation ?
Mes deux pilotes amoureux l'un de l'autre ?
Les deux ????
Un rire lui échappa.
Tu vois, les hommes peuvent aussi être perspicaces ;)
Il reposa son téléphone, cette situation était pourtant très loin de l'amuser. S'il n'avait aucun doute sur Max, l'idée de la réciprocité le fit paniquer. Mais il était certain de ce qu'il avait vu, Daniel était intéressé, il était juste plus doué pour le cacher ou n'avait pas encore réalisé.
Mais après plusieurs années passées chez Red Bull, Christian connaissait chacune de ses actions, sa façon d'être. Et jamais il n'avait été aussi proche d'un coéquipier. S'il était souvent entouré de personnes, la personne solaire qu'il était les attirant comme des insectes cherchant la lumière, son côté protecteur et tactile avec le blond était une grande première.
Quand leurs regards se croisèrent et qu'ils se fixèrent l'un dans l'autre pendant de trop nombreuses secondes tandis que leurs prunelles se mettaient à briller et leurs sourires s'élargissaient, Christian se prit la tête entre les mains, cette histoire serait sa fin.
Charles, 2018
Le monégasque fut étonné lorsqu'il découvrit Max après plusieurs années séparé de lui. Tandis qu'il faisait ses classes en formule deux, le néerlandais était déjà en formule un. Charles avait rarement été aussi jaloux.
Et il n'avait jamais été autant surpris que le jour où il avait retrouvé le blond dans le paddock. Celui-ci était assis devant le garage Red-Bull. Il n'était pas en train de bouder. Il n'était pas le visage fermé par la concentration. Et surtout, il n'était pas seul.
Non, Max était engagé dans une discussion animée avec son coéquipier. Leurs rires éclataient à intervalles réguliers et s'élevaient dans le ciel anglais. Il n'était pas certain d'avoir déjà entendu le sien avant ce jour-là.
Il laissa ses yeux glisser sur les mains et bras de son adversaire détesté. Ils faisaient de larges mouvements se perdant dans des explications certaines. Ses yeux ne quittaient pas l'australien du regard et l'inverse était tout aussi vrai.
— Leclerc, ramène toi.
Il fut sorti de sa contemplation par l'interpellation du plus âgé. Il se dirigea à petits pas vers le binôme, l'estomac légèrement noué à l'idée de retrouver le néerlandais. Le regard qu'il posa sur lui fut, à son plus grand étonnement, pas énervé. Mais il paraissait légèrement dérangé.
— Daniel, enchanté de te rencontrer. Tu dois déjà connaitre Maxy.
Il arqua un sourcil. Maxy ? Depuis quand acceptait-il de tel surnom ? Ils enclenchèrent leur discussion.
— Bon, faut que j'y aille. A bientôt Charles, à plus chaton.
Chaton ??? Ses sens se mirent en alerte générale et le rougissement des joues de Max lui apparut immédiatement. Il était en train de remettre en place sa casquette après que l'australien l'eut soulevée pour jouer avec ses mèches dorées tandis qu'il s'échappait.
— Chaton ?
Il se mit immédiatement à ricaner, un sourire moqueur planté sur ses lèvres et le regard rieur. L'air du néerlandais passa très rapidement à passablement énervé, mais surtout très gêné et embêté. Il vit immédiatement la peur s'insinuer dans son regard tandis qu'il refermait son visage pour le rendre impassible. Il retrouvait le Max qu'il avait toujours connu. Celui qui repoussait les autres pour se protéger alors qu'il n'avait pas vraiment le droit de leur parler. Celui tellement différent de celui si amical dont il venait d'avoir un aperçu et qu'il aurait tant aimé découvrir.
— La ferme Leclerc. Mon dieu, j'avais oublié à quel point tu étais chiant.
Ses lèvres se relevèrent dans un rictus. Ses prunelles brillèrent de malice et machiavélisme. Avec une telle évidence, difficile de ne pas avoir envie de jouer un peu et de s'amuser.
— Je sais que je suis incroyable, mais Charles suffira. J'y crois pas, t'es amoureux. Max Verstappen est amoureux de son coéquipier.
Il éclata de rire tout en se mettant à chanter, se moquant bien qu'on puisse l'entendre.
— Il est amoureux ! Max est amoureux !
Il évita la main qui se portait à lui avec habilité. Avec les années, il avait appris à connaître chaque potentielle réaction du néerlandais. Quand il lut la peur grandissant dans les yeux bleutés, il se calma immédiatement.
— Il est aussi intéressé. Si t'avais pas compris.
Le regard s'assombrit violemment. Pour la première fois, Charles vit une véritable tristesse affleurer dans les prunelles océan pour autre chose que les voitures. La tristesse était une émotion qu'il associait à Max. Il l'avait déjà vu cacher ses larmes plein de fois après que la voix de son papa eut résonné, faisant trembler l'intégralité des enfants du paddock. Mais jamais il ne l'avait vue pour autre chose. Comme souvent quand il le prenait sur le fait, la colère remplaça la première émotion.
— A quoi tu joues ? C'est pas drôle.
Il se fit laisser en plan sur ces mots et sut qu'il gardait la vie sauve uniquement grâce au fait que les yeux de Max ne pouvaient pas envoyer de balles, sinon il serait mort fusillé. Il ne comprit pas. Pour une fois qu'il cherchait à être sympathique avec le néerlandais.
C'est vrai ???? Ce que tu disais sur Daniel ?????
Charles soupira avant de se mettre à rigoler. Il ignorait complètement où le néerlandais avait trouvé son numéro de téléphone.
Oui. Chambre 315, si tu veux en discuter.
Les années avaient passé et il était peut-être temps de faire la paix.
Brad & Michael, 2019
Le rire de Michael éclata lorsqu'il vit son ami s'allonger sur une table le torse complétement nu. Les mécaniciens de Renault n'avaient pas eu de mal à le chauffer pour faire des body shots, la quantité d'alcool avalée au cours de cette soirée étant particulièrement importantes chez chaque participant. Avant lui, plusieurs d'entre eux s'y étaient essayés.
— Daniel ! Daniel ! Daniel !
Son sourire lumineux s'éleva puis se figea quand l'alcool fut déposé sur son corps.
— Prévenez, c'est glacé.
Il roula des yeux quand il vit le clin d'œil adressé à une de leurs stratégistes qui rit en réponse tout en se penchant vers ses abdos. Un mécano la suivit recevant le même clin d'œil qui déclencha un fou-rire dans la pièce.
— Max ! C'est ton tour.
Le préparateur de l'australien se tourna vers le néerlandais qui paraissait débarquer. Il porta un regard étonné vers les personnes s'adressant à lui.
— Mon tour de quoi ?
Ses joues se mirent à rougir quand il comprit. Mais les encouragements l'empêchèrent de dire non. Quand Michael reporta son attention sur Daniel, il n'eut cette fois-ci pas envie de rigoler. Il avait l'impression que son pilote retenait sa respiration alors que le blond approchait de lui.
Devant ses yeux horrifiés, il vit les regards se capter et ne plus se lâcher. Pour l'avoir déjà vu auparavant, il identifia immédiatement le désir s'installant dans les prunelles sombres du pilote Renault alors que le blond se penchait sur son corps sans jamais briser le lien visuel qu'ils partageaient. Les joues étaient rougies et Michael espéra fortement que personne ne comprendrait ce qui était en train de se passer. Encore plus quand une fois l'alcool avalé, leurs prunelles restèrent bien trop longtemps fixées les unes dans les autres.
Il pesta dans sa barbe, pas prêt à faire face à ce type de situation. Il avait récupéré Daniel à la petite cuillère suite à des disputes avec Max parfois, il n'avait pas toujours compris toutes ses réactions mais la clarté se faisait désormais dans son esprit.
— Bienvenue au club !
Une voix à l'accent anglais résonna à côté de lui et il reconnut l'entraineur personnel du pilote Red-Bull. Il ne comprit pas vraiment où il voulait en venir.
— Après le désastre du départ de Daniel, difficile de ne pas comprendre pour Max, mais je ne pensais pas que c'était réciproque.
Il soupira alors que l'autre entraineur éclatait de rire tout en claquant sa main contre son épaule.
— Et surtout, bon courage pour gérer ça !!!
Il soupira alors que l'anglais était amusé.
— Ça te fait pas peur ?
— Si. Parce que Daniel a tous les droits sur son cœur et j'ai peur chaque jour qu'il fasse une connerie et que Max soit anéanti.
Les yeux s'étaient assombris, mais il fallait croire qu'il avait bien plus de recul que lui sur ce qu'il se passait pour Max. Et à l'en croire, le blond était plutôt sérieux, contrairement à Daniel pour qui il ne savait pas. Il pesta en comprenant que son ami lui cachait une attirance réelle pour le néerlandais, voir peut-être plus. Il se dirigea donc vers le pilote avec l'envie de l'interroger sur ce qu'il avait vu. Il ne le fit pas quand il vit les deux pilotes qui riaient aux éclats perdus dans une bulle que personne ne semblait pouvoir faire éclater tandis que Daniel se rhabillait.
Quelques minutes plus tard, l'australien était à ses côtés. Ses joues étaient encore rougies et il regardait au loin dans le bar. Il vint claquer ses doigts devant son regard fixé sur le pilote Red Bull.
— Ça va ? C'est un sacré numéro qu'il nous a fait là.
Il eut un mouvement de visage en direction du blond qui dansait en compagnie de plusieurs de ses mécaniciens et autres personnels de Red Bull, sachant très bien qu'il était la personne qu'il dévorait du regard quelques secondes plus tôt.
— Je pensais pas qu'il le ferait.
— Et ?
— Et j'avais oublié qu'il avait grandi depuis les soirées où il était interdit de boisson par Christian et je pensais pas que...
La phrase fut interrompue au milieu alors que Daniel semblait se mettre une gifle mentale pour s'empêcher de continuer. Ses paupières se refermèrent légèrement tandis qu'il sondait le pilote. Il lui cachait quelque chose. Il lui cachait autre chose que cette attirance évidente. Et ne pas savoir quoi le dérangeait profondément tant celui pourrait avoir un potentiel impact sur ce qu'ils travaillaient.
Alex, Lando & George, 2020
— Je vous jure, je comprends Pierre, cette voiture est impossible à piloter.
Le thaïlandais ne voulait pas paraitre mauvaise langue, mais il ne comprenait pas comment on pouvait confectionner une voiture aussi peu maitrisable. Pourtant, à chaque fois que Max montait dedans, elle semblait ne faire plus qu'un avec lui, ce qui rendait la situation encore plus difficile à vivre pour lui.
— Ça va aller.
Il a un léger mouvement de tête.
— Et puis, j'ai rarement eu un coéquipier aussi irascible. Il n'en voit que par Daniel, c'est insupportable. Daniel par ci, Daniel par là, Daniel aurait fait ci, Daniel aurait dit ça. Je vous assure que j'en peux plus de Daniel alors qu'il n'est même pas là.
— Et Christian dit rien ?
— Non. C'est même étonnant, il le laisse déblatérer sur lui pendant des heures s'il le faut.
— On dirait moi quand Lando n'arrêtait pas de parler de Lucy, j'arrêtais de l'écouter aussi.
Les regards se tournèrent immédiatement vers Georges qui venait de parler et qui était désormais en train de rire à gorge déployée, fier de sa pique envers le plus jeune.
— Quoi ? J'ai dit une bêtise ? Désolé Lando mais t'étais vraiment insupportable quand t'étais amoureux de cette fille. Surtout pour que tout soit fini un mois plus tard.
Le thaïlandais et l'anglais partagèrent un regard complice. Tout semblait s'expliquer. L'ombre qui trainait partout dans Red Bull derrière Max n'était pas parce qu'il avait perdu son coéquipier, c'était parce qu'il avait perdu Daniel l'homme, celui pour qui son cœur battait peut-être depuis des années.
2021
— Tu te souviens de ce que tu nous avais dit sur Max y a un an ?
— Qu'il est trop fort sur une voiture de merde ?
— Non. Par rapport à Daniel.
La tête se hocha.
— Eh ben je te comprends. C'est terrible de subir tous les jours la comparaison avec Max sans que Daniel ne lui trouve aucun défaut. Alors qu'il y aurait de quoi dire !
Lewis & Seb, 2022
— Mais quand est-ce qu'il va se bouger sérieux ?
La voix de Lewis résonna à côté de Sebastian et il se demanda ce qu'il avait encore à se plaindre.
— De qui et de quoi tu parles ?
— De Max. Jamais il ne s'implique en politique, c'est le champion du monde pourtant. Je sais bien qu'il ne se sent pas trop concerné par le sujet mais quand même.
Il arqua un sourcil à l'entente de ces mots.
— Pas concerné ?
Il prit la tête du septuple champion du monde et la fit légèrement tourner jusqu'à la fixer sur le néerlandais.
— Je sais bien que tu n'es pas son premier fan, mais tout de même.
L'anglais se débâtit quelques secondes, mais sa poigne se fit plus forte.
— Regarde bien.
Il ria une seconde avant de venir lui taper à trois reprises sur le front tout en citant un film que les français lui avaient montré quelques semaines plus tôt. T'imprime, t'imprime, t'imprime. Une fois chose faite, il desserra légèrement son emprise.
— Et maintenant, suis bien son regard.
Il guida la tête vers l'endroit où les yeux clairs étaient fixés, vers ce qui arrachait un sourire au blond et qui captait l'intégralité de son attention alors que Sergio semblait chercher à lui parler.
— Oh.
— Oui, oh.
— Mais... ?
Il pouffa devant l'air ahuri du septuple champion du monde.
— J'ai pas compris il y a bien longtemps. Mais maintenant que c'est le cas, ça éclaire tellement de choses.
— Et tu crois que Daniel sait ?
— Si ce n'est pas le cas, il est aveugle. Et puis, il n'est pas en reste sur la question.
En face de l'allemand, les yeux de l'anglais s'agrandirent encore plus, lui arrachant un nouvel éclat de rire.
— Tu gardes ça pour toi grande commère, mais ils ont dormi ensemble à Jeddah. Tu dors souvent avec tes coéquipiers à l'hôtel, toi ? Et apparemment, ce serait Daniel qui lui a offert Ouragan.
— Ouragan ?
— Son chat qu'il traine dans le monde entier avec lui.
Il croisa le regard rieur et étonné du plus âgé dans lequel brillait la curiosité.
— Et comment tu as su tout ça ?
— Bon j'avoue j'ai fait boire Daniel après Jeddah pour en savoir plus. Je les ai vraiment vus sortir de la même chambre d'hôtel ce matin-là. C'était peu clair, mais il aurait recalé Max il y a quelques années après qu'il lui ait justement offert Ouragan. Il le trouvait trop jeune. Il regrette un peu, beaucoup si tu veux mon avis personnel. Il a bien insisté que c'était juste une attirance physique, mais sérieusement, regarde-le !
Il roula des yeux en voyant Daniel faire les yeux doux à l'autre côté du paddock où se trouvait le néerlandais de profil. Il semblait le détailler avec beaucoup d'insistance.
— Et quand je pense que cet imbécile est persuadé que pour Max c'était juste une petite attirance d'adolescent parce qu'il était un modèle et que c'est passé. Tellement à côté de la plaque. Ils se bouffent du regard dès que l'autre à le dos tourné.
C'est le moment que choisit le plus jeune pour se retourner. Ses yeux clairs croisèrent ceux plus sombres et les deux ainés restèrent silencieux devant l'échange de regard avant de se tourner l'un vers l'autre et d'éclater de rire.
— Qu'ils se trouvent une chambre sérieux !
— Et t'es vraiment sûr qu'ils n'ont jamais cédé ?
— Je peux recuisiner Daniel, mais je suis certain qu'il me l'aurait dit la première fois. Parce qu'il a été particulièrement bavard. Il est tellement piqué qu'il m'a demandé mon avis sur des tatouages qui le font penser à Max.
— Bon, au moins, on sait que nos T-shirts et casques prévus serviront de soutien à quelqu'un.
Checo, 2022
— Il est sauvé.
La voix de Christian s'éleva avant même qu'il eut le temps de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. Il sentit le soulagement qui s'infiltrait dans chacune de ses cellules alors qu'il tournait en rond dans sa chambre d'hôtel depuis des heures. Il n'était certes pas le fan numéro un du néerlandais mais il restait son coéquipier, une personne dont il aurait pu être beaucoup plus proche s'ils ne se battaient pas pour la même chose.
— Il est réveillé, tu vas pouvoir le voir.
Il hocha la tête avant de se diriger vers la chambre concernée sur le champ, n'entendant pas Christian tentant de le rappeler.
Il entrouvrit doucement la porte, ne voulant pas la faire claquer. D'où il était, il vit le visage bouffi de Max et cette vue lui brisa le cœur. Ils avaient régulièrement leurs différents, mais il voulait les régler en piste, pas parce que son rival était hors jeu. Les yeux clairs dans lesquels il devinait la douleur étaient fixés sur un brun de dos. Avant de voir les plâtres, bandages, il vit les deux mains posées sur le draps rosé. Ces mains dont les doigts étaient délicatement entremêlées.
Il resta interdit une minute avant de se focaliser sur le visiteur dont il ne voyait pas le visage. Les cheveux bruns bouclés bougeaient légèrement alors qu'il fit un léger mouvement. Ses yeux s'attardèrent ensuite sur les vêtements qu'il portait. Il ne mit pas longtemps à identifier la couleur de l'écurie McLaren. Evidemment que Daniel était là.
Est-ce que... Est-ce que je peux avoir droit à un bisou magique ?
Il allait s'approcher quand la phrase s'éleva. Un simple murmure dont chaque mot s'infiltra en lui. Il resta figé sur le pas de porte, incapable d'avancer ou de reculer, ne voulant pas briser l'instant hors du temps si sa présence était remarquée.
Il n'aurait pas dû voir tout ça, mais il ne pouvait pas risquer d'entendre cette porte claquer et voir la tension accumulée s'évaporer. La douceur des mouvements de Daniel le souffla. Il arrêta de respirer alors que le bout de ses doigts effleurait le visage abimé. Son visage grimaça à chaque légers sursauts que fit Max comme s'il ressentait la douleur de son coéquipier.
Quand il vit les bouches se toucher et les paupières se fermer sur les prunelles bleutés, il comprit. Il comprit tout ce qu'il n'avait jamais saisi depuis qu'il était arrivé. Il comprit la difficulté à le remplacer. Il comprit la tristesse quand il le regardait se glisser dans la deuxième Red Bull de son côté du garage. Il comprit aussi le calme quand Daniel avait un jour osé toucher la voiture de Max.
Max ne faisait pas seulement confiance à Daniel pour ne pas abimer sa voiture. Non. Il lui faisait confiance en cet instant en le laissant le toucher alors qu'il était blessé. Il lui faisait confiance en lui offrant une partie de lui. Il avait été témoin qu'il lui avait offert son cœur sans aucune contrepartie. Et à voir comment le baiser s'éternisait, il fallait croire que ce qui était vrai pour Max était vrai pour Daniel aussi.
Il quitta les lieux l'esprit chamboulé. Il resta silencieux quand Christian l'interrogea sur l'état du blond. Il espérait juste que ses joues un peu rougies par ce dont il avait été témoin ne l'alerteraient point.
Quand il s'engouffra dans sa Honda de sport quelques dizaines de minutes plus tard, il se fit la promesse de toujours les protéger, eux et les sentiments si forts qu'ils semblaient se porter. Parce que l'instant d'amour dont il venait d'être témoin devait absolument être préservé et qu'il ne méritait pas d'être un jour ne serait-ce qu'ébréché.
Pierre, ou celui qui n'a toujours pas compris
Le bruit de la musique présente dans le bar cache légèrement les voix. Face à lui se tient Max tout sourire en train de commander de nouvelles boissons. Il accepte celle qu'il lui tend immédiatement. Leurs regards sont fixés sur Charles, récent célibataire et buvant pour oublier sa peine. Parfois, il se demande le contenu des discussions que ses deux cadets peuvent avoir ensemble. Mais ce soir, il s'inquiète surtout pour son ami.
— T'as déjà eu le cœur brisé ?
— Oui.
— Je parle pas de non victoire ici hein. C'est déjà arrivé ?
— Oui.
Le mot claque dans l'air tandis que les prunelles s'échappent. Il n'insiste pas, comprenant sur le champ que le champion du monde n'a pas envie d'en parler. Il ne s'attendait pourtant pas à cette réponse. Parce qu'il n'avait pas souvenir de voir un jour Max proche de quelqu'un et encore plus en couple. Pourtant à la lueur trainant dans son regard, la douleur paraissait vive et réelle.
— Tu crois qu'après avoir eu plein de relations, on peut se poser et vraiment aimer ? Je veux dire, ne pas voir l'autre que comme un corps à utiliser pour son propre plaisir, et autre chose qu'une relation qui se sera consumée quelques heures plus tard.
L'incompréhension s'installe sur le visage de Max, tout comme l'étonnement.
— T'es sûr que ça va Pierre ?
— Je crois que j'ai trop bu.
— Je crois aussi.
Il l'observe qui se lève. Il ne sait pas s'il est déçu ou soulagé que le néerlandais évite le sujet. Voir la douleur pendant quelques secondes sur ses traits l'avait fait chavirer. Il se demande qui a pu un jour être la personne responsable de cette immense peine de cœur.
— Je sais.
Le mot est simplement dit tandis que le blond passe devant lui.
— Quoi ?
— Je sais qu'un cœur peut être réparé quels que soient les dégâts qu'il a subi et finalement redémarrer.
Il le laisse en plan pour se diriger vers l'autre bout de la salle. Il ne le quitte pas des yeux alors qu'il se dirige vers l'australien chez qui il habite le temps des vacances à qui il tend le deuxième verre. Il les observe les enchainer, le blond se servant allégrement dans celui de l'australien qui ne dit rien. Il rit quand il voit le plus jeune sauter sur le dos de l'australien et se faire transporter à travers la pièce. Les rires résonnent et les sourires sont éclatants tandis qu'ils s'amusent ensemble. Au milieu d'une discussion avec le monégasque, il note que les deux pilotes Red Bull sont particulièrement proches.
— Ils sont un peu tactiles ce soir Max et Daniel non ?
Charles le regarde avec des yeux ahuris, comme s'il venait de voir un fantôme avant d'éclater de rire.
— T'es con quand tu t'y mets !
Il hausse les épaules, ne comprenant pas tellement cette réponse. Il reporte son attention vers sa boisson.
— On va y aller, Max commence à fatiguer. Tu vous vous occupez mutuellement l'un de l'autre avec Charles ? J'ai déjà suffisamment à faire avec mon phénomène.
Il rit de la remarque alors que Daniel ramène légèrement le néerlandais contre lui.
— Heya Danny, prends soin de ton chaton et profite pas qu'il ait bu pour abuser de son corps.
Un doigt d'honneur lui est adressé par l'ainé de la troupe tandis que le blond repose de tout son long contre l'australien. Il le maintient debout, une main habilement glissée autour de sa taille.
— Qu'est-ce qui te dit que j'ai pas envie qu'il profite de moi Leclerc ou que c'est pas moi qui vais abuser du sien ?
Les rires se mêlent tandis que Charles se bouche les oreilles.
— Lalalala, j'entends pas, parce que j'ai vraiment pas envie de savoir ce que vous faites dans votre pieu.
— Jalouuuuux ! T'as toujours été jalouuuux de moi Charles ! Et c'est moi qui aie hérité du beau-gosse du paddock nah !
— Je te plains Ricciardo, je sais pas comment tu arrives à le supporter, l'avoir dans les pattes le temps de course est bien suffisant pour moi.
Ils sont vraiment étranges tous autant qu'ils sont parfois. Il les a déjà entendus à plusieurs reprises faire des blagues sur une pseudo-relation entre Max et Daniel, mais cette fois, c'est plus que tout. Mais les deux protégés de Christian Horner ne paraissent pas mal le prendre.
— T'as fini ton cinéma Maxy ? On peut aller dormir ?
— Allez Charles, on y va.
Il l'attrape pour le bras et le tire hors de la boite. Les deux autres pilotes prennent la direction inverse.
— Bonne nuit les amoureux, faites pas trop de bêtises ! Et surtout oubliez pas de vous protéger !
Les rires éclatent en réponse et il voit le brun rattraper au dernier moment le blond par les hanches alors qu'il allait basculer. Pierre regarde le monégasque avec des yeux remplis d'incompréhension. Il lui manque clairement une clé de compréhension de ces remarques et blagues un peu trop privées à son goût.
c'était un long chapitre d'entracte avant de repartir sur la deuxième partie de l'histoire. j'ai hésité à le couper parce qu'il est vraiment assez long, mais bon, ça n'aurait pas eu de sens.
ça donne quelques éléments sur les réactions qu'ont pu, peuvent ou vont avoir certains personnages secondaires (dont celles de ce brave sergio le fauteur de troubles haha).
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