9ème rencontre : Un Vicomte pas très futé

Ambrée, la seconde plus grande ville du royaume d’Altéria, juste après Lumié. La destination la plus prisée des touristes pour ses plages et ses sources thermales. Le spectacle qu’il ne fallait absolument pas rater si l’on se rendait un jour à Ambrée : ses magnifiques coucher de soleil qui teintait toute la ville d’une couleur ambre.

Quelque part dans la ville d’Ambrée, un jeune homme, sous l’effet de l’alcool, s’amusait avec des jeunes filles dans un bar près de la plage. Une autre spécificité de cette ville : les soirées bien arrosées se terminant par des lendemains difficiles.

On pouvait en déduire d’après ses habits que le jeune homme, ivre mort, faisait partie de la noblesse. Une chevelure ambrée et une forme d’éclair noir sur une partie de ses mèches : il s’agissait sans nul doute du Vicomte Kaminari Denki.

-Je crois que tu as assez bu pour aujourd’hui.

L’autre blond qui l’accompagnait, totalement sobre, n’arrêta pas de soupirer de l’autre côté de la table. Le spectacle qu’il avait devant lui l’affligeait. Voir un Vicomte de saouler et être entouré de plusieurs femmes… C'était une honte.

-Denki, rentrons maintenant.
-Encore un verre et on rentre !
-C’est la dix-huitième fois que tu me sorts cette phrase.
-Quel rabat-joie ! Tu devrais boire un coup toi aussi pour te détendre Neito.

Neito ne répondit pas. Il avait l’habitude maintenant. Depuis qu’il avait fait la connaissance de Denki, il savait que lorsqu’il avait atteint ce stade, le Vicomte n’était plus en mesure de penser. Neito renvoya toutes les femmes et reposa le verre de Denki sur la table. Ce dernier ne se débattait même plus. Neito l’aida à se mettre debout en faisant passer le bras du Vicomte sur ses épaules.

-Tu me le paieras très cher quand tu auras décuvé. Souffla Neito.

***

C’est avec une terrible migraine que Denki se réveilla le lendemain, avec quelques bribes de souvenirs de ce qu’il s’était passé la veille.

-Qu’est-ce que j’ai encore foutu ?
-Tu t’es bourré la gueule jusqu’à ne plus pouvoir penser.

Denki sursauta et se leva brusquement de son lit pour faire face à la personne, qui était confortablement installé dans un fauteuil.

-Neito, c’est toi qui m’as ramené ?
-Non t’es rentré tout seul comme un grand ! Fit-il sur un ton plus que sarcastique. Bien sûr que c’est moi, t’as même failli me vomir dessus sur le chemin du retour.
-Désolé… Que tu m’aies encore vu dans cet état.
-J’ai l’habitude maintenant. Ça va quand même te coûter cher.
-T’inquiètes pas pour l’argent.

Denki aperçut un verre d’eau sur sa table de nuit et se dépêcha de l’engloutir. Il se rendait compte que ses actions ruinaient son image et en même temps celui du Comte – son père. Pourtant, c’est justement à cause des exigences de son père qu’il finissait toujours par trouver refuge dans les boissons alcoolisées. Les gens enviaient les nobles, mais Denki, lui, aurait voulu naître dans une famille normale. Loin des contraintes, des devoirs et des responsabilités d’un Vicomte.

Il déposa le verre et posa ses pieds sur le sol dans une tentative de se mettre debout. Malheureusement pour lui, une grosse boule remontant dans sa gorge le força à rester assis. Neito, de son côté, le regardait avec un rictus narquois. Denki remarqua que le blond sur son fauteuil avait une lettre scellée dans la main.

-C’est quoi cette lettre ?
-Une lettre provenant de Lumié, elle est arrivée sous forme d'oiseau en papier, il y a une heure. Je crois qu'on appelle ça un courrier magique si je ne me trompe pas.

Courrier magique, le service postal le plus rapide du royaume. Les lettres sont livrées chez leurs destinataires en un éclair grâce à un sort transformant le message en oiseau en papier. Denki mit plusieurs minutes avant de reconnaître le sceau royal rouge sur l’enveloppe.

-Lumié ? S’écria-t-il brusquement. Tu veux dire que ça vient du palais ?
-A en juger par le sceau, oui. Tu veux que je te la lise ?

Denki soupira, la journée avait déjà mal commencée, et ça ne risquait pas de s’améliorer. Neito déchira énergiquement l’enveloppe, s’impatientant d’en lire le contenu.

-Neito, s’il te plaît, lis-la vite et dis-moi de quoi elle parle.
-C’est une lettre du prince Shoto, il dit qu’il arrivera à Ambrée aujourd’hui dans la journée et aurait besoin d’un guide pour le mener au pays des dragons.
-Neito, si c’est encore une de tes blagues à deux balles…
-C’est bien ce qui est écrit dans la lettre tu peux vérifier.

Poussé par la curiosité, Denki trouva la force de se lever et d’arracher la lettre des mains de Neito. Il avait beau la lire et la relire, les lettres pour « pays des dragons » ne voulaient pas disparaître. Neito était étrangement impatient de son côté.

-Je vais pouvoir rencontrer l’un des princes d’Altéria. J’ai tellement hâte !
-Tu ferais mieux de calmer tes attentes Neito. Shoto est de loin le prince le plus exaspérant de l’histoire de l’humanité.
-Oh, tu connais le prince ?
-Et comment ?

Denki se rappela douloureusement de sa première rencontre avec le prince. Il y a sept ans de ça, le prince était venu pour la première fois à Ambrée pour se rendre au pays des dragons. La famille Kaminari entretenait, depuis plusieurs générations, une étroite relation avec la famille royale. Dans le but de préserver ce lien, Denki, qui avait le même âge que Shoto, fût obligé d’accompagner le prince qui voulait un dragon pour son anniversaire. Ce fût l’aventure la plus horrible et la plus traumatisante que Denki n’avait jamais vécue. Le prince ne lui avait pas adressé la parole une seule fois durant tout le voyage, ils s’étaient presque faits dévorer par un dragon, et au final, Shoto avait changé d’avis et n’en voulait plus.

-Ce prince n’apporte que des ennuis…
-Je ne sais pas ce qui a pu se passer entre vous, mais tu devrais te dépêcher de trouver un guide, d’après ce que j’ai pu lire, le prince ne va pas tarder à arriver.

Denki regarda le lieu de rendez-vous : la résidence d’été de la famille royale, vers dix-heures. Il jeta ensuite un regard vers son horloge murale qui affichait déjà neuf-heures.

-Neito, tu ne connaîtrais pas quelqu’un qui pourrait servir de guide jusqu’au pays des dragons ?
-Je te l’ai dit, je connais tout le monde, il suffit juste de mettre le prix.

Denki fouilla sur son bureau et en ressortit un chéquier. Après avoir écrit quelque chose dessus, il tendit le chèque à Neito.

-Pour ce qui s’est passé hier et pour me trouver un guide, je pense que ça devrait te suffire.

Un sourire satisfait prit place sur le visage de Neito après avoir vu la somme inscrite sur le chèque. Il prit le papier, la plia et la rangea soigneusement dans la poche de sa veste.

-C’est toujours un plaisir de faire affaire avec toi.
-Trouve-moi un guide et rejoins-moi à la résidence royale vers dix-heures. Ne soit surtout pas en retard.

Neito quitta enfin la chambre de Denki. Le Vicomte soupira une dernière fois avant d’aller prendre une douche froide. Il sauta même le petit déjeuner. Il ne savait plus si c’était à cause de la gueule de bois ou le fait de savoir que Shoto allait arrivé dans quelques minutes, mais il avait perdu l’appétit.

Tout en s’habillant, il jeta un coup d’œil à la paperasse sur son bureau. Son père étant en voyage d’affaire, il devait effectuer ses devoirs de Vicomte en assurant le travail du Comte pendant son absence. 

Il espérait de tout son cœur que Shoto ne l'obligerait pas à l'accompagner.

***

Quelques minutes plus tard, il se retrouva devant la résidence d'été où Shoto devait le rejoindre. Une domestique vint rapidement l'accueillir et le guida vers le jardin.

-Le prince Shoto n'est pas encore là ?
-Il ne devrait plus tarder. Expliqua la jeune domestique qui ressemblait étrangement à une grenouille. Nous avons reçu une lettre ce matin annonçant que le prince se rendrait ici avec des amis.
-Des amis ?

Denki se tût automatiquement, se rendant compte de ce que sa question sous entendait. Ce prince avait des amis ? Depuis quand ?

-Lorsque vous avez reçu la lettre du prince Shoto, a-t-il précisé où il était ? Parce que c'est bizarre, j'ai reçu la mienne il y a à peine deux heures et pourtant la lettre à bien été envoyée depuis le palais de Lumié.
-C'est parce qu'il sont encore à Lumié.

Le Vicomte se demandait s'il était toujours sous l'effet de l'alcool. Il n'arrivait pas à comprendre.

-Comment ça ? Pourquoi il m'aurait dit de venir ici à cette heure s'il est encore à Lumié, il faut des jours avant d'arriver jusqu'ici !
-Il ne vous a rien dit ?
-De quoi ?

La fille grenouille le guida vers une maison dans le jardin. L'intérieur rappelait plutôt un atelier. En suivant la domestique, ils tombèrent sur un homme qui semblait effectuer des vérifications sur une machine reliée à un étrange portail.

-Qu'est-ce que c'est ?
-Un portail de téléportation.

Un rire nerveux s'échappa de Denki.

-Non, sérieusement...
-Ils ne devraient plus tarder ! S'exclama l'homme en regardant sa montre. Mei m'a demandé de l'activer à dix heures pile. Cinq, quatre, trois, deux, un...

Il actionna un levier et un tourbillon se forma entre le portail, qui dégageait une quantité impressionnante d'énergie magique.

Des silhouettes commencèrent à se former dans le tourbillon, faisant petit à petit apparaître quatre personnes. Denki reconnu tout de suite l'une d'entre elles : Shoto Todoroki. Toujours aussi glacial que dans ses souvenirs. Il ne reconnaissait pas les trois autres : un garçons aux cheveux verts, une fille vêtue comme une sorcière et un chevalier à lunettes. Lorsque les quatre personnes eurent fini de traverser le portail, l'appareil s'éteignit sous des cris de joie de l'homme qui l'avait activé.

La domestique fit la révérence au prince.

-Ça faisait tellement longtemps mon prince, bon retour à Ambrée.
-Merci Tsuyu, si tu pouvais préparer quelque chose à manger pour mes amis. Ils ont tellement eu peur qu'ils n'ont pas prit de petit déjeuner avant de venir.

Denki et Tsuyu regardèrent les trois autres qui s'étaient éffondrés sur leur genoux, encore essoufflés.

-J'ai vraiment cru qu'on allait mourir... Paniqua le vert.
-Izuku, on l'a fait ! S'écria la jeune sorcière. On s'est téléporté à la vitesse de la lumière !
-Un peu de tenue tous les deux. Ordonna le chevalier. Je n'arrive plus à tenir sur mes jambes.

Tsuyu s'inclina à nouveau devant le prince et prit congé.

-Je vous servirait tout ça dans le jardin, il fait assez frais pour déjeuner dehors.
-Merci Tsuyu.

Le prince posa enfin son regard sur Denki, qui lui fit enfin la révérence.

-Prince Shoto, bienvenu à Ambrée, ça faisait longtemps en effet depuis la dernière fois.
-Tu n'as pas à me faire la révérence. Je te remercie d'ailleurs d'être venu, j'étais certain que tu me détestais depuis l'incident survenu il y a sept ans.
-Non non ce n'est rien, on était encore des enfants à l'époque.

Denki ne le connaissait pas suffisamment, mais le regard de Shoto était différent de celui qu'il avait rencontré il y a sept ans.

-Désolé de t'impliquer là-dedans, mais j'ai besoin de me rendre au pays des dragons le plus vite possible, et aussi avoir des renseignements sur une personne en particulier.
-J'ai envoyé une personne de confiance vous ramener un guide, il ne devrait plus tarder. Concernant les renseignements sur cette personne particulière...
-Il s'agit de la personne que nous cherchons, soit elle est encore en ville, soit elle est déjà en route pour le pays des dragons. Je me suis dis que quelqu'un aurait pu l'apercevoir, mais... Ambrée est une ville touristique, j'imagine que ce ne sera pas si simple...

Pendant que Shoto réfléchissait, Denki se rappela d'une information que lui avait communiqué son ami Neito.

-Prince Shoto, je pense connaître une personne qui saura vous renseigner.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top