7ème rencontre: La pianiste

Izuku reprit lentement connaissance. Il cligna des yeux plusieurs fois, essayant de se souvenir où il était. Il n’était pas dans sa chambre, le plafond n'était pas aussi haut et n’avait pas de fresque dessus. Il mit du temps avant de se souvenir qu’il était au château. Les évènements de la veille lui revinrent en mémoire. Tout, jusqu’au moment où il avait perdu connaissance.

Le garçon se mit à soupirer.

-Je me suis encore évanouie.

Il essaya de se relever doucement et arriva à s'assoir. Il était dans la chambre qu’on lui avait mise à disposition pour son séjour au palais.

Il fut étonné de voir Ochako et Shoto dormant chacun sur un fauteuil, dans un coin de la chambre.

Son cœur se réchauffa à la vue de ses nouveaux amis qui avaient donc veillé sur lui. Mais pour qu’ils soient aussi fatigués, pendant combien de temps avait-il été inconscient ?

La porte de sa chambre s’ouvrit sur une domestique avec une table roulante et un magnifique service à thé. Momo apparut en même temps et fit un sourire à Izuku. Momo fit un signe à la domestique, qui prit congé. Le garde du corps de Shoto fit rouler la table vers Izuku.

-Tu t’es enfin réveillé, je suis rassurée.
-Pardon de vous avoir inquiété.
-L’essentiel c’est que tu n’aies rien.

Momo jeta un œil aux deux endormis. Elle se mit à soupirer.

-Izuku, si tu avais vu comment ces deux-la avaient réagi quand tu t'es écroulé. Le médecin qui t’a ausculté a dû les mettre dehors tellement ils étaient paniqués.
-Je m’excuserai auprès d’eux quand ils se réveilleront. Au fait Momo, je suis resté inconscient combien de temps ?
-Depuis hier matin.
-Hier ?

Il regarda l’horloge murale lui informant qu’il était une heure. Il tourna ensuite son regard vers la grande fenêtre et compris grâce aux rayons du soleil qu'il était déjà une heure de l'après midi. Il était resté inconscient plus d’une journée. Et comme si son corps venait enfin de s’en rendre compte, son ventre se mit à gargouiller. Momo rigola doucement et Izuku cru mourir de honte.

-On va dire que je tombe à pic. Sers-toi Izuku, je prépare le thé en même temps.
-Pardon, et merci.

Izuku vit une assiette de sandwichs et en prit un. Il regardait Momo verser le thé avec des gestes raffinés, il nota qu’elle en avait préparé pour trois personnes.

-Momo…
-Il est temps de les réveiller. Prépares-toi Izuku.
-Me préparer ?

Momo se rapprocha de Shoto et Ochako et les secoua doucement. Ils se réveillèrent très vite et coururent directement vers Izuku.

-Izuku, tu vas bien ? S'écriaient-ils.
-Oui… Désolé de vous avoir inquiété. J’ai souvent tendance à faire de l’anémie. Je crois que j’étais un peu fatigué hier.
-Je suis rassurée que tu n’aies rien ! J’ai cru que c’était encore à cause de ma sorcellerie débridée.
-Mais non Ochako, tout va bien ne t’en fait pas. Shoto, je vais bien.
-Encore heureux, on venait juste de devenir amis.
-Pardon.

Ils discutèrent en mangeant pendant quelques temps. Momo proposa à Ochako d’aller se changer. Shoto resta près du lit d’Izuku.

-Izuku, je n’en ai parlé avec aucun d’entre eux, mais j’ai interrogé le médecin sur ton état de santé. Tu pourrais m’en dire plus ? Ne me cache rien.

Izuku prit une douloureuse expression et baissa son regard.

-Qu’est-ce que tu sais ?
-Que ce n’était pas du tout de l’anémie. C’est plus grave que ça.
-Je suis malade depuis ma naissance. Mes parents ont consultés beaucoup de médecins mais aucun ne savait de quelle maladie je souffrais. Au début, on avait pensé que j’avais juste une constitution fragile. Puis au fil du temps, je n’arrêtais plus de tomber malade. J’avais tout le temps de la fièvre, du mal à respirer et perdait souvent connaissance. On a même dû mettre mes parents en garde sur le fait que je n'atteindrais pas l’âge d’un an.
-Notre médecin qui vient de t’ausculter est le meilleur du royaume, elle m’a dit qu’avec ce que tu couvais, c’est un miracle que tu sois toujours en vie. Elle non-plus ne sait pas de quoi tu souffres, elle a trouvé les médicaments que tu avais sur toi et m’a demandé de te donner ça.

Shoto tendit un petit flacon avec des pilules rouges à l’intérieur. Izuku le prit et en analysa le contenu.

-C’est quoi ?
-Elle s’est basée sur les composants des médicaments que tu prenais pour les mettre au point. Elle m’a dit que tu pouvais les prendre à la place de ceux que tu prenais avant.
-En quoi c’est différent ?
-C’est plus facile à avaler selon elle. Elle pourra t’en fournir à nouveau d’ici quelques temps.
-Je pense que je devrais aller la remercier. Mais est-ce que ça ira ? Je n’ai pas les moyens pour-
-Ne t’en fais pas j’ai payé ses services.
-C’est vrai ? Mais je ne peux pas-
-Je fais ce que je veux, d’accord ?

Izuku se tut et regarda le prince qui était un peu gêné. Des flammèches s’échappant de ses cheveux rouges. Le petit vert pouffa.

-Merci.
-Pourquoi ne pas nous en avoir parlé ?
-Je ne voulais pas vous inquiéter avec ça. J’y suis habitué depuis le temps…
-Ta vie n’a pas dû être facile.

Izuku se souvint soudainement des sales moments qu’il avait traversé.

-Je n’ai fait qu’inquiéter ma mère toute ma vie. Il fut un temps où je pensais que ce serait mieux si je n’étais plus là. Ma mère n’aurait plus à mourir d’inquiétude à chaque fois que je fais un pas dehors. Il fut un temps où je n’avais plus envie de vivre. Mais plusieurs personnes sont venues à mon secours.

Il marqua une pause avant de continuer.

-Même si c'est difficile, même si j'ai l'air pitoyable, même si c'est peut-être en vain... je dois continuer de lutter. Parce que je sais que des gens tiennent à moi. Si je venais à baisser les bras, je ne pourrais plus jamais regarder mes parents en face, eux qui m'ont donné la vie.
-Pourquoi n’as-tu pas souhaité une excellente santé quand Ochako t’a proposé de faire un vœu ?
-J’aurai été égoïste. Je veux vraiment pouvoir rendre service et protéger ceux que j’aime. Ma santé m’importe peu. Je crois qu’en faisant ce vœu je voulais en quelque sorte devenir comme All Might. En fait, je crois que j’ai quand même été égoïste... dans un sens…

Shoto lui caressa doucement la tête.

-Tu n’as pas peur que ta maladie finisse par t’emporter au moment où tu t’y attends le moins ?
-Si bien sûr. Mais je suis toujours en vie. Je veux profiter au maximum de ma vie, qu’elle soit courte ou longue. Je veux moi aussi découvrir le monde. C’est pour cette raison que j’ai décidé de voyager. Je ne veux pas mourir avec des regrets. Nous n'avons qu'une vie. Shoto, s'il te plaît, ne dit rien aux autres. Je ne veux pas qu'ils me prennent en pitié.
-Tu es vraiment une bonne personne. Je ne dirais rien. Je voudrais que tu m'expliques une chose, si tu voulais juste voyager, pourquoi veux-tu tant retrouver ton père ?
-Je veux le retrouver pour lui demander de revenir auprès de ma mère. Elle s’est toujours occupée de moi toute seule. Elle a affronté chacune de mes crises, toujours toute seule. Je ne veux plus qu’elle soit seule. C’est pour ça que je veux que mon père revienne …
-Tu n’as pas agir seul. On retrouvera ton père et il reviendra avec toi. Ensuite ce sera à notre tour de parcourir le royaume en quête d’aventures ! Toi, moi, Ochako, Momo, Iida et même Shinso ! Tous ensembles.
-J’adorerai.
-Comment tu te sens ?
-En pleine forme ! Pourquoi ?

Shoto lui sourit, les flammes sur sa tête s’étant enfin éteintes.

-On va se rendre à l’université aujourd’hui ! Il faut vite qu’on retrouve ton père.
-Oui !

***

Une heure plus tard, Izuku, Shoto et Ochako descendirent du carrosse royal devant l’entrée de l’université d’Yuei. Shoto était légèrement irrité, en réalité il n’aimait pas du tout ce moyen de transport tape-à-l’œil, mais Momo avait insisté. Izuku et Ochako durent supporter les changements de température causés par les pouvoirs instables du prince. Tantôt il faisait tellement chaud qu’on se serait cru dans un four, et tantôt il faisait tellement froid qu’on se serait déjà cru en hiver.

Lorsqu’ils pénétrèrent dans le hall d’accueil, ils furent tout de suite accueillis par des demoiselles attirées par l'aura royal du prince.

Izuku les questionna alors sur son père. Et comme il s’y attendait, son père avait déjà reprit la route depuis longtemps. Cependant, une des filles de l’accueil leur avait appris l'existence d'une personne qui connaissait peut-être la prochaine destination du père d’Izuku.

-Où puis-je trouver cette personne ?
-Il s’agit d’un professeur de musique. Il donne encore des cours pour le moment, donc je vous invite à patienter en faisant le tour ou en restant tout simplement attendre ici.

Ils décidèrent tous les trois de faire la visite, guidée par une autre fille, de l’université. l'Université ne proposait jamais cela d’habitude, mais être un prince accordait certains avantages.

Au bout d’un moment, Izuku sentit la fatigue revenir. Shoto et Ochako insistèrent pour qu’il s’assoie sur un banc dans un couloir.

-Izuku tu vas bien ? S’inquiéta Ochako. Tu n’as pas encore récupéré ?
-Non, ce n’est rien ne t’en fait pas.
-Nous sommes près de la salle de musique ? Demanda Shoto à l’intention du guide.
-Oui, mais aujourd’hui, monsieur Hizashi donne des cours dans la salle de concert un peu plus loin.
-Il y a même une salle de concert ? S’écria Ochako.

Shoto proposa à Izuku de rester se reposer avec Ochako pendant qu’il irait voir dans la salle de concert.

Les deux restèrent donc seuls sur le banc.

-Izuku, tu vas vraiment bien ?
-Puisque je te le dis !
-Tant mieux.
-Ochako, tu as pu discuter avec Shinso ? Tu m’avais dit que tu avais plein de questions à lui poser.
-Ah, oui…

La jeune fille se rappela de l’avertissement de Shinso. Ne voulant pas inquiéter Izuku, elle avait convaincu Shinso de ne rien dire à personne. Shinso lui a promis d’essayer de trouver une solution de sont côté pour lever le sort sur Izuku.

Le silence régnait dans les couloirs, jusqu’à ce que des notes de piano ne se fassent légèrement entendre. Les sons provenant du piano semblaient être chargés d’émotions, de couleurs et d’images.

-C’est incroyable… Fit Ochako.
-On dirait que ça vient juste d'une salle d’à côté.
-Tu crois qu’on peut y jeter un œil ?
-Allons-y !

Ils se laissèrent guidés par la musique et arrivèrent devant la porte de la salle d’où provenait les sons. Après avoir hésité, ils firent glisser la porte sans bruit, faisant apparaître une jeune fille aux cheveux sombres et courts.

Elle n’avait pas remarqué leur présence.

Ils se rapprochèrent discrètement du grand piano à queue au milieu de la salle et regardèrent la jeune fille jouer en s’amusant. Ses doigts bougeaient avec rapidité et finesse sur les touches noires et blanches. Elle était si proche et pourtant on aurait dit qu’elle se laissait emporté dans un autre univers.

Ayant enfin remarqué la présence des deux intrus, la jeune pianiste s’arrêta de jouer et les regarda méchamment.

-Vous deux, vous n’avez pas le droit d’être ici !

L'histoire commence à avancer petit à petit. Les rencontres se multiplient. Les liens se solidifient.

Izuku et Ochako cachent chacun quelque chose d'important.

Comment réagiront-ils lorsqu'ils apprendront chacun la vérité?

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