Retour à la maison
De retour sur Lyon, comme prévu Éléa m'attendait sur le quai. Je suis arrivée en tailleur gris, plutôt austère. Il faut dire que je n'ai que ça dans mon armoire parisien. Éléa me trouve changée en mieux mais n'apprécie pas mon habit. Nous décidons d'aller faire un peu de shopping dans le centre commercial d'en face. Plusieurs tenues me plaisent mais peu conviennent à ma fille. C'est l'été me dit-elle, ouvre-toi un peu plus et mets-toi plus en valeur. Ça me fait bizarre de laisser ma fille faire ces choix pour moi mais elle a très bon goût là où je ne connais que le classicisme. Nous finissons par prendre plusieurs tenues de couleurs. Dans la vitrine une robe rouge plutôt osée me plaisait. Je me suis retournée plusieurs fois dessus sans avoir le courage de l'essayer. C'est finalement Éléa qui me la tend.
- Elle ira très bien pour tes RDV galants.
- Je pense aussi qu'elle plairait à Alexandre.
- Tu lui as dit ?
- Non je comptais lui faire la surprise.
- Tu ne devrais pas trop le faire attendre, tu sais.
- Tu as sans doute raison mais je voulais passer le week-end avec vous avant de passer le voir. Et puis un homme comme lui a sûrement déjà tout planifié pour sa fin de semaine.
- Je n'en mettrais pas la main au feu. Il n'est plus le même depuis que tu es sur Paris. Il m'appelle régulièrement pour demander de tes nouvelles. En fait il a perdu son entrain.
- Je ne comprends pas pourquoi, nous nous parlons tous les jours.
- Il est jaloux. Il te voit embellir et a peur de te perdre.
- Tu racontes n'importe quoi... Et puis si quelqu'un doit être jaloux, c'est plutôt moi. Il est quand même bien plus jeune et bien plus agréable à regarder.
- Et toi maman, t'es-tu regardée ?
- C'est la robe.
- Cette robe te met peut-être en valeur mais tu es très belle. Gageons que tous se retourneront sur toi dans la rue.
- Tu es gentille, et tu as raison, je vais l'appeler.
- Je vais te déposer à l'hôpital pour lui faire la surprise mais avant tu vas acheter une paire d'escarpins pour aller avec la robe.
- Et l'anniversaire dans tout ça ?
- Tu n'auras qu'à lui demander de venir avec toi... Ce n'est pas ton téléphone qui sonne ?
- Allô... Alexandre... Justement je pensais à toi... Je fais du shopping... Je vais bien, et toi ?... Tu finis à quelle heure ?... Je t'appelle dans une heure alors... Je t'embrasse moi aussi...
- Dis donc, à t'écouter, on n'imaginerait pas que vous êtes en couple.
- Nous sommes en public ici...
- Même papa est plus expressif que toi... Tu devrais lui montrer que tu tiens vraiment à lui si tu ne veux pas le perdre.
- Tu as sans doute raison mais j'ai peur de trop m'attacher... Et que ça casse...
- Je ne suis que ta fille mais quels plaisirs peut-on tirer d'un amour tiède ? L'amour est un risque à prendre. On se donne à cent pour cent car il ne doit pas en être autrement.
Je prends ma fille dans les bras et je l'embrasse pour la remercier. Elle a toujours été lucide. Elle vit sur terre contrairement à moi qui ne connais que les nuages.
Nous trouvons une belle paire d'escarpins assortis. Nous passons rapidement déposer les affaires à la maison. Je mets ma robe rouge et les chaussures pendant qu'Éléa me maquille. Mon reflet dans le miroir est plutôt plaisant. Elle me dépose ensuite à l'hôpital juste à l'heure pour croiser la secrétaire. « Il est encore en consultation et aura bientôt terminé. » me dit-elle avant de quitter son poste pour le weekend.
Je m'installe dans la salle d'attente et je commence à feuilleter les magazines de mode. Peu de temps après, la porte du bureau s'ouvre. Il raccompagne sa patiente. Il est sur le point de repartir quand il s'arrête net. Il m'a remarquée.
- Pardon mais je ne prends aucun patient sans RDV.
- Même pas moi ? je badine en décalant la revue de mon visage.
J'ai à peine le temps de retirer le magazine qu'il est déjà en face de moi. Il me dévisage.
- Tu es très belle.
- Tu aimes ?
- Je t'aime.
Je suis prise au piège de ses bras, de ses baisers, de sa chaleur et de son parfum envoûtant. Une prison dont je ne voudrais plus jamais sortir. Il m'entraîne dans son bureau et commence à me déshabiller. Je n'arrive pas à me laisser faire. Je pense à l'anniversaire. Je ne voudrais pas faire attendre Max.
- Tu n'en pas envie ?
- Si, beaucoup.
- Alors pourquoi tu es si distante ?
- Moi distante ?
- Tu regardes ta montre. Quelqu'un t'attend. Qui ?
- Je n'arrive pas à croire que tu sois encore jaloux.
- Tu ne me dis jamais rien aussi. Tu es sur ton 31 et tu voudrais que ça ne me fasse rien.
- Je me suis habillée comme ça pour te plaire. Pour ce qui est de l'heure, je veux juste ne pas être en retard.
- Pour aller où ?
- À l'anniversaire de Max ?
- Ton nouveau Jules ?
Je le gifle, je ne me contrôle plus. Mes larmes se mettent à couler. Je me sens ridicule dans cette tenue. Je suis une simple travailleuse, je n'ai jamais été une aguicheuse. Je ne sais pas réagir à ce genre de provocations.
Alexandre ne semble pas m'en vouloir. Il me prend dans les bras tout en s'excusant.
- Max est mon fils. Il fête ses 19 ans aujourd'hui. J'aurais aimé lui faire la surprise. Et même que j'aimerais que tu m'y accompagne, si tu n'as rien de prévu.
- Tu veux me présenter à ta famille ?
- Tu trouves que c'est prématuré ?
- Non, c'est juste que je me rends compte de ma bêtise. Je suis tout à toi aussi longtemps que tu le voudras.
Il m'embrasse alors tendrement.
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