Le cauchemar continue
Bip... Bip... Bip...
J'ouvre les yeux. Il fait nuit. Plus de bruit. Ouf, le cauchemar est fini.
Bip... Bip... Bip...
Je tâtonne à la recherche d'un peu de lumière. Mais où est-il cet interrupteur ? Je ne reconnais plus le fil. Il semble si creux. Et mes lunettes ? Pourquoi ne sont-elles pas là ? Je les pose toujours au même endroit sur la table de chevet. Elles sont peut-être tombées. Il faudrait que je me lève...
Bip... Bip... Bip...
Je voudrais descendre. Me lever. Mettre un pied devant l'autre. Mais rien n'y fait. Je n'arrive pas à bouger.
Bip... Bip... Bip...
Où sont mes jambes ?
Enfin l'interrupteur. J'appuie. Du rouge. Ça clignote. Mal aux yeux...
Ça accourt.
- La petite dame de la 13.
- J'y suis.
- Voilà, tout va bien, je suis là.
- Où suis-je ?
- Ma pauvre dame, vous ne le savez pas ? m'interroge une infirmière.
Je fais non de la tête. Elle a pitié de moi, ça se sent, ça se voit...
- Vous êtes à l'hôpital. Saint Joseph Saint Luc exactement.
- Depuis combien de temps ? je la questionne abasourdie.
Elle hésite, regarde sa montre, me regarde désolée puis me dit : « je ne sais pas exactement. Le médecin viendra vous voir tôt dans la matinée. Il passera avant les consultations du matin. Ne vous en faites pas. Il vous dira alors tout ce que vous avez besoin de savoir. Oui, tout ce qui vous sera nécessaire de savoir »
Elle a enchaîné ses phrases de peur d'être interrompue. Je n'ai pourtant pas cherché à la couper. Je comprends d'autant plus que je n'aurais pas plus d'informations ce soir. Alors je prends mon courage à deux mains, et pose ma question :
- Pourquoi je ne peux pas descendre du lit ? Je voudrais me dégourdir les jambes, aller aux toilettes.
- J'ai bien peur que ce ne soit pas encore possible. On a dû vous attacher pour que vous ne tombiez pas du lit. Et pour les toilettes, ne vous en faites pas : on vous a posé une sonde. Elle recueille vos urines qui vont dans la poche. Voyez vous-même. me dit-elle en me montrant une poche remplie d'un liquide jaune... Tout est sous contrôle. Vous n'avez vraiment pas à vous inquiéter.
Essayez de dormir un peu. Le médecin passera demain et il pourra tout vous expliquer.
- Merci madame. J'aurais encore une question...
- Je vous en prie.
- Me connaissez-vous ? Enfin, mon nom ? Savez-vous qui je suis ?
- Je suis désolée madame, ici tout le monde vous appelle "patiente de la chambre 13" parce que vous occupez la chambre 13. Je n'en sais pas plus.
Je demanderai à l'équipe de jour de faire appeler le psychologue de service. Vous verrez il est charmant et très gentil, et surtout très charmant...
- Merci madame.
- Essayez de vous reposer maintenant. La journée de demain sera bien chargée. Bonne nuit.
- Oui, bonne nuit.
Bip... Bip... Bip...
Je n'arrive pas à fermer les yeux, je lutte. Et cette voix dans ma tête qui crie « tu me fais hérisser le poil » ne s'arrêtera-t-elle donc jamais ?
Bip... Bip... Bip...
Qui suis-je ?
L'hôpital ? Depuis quand ? Pourquoi ?
Bip... Bip... Bip...
« Tu me fais hérisser le poil »
Bip... Bip... Bip...
« Tu me fais hérisser le poil »
Arrêtez... Pourquoi ?
Bip... Bip... Bip...
Qui suis-je donc ?
Des larmes commencent à perler. Je ne peux même pas me retourner pour enlacer l'oreiller et pleurer à mon aise.
Je suis à l'hôpital. J'ai passé trois mois dans un coma.
Pourquoi ?
Mais qui suis-je ?
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