Catherine
11h15, il est bien là... je suis rassurée...
- Bonjour ma chère Catherine.
- Bonjour Alexandre. Que me vaut ce "chère" ?
- J'en sais plus sur vous... Vous n'êtes pas médecin...
- Ah non, infirmière alors ?
- non.
- Aide-soignante ?
- Nnnon. se moque-t-il.
- Quoi ? Sage-femme ? je m'impatiente.
- Vous vous éloignez... me taquine-t-il.
- Et vous n'avez aucun cœur... je lui reproche.
- C'est normal, vous me l'avez volé. me sourit-il.
- aha aha aha... C'est particulièrement inhumain de votre part... Je ne suis quand même pas une consœur !
- Dieu merci, non... Vous êtes pharmacienne... J'espère que vous n'êtes pas déçue...
- Une femme de pharmacien ? Ce n'est pas possible ! je lui réponds irritée.
- Plutôt, un pharmacien au féminin...
- Et ma famille ?
- Un mari, deux enfants.
- Oh ! je m'exclame.
- Comment "Oh" ? Ça ne vous plaît pas ?
- Ils ont été avertis de ma présence ici ?
- En fait, pas encore. Nous n'avons pas leurs coordonnées mais ça ne saurait tarder...
- Léon Bérard ne vous les a pas passées ?
- Madame Rochon m'a expliqué que vous viviez seule depuis plusieurs mois. Elle ne m'a passé que vos coordonnées personnelles. La police s'est rendue aussitôt à votre domicile et a confirmé les dires de l'infirmière.
- Je vis donc seule, divorcée peut-être ?
- Nous ne le savons pas encore... Il est aussi possible que vous soyez venue à Lyon pour vos soins et que votre famille vous attende quelque part...
- Et la police ? je l'interroge.
- Quoi la police ? s'enquit-il.
- Maintenant qu'ils ont mon nom, mon numéro de sécurité sociale et mon adresse, ils ne pourraient pas retrouver ma famille ?
- Ils y travaillent... il me rassure.
- Pas beaucoup alors... je m'insurge. Enfin il y a bien quelqu'un qui m'a cherchée, quelqu'un à qui j'ai dû manquer... Non ?
- Sans doute...
- Je suis désolée, je ne sais toujours pas qui je suis et tout se bouscule maintenant... Ma tête veut exploser...
- Ne vous en faites pas, je suis aussi là pour ces moments-là. Et puis une tête, ça n'explose pas si facilement... dit-il, s'accompagnant d'un clin d'œil.
- Alexandre, quel est mon nom ? je lui murmure.
- Catherine, je vous l'ai déjà dit je crois...
- Je pensais plutôt à mon nom complet...
- Ah, oui, Échard...
- Comment ? Richard ?
- Non, Échard, comme une écharde mais sans le "e" final...
- Alors je serais une écharde pour vous ! je me désole.
- Plutôt une rose : oui la beauté de la rose et le piquant de l'épine... ça vous irait bien mieux...
Les larmes commencent à couler... larmes silencieuses, larmes désolées...
Avec son sourire énigmatique, il prend encore mes mains dans les siennes, approche son visage du mien... Ses yeux font face aux miens... Je me mets à les fixer et me surprends à vouloir m'y noyer...
Il me sourit. Sourire énigmatique. Sourire taquin.
Qui est-il ? Un ange pour me réparer ? Un démon pour encore plus me casser ?
Ou un homme qui veut juste s'amuser ?
A cet instant précis, il n'est pas le psy...
A cet instant précis, il est le chasseur et moi, une proie à sa merci...
- Éléa !
Un cri qui résonne du fond de mon âme : Éléa !
Le sourire s'efface.
- Pardon ? me questionne-t-il. Qui est Éléa ?
- A vous de me le dire...
Il prend alors un air suffisant.
- C'est un prénom de la "Nuit des temps".
- "La nuit des temps" ?
- Un roman d'anticipation écrit par Barjavel, au vingtième siècle. Je ne comprends pas votre réaction, j'allais...
- Un cri du cœur, il fallait qu'il sorte. je le coupe
- En attendant, si elle est votre petite amie, elle n'a pas cherché à vous retrouver...
Moi décontenancée... il l'a remarqué et a essayé de se rattraper :
- Pardon, je ne voulais pas vous brusquer. Il est largement plus de midi. Je reviendrai vous voir lundi et promis je chercherai qui est Éléa.
- Au revoir Alexandre.
- Oui, c'est ça. me répond-il irrité.
Je l'ai blessé, je le crois maintenant. Il n'aura peut-être plus d'emprise sur moi...
Il reviendra lundi, il me l'a promis.
Qui est Éléa ?
Ma petite amie déserteuse comme il l'imagine ou est-ce quelqu'un d'autre ?
Qui suis-je ?
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