Partie 1 - Chapitre 10

Vous savez que j'aime vraiment dans la vie ?
M'arrêter enfin dans un bon petit hôtel après une journée complète de marche et me dire que demain, on prend le train pour Paris !

Ahhhhhh ! Je vous assure que le sentiment qui me prend en ce moment est le plus jouissif qui existe.

" - Lana... "

Je me tourne vers Jackie. Pour cette nuit, je partage ma chambre avec lui, Sally, Ben et évidemment, Smile.

" - Oui ? "

" - Je m'ennuuuuie... "

Je hausse les épaules.

" - Ton problème. Je suis bonniche, pas nounou. "

Un petit silence s'installe et j'en profite pour rapidement coiffer mes cheveux. Ahhh ! J'ai hâte d'aller dormir !

" - Lanaaaaaa... "

Noooon ! Dîtes-moi qu'il commence pas !

" - Laaaanaaaa... "

Si, il commence. Je sais déjà que je ne vais pas tenir jusqu'au dixième alors je me lève immédiatement.

" - La dernière fois que je t'ai accompagné, on s'est retrouvé dans une situation plutôt inconfortable ! Je n'ai franchement pas envie de recommencer cette expérience. "

Il ignore mon argument et se met à jouer avec mes cheveux.

" - Alleeeeez ! "

Au moins, je peux voir ses mains. Je peux donc les éloigner de ma tête le temps de fulminer un peu intérieurement.

" - Bon. C'est d'accord. Mais pas question que je me retrouve à déambuler toute seule. Tu restes visible, tu marches et si quelqu'un pose la question, tu es un mime. Clair ? "

" - Un.. mime ? "

" - Parfaitement ! Et on travaille pour un cirque. "

" - Heu.. Très bien. "

Je souris, satisfaite, et borde rapidement Ben et Sally en leur faisant jurer d'être sages en mon absence et d'aller voir Jeff et Jack s'il y a le moindre problème. Lorsque je suis assurée qu'ils ne feront pas de bêtises, je sors de la chambre, accompagnée du clown-mime qui me suit. Smile essaie de passer la porte mais je lui caresse la tête et lui demande de gentiment veiller sur les deux petits garnements qui sont sur le point de s'endormir. Il semble comprendre et n'insiste pas plus pour sortir avec nous. Bien évidemment, je lui ai retiré sa muselière, le pauvre.

" - On y va ? "

J'acquiesce et m'engage dans le hall de l'hôtel. J'ai une petite idée de ce qu'on pourrait faire ! Pour commencer, nous nous promenons un peu dans les rues endormie de la petite ville. Ensuite, nous nous dirigeons vers la station-service.

" - Tu veux faire le plein ? "

Me demande Jackie avec un petit rire. Je lui fait signe de fermer son clapet et on entre dans le petit magasin. Dans mes poches, j'ai encore la monnaie des billets. Je me permet donc d'attraper deux sucettes dans le petit bocal de bonbons et un paquet de "Mikado", une friandise que j'aime bien. Pour ceux qui ne connaissent pas, et bien.. Vous manquez quelque chose.

" - On peux prendre des dragibus ? "

Me demande Jackie. J'attrape le paquet qu'il me tend et m'avance vers le caissier, qui nous lance des regard suspicieux.

" - Heum... Vous êtes... ? "

" - Un mime ! Je suis un mime ! "

Je souris, amusée qu'il déclare cela avec autant d'entrain.

" - Il n'a pas eu le temps de se changer, excusez-le.. "

Je l'excuse en posant les bonbons sur le comptoir où le caissier me les fait payer dans un soupir. Je lève les yeux au ciel devant l'entrain inexistant de cet homme. Une fois que nous sommes sortis de la station service, je tend les deux sucettes devant moi. Citron et cerise. Mes deux saveurs préférées.

" - Tu vas prendre laquelle ? "

Me demande Jackie en ouvrant le paquet de dragibus. Je hausse les épaules.

" - Je sais pas... Choisis d'abord. "

Dans un petit rire, le clown prend la jaune.

" - Je te laisse la rose, Smiling Lana. "

Je grimace.

" - Naaaaaan ! M'appelle pas comme ça ! "

Jackie éclate franchement de rire devant ma têt exaspérée et je fais mine de bouder.

" - T'es vraiment méchant ! "

Je dis en croisant les bras sous ma poitrine. L'ami imaginaire qui m'accompagne arrête de rire et me frotte affectueusement le crâne.

" - T'es marrante, petite Lana. "

" - Mais t'as quoi ce soir avec les surnoms ? "

Il hausse les épaules.

" - Je sais pas, j'essaie de t'en trouver un sympa.. "

Je soupire et marmonne dans mon coin que peu importe ce qu'il trouve, je vais trouver ça nul et chiant. Il n'y fait pas attention et fourre la sucette dans sa bouche. Je l'imite et savoure le goût de la cerise sur ma langue.

" - J'adore les cerises, pas toi ? "

Alors que je me tourne vers Jackie, j'ai le temps d'apercevoir l'homme qui nous fonce dessus, une hache à la main. Dans un geste de survie, je pousse mon ami clown sur le sol. La hache coupe le vide et je me relève d'un bond pour asséner un violent coup de poing dans le ventre de notre adversaire, profitant qu'il soit emporté dans son élan. Seulement, il est beaucoup plus rapide que je ne l'espérais et son arme se retourne vers moi juste au moment où je suis debout. Heureusement, Jackie m'attrape par la taille et me tire vers lui, me permettant de ne pas mourir bêtement. Directement après cela, nous nous mettons à nous mouvoir chacun de notre côté pour éviter les coups que l'autre malade mental essaie de nous asséner.

La hache passe à quelques centimètres de mon visage, et je recule d'un petit bond, effrayée. Je n'aurais jamais du. Un couteau s'enfonce violemment dans mon épaule. Je pousse un long hurlement et me retourne vivement pour frapper de mon bras valide le connard qui m'a défoncé l'épaule. Le sang goutte le long de mon bras et je souffres le martyr. Je réussis à toucher mon agresseur au visage et ça ne semble pas lui faire plaisir. Il fonce vers moi pour me frapper à main nue, mais j'arrache le couteau de mon épaule et le menace avec. Du coin de l'oeil, je vois que Jackie a infligé plusieurs blessures à l'homme à la hache. Couteau à la main, j'essaie d'ignorer la douleur et le sentiment de vertige qui me prend tandis que je me vide de mon sang. L'homme qui m'a attaqué s'avance. Il porte un masque. Un masque où ses lèvres sont noires comme ses yeux et ses fins sourcils. Des yeux entièrement noirs. Un visage sans expression. Je brandis mon arme.

" - Un pas de plus et je.. "

Je quoi ? Hein LANA ? Tu vas faire quoi !?! Le frapper avec tes petits bras ?? Je cède petit à petit à la panique alors qu'il s'avance vers moi et que je recule. Soudain, dans la même "transe" que sur le bateau lors de ma pirouette, je reprend le contrôle de moi-même.

" - Bouge et je n'hésiterais pas. "

Pas le moins du monde impressionné, mon adversaire fait un pas en avant. Avec une vivacité qui me surprend, je me glisse derrière lui et plante le couteau dans son dos. Sans un bruit, il tombe au sol. Mon corps est doucement pris de spasmes. Ma main pleine de sang lâche le couteau et je la fixe avec effroi. Sur le bord du malaise, je réagis à peine quand Jackie m'évite un coup mortel en me tirant sur le côté. L'homme à la hache s'est posté devant son complice, comme pour le protéger. Doucement, je tire sur la manche de mon ami clown.

" - On rentre... "

Mon regard se plante dans les lunettes aux verres oranges de notre adversaire et je lui indique que nous avons chacun eu notre compte. J'ai un bras invalide et son pote va mourir s'il ne fait rien. Il semble comprendre et dans un geste rageur, lâche sa hache pour aider son complice. Je lui tourne le dos et commence à m'avancer vers l'hôtel, suivie de Jackie, qui jette des regards inquiets derrière nous. J'essaie de le rassurer, mais aucun son ne sort de ma bouche. Je tourne les yeux vers mon épaule et un haut le coeur me prend. Mon sang goutte encore sur le pavé et je pense que je vais.. Je suis rattrapée juste à temps par les bras de l'ami imaginaire. Ma vision est de plus en plus floue et j'arrive à peine à analyser ce qu'il se passe autour de moi. La notion de temps qui passe disparaît doucement de mon esprit et j'arrive seulement à comprendre que nous sommes rentrés à l'hôtel. Des voix retentissent juste à côté de mes oreilles et je grimace. Ils parlent trop fort... On m'assoit quelque part et on me retire doucement mon haut ainsi que les bretelles de mon soutien-gorge. Je ne sens même pas le sentiment de honte monter en moi tellement j'ai la tête qui tourne. J'essaie d'articuler quelque chose, mais une douleur insoutenable me prend à l'épaule et j'écarquille les yeux. L'air tente de sortir de mes poumons dans un cri beaucoup trop fort, mais on m'a fourré quelque chose dans la bouche, qui m'empêche de faire du bruit. Je serre la première chose qui passe sous ma main valide pour essayer de supporter cette douleur aiguë qui me déchire l'épaule. Les minutes passent et je ne peux même pas tomber dans l'inconscience tant j'ai mal. Finalement, la douleur commence à me quitter. J'arrive même à distinguer une voix très proche de moi qui me dis que c'est fini. Je soupire et cligne des yeux. Ma vision est tellement floue que j'ai un moment l'impression d'être aveugle. On m'enlève le truc de la bouche et je relâche doucement ce que je dois sans doute avoir massacré pendant toute la torture.

...

Je crois que je me suis évanouie. Enfin, ça a duré quelques secondes, pour moi, mais je crois que je me suis sentie tomber dans les pommes. Et j'ai les yeux fermés alors que j'étais sûre de les avoir gardé ouverts... Ce sont des mains exerçant une légère pression sur mon ventre et ma poitrine qui m'ont réveillé, je suppose. Je cligne des yeux et constate avec soulagement que ma vue est revenue. La douleur est toujours présente, mais beaucoup plus discrète. Je prend un moment avant de me rendre compte que les mains sont celles de Jackie, qui boutonne ma petite chemise de nuit.

Attendez...

Je pousse un petit cri et remonte de ma main valide la couverture sous laquelle on a glissé mes jambes. Mon ami clown lève un regard interrogateur vers moi.

" - Shh ! Tu vas réveiller Sally et Ben ! "

Il me chuchote d'un ton faussement désapprobateur. J'analyse progressivement la situation et finis par comprendre qu'il ne me faisait rien de mal.

" - Désolé... "

Je murmure en essayant d'attacher les derniers boutons de ma main valide. Jackie soupire et le fait pour moi. Evidemment, il ne se gêne pas pour regarder là où il met les mains.. Bon, je ne m'attendais pas non plus à ce qu'il détourne le regard, mais.. J'avais de l'espoir, quoi.
Quoi que je peux ranger direct cet espoir au poubelle. Je rappelle que ce clown aime torturer des gens. Qui plus est des enfants. Je frissonne en imaginant la scène et fait une petite grimace.

" - Quoi ? "

Je secoue la tête. Aussi étrange que cela puisse paraître, la scène me dégoûte, mais j'apprécie toujours autant Jackie. Mouais, je suis étrange.

" - Rien, rien.. Je.. Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ? "

Je demande dans un murmure en faisant une place à Jackie dans le lit que nous devons partager. Il était assis sur le côté pendant qu'il m'habillais. Il prend place à côté de moi et croise les bras.

" - En fait, ta blessure était beaucoup plus grave qu'on ne le pensait.. Lorsque tu t'es arraché le couteau de l'épaule, tu a agrandi la coupure et tu as failli trancher une artère qui passe sous l'aisselle... "

Il m'indique dans un large geste le chemin de l'artère du coeur jusqu'au bras et je remarque que... Ouais, j'aurais pu me tuer. Bravo Lana..

" - Bon, c'était pas le cas, mais comme tu perdais beaucoup de sang, on a eu un peu peur. Enfin, surtout Sally et Ben. "

Pff.. Je suis sûre que Smile s'est inquiété aussi. D'ailleurs, il est où ? Jackie remarque que je cherche quelque chose et me rassure.

" - Jeff l'a pris avec lui pour cette nuit. "

Je pousse un "Oooh" de compréhension et l'inquiétude me quitte. Ca reste le chien de Jeff après tout, pas le mien. Même si on s'entend super bien. Je hoche la tête et attend la suite du résumé de Jackie.

" - On t'a soigné du mieux qu'on a pu et j'ai expliqué à Jeff et le Sans yeux ce qui s'est passé. Ces deux gars qui nous ont attaqué... Ben en fait on les connait. C'est Ticci Toby et Masky. Je ne comprends pas pourquoi ils ont essayé de nous tuer, mais on le saura sans doute à notre arrivée à Paris. Ils seront là-bas eux aussi. "

Je tique.

" - Quoi !?! Mais imagine ils essaient de nous tuer encore une fois !! "

Jackie rigole et ma tapote la tête.

" - Je doute qu'ils en veuillent à une aussi jolie bonniche que toi. Ils doivent sans doute en avoir après moi. Va savoir pourquoi ! "

Je fronce les sourcils et quitte ma position assise pour simplement me coucher sous la couverture chaude et douillette. Mon ami clown ne me suit pas tout de suite, pensif.

" - Je peux avoir un bonbon ? "

Je demande, en me rappelant le triste sort réservé à nos sucettes. Jackie tend la main vers moi et une poignée de bonbons y apparaît. Je fronce les sourcils, méfiante.

" - Je peux vraiment ? "

" - Mais oui ! Ils sont pas empoisonnés ! "

Je souris et en prend un, que je fourre dans ma bouche.

" - Bonne nuit. Demain, en route pour Paris ! "

Je déclare la dernière phrase sur un ton sarcastique et je ferme les yeux. Je sens Jackie me rejoindre sous la couverture quelques minutes après et je m'endors bien vite.


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