Opposés : Chapitre 2

Voici donc la suite de ma nouvelle "Opposés" ! Je ne vais pas vous dévoiler le sujet qui m’a été imposé, sinon cela gâcherait la surprise...
J’espère simplement que ce chapitre va vous plaire. Merci pour vos retours sur le premier et n’hésitez pas à en écrire un pour celui-là si vous le souhaitez, cela fait toujours extrêmement plaisir !

**********

Après avoir récupéré le fameux artefact, les deux compagnons devaient se rendre dans un laboratoire. Il ne se situait pas très loin de la tour, mais la distance était suffisante pour que le comportement d'Orphéo énerve Arbalèta.

— On a géré ça comme des pros ! s'exclama le jeune homme tandis qu’il sautillait.

La tireuse d'élite se retint d’exprimer un quelconque commentaire et continua de serrer les deux armes contre elle. Elle restait alerte au moindre danger, contrairement à son partenaire. Alors qu’ils pénétrèrent dans une forêt, Orphéo s'amusait à slalomer entre les arbres en écartant les bras comme le ferait un enfant.

— Sincèrement, quel âge as-tu ? soupira la rousse.

— Ah ! Tu t'intéresses à moi ? En fait, j'ai…

— Tu n'as pas compris, coupa-t-elle, je n'attends pas de réponse.

— Oups.

Le jeune homme reprit alors sa course et partit loin devant. Arbalèta, elle, garda son rythme de marche, lançant de vifs regards autour d'elle. Les arbres se faisaient plus nombreux dans cette zone. Malgré leur nudité à cause de l'automne, la visibilité de la jeune femme pourrait être bien meilleure. Les feuilles aux tons rougeâtres ou marrons chutaient et provoquaient des petits bruissements qui mettaient Arbalèta en alerte à chaque instant. Elle ne prêta pas attention à cette scène de toute beauté. Toutes distractions se révélaient mauvaises. Elles ne feraient que la dévier de son véritable objectif.

Soudain, une grande quantité de feuilles tombèrent sur la jeune femme. Elle se hâta alors de les balayer de quelques gestes de la main afin de correctement voir son chemin. Cet évènement se reproduisit une petite minute plus tard. Et encore une fois de plus après. Seulement, il y avait peu de vent là où elle se trouvait, autant de feuilles ne pouvaient tomber en si peu de temps comme cela. La rousse décida de se munir des carreaux qu'elle avait rangé dans la poche arrière de son pantalon. Malheureusement, ils n'étaient plus là.

— Ce serait le gamin surexcité qui me les aurait prit ? se demanda la jeune femme qui
n'arrivait pas à se rappeler du prénom du jeune homme. Pourquoi donc ? Si c'est lui, dès
que je les récupère, je le cloue au sommet d'un arbre !

Se savoir désarmée rendit la tireuse d'élite peu rassurée. Se déplacer dans une forêt sans
moyen de défense était dangereux pendant cette période. Elle préféra, par conséquent, accélérer le pas et retrouver son partenaire au plus vite. Alors qu'Arbalèta trottinait, elle entendit un bruit vif qui provenait de derrière elle. Ensuite, il venait de sa gauche, de sa droite, puis de nouveau de sa gauche, et ainsi de suite, de quoi faire tourner la tête de cette jeune combattante. Enfin, elle sentit quelque chose de gluant s'enrouler autour de son poignet gauche. Elle n’en fut pas déstabilisée et prit la langue puis baissa brusquement le bras. Elle entendit un "Ouch" et se tourna vers sa source pour tomber nez à nez avec la fameuse femme blonde et sa langue extensible.

— Comme on se retrouve.

Sa locutrice prononça quelque chose d'incompréhensible, puisqu'Arbalèta tenait toujours
l'organe qui lui permettait de parler. Alors que cette dernière se sentait en supériorité, la
langue commença à se mouvoir jusqu’à réussir à se libérer de son emprise.

— Pas le temps pour discuter. Je reprends cet artefact et je me taille, expliqua la voleuse.

Elle se rua sur la précieuse arme que son ennemie serrait toujours aussi fort. Lorsque ses
mains entrèrent en contact avec la triple dague, une lueur apparut, éblouissant les deux
femmes et les repoussant d'un bon mètre. Elles se frottèrent les yeux afin de faire passer la
douleur d'un tel flash et les ouvrirent en même temps. Elles s'immobilisèrent alors, tandis que les feuilles continuaient de tomber. Une petite brise s'était levée et alors flottaient les cheveux de chacune d'entre elles. Arbalèta et son adversaire se mirent alors à respirer très fort et très vite. Puis, leur souffle se synchronisèrent, tout comme les battements de leur cœur qui s'étaient emballés. Chacune ne faisait qu'observer l'autre, dans le silence, de la tête aux pieds avant de remonter leur regard pour s'arrêter aux yeux.

— S-s-s-s-s-s-salut, bégaya la blonde, comme si elle venait de rencontrer une inconnue.

— Ah, euh, hein ? Ouais, ouais... Euh... Salut..., bafouilla sa locutrice tandis que ses joues
s'accordaient avec ses cheveux.

Les deux femmes n'ajoutèrent rien pendant un très court instant avant qu'Arbalèta sorte sa
première phrase complète depuis cette étrange lumière.

— Je peux... connaître ton nom ?

— B-bien sûr. Je m'appelle Lovelie.

— C'est... sympa comme prénom, commenta-t-elle en évitant son regard.

La femme à la langue extensible tripota ses longs cheveux en guise de réponse.

— Aurais-je le droit de savoir le tien en échange ?

— Eh bien... Je... On m'appelle Arbalèta.

— C'est ton vrai nom ? questionna Lovelie. Enfin, pas que je n'aime pas ! Je trouve ça
charmant. Voire mignon. Mignon ? J'ai dit ça ? Oh, non, non ! Ce n'était pas mon intention.
J'aime beaucoup mais pas... Ça me surprend en fait. Oh la la...

La seconde femme lâcha un petit rictus.

— En vérité, ce n'est pas mon véritable prénom. Il s’agit plutôt un pseudonyme, expliqua-t-elle.

— Vraiment ?

— Oui.

— Et... Je peux connaître ton vrai prénom ? demanda-t-elle.

Arbalèta semblait embarrassée de dévoiler cette information. Avant de ne dire quoi que ce
soit, elle se leva et marcha dans la direction de Lovelie en ignorant la triple dague sur le sol. Elle se posa à ses côtés et ses joues s'empourprèrent de plus belle.

— Je...

— Tu sais quoi ? Ça ne fait rien, coupa la blonde. Je ne veux pas te forcer à cela. Si tu n'en as pas envie, c'est toi que ça regarde.

— ... Merci beaucoup.

La tireuse d'élite leva le menton afin d'observer le spectacle automnal se dérouler sous leurs yeux. Les feuilles tombaient cette fois-ci avec grâce et elle s'amusait de les recevoir sur son nez. Lovelie rit à son tour. Les deux jeunes femmes continuaient de comtempler le paysage qui s'offrait à elles.

— Pour une raison que j'ignore, je me sens bien avec toi, avoua la blonde. D'habitude, je
suis toujours pressée. Je suis trimballée de missions en missions. Ça ne me déplaît pas
comme mode de vie mais là, je veux juste rester ici toute ma vie.

— C'est marrant, je ressens la même chose, ricana Arbalèta.

— Ce n'est peut-être pas une coïncidence...

Comme attirés soudainement, leurs regards se croisèrent et restèrent bloqués. Ils ne fixaient plus qu'une chose : les yeux de l'autre. Puis, un bruit fut émis d'un buisson. Toutes deux tournèrent la tête et virent un loup s'approcher d'eux. Elles firent alors un bond en arrière.
Heureusement, l'animal ne s'attaqua pas à elles, mais à l'artefact. Il prit l'arme entre ses
crocs et s'enfuit aussitôt.

— Il est parti avec quoi ? demanda Arbalèta en plaçant son poing sous son menton.

— Je n'en ai aucune idée, répondit l'autre jeune femme. Ce truc t’appartient ?

— Pas du tout. Je ne sais même pas ce que c’est.

Pas plus alarmées que cela, elles se reposèrent par terre pour ensuite s'allonger.

— Je me répète, mais je n'ai pas envie de bouger de là, murmura Lovelie.

— Eh ! Qu'est-ce qu'elle fait ici ? s'exclama Orphéo en arrivant en trombe.

— Je te présente Lovelie, dit la tireuse d'élite, très calme, avant que la première concernée ne lance un petit "salut" accompagné d'un geste de la main.

— Tu te moques de moi, c'est ça ? Je ne te pensais pas capable de faire des blagues,
pourtant.

— Je suis très sérieuse, répondit-elle, le sourire aux lèvres.

— Et elle sourit, maintenant ? Tu as dû recevoir un coup sur la tête. À moins que ce ne soit
cette voleuse qui t'ait envoûtée, soupçonna le jeune homme, alors qu’il plissait les yeux.

— Moi ? Une voleuse ? s'étonna la victime de cette accusation.

— Ne fais pas l'innocente. Tu as tenté de nous voler la triple dague ! D'ailleurs, où est-elle ? s'écria-t-il.

— Oh, lâcha Arbalèta. Ça doit être ça que le loup nous a pris.

— Vous... Un loup a volé cet artefact ? Mais c'est une catastrophe ! Il faut le récupérer
immédiatement ! Où est-il parti ?

Lovelie lui pointa la bonne direction et le garçon se précipita pour rattraper l'animal.

— On ferait mieux de le suivre, non ? questionna la blonde. C'est que c'est dangereux, une
telle bête. Je ne donne pas cher de la peau de ce garçon.

— Tu as raison, allons-y alors. 

Les deux femmes marchèrent donc sur les pas d'Orphéo sans non plus trop se presser.
Elles le retrouvèrent un peu plus loin, alors qu'il faisait face à une meute de loups. L’un d’eux lui mordait venait de lui donner un coup de griffe au niveau du bras. Le jeune homme saisit alors sa batte fermement et la fit tournoyer avant de l'abattre sur l'un des canidés. Celui-ci tomba sur le côté et poussa un petit couinement. Il s'attaqua ensuite à plusieurs d'entre eux d'affilée. Plus il frappait, plus l'expression de son visage devenait différente de celle du garçon toujours joyeux. Un filet de bave coulait du coin de sa bouche et l'on pouvait percevoir de la rage à travers ses yeux. Après avoir réglé le cas de cinq d'entre eux, il passa sa main sur ses lèvres et afficha un grand sourire en se tournant vers les deux femmes pour ensuite repartir à la charge. Ces dernières furent étonnées mais ne s'attardèrent pas sur ce détail. Un loup avait décidé de s'attaquer à elles. Lovelie se servit de sa langue pour stopper son
assaut et défendre Arbalèta.

— Merci beaucoup, déclara celle-ci.

— De rien, répondit la blonde en rougissant. Je te dois bien ça.

— Ah oui ? Et pourquoi ?

Cette question les gêna finalement toutes les deux. Chacune connaissait la réponse mais
elles préféraient ne pas la prononcer.

— En fait, c'est pour me pardonner d'avoir briser tes munitions, mentit à moitié Lovelie.

— Tu as cassé en deux mes carreaux ? répéta la tireuse d'élite.

— Oui mais... je ne sais plus pourquoi. Je crois que je ne t'appréciais pas avant.

— Et maintenant ?

— Maintenant... Je t'apprécie... énormément.

Arbalèta dévoila un large sourire que peu avaient la chance de voir.

— J'adore te voir ainsi, avoua Lovelie.

Les deux femmes se rapprochèrent alors l'une de l'autre. Elles furent de plus en plus
proches, jusqu'à ce que leurs lèvres ne soient qu'à quelques centimètres. Elles allaient
réduire cet écart quand Orphéo intervint.

— Eh oh ! Mais que se passe-t-il, ici ? s'exclama-t-il en tenant la triple dague dans sa main
gauche.

Ayant détruit la scène romantique, les deux femmes se tournèrent le dos. Elle purent ainsi
observer le paysage qui était bien différent de ce qu'elles avaient pu voir auparavant. Des
cadavres de loups marqués de coups gisaient sur le sol si bien que certains ne ressemblaient plus à des animaux. Cela amena de nombreuses mouches et une odeur
pestilentielle. Il y avait aussi des flaques de sang sur le sol. Les arbres ne furent pas
épargnés puisque le pied de certains d'entre eux en dégoulinait.

— C'est toi qui a fait tout ça ? demanda Lovelie qui avait des remontées.

— ... Ah oui. Je n'ai même pas fait attention, dit-il en grattant ses cheveux. Bon, voilà l'arme. Arbalèta, on peut reprendre notre route.

— Je ne viens pas, rétorqua-t-elle. Je reste avec Lovelie.

— Pardon ? lâcha le jeune homme. Tu dois avoir de la fièvre. Oui, c'est sûrement ça.

— Je me sens parfaitement bien, à vrai dire.

Orphéo laissa tomber la triple dague et commença à s'emporter.

— Ça doit être une maladie sérieuse, dis donc, s'inquiéta-t-il. Une inconnue du continent ?

— Je t'assure que non, souffla Arbalèta.

Elle se pencha pour remettre l'arme dans les mains du garçon tandis que Lovelie fit, par instinct, la même chose. Ainsi, elles touchèrent en même temps l'artefact et la fameuse lueur réapparut. Encore une fois, elles furent projetées. Arbalèta atterrit sur le sol et la tête de la blonde cogna violemment un arbre ce qui la fit perdre connaissance.

— Que s'est-il passé ? grogna la tireuse d’élite.

— Tu es revenue !

— Qu'est-ce que tu racontes encore ?

— Je t'expliquerai plus tard. Là, on doit partir, dit le jeune homme.

— Et pourquoi l'autre fétichiste de la peau est ici ? Et pourquoi tout ce sang ?

— Je t'expliquerai plus tard, je t'ai dit. En tout cas, je suis ravi de te retrouver, déclara-t-il
avec un petit rire.

— Plaisir pas forcément partagé.

Orphéo attendit qu’elle se relève pour la prendre par la main et la tirer vers l’extérieur de la forêt. Sa partenaire la dégagea aussitôt, mais le suivit tout de même.

***

2048 mots

Publié le 21/10/2021

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