Opposés : Chapitre 1

Ce texte, et les deux autres chapitres de cette nouvelle, ont participé au concours "Epic Inked Battle" organisé par InkedBattle.
Il s'agissait d'écrire un texte sur un sujet parmi trois proposés. Pour ma part, j'ai choisi "Chasse au trésor". Le voici en détail : Mettre la main sur un trésor rare et précieux en pleine forêt amazonienne, dans un désert aride, ou n'importe où sur Terre ? Facile, quand on a l'habitude de faire la chasse aux artefacts magiques, non ? Et si tout n'était pas si simple pour votre protagoniste ?
Je me suis, après la fin du concours, réapproprié le sujet pour qu'il colle plus avec mon univers.
Évidemment, ce que vous vous apprêtez à lire n'est pas la première version, mais la deuxième, améliorée et plus longue.
En espérant qu'il vous plaira.

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Résumé :
C'était censé être une mission comme les autres, mais les circonstances et les rencontres en ont décidé autrement. Arbalèta et Orphéo pensaient former, pendant ce temps-là, un duo, c'était en réalité un quatuor. Ils trouveront ou retrouveront leur opposé, sans même qu'ils ne le réalisent. Car après tout, ils ne forment qu'un.

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Traîner des pieds ne servait à rien. Arbalèta le savait. Cela la ralentissait, elle qui souhaitait finir cette mission au plus vite. Elle le savait également. Pourtant, la situation dans laquelle elle se trouvait la forçait en quelque sorte à agir ainsi.

- J'ai deux frères, ils sont plus âgés que moi. Tous les deux sont blonds. Par contre, mes deux sœurs sont plus jeunes et sont blondes aussi. Alors c'est un peu étrange que je sois le seul roux, tu ne trouves pas ? Il est vrai que mon père est roux, mais je pensais que plus d'un de ses enfants le serait à son tour. Mais bon, c'est compliqué la génétique et le gêne "cheveux roux" n'est pas dominant. J'ai un peu étudié cette notion et...

- Combien de fois va-t-il falloir te dire de te taire ? s'exaspéra Arbalèta.

Voilà à quoi se résumer les tentatives vaines de discussion de Orphéo. Les deux jeunes gens avaient été mis en binôme pour une mission bien particulière. Ainsi, Orphéo, un homme d'une petite vingtaine d'années, et Arbalèta, une tireuse d'élite, furent mobilisés pour cette tâche. Dès leur rencontre, le jeune roux avait essayé de socialiser en gardant un sourire sincère. Il s'avérait que c'était aussi dur que d'expliquer le concept de couple à Neven*. Elle avait aussitôt annoncé la couleur : elle n'était pas là pour se faire des amis. C'était donc sous une atmosphère pesante que la mission débutait.

Celle-ci se déroulait sur une île loin du royaume de Wilmival. Elle n'était sous aucune législation. Abandonnée, la nature y régnait en maître. Elle rassemblait montagnes, forêts et plaines et une faune très diversifiée. Autrefois, elle avait été le théâtre d'une célèbre guerre, il y avait plusieurs siècles de cela, se voyant affronter deux princes. Le sang et les larmes avaient coulé en abondance, pour, au final, que ces déversements se conclurent par un baiser. Depuis, cette terre restait désertée, sinon un lieu de recueillement, par respect pour ces soldats, morts lors d'un conflit qui n'avait eut pas lieu d'être. L'une des principale cause d'une telle violence était une arme, la triple dague. À la fin de cette guerre, les chefs des deux camps les détruisirent toutes. En réalité, la récente découverte de papiers datant de cette époque avait remis sur la table ces épouvantables épisodes. D'après ces documents, une triple dague aurait été conservée. Seulement, ils étaient bien trop lacunaires et ne dévoilaient pas son emplacement, ni la raison de sa préservation. Orphéo et Arbalèta devaient donc la mettre à l'abri, avant qu'elle ne tombe entre de mauvaises mains.

Les deux Renaissangs avaient, dans un premier temps, cherché près du cimetière. Il s'étalait sur des centaines de mètres. Le moindre espace avait été comblée par une pierre tombale. Ils avaient examiné brièvement la zone, mais ils préférèrent ne pas déterrer les cercueils, au risque que leur objectif se trouve dans l'une d'entre elles.

Les deux jeunes gens s'attaquèrent ensuite au lieu où l'armistice fut signée, une tour d'une quarantaine de mètres. Elle était endommagée par endroit, mais en majorité en bon état, bien qu'envahie par le lierre. Il n'y avait pas de porte, mais Orphéo, et même Arbalèta, s'arrêtèrent devant l'encadrement, se penchèrent légèrement et récitèrent une courte prière. Ils entrèrent dans le plus grand des silences, ce qui ne changeait pas de d'habitude. Ils fouillèrent le rez-de-chaussée, puis le premier et le deuxième étage. Ils n'y trouvèrent rien, hormis des plantes sauvages, des toiles d'araignée et des bestioles peu rassurantes. Ils montèrent enfin au dernier étage, la partie la plus sacrée du monument. Tout le monde connaissait ce lieu et sa configuration. Ce fut sans aucun étonnement qu'ils y entrèrent pour la première fois. Une table en bois, rongée par le temps, ornait au centre. C'était sur cette dernière que l'on délivra de nombreux soldats, uniquement grâce à quelques gouttes d'encre. Arbalèta se chargea de chercher dans les moindres recoins et Orphéo poursuivit dans la suite. La seconde pièce était une chambre à coucher. Il n'y avait qu'un petit lit qui se faisait comme discret dans un coin. Il s'en était passé des choses dans celle-ci, parfois difficiles à raconter aux plus jeunes, mais elles avaient eu lieu. Le jeune homme tâta d'abord les murs, tout en évitant de marcher sur les tâches noires au sol, puis regarda sous le lit et fit un bond en arrière. Il y avait quelqu'un. Il appela sa coéquipière en hurlant, qui le rejoignit d'un pas lent.

- Un corps... Il y a un corps sous le lit !

- C'est un cadavre ?

- Je ne sais pas. Vas-y, toi.

Silencieuse et blasée, Arbalèta posa son arme au sol et extirpa le corps d'où il était. C'était une jeune femme, qui semblait du même âge que les deux Renaissangs. Ses vêtements n'étaient plus que des lambeaux. Sa peau était recouverte de terre et de poussière, tout comme ses cheveux. Sa poitrine se soulevait lentement. Elle n'était pas morte. Orphéo garda quand même une main derrière son dos, afin d'empoigner vite sa propre arme, si cela s'avérait nécessaire. La tireuse d'élite compta la remettre à sa place quand elle crut apercevoir un objet, toujours sous le lit. Elle ordonna à Orphéo de le soulever d'un côté pour qu'elle puisse le saisir. Quelle fut sa surprise quand elle réalisa qu'il s'agissait de la triple dague. Elle ne présentait alors qu'une lame sur les trois, mais elle ne parut pas inquiète. En effet, les deux autres surgissaient lorsque l'on appuyait sur un bouton placé sur le manche. Alors qu'elle s'apprêtait à le prendre, quelque chose de fin, long, baveux et rose pâle le fit avant elle. L'arme partit en arrière et Arbalèta pivota subitement. Elle se retrouva face à un Orphéo immobile et la jeune femme qui était sous le lit. On voyait qu'elle luttait pour rester debout, mais tenait avec force la triple dague dans sa main droite. Ses yeux ne laissaient transparaître aucune émotion, voire aucun signe de vie. Arbalèta fit un pas vers elle et cette dernière prit la fuite. Les deux Renaissangs lui coururent après et dévalèrent les escaliers. Orphéo descendit les dernières sur les fesses, car il allait bien trop vite. Ils quittèrent la tour à la hâte, puis cherchèrent la fugitive du regard. Arbalèta la vit au loin. Elle tira donc un carreau et, sans surprise, il atteignit la cible à ses pieds. La jeune femme avait tenté de l'esquiver maladroitement, si bien qu'elle chuta. Néanmoins, elle se releva aussitôt, la triple dague tenue toujours aussi fermement. Elle la pointa ensuite en direction de ses agresseurs.

- Donne-nous cette arme, déclara Arbalèta d'un ton qui laissait entendre que des négociations étaient inenvisageables.

- Et on ne te fera aucun mal, compléta Orphéo d'une voix plus légère.

La jeune femme resta muette et prit petit à petit ses distances.

- Si j'étais toi, je ne bougerais plus, avertit la tireuse d'élite, tandis qu'elle la visait avec son arbalète.

Son coéquipier, bien plus pacifique, s'approcha d'elle avec prudence. Chacun de ses pas était si lent et calculé que l'on pourrait croire qu'il marchait sur un terrain miné. Il tenta de rassurer la fugitive en soufflant quelques mots. Quand il ne fut plus qu'à quelques mètres d'elle, cette dernière ouvrit grand la bouche et sa langue y surgit tel un serpent et s'enroula autour d'une des chevilles du jeune homme. Il se retrouva alors en l'air, la tête en bas.

- Qu'est-ce que c'est que ce truc ? s'écria-t-il sur le coup de la surprise, mêlée à du dégoût. Lâche-moi !

Cette fois-ci, elle s'exécuta. Le jeune homme regagna le sol, en s'écrasant de tout son long.

- Je ne pensais pas à cela...

- Laissez-moi partir avec cette arme, dit-elle. Ou je n'hésiterai pas à prendre cet idiot en otage.

Elle parlait d'une voix monocorde.

- Un idiot ? C'est comme cela que tu me remercies pour ne pas m'être jeté sur toi et t'assommer ?

- Je n'ai que faire de cet abruti, répondit Arbalèta. Il ne t'apportera aucune garantie.

- Mais ! Tu es gonflée, toi ! Je suis sympa et voilà où cela me mène ?

Les deux femmes ne faisaient pas attention à ses jérémiades, mais se jaugaient. Orphéo en profita pour se remettre sur ses pieds, mais la langue de l'inconnue le gifla et l'envoya valdinguer.

- Beurk !

Il avait le visage recouvert de bave et essaya de s'en débarasser. Enfin, il agita ses mains, puis barbouilla son short.

- Mais attend ! Cela paraissait évidemment, cependant... Tu es une Renaissang !

Même Arbalèta changea l'expression de son visage un court instant quand elle réalisa à son tour.

- Je me vengerai ! pesta la fugitive. Traîtres !

- C'est bon. J'ai perdu le fil, lança Orphéo. Qui es-tu vraiment ?

- Inutile de mentir. Je connais vos objectifs. Je voulais m'occuper de vous plus tard. Toutefois, il serait peut-être plus judicieux de régler nos comptes ici et maintenant.

Elle opta pour une posture de combat. Arbalèta accepta le duel en l'imitant.

- Est-ce que l'on ne pourrait pas résoudre nos différents d'une autre manière ? demanda le jeune homme, un peu paniqué par la tournure que prenaient les événements. Un pierre-feuille-ciseaux ?

Une fois de plus, on l'ignora. L'inconnue se précipita alors vers la tireuse d'élite, qui prit ses distances. Son arbalète ne lui permettait pas de combattre au corps-à-corps. Elle tira quelques carreaux pendant qu'elle reculait, de manière à empêcher la fugitive de prendre la fuite. La langue de son adversaire, elle, n'avait pas de limite en terme de longueur et la rattrapa malgré la distance. L'organe rose la saisit, au final, par le poignet, ce qui l'empêcha de tirer correctement. Elle décida de se délester de son arme et d'attraper la langue de son autre main et forcer sa propriétaire à rejoindre le sol.

- Orphéo ! C'est à toi !

- Quoi ? On a besoin de moi, maintenant ?

- Dépêche-toi !

- Oui, oui. Ça vient, ça vient.

Il fit exprès de prendre son temps et de siffloter. De quoi mettre en rogne sa partenaire. Lorsqu'il fut à côté de la fugitive, il se pencha afin de saisir la triple dague, mais elle la déguéna d'un coup sec et lui coupa le dos de sa main droite.

- Vous allez regretter de vous en êtes pris à moi ! aboya-t-elle.

- Hé... Héhé ! Héhéhéhéhéhéhé !

Orphéo venait de lâcher un rire qui ne lui correspondait pas du tout. Arbalèta ne s'empêcha de le regarder. Il avait complètement changé. Il n'était plus le même. Les yeux du jeune homme étaient gorgés de sang et s'orientaient dans toutes les directions. Un filet de bave coulait de sa bouche, tandis que ses lèvres saignaient, étant donné qu'il les mordait violemment. C'était à se demandait s'il s'agissait bien du garçon trop social et souriant. Alors que la tireuse d'élite relâcha la langue de son adversaire sous l'effet de la stupeur, Orphéo prit à deux mains la batte accrochée à son dos et l'abaissa d'un grand coup au niveau de la tête de la fugitive. Heureusement, pour cette dernière, elle réussit à esquiver de justesse. Néanmoins, l'éviter une fois ne suffisait pas. Orphéo continua d'agiter son arme, sans toutefois viser sa cible. À multiples reprises, la femme à la langue extensible manqua de peu de se faire percuter. Petit à petit, on voyait dans son regard qu'elle avait compris. S'il la touchait, ne serait-ce qu'une fois, cela en serait fini pour elle. Le jeune homme, lui, ne montrait plus aucune émotion. Il était réduit à une machine à tuer. Il était sans pitié, si bien que, des petits cratères se formaient au sol à chacun de ses impacts.

Pendant ce temps-là, Arbalèta restait immobile. Elle avait été prise de court par ce changement si soudain, mais elle se calma progressivement. En réalité, ce comportement retira le voile de nombreuses rumeurs.

Orphéo, vingt-deux ans, Renaissang assigné à la base de Oskéa. Son nom était connu de la grande majorité sur le continent. On ne savait rien de son passé, mais cela n'empêchait personne de lui porter une certaine admiration. En effet, il n'avait aucun échec à son actif et son chef décida même de ne lui confier que des missions en solitaire, tellement il excellait dans son travail. Toutefois, son image avait commencé à se dégrader lorsque des rumeurs planèrent autour du personnage de l'homme empathique et de bonne volonté. On parlait dans la plupart des cas d'assassinats de criminels. Une enquête ouvrit, mais n'aboutit à rien. Les preuves n'avaient pas été suffisantes. Il fut alors relâché et continua sa vie comme si de rien n'était, cependant, les rumeurs persistaient, elles.

Le choc produit par un grand coup de batte extirpa Arbalèta de ses souvenirs. La fugitive se faisait toujours poursuivre par Orphéo, qui n'avait pas changé. Un peu à contre-cœur, elle se décida d'arrêter la folie de son coéquipier. Qui sait si elle ne serait pas la prochaine ? Ainsi, elle visa d'abord la jambe, puis releva son arme pour tenter d'atteindre désormais le ventre, le torse et enfin la tête. Orphéo était vif, mais la tireuse d'élite réussissait à anticiper à peu près ses mouvements. Alors qu'elle s'apprêtait à lui ôter la vie, un flash surgit dans son esprit. Elle cracha aussitôt un juron et rangea son arbalète. Ensuite, elle observa un instant son partenaire. Arbalèta chercha un moyen pour qu'il redevienne le jeune homme qu'elle trouvait insupportable. Elle n'arrive qu'à une conclusion : elle devait elle-même lui faire face.

- Orphéo !

Ce dernier s'arrêta net et tourna la tête en sa direction.

- Il reconnaît tout de même son nom ? Peu importe, murmura-t-elle. Viens te frotter à quelqu'un de ton niveau !

Le jeune homme pencha la tête. Il ne semblait pas comprendre où elle voulait en venir. Puis, tout comme le ferait un chiot, il accourut vers elle et lâcha son arme dans sa course.

- Qu'est-ce que cela signifie ? demanda-t-elle.

Elle n'avait pas le temps de résoudre ce mystère. La fugitive s'était servie de sa langue pour saisir la batte et s'apprêtait à l'utiliser contre son propriétaire.

- Bon ! s'exclama Arbalèta. Je ne peux gérer qu'un problème à la fois. Donc, toi...

Elle attrapa d'une poigne de fer l'organe rose et tira dessus pour faire tomber de nouveau la fugitive. Elle lui fit quelques prises et parvint à la maîtriser. Malgré la langue qui l'entravait de plus en plus, en s'enroulant autour d'elle, elle arracha la batte de son emprise et frappa son aggresseuse avec, l'assomant sur le coup. La langue reprit sa taille normale.

- Il fallait que je tombe sur deux étranges personnages...

Elle ne le remarqua pas tout de suite, mais Orphéo était redevenu lui-même, bien que la bave et le sang recouvrait toujours son visage.

- Wouah ! Tu t'es occupée d'elle toute seule ? T'es vraiment balèze, toi ! Ça te dirait de m'entraîner ? J'ai déjà essayé le tir à l'arc, mais mon professeur n'était pas très pédagogue, alors je n'ai pas trop appris. Tu as l'air un peu froide au premier abord, mais je suis sûr que cette impression ne persistera pas quand on commencera à faire copain-copain. D'ailleurs, ça me rappelle une anecdote avec un ami...

- Je ne sais même pas quelle version est celle que je préfère, dit Arbalèta à l'adresse d'elle-même.

- Tu veux ajouter quelque chose ?

- Oui. Ferme-la un peu !

*référence à un autre personnage de Renaissangs, qui est l'innocence incarnée et qui n'arrive pas comprendre malgré ses efforts, tout ce qui est lié à l'amour (avec un grand A), comme le couple, en autres.

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2543 mots.

Publié le 21/06/2021

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