Au cœur de l'absurde
Ce texte s'inscrit dans les DEA (=Défis d'Écriture Amusants) organisés par AnyComeback. Celui-ci participe au DEA n°16.
Il s'agit d'un texte qui suit le sujet suivant : Le récit doit se passer sur une journée maximum dans un lieu que le protagoniste principal ne connaît pas du tout. Le texte doit nécessairement comporter de l'humour et 5 mots : astronomie, proéminent, saccager, capiteux, sérénité (en gras).
N'hésitez pas à y jeter un coup afin de vous exercer, cela vous permettra de travailler votre versatilité.
Vous trouverez juste avant le texte le résumé de celui-ci et sa couverture est dans la partie média en début de partie.
En espérant qu'il vous plaise.
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Résumé :
Échoués sur une plage, Lyvia et Neven pensaient avoir retrouvé un repère datant de leurs plus jeunes années. En aucun cas, ils ne s'attendaient à entrer dans un monde bien à part, dans lequel chercher une logique est vain.
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— À TRIBORD TOUTE ! NON ! L'AUTRE TRIBO- ! ARGH !
CRAC !
Plus tôt, les vagues claquaient d'une violence rare la surface de l'eau. Désormais, il y avait un silence de mort. Les mouettes poussaient des cris semblables à des jappements courts et répétés, au même rythme qu'un réveil-matin. Ils extirpèrent les deux jeunes gens aussi brutalement que celui-ci. L'homme se frotta d'abord les yeux avec ses mains recouvertes de sable.
— Saperlipopette ! Ça fait mal !
Ses exclamations poussèrent sa coéquipière à se mettre en position assise. Éblouie par le soleil, elle examina du mieux qu'elle pouvait ce qui les entourait. Ils avaient été rejetés par la mer et avaient fini sur une plage. Quelques restes de leur bateau jonchaient par-ci, par-là.
— Neven, je suis désolée.
Le jeune homme s'était remis à l'eau pour se débarasser du sable. Il se tourna brièvement vers sa partenaire et leva le pouce.
— Ça arrive à tout l'monde d'faire des erreurs. Bon, maint'nant, on est paumé, mais on va s'en sortir. T'inquiète pas, Lyvia.
Son amie ne put cacher son embarras. Elle était bien consciente que cet accident était arrivé par sa faute. Elle n'avait pas été capable d'éviter les rochers. Alors qu'elle se remémorait les événements, on les interpella.
— Eh oh ! Vous allez bien ?
Une jeune femme accourut en leur direction. Lorsqu'elle fut enfin à côté d'eux, elle souffla un bon coup.
— Ouf ! Vous n'avez pas l'air d'être grièvement blessés. Me voilà rassurée.
Elle inspecta brièvement Lyvia, puis passa à Neven qui était toujours dans l'eau, torse nu, à nettoyer son haut. Au moment où elle fut proche de lui, elle se mit à paniquer. Elle semblait incapable de respirer et agita ses mains, comme si elle voulait se ventiler. Elle transpirait et ne sortait plus que des sons insignifiants. Lyvia leva les yeux au ciel et demanda à Neven de se rhabiller. Ce dernier s'exécuta sans discuter. L'inconnue se comportait toujours de la même manière.
— Qu'est-ce qu'on fait d'elle ? questionna-t-il.
— Eh bien, on va la porter jusqu'à chez elle, répondit Lyvia. Il devrait y avoir de la civilisation dans le coin.
Tous deux se mirent d'accord et ce fut elle qui porta le corps tremblant de la jeune femme, d'un côté et de l'autre sa hache, qu'elle ne lâchait jamais. Ils marchaient donc en terre inconnue, à la recherche du moindre signe que des humains vivaient sur ces lieux. En réalité, ceux-ci se résumaient à une étendue infinie de sable. Seulement, ce n'était pas aussi rouge que le désert. C'était clair, comme une immense plage qui n'en finissait pas. Au bout de quelques minutes, ils aperçurent de la fumée au loin. Ils accélérèrent instinctivement le pas.
Face à sa source, Neven et Lyvia furent déçus. Ils se retrouvèrent face à une vieille théière en cuivre posée sur un tas de bois qui brûlait. Elle fumait et sifflait. Ils décidèrent de ne pas s'attarder à cet endroit et furent sur le point de partir quand la théière semblait parler. En tendant l'oreille, les sifflements se transformèrent en mots.
《 Saaaluuuuut ! Biiienvenuuuuue ! Veeeneeeeez ! Eeentreeeeez ! 》
Ils étaient d'abord abasourdis par l'idée qu'une théière puisse communiquer. Puis par celle qu'ils pensaient qu'elle le faisait. Finalement, cela ne leur paraissait plus si étrange que cela. Lyvia et Neven s'échangèrent un regard et ce dernier se pencha au-dessus de la théière pour inhaler la fumée. Soudainement, il disparut.
— Ça me rappelle quand nous n'étions que des enfants, lança Lyvia.
Elle posa l'inconnue sur le sol, avant d'imiter son ami.
La chute était longue. Ils tombaient de très haut, mais n'avaient aucune idée d'où ils allaient atterrir. Ils étaient dans le noir complet. Malgré tout cela, ils n'étaient pas du tout inquiets. Lorsque leur vitesse de chute diminua et qu'ils purent se positionner à la verticale, ils surent qu'ils rejoigneraient bientôt le sol. Ils posèrent leurs pieds sur un terrain boueux dans le plus grand des calmes. Ce fut à ce moment que leur environnement se dévoila.
Des maisons à colombages s'élevaient tout autour d'eux. Il y en avait avec du bois bleu, rouge, orange, vert, rose, jaune ou encore violet. Des chemins en pavé slalomaient entre elles et les rues étaient particulièrement animées. Neven et Lyvia étaient au beau milieu d'un champ de salades, en périphérie du village.
— Voilà donc où il vit désormais, déclara-t-elle. C'est charmant. Par contre, il faut toujours se salir à notre arrivée.
— Il changera jamais, affirma Neven.
Tous deux quittèrent le champ, saccageant en passant une infime partie du travail de son propriétaire. Lorsqu'ils rejoignèrent la ville, quelques habitants se précipèrent à leur rencontre. Ils portaient des tuniques trouées de partout. Ils regardèrent les voyageurs un court instant, puis poursuivirent leurs occupations.
— Ils ont même pas paniqué en voyant ta hache, s'étonna Neven.
— Tant mieux. Ne traînons pas à le retrouver. Il doit bien avoir une solution pour que l'on puisse reprendre notre chemin.
Alors qu'ils s'apprêtaient à interroger les passants, la terre se mit à trembler. Les batîments s'effrondrèrent lentement et le sol s'ouvrit en deux. Des petites boules de feu en sortirent et montèrent jusqu'au ciel devenu sombre. Les habitants furent remplacés par des statues avant de se fissurer et de n'être que des tas de pierres. Neven et Lyvia tentèrent de s'enfuir, mais ils furent rattrapés par la crevasse et tombèrent à l'intérieur.
Ils étaient maintenant en train de flotter dans le ciel. Des planètes tournaient sur elles-même et les boules de feu vues précédemment se révélèrent être des étoiles.
— C'parfait pour réviser ses cours d'astronomie, plaisanta Neven.
Sa partenaire n'eut le temps de renchérir qu'une immense tête d'éléphant apparut devant eux. Ses oreilles proéminentes s'agitèrent d'un mouvement lent, de la même manière que s'ils s'agissaient d'ailes. Neven et Lyvia furent projetés en arrière. Alors qu'ils faisaient des roulades parmi les nuages, un arc-en-ciel fondit sur eux, passa sous leurs jambes et les embarqua avec lui.
— Mais qu'est-ce qu'il se passe ? s'exclama Lyvia.
— Regarde droit d'vant ! mit en garde Neven.
L'arc-en-ciel fonçait droit dans une zone de turbulances, provoquées par une pluie de citrouilles. Elles faisaient la taille d'un corps humain et chutaient comme si elles étaient aussi lourdes qu'une enclume. Le serpent multicolore les évita avec agilité. Malheureusement, lors d'un virage serré, il perdit ses passagers. Ces derniers n'avaient rien vu arriver et voilà qu'ils se retrouvèrent en plein désert. Le soleil tapait fort et il n'y avait strictement rien à l'horizon.
— Pff, soupira Lyvia avec difficulté du fait de la forte chaleur. Quand cela... va-t-il se terminer ?
— Pas la moindre idée. En attendant, je peux faire tomber la température.
Le jeune homme agita les mains et des nuages gris cachèrent le soleil tandis que quelques gouttes se mirent à tomber. Un vent frais se leva juste après.
— C'est beaucoup mieux. Merci.
Le répit fut de courte durée. La pluie s'intensifia, si bien que le désert en fut inondé et se transforma en océan. Les deux voyageurs paniquèrent jusqu'à ce qu'ils réalisèrent qu'ils pouvaient respirer et se mouvoir normalement. Cependant, ils sentaient une menace peser sur eux. Ils se retournèrent et crièrent quand ils aperçurent un requin, les dents bien en évidence.
— Cours ! s'égosilla Neven.
— Attend ! J'ai ma hache !
— Tu la lâches donc jamais ?
— C'est pas la question. Là, je vais lui faire sa fête !
Elle s'apprêtait à donner le premier coup quand le prédateur sortit à son tour une hache.
— Toujours partir sur sa première impression. Toujours. Maintenant, fuyons !
Les deux voyageurs se retrouvèrent donc à courir sous l'eau, poursuivis par un requin armé. Sur leur chemin, ils rencontrèrent divers poissons et notamment d'énormes coquillages avec des yeux qui se prélassaient sur leur rocher. Alors que le prédateur s'approchait dangereusement d'eux, ces derniers furent propulsés hors de l'eau. Ils montèrent si haut qu'ils ne voyaient plus la surface.
— Mon cœur va finir par lâcher ! s'écria Neven.
Ils n'étaient pas au bout de leurs surprises. En effet, une nuée d'abeilles portant des pots de miel les accompagna pendant leur vol. Des tambours et des trompettes vinrent et jouèrent un rythme entraînant. Ce fut au tour de danseuses d'entrer en scène et des mains sorties de nulle part les applaudirent. Les nuages tout autour s'agitèrent à leur tour, puis s'ouvrirent en deux comme des gélules. Une fumée rose s'en échappa et se répandit partout. Très vite, on n'y voyait plus rien. Subitement, cela se transforma en des millions de papillons de toutes les couleurs qui s'envolèrent ensemble.
Lyvia et Neven n'étaient plus dans le ciel et cela ne les dérangerait aucunement. Ils purent enfin souffler dans cette pièce qui ne semblait rien avoir de particulier. Tout était blanc. Étrangement, aucun mobilier n'y avait été installé.
— Dites-moi que c'est fini, lança Lyvia.
— J'aimerai bien l'revoir. Ça fait un bail, ajouta Neven.
— Par contre, quelque chose est bizarre. Cela n'a jamais été aussi... absurde.
Tous les deux froncèrent les sourcils. Elle n'avait pas tort.
— Pour en savoir plus, commençons par sortir d'ici, déclara le jeune homme qui s'approchait de la porte.
Au moment où il toucha la poignée, elle s'abaissa et la porte s'ouvrit en grand et donna un coup à Neven. Tandis qu'il se plaignait, une jeune femme les accueillit. Elle était vêtue d'un mini-jupe rose et d'une brassière accordée.
— Je vous souhaite la bienvenue. Veuillez me suivre, si vous le voulez bien.
Neven et Lyvia ne réfléchirent pas et s'exécutèrent. Ils passèrent par un nombre incalculable de couloirs et d'escaliers avant de s'arrêter devant une grande porte dorée avec l'inscription《 C'est ma chambre》gravée.
— Tiens, c'est ma chambre, plaisanta Neven.
— J'aime ton humour, lança une voix d'homme.
La jeune femme poussa la porte qui donnait sur une immense salle dans laquelle le mot d'ordre était le luxe. Un chandelier en diamant prônait au centre. La pièce donnait sur l'extérieur par de grandes fenêtres. Le sol était tapissé pour le rendre mœlleux et des coussins traînaient un peu partout. Un lit avec une structure en or pouvant contenir cinq personnes étaient au fond. Sur celui-ci, un homme se tenait debout.
— Bienvenue ! Cela fait si longtemps que je n'ai pas eu de visiteurs !
Il se dirigea vers les deux jeunes gens qui purent voir à qui ils avaient affaire. C'était un homme qui ne dépassait pas les quinze ans. Il avait des cheveux noirs qui lui retombaient sur les épaules et des yeux bruns.
— Je m'attendais à quelqu'un d'autre, avoua Lyvia, déçue.
— Tu dois parler de mon père, Anri. Je suis son fils, Zviad.
— Oh, je vois. Euh... Je vais dans le vif du sujet, on doit repartir vite d'ici. On aura besoin d'un bateau.
— D'accord, mais...
— S'cuse-moi, interrompit Neven. Tu peux dire à la dame d'arrêter de me coller ?
— Mais il sent tellement bon ! Son parfum est enivrant, capiteux ! Et puis, ces cheveux, ce visage... !
— Excusez-la. Cela lui arrive de délirer. Pour le bateau, je crains qu'il soit inutile.
— Pourquoi cela ?
— D'où venez-vous ?
— Du royaume de Wilmival.
Zviad lâcha un rictus.
— À vrai dire, vous y êtes toujours.
— Quoi ?
— Vous êtes retournés sur le continent. Le port de Villeriche-les-bains est tout proche.
— C'est pas vrai ? s'exclama-t-elle en se tournant vers son coéquipier qui entretenait une drôle de discussion.
— Te... t'épouser ? Ça veut dire quoi ?
— Je vais vous faire revenir à la surface. Si vous recroisez mon père, dites-lui que je pense à lui tous les jours.
— Ce sera fait, assura Lyvia.
En un claquement de doigts, les deux voyageurs revinrent devant la théière fumante. La jeune femme de tout à l'heure était là à boire son thé. À la vue de Neven, elle se remit à paniquer.
— Il va falloir faire quelque chose pour toi. Ça va nous causer de sérieux soucis un jour. Bien que tu réagisses toujours avec une sérénité à toute épreuve.
Comme précédemment, elle porta le corps fébrile et l'amena jusqu'au village le plus proche, qui se révélait n'être qu'en contre-bas d'où ils étaient.
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1966 mots.
Publié le 21/07/2021
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