PROLOGUE :

Après avoir fermé la portière de la voiture, l'homme blond en costard s'assit sur le siège du conducteur et mit en route le véhicule. Je regardai une dernière fois par la fenêtre le lieu que je considérais comme ma maison. On était en train de m'éloigner de bons souvenirs pour me rapprocher de l'inconnu.

Il n'y avait aucune cloison entre les sièges avants et arrières, pourtant, les deux adultes ne m'adressaient ni la parole, ni le moindre regard. Je penchai ensuite la tête afin d'observer le passager avant, qui lui-même examinait une carte. Il ne pipait mot, mais pointait différentes directions pour donner le chemin à suivre à son collègue blond.

Une heure s'était écoulée et je pouvais dorénavant voir une grande ville Des batîments en verre s'étiraient vers le ciel, des boutiques aux devantures colorées pullulaient de clients et la route que nous empruntions était un défilé de voitures. J'avais pu en voir du pays, mais je n'étais jamais venu ici. Les klaxons me perçaient les tympans et j'étais étourdi par la vue de tout ce monde.

— Excusez-moi, j'aimerai savoir où nous sommes, demandai-je aux deux hommes.

Le conducteur exprima un mécontentement par des marmonnements avant de lâcher seulement quelques mots : "Rosythéa, la capitale". La capitale, voilà pourquoi c'était noir de monde. Aucun des pseudo-parents que j'avais eu ne m'avait emmené ici. Rien que de savoir où je me trouvais rendait le tout excitant. Cependant, je gardais cette émotion pour moi.

La voiture avançait lentement, de quoi agacer mon chauffeur mais moi, ça m'arrangeait. Je pouvais contempler chaque chose que je voyais. Il y avait notamment un marchand de glaces et cela me donna faim. De plus, étant adolescent, quand on veut manger, on veut bien se nourrir.

— Vous n'auriez pas quelque chose pour que je puisse me remplir l'estomac ?

Le blond me lança un sachet de cacahuètes que j'attrapai maladroitement.

— Merci, dis-je en m'enfonçant dans mon siège.

Le bouchon devenait ensuite de moins en moins important et la voiture pouvait alors rapidement traverser la ville. Lorsque nous quittâmes la capitale, je fus un peu déçu. Pourtant, nous ne nous éloignions pas tant que cela. Notre destination était apparemment juste à la sortie de Rosythéa. Le chauffeur roula quelques minutes avant de subitement tourner sur la gauche. Nous poursuivâmes notre route avant de nous engouffrer dans un bâtiment en forme de cube. L'extérieur était gris et blanc, toutefois, rien d'exceptionnel. Par contre, l'intérieur était incroyable. Nous arrivâmes dans un immense garage avec des voitures de toutes sortes. Il y en avait des simples, mais aussi des camions, des cabriolets, des 4×4 et des sportives. Pour une raison inconnue, l'homme blond se mit à me présenter ce lieu.

— Nous voici dans le garage. Nous entreposons nos véhicules dans cette partie pour nos missions. Il y a des voitures adaptées pour des situations particulières. Donc nous prenons toujours celle qui nous sera le plus utile. Enfin, cela ne te concerne pas, pour l'instant du moins. Nous allons continuer notre chemin pour ranger la voiture à son emplacement.

Nous fîmes exactement ce qu'il avait dit. Il ouvrit ma portière et m'accompagna vers un ascenseur tandis que son collègue garait la voiture. L'homme en costard et moi-même montâmes donc à l'étage supérieur. Lorsque les portes s'ouvrirent, je faillis tomber à la renverse tellement il y avait de monde. Cela courait, discutait, se chamaillait, buvait, mangeait, rigolait. Ce couloir était plein de vie.

— Ne fait pas attention à tous ces gens-là. Ce sont des professionnels et ont pris leurs aises, m'expliqua mon guide sans toutefois me donner plus de détails.

Nous marchâmes donc entre tous ces gens qui semblaient irriter l'homme en costard par leur comportement. Arrivés au bout, il ouvrit une porte et me demanda d'avancer. Dans cette nouvelle pièce, plusieurs personnes étaient assises sur des chaises d'école devant un grand tableau noir. Il y avait trois lignes de cinq assises et elles étaient occupées par des adolescents comme par des adultes. On m'indiqua de me poser sur la place de libre. Mon guide nous demanda d'attendre un instant. J'en profitais ainsi pour observer la décoration pour le moins inattendue de cette salle. Les murs étaient blancs et une centaine de dessins d'enfants était affichée dessus. La source de lumière provenait d'une rangée de fenêtres en haut du mur face à moi. Alors que je m'attardais sur certains coloriages, la porte s'ouvra en grand dans un fracas.

— Bien le bonjour !

Une dame bien énergique entra en se déplaçant par de petits sautillements. Elle portait une robe violette avec des nœuds assortis dispatchés un peu partout sur le vêtement. Cette femme chaussait des bottines d'un bleu très foncé et l'on pouvait entendre les talons claquer sur le sol avec un rythme rapide et régulier. Elle se plaça devant nous et commença à écrire au tableau.

— Je suis Isabelle. Mais appelez-moi Isa. Je serai votre tutrice pour le séjour que vous allez passer au sein de cet établissement, nous expliqua-t-elle avec un grand sourire. Tout d'abord, pourquoi êtes-vous là. Voilà la question que vous devez tous vous poser. Récemment et pas plus tard qu'hier, nous avons vécu un évènement qui est... Wouah !

Elle accompagna l'onomatopée avec un geste de ses deux mains partant d'un côté et de l'autre.

— Le Soufflénergie, expliqua-t-elle. Ce flux vous aurait touchés et vous auriez prévenu les urgences ou quelqu'un l'a fait pour vous. Si c'est le cas, j'espère que vous les avez remerciés. Bref, je reviens à ma question, pourquoi êtes-vous là. À partir d'hier, vous êtes ce qu'on appelle des Renaissangs.

Elle écrivit ce dernier mot au tableau et traça un cœur à la place du point du "i".

— Que cela veut dire ? C'est un mot qui est né... hier, rit la jeune femme.

"Renaissangs". Ce mot est très étrange. Il semble y avoir une aura qui en ressort. Quelque chose d'envoûtant et d'intriguant. J'ai l'impression de connaître ce mot mais je suis sûr de ne jamais l'avoir entendu auparavant. Je suis attiré par ce mot. C'est bizarre comme sensation. Enfin, je ferais mieux d'écouter moi.

— Des questions sur ce point-là ? demanda la femme, toujours aussi enjouée.

Mince... J'ai loupé les premières explications ?

— Maintenant que vous savez ce qu'est un Renaissang, passons à l'étymologie de ce mot. Nous avons donc pris le mot "renaissance" puisque quelque part, vous vivez une seconde vie et le mot "sang" car tout se passe depuis votre cœur. Et là, pouf ! Fusion des deux mots pour un seul : Renaissang. Des questions ? Non ? C'est super. Dans ce cas, suivez-moi, je vais vous faire visiter.

Elle reprit son déplacement par sautillements tandis que l'on restait derrière elle. Pendant notre visite, je préférais ne pas me mêler aux autres. J'attendais de réellement savoir ce que je venais faire avant de sociabiliser.

Le tour des locaux fut très bref parce qu'une grande partie nous était interdite. Ainsi une trentaine de minutes plus tard, nous retournâmes dans la salle avec les dessins d'enfants. Là, le mobilier avait été placé différemment. Toutes les chaises avaient été rassemblées sur la moitié gauche de la pièce, sauf une, qui était à l'opposé des autres. Sans rien nous expliquer cette fois, la dame prononça mon nom et je dus m'asseoir sur cette chaise à part.

— B-bonjour, bafouillai-je, mal à l'aise.

— Bonjour ! J'espère que la visite t'a plu ! Allons au vif du sujet, maintenant.

Elle sortit un dossier avec mon prénom écrit dessus.

— Première question, quel est ton nom de famille ? Cette information ne m'est pas parvenue apparemment.

— Je ne sais pas, avouai-je en prenant un air désolé.

— Oh... Tu es orphelin ? me demanda-t-elle avec une mine attristée avant de poser sa main sur mon épaule.

— Oui, c'est ça.

— Ne nous attardons pas là-dessus alors. As-tu déjà vécu des événements surnaturels ?

Elle m'avait posé cette question avec un ton des plus calmes, comme si cela aurait été normal que je réponde "oui". Cependant je lui donnai une réponse honnête et par conséquent négative.

— Je vois. Tant mieux pour toi alors. Une autre petite question : accepterais-tu d'être enrôleé par le royaume ?

Je clignai plusieurs fois des yeux afin d'exprimer mon incompréhension.

— Euh... Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par là.

*Illustration par Une_Real

1348 mots.

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