Chapitre 5 - Aider son Prochain

« Il ne faut jamais refuser de venir en aide à son prochain. »



Sarah venait tout juste de sortir de l'horrible grotte où elle y avait été plongée pendant des heures et des heures.

Les doux rayons du soleil vinrent caresser sa peau couverte de quelques cicatrices, ici et là. L'atmosphère était beaucoup plus paisible, aussi délicate qu'une plume lâchée dans la brise. Le parfum fruité et naturel des plantes et de la nature embaumait les narines de la jeune fille.

Sarah inspira profondément et laissa entrer en elle cette sensation de bien-être et de sérénité qui planait dans l'air.

Ce sentiment effaça son anxiété et sa méfiance en un instant, comme projetée dans un autre univers totalement opposée à sa vie.

Pendant un moment, elle oublia même son objectif et tous ses malheurs.

Face à elle, une forêt à perte de vue s'étendait à l'horizon. Quelques oiseaux vinrent rompre le silence qui s'était installé là-bas, en s'envolant dans le ciel bleu, menacé par de sombres nuages gris.

L'adolescente se plaça sur le côté en attendant l'arrivé de tous les candidats. La grotte, dans laquelle elle était, il y a quelques secondes, était en réalité une sorte de tunnel qui l'avait emmené bien loin de la ville urbaine.

En un instant, Killua et Gon sortirent et arrivèrent dans la petite placette en surélévation, face à la forêt. Leurs yeux s'illuminèrent d'une lueur radieuse, visiblement heureux d'être enfin sorti et satisfaits de leur petite course.

Satotsu les talonnèrent de près par sa démarche bien singulière. S'en suit le restant des candidats qui les rejoignirent par paquet de dix, l'air exténués.

Alors que Sarah attendait patiemment sur le côté, Gon s'approcha d'elle, la mine enjoué.

- Woaw ! Tu es arrivée avant nous ! s'exclama-t-il avec admiration. Tu en as de l'endurance !

- Je me débrouille, finit-elle par un dire après un faible haussement d'épaules.

Killua rejoignit son nouvel ami et dévisagea l'inconnue, perplexe. Sarah sentit son cœur s'emballer en croisant le regard azur du jeune Zoldyck.
Sa gorge devint sèche, et ses mots s'emmêlaient dans sa tête.

Elle voyait bien que le garçon essayait de se rappeler d'elle. Il ne semblait pas la reconnaître. Les trois années qui sont passées avaient dû lui faire oublier.

La petite brune ne put s'empêcher de ressentir un pincement au cœur.

Alors, il l'avait vraiment oublié ?

Sarah reprit bien vite ses esprits. Malheureusement, c'était mieux ainsi. Elle lui avait fait du mal, même si ce n'était pas de sa faute.

L'adolescente baissa discrètement la tête sur le côté, de sorte que ses yeux soient cachés par l'ombre d'un arbre qui se tenait près de la sortie du tunnel. Elle voulait savoir ce qu'il pensait. Elle devait savoir.

J'ai l'impression d'avoir déjà vu cette fille... songea Killua, soucieux.

Les yeux de la jeune fille prirent la teinte d'un rouge carmin lorsqu'elle lut les pensées du jeune garçon. En une fraction de seconde, ils reprirent leur couleur originelle : un violet améthyste.

Il n'a pas l'air d'avoir vu mes yeux changés de couleur, pensa-t-elle. Je vais devoir faire attention. S'il découvre ça, c'est terminé pour moi.

- Au fait, c'est Sarah non ? Je te présente Killua ! reprit Gon. On s'est rencontrés pendant la course, on a pu faire connaissance, c'était chouette !

La petite brune sentit ses muscles se crisper. Allait-il se souvenir après avoir entendu son nom ?

Les sourcils du Zoldyck se froncèrent, visiblement en train d'essayer de ressortir de très vieux souvenirs dans sa mémoire.

Finalement, Killua ne parvint pas à mettre une identité sur le visage de cette inconnue. Il était persuadé de l'avoir déjà vu, mais où ? Et quand ?

Comme il fixait Sarah avec insistance, la jeune fille haussa de nouveau les épaules et partit à l'opposée des deux garçons.

Elle ne voulait pas que Killua se rappelle d'elle. Elle voulait juste qu'il l'oublie.

Tout comme ce Gon qui, visiblement, souhaitait devenir son ami. Mais au bout d'un moment, lorsqu'il comprendra que ça ne sert à rien, il abandonnera. Sarah le savait.

L'adolescent aux cheveux verts resta bouche bée, plongé dans l'incompréhension total. Pourquoi ?

Pourquoi cette fille de son âge ne voulait-elle pas discuter avec lui ? Peut-être qu'il avait fait quelque chose qui l'avait dérangé, lors de leur première rencontre ?

Gon ne savait pas et il s'en voulait. En jetant un regard à Killua, ce fut une autre réaction : il restait méfiant face à tant d'hostilité de la part de cette inconnue, et réfléchissait profondément à quelque chose.

Une dizaine de minutes plus tard, environ trois-cents personnes sur quatre-cent-six étaient parvenues à atteindre la sortie.

Hisoka s'avança vers Sarah, un fin sourire se dessinant sur ses lèvres rosées.

- Étrange, j'aurai pensé que tu aurais abandonné, siffla-t-il en se plaçant devant l'adolescente, surpris.

- Et bien, tu t'es trompé, dit-elle avec une pointe d'agacement.

- En effet. Bref, j'ai pu faire une petite analyse de nos adversaires. Mon verdict : ils ne sont pas très forts. Peut-être que le ninja nommé Hanzo te demandera un peu plus d'effort, surtout au niveau de sa rapidité et son adresse.

Sarah hocha simplement la tête en guise de remerciement. Sur cette dernière phrase, Hisoka mit sa main sur l'épaule de la jeune fille qui ressentit un frisson la parcourir à ce simple contact.
Puis, le clown repartit dans la foule de candidats.

Le juge fit face au troupeau de concurrents, demandant le silence et l'attention de ceux qui ne l'écoutaient pas.

- Bien, mes amis, nous voici sur la deuxième partie de la première épreuve. Suivez-moi encore une fois. Le marécage de Numelle, aussi appelé "Nid des escrocs", est un endroit particulièrement dangereux. Alors, faites attention.

Géniales les épreuves ! pensa ironiquement Sarah en soupirant. Dire qu'on m'avait décrit cet examen comme insurmontable ou impossible... Enfin, je ne vais pas m'en plaindre.

Quelques murmures traversèrent la foule, avant de se dissiper aussi vite qu'ils avaient commencés.

Les candidats hochèrent machinalement la tête, sans réellement prendre conscience de l'ampleur du danger dans ce marécage.



***



Cela faisait une trentaine de minutes que le départ avait été lancé. Le danger était bien réel et la mort pouvait survenir à tout instant.

Heureusement, grâce à sa faculté, Sarah pouvait prédire les mouvements des montres qui essayaient de la dévorer.
La jeune fille n'avait qu'à contourner et esquiver au bon moment.

Une trentaine de personne succomba face à toutes ces créatures.

La petite brune continuait tranquillement sa course, légèrement ennuyée. Le paysage avait énormément changé depuis le début : un épais brouillard s'était installé, les arbres cachaient la lumière du soleil qui peinait à éclairer la forêt, et l'atmosphère se faisait de plus en plus humide et lugubre.

Il ne fallait pas qu'elle perde ce Satotsu. Cette forêt était gigantesque, et même avec sa capacité, elle ne pourrait pas entendre des pensées aussi loin.

Alors que Sarah continuait de courir, toujours à l'affût du moindre bruit suspect, les pensées de quelqu'un surgirent dans sa tête, provoquant ses yeux rouges pendant quelques instants.

À l'aide...

La jeune fille soupira, ce n'était pas à elle d'intervenir, ça allait lui attirer plus d'ennuis qu'elle n'en avait déjà.

Pourtant, une petite voix au fond d'elle lui dictait d'aller aider cette personne. Sans savoir pourquoi, son cœur la guidait vers cette personne en détresse.

Dans un long et profond soupir, elle réussit à détecter d'où cet appel venait. Elle inspira l'air de la forêt et perçut l'odeur d'une des personnes du groupe de Gon : Léolio, le majeur.
À contre-cœur, Sarah accéléra l'allure en direction du parfum.

Et après une dizaine de secondes, elle atterrit face à Hisoka, en train d'étrangler Gon avec force. La jeune fille jeta un bref regard aux alentours et aperçut Kurapika adossé à un arbre, ainsi que Léolio, à terre.

- Hisoka, lâche-le, ordonna sèchement Sarah.

Le clown s'arrêta net et obéit avec un léger rire. Suite à ça, le jeune garçon retomba lourdement au sol.

- Je leur faisais juste passer un petit test ! Ne t'énerve pas, tu sais que je n'aime pas ça ! lui sourit-il.

- Tu es vraiment trop bizarre... souffla l'adolescente avec exaspération.

-Bon, je vais me faire pardonner alors.

Il indiqua rapidement à Gon qu'il allait prendre Léolio sur son dos pour l'emmener à l'épreuve suivante, voyant que celui-ci s'était évanoui après leur intercalation.

Gon opina sans rien dire, et le clown partit, comme convenu. Kurapika s'approcha du jeune garçon et l'aida à se releva.

- Merci Sarah ! lança le vert avec un grand sourire.

Celle-ci lui répondit par un nouvel haussement d'épaules, avant de se remettre à courir en suivant le parfum de Léolio.

Je ne dois pas devenir ami avec eux. Ils finiront blessés, par ma faute, songea Sarah avec peine. Je n'aurais pas dû les aider.

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