Chapitre 3 - "Gon" ?

« Nous ne faisons pas de nouvelles rencontres par accident. »





— Non mais ça va pas la tête ? J'avais une de ses soifs, moi ! s'écria Léolio, visiblement en colère.

Sarah se tourna vers lui, légèrement agacée. C'était donc comme ça qu'il la remerciait d'avoir sauvé sa première épreuve ? Quelle amabilité et politesse !
D'un air nonchalant, elle lui répondit :

— C'est comme tu veux. Si tu veux boire un poison, tu me le dis.

Le groupe ne semblait pas comprendre où la jeune fille voulait en venir. Seul Tompa comprenait réellement le sens de sa phrase. Il en resta bouche bée, même complétement hébété.

Comment a-t-elle fait pour savoir qu'il y avait un poison dans les cannettes ? se demanda Tompa avec rage.

Ils n'ont pas l'air d'avoir vu mes yeux changer de couleur, se dit l'adolescente avec soulagement. Qu'auraient-ils pensé s'ils avaient vu mes yeux rouges ?

Le majeur eut enfin un éclair de lucidité : il comprit où Sarah voulait en venir. Furieux, Léolio commença à passer un savon à Tompa, qui s'excusa mille et une fois de sa bêtise, avec un air qui se voulut peiné.
Kurapika essayait tant bien que mal de calmer son camarade, mais en vain.

Sarah fit tourna les talons d'un air las. Les aider ne lui avait apporté aucune satisfaction.

Elle ne savait même pas pourquoi elle leur avait dit pour le poison. La brune soupira, avant de repartir lentement vers le mur.

Peut-être... à cause de ce Gon ? songea-t-elle.

Sarah avait lu dans ses pensées lorsqu'elle l'avait vu. Lui aussi cherchait un être cher, son père précisément. Tout comme la jeune fille, qui elle, recherchait sa grande sœur. C'était sûrement à cause de ça qu'elle était intervenue, et elle s'en voulait.

La brune aurait dû les laisser tranquille et rester dans son coin, comme toujours.

— Eh ! Je m'appelle Gon, et toi ?

La voix du garçon interpella Sarah, qui s'était perdue dans ses pensées. L'intéressée se stoppa net, comme tétanisée. Ses yeux s'écarquillèrent en grands, en constatant une chose : 
Il... lui avait parlé.

— Alors ? insista le jeune garçon avec un grand sourire.

L'adolescente n'arrivait plus à prononcer le moindre mot. Aucun son ne parvenait à sortir de sa gorge tant elle était nouée de stupeur.

Elle était toujours ignorée, presque invisible aux yeux des personnes. Le simple fait de lui demander son prénom la dérouta.

— Sarah, répondit-elle après quelques secondes d'hésitation. Oui, Sarah.

Gon se plaça face à elle, et lui sourit de toutes ses dents, visiblement joyeux à l'idée de faire connaissance avec elle.

La petite brune eut comme l'impression de rêver, d'être sous hypnose tellement cela lui paraissait irréel.

Elle sentit on cœur battre la chamade face à tant de bonheur qui émanait de ce garçon. Pendant un instant, Sarah crut que son aura de bienveillance allait pénétrer en elle et la transformer.

Cependant, l'adolescente reprit bien vite ses esprits, et le rêve qu'elle vivait en ce moment-même s'évapora comme la brise matinale.

Cette gentillesse et cette insouciance, c'était comme avec ses amies de primaires : elles aussi, elles lui avaient d'abord demandé son prénom avec ce même sourire.

Puis, elles l'avaient lâchement abandonnée, en la traitant de monstre. Comme toutes les autres fois, Sarah avait fini par être seule, et c'était habituée à cela.

Cette sensation d'être rejetée et délaissée, elle la connaissait bien.

La jeune fille le savait. Ce Gon fera la même chose et l'abandonnera une fois qu'il découvrira son secret. 

— Pourquoi es-tu là ? reprit le garçon d'un ton enjoué. Moi, c'est pour retrouver mon père !

Sarah baissa la tête. Elle ne voulait pas le faire souffrir, le rendre malheureux. Il devait garder cette gentillesse qui était si pure et naturelle chez lui.

La petite brune ne devait pas entrer dans sa vie. Elle se fera du mal, et elle rendra triste ce Gon.

— Ce ne sont pas des affaires, murmura-t-elle simplement en passant devant lui.

Le regard de Gon, qui rayonnait d'une lueur éblouissante il y a quelques instants, se transforma subitement. Il fronça les sourcils, dubitatif, et regarda la jeune fille partir au loin.
Il ne comprenait pas, avait-il fait quelque chose de mal ?

Voici comment la petite brune était. Pour les gens, c'était une fille froide, timide ou juste distante qui ne se faisait pas remarquer. Pour elle, elle était une fille perdue, emplie d'une tristesse insurmontable.

Sarah ne servait à rien. Elle n'était qu'un monstre, une arme pour tuer et ôter la vie d'autrui. Elle détestait le faire, cela lui rappelait son crime, lorsqu'elle avait huit ans. Pourtant, Sarah était obligée, c'était pour survivre dans ce monde injuste.

Dans les journaux, on la surnommait "Le Fille aux Yeux Rouges", en référence aux nombreux témoignages qui parlait d'une tueuse aux yeux rouges, qui traversait les dédales sombres des rues, lorsque la nuit se confondait avec l'obscurité et le noir complet.

Ses yeux rouges avaient fait le tour du monde, et depuis, la jeune fille était plutôt bien classée dans le milieu de l'assassinat.

Personne ne connaissait sa réelle identité, puisqu'au pire, elle tuait tous ceux qui étaient susceptibles de le savoir, sans leur laisser le moindre répit.

Que se passerait-il si quelqu'un faisait le lien entre cette tueuse, et le meurtre qu'il s'est passé il y a quatre ans ?

Sa grande sœur saurait alors ce qu'elle était devenue, et sa mère aussi. Mais le crime était sûrement trop vieux pour que les enquêteurs se penchent dessus.

Sarah soupira une énième fois avant de se remettre contre le mur, lassée.

Par quoi ? Elle n'en savait rien. Elle était simplement lassée, de vivre sûrement. Pourtant, elle refusait de mourir, pas avant d'avoir vu sa grande sœur.
L'adolescente le sentait, Chloé l'attendait quelque part.

Elle ne savait même pas si son ainée serait heureuse de la revoir ou pas. Lui en voulait-elle pour le divorce de son père ? D'avoir causé une dépression à sa mère qui s'était noyée dans l'alcool et les drogues ?

En réfléchissant bien, Chloé avait souvent été absente. Qu'avait-elle fait dehors ? Voilà une des nombreuses questions que Sarah lui poserait.

Ennuyée, elle releva la tête pour continuer d'observer les candidats de l'examen.

Alors que Tompa marchait lentement parmi les concurrents, dépité de l'échec de son plan, un garçon se dirigeait vers lui, un sourire en coin.

Quoi ?! Mais que fait-il ici ? se demanda-t-elle avec panique.

— Hey Tompa, il te reste encore des boissons ? J'ai super soif ! lança le garçon avec amusement.

— Hein... ? Oh, bien sûr ! lui répondit l'homme, surpris de la demande.

Il ne devait pas être dans sa demeure ? Il ne doit absolument pas me voir ! pensa Sarah, stupéfaite de le voir à l'examen.

Ce garçon, elle le connaissait très bien. Des cheveux aussi blancs que de la neige, des yeux bleus azurs, un skate à la main, et surtout, ce faux air insouciant : il se nommait Killua.

C'était un célèbre assassin de la famille Zoldyck, l'une des familles les plus connus du monde, dans le milieu de l'assassinat. La petite brune avait déjà travaillé pour cette famille, il y a trois ans.

— Bah alors, tu t'inquiètes pour moi ? demanda le garçon à Tompa. T'as pas à t'en faire. Les poisons ne me font rien.

Le vieux resta planté là, interdit. Il ne devait sûrement pas reconnaître le Zoldyck qui était face à lui.

Après tout, Killua ne devait pas sortir de chez lui. Cependant, il était bien là, avec un air ennuyé.

Après avoir récupéré une des cannettes de Tompa, le garçon partit trainer dans la salle, à la recherche d'une occupation.

Killua avait été entraîné pour résister à plusieurs choses : le poison, la douleur, les chocs. Bref, tout ce qui pouvait l'aider lors de ses missions d'assassinat. Mais cela impliquait qu'il ne devait pas avoir d'amis.

Le cœur de Sarah se serra en pensant à cette dernière règle. Elle ne voulait pas y repenser, elle devait l'oublier.

L'adolescente chassa le jeune garçon de sa tête, et se replongea dans ses analyses. Malgré tous ses efforts, elle ne pouvait détourner le regard du Zoldyck. Lui en voulait-il pour ce qu'elle lui avait fait ? Sûrement.

Soudain, une sonnerie stridente retentit dans un vacarme assourdissant. Les murs du fond de la grotte s'ouvrirent lentement en deux, faisant soulever un vent de poussière et de gravier.

Les yeux rivés dessus, Sarah observa le mécanisme s'enclencher et en fut stupéfaite.
Désormais, la pièce se prolongeait, avec un grand chemin éclairé, continuant toujours tout droit, sans y voir la fin.

Un juge apparut devant cette route. Il n'avait pas de bouche, ce qui surprit beaucoup Sarah qui s'attendait à autre chose que ça.

Sa moustache violette remua, ses grands yeux parcouraient les candidats du regard, et ses cheveux mauves, assortis à sa moustache, se rebiquaient.
À la posture noble, cet homme était assez unique et atypique dans son genre.

Ça doit être un hunter professionnel, songea la petite fille de douze ans en se levant.

— Je vous prie de me suivre, ordonna-t-il simplement d'une voix forte.

La voix grave du juge résonna dans la grotte. Il fit un demi-tour, et commença à emprunter la route.

Sa démarche était très singulière : il faisait balancer ses bras le long du corps, en même temps que ses jambes, comme un robot.

Les candidats ne se posèrent pas plus de questions et le suivirent derrière, dont Sarah.

Elle ne savait pas à quoi ressemblerait cette épreuve, et elle refusait de se gâcher la surprise en lisant les pensées du juge.

Mais soudain après quelques minutes de marche, le Hunter Professionnel commença à accélérer l'allure.
Les candidats l'imitèrent, sans savoir ce qu'il se passait réellement.

— Au fait, mon nom est Satotsu, commença le juge d'une voix forte, pour que la plupart l'entendent. Je vous emmène à la deuxième épreuve de l'examen.

— La deuxième ? s'étonna un candidat. Et c'est quoi la première épreuve alors ?

Le juge ne répondit pas tout de suite. il laissa planer un long silence, avant de répondre :

— Elle a déjà commencé.

Des murmures parcoururent l'assemblée après avoir entendu cette réponse. Certains ne comprenaient pas, mais les plus expérimentés avaient tout de suite déchiffrés le sens caché.

La première épreuve consistait donc à suivre le juge pendant une durée indéterminée.
Là était toute la complexité de la chose.

Pendant combien de temps, je vais devoir suivre ce Satotsu ? se demanda Sarah avec agacement.

C'était non seulement une épreuve physique, mais aussi mentale. Pendant combien de temps allait-elle avoir la détermination et la force de continuer ?

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