Chapitre 14 - La Rencontre

« Même si la personne n'est plus là, elle reste toujours dans ton coeur. »



Trois ans plus tôt...


La majordome fit entrer la petite fille dans une immense pièce qui allait lui servir de chambre. Il y avait toutes sortes de meubles chics et sophistiqués. Un lustre d'or éclairait les moindres recoins de la salle d'une lumière chaude et accueillante.

Sarah pénétra à l'intérieur, intimidée par tant de luxes. Même si elle était devenue rapidement riche, jamais encore elle n'avait eu le droit à une chambre aussi belle et aussi joliment décorée. Elle posa son sac à dos dans un coin de la pièce, et commença à ranger rapidement ses quelques affaires.

La petite fille prit dans ses mains son cahier bleu. Dedans, il y avait un peu de tout. Que ce soient ses émotions, ses pensées qui la traversaient l'esprit, ou simplement des mots en vrac, tout y passait.

Sur la couverture, Sarah avait écrit le prénom "Hoshi" par sa grande sœur, puisque c'était elle qui lui avait donné ce cahier. Mais la jolie écriture avait vite été barrée et rayée pour y inscrire à la place "Aku".

— Dîtes, vous avez un stylo ? demanda Sarah à la majordome qui se tenait au pied de la porte.

— Oh, oui ! Je dois avoir ça dans mes poches... fit la jeune femme en fouillant ses poches.

Elle lui tendit un stylo noir que Sarah s'empressa de prendre en la remerciant. Elle barra ensuite vivement le surnom "Aku" pour marquer celui de "Sarah".

Avec un tendre sourire aux lèvres, la majordome lui demanda :

— Est-ce à votre goût ?

— Oui, c'est très jolie, merci, répondit la petite fille.

— Je vois. Monsieur Silva aimerait beaucoup que vous fassiez connaissance avec son fils dans la journée, l'informa la femme avec gentillesse. N'hésitez pas à demander à un majordome si vous le cherchez.

A ses mots, elle referma soigneusement la porte.

Entraîner un Zoldyck était un immense honneur pour Sarah, un privilège même qui lui était accordé. Pourtant, Sarah s'en fichait. Elle ne voulait parler à personne, et encore moins à un enfant de son âge.

Malheureusement, la petite fille de neuf n'avait pas vraiment le choix. Si elle n'entraînait pas le fils, elle allait sûrement être expulsée de la demeure des Zoldycks, ce que Sarah ne souhaitait pour rien au monde.

Sarah ouvrit la fenêtre de sa chambre qui s'ouvrait sur un balcon. Elle sortit prendre l'air, et s'adossa à la barrière, songeuse. Elle inspira une grande bouffée d'air, où un parfum enivrant de fleurs et de plantes embaumait ses narines.

La petite fille observait le jardin immense des Zoldycks, qui s'étendaient à perte de vue.Une véritable forêt luxuriante s'offrait à elle. Sarah allait sûrement se plaire ici. C'était déjà incroyable qu'elle soit entrée dans la demeure des Zoldycks, mais de là à séjourner ici, jamais elle n'aurait cru que cela puisse être possible.

Tiens, une nouvelle ?

Ces pensées résonnèrent dans la tête de la petite fille. Quelqu'un l'observait. La petite fille regarda attentivement les alentours, mais rien.Peut-être que l'inconnu se cachait ?

Sarah sauta par-dessus la rambarde et atterrit au sol par une roulade. Elle n'était qu'au premier étage, elle n'avait rien à craindre.

Elle est descendue...

Il continue de m'observer, pensa la petite fille en se relevant.

La petite brune observa une nouvelle autour d'elle, mais avec plus d'attention. Quelques bruits de feuille se faisaient entendre ici et là, mais impossible de localiser précisément la personne.

Soudain, Sarah sentit une présence lui glacer le sang derrière elle. La petite fille fit volte-face, et réussi à bloquer l'attaque de l'inconnu en lui prenant fermement l'un de ses bras. 


La petite brune écarquilla les yeux en découvrant l'identité de son agresseur : c'était le fils de son patron ! Le petit garçon dont son employeur lui avait parlé.

Celui-ci leva ses magnifiques yeux bleus vers elle, surpris, et en même temps admiratif.Sarah relâcha immédiatement son bras, légèrement gênée.

— C'est toi dont mon père m'a parlé ! s'exclama-t-il.

— C'est toi dont mon patron m'a parlé... murmura-t-elle assez bas pour que elle seule puisse l'entendre.

— Killua, et toi ? demanda le jeune maître en ignorant la réplique de la nouvelle venue.

— Sarah, répondit-elle.

Killua l'observa longuement, plongeant son profond regard dans les yeux améthystes de la petite fille. Celle-ci sentit son cœur résonner plus fort dans sa poitrine. Finalement, après quelques secondes, il reprit :

— C'est toi qui va m'entraîner ? C'est génial ! On peut commencer maintenant ?

— Si tu veux, lâcha Sarah dans un haussement d'épaules.

Le garçon s'éloigna de quelques mètres derrière, et commença à marcher autour d'elle, lentement et la fixant intensément. Sarah fronça les sourcils. Voilà une des techniques basiques d'un assassin. Plusieurs reflets de Killua se matérialisèrent autour de la petite fille, marchant au même rythme que l'original.

Sarah savait comment parer cette technique. Elle usa de son pouvoir et le maintint pour savoir quel Killua était le bon. Cette technique utilisait les jeux de sons avec les pas, pour créer des illusions de l'utilisateur.Les autres Killua n'avaient donc pas de pensées.

La petite brune devait bien l'avouer : maîtriser une telle technique aussi tôt était incroyable et extrêmement rare.

Alors que Killua allait la frapper par-derrière, Sarah l'esquiva et le plaqua au sol d'un simple geste.

Comment réagira ce garçon une fois qu'elle lui aura avoué son pouvoir ?


***


Les semaines passaient, et Sarah alternait entre missions d'assassinat et entraînement avec Killua. Même si elle avait du mal à se l'avouer, elle passait beaucoup de bons moments avec le jeune garçon qui s'amusait, lui aussi.

Après lui avoir raconté que Sarah possédait un pouvoir, celle-ci s'attendait à un rejet. Et finalement, Killua fut admiratif et émerveillé par cet étrange don. La petite fille fut choquée. Quelqu'un s'en fichait qu'elle avait un pouvoir ? Quelqu'un ne la détestait pas après avoir su qu'elle avait lu dans ces pensées ?

Sarah ne savait pas ce qu'elle ressentait en la présence du jeune Zoldyck. Son cœur battait frénétiquement, tandis qu'à quelques moments, elle se m'était à bégayer — ce qui faisait toujours rire Killua. Jamais encore elle n'avait eu ses sensations étranges.

Elle aimait beaucoup Killua. Elle pouvait même le considérer comme son meilleur ami.


Alors qu'elle c'était habituée à cette vie monotone et tranquille, Silva la convoqua un beau jour.

— Tu vas devoir partir, annonça-t-il froidement.

Sarah fut tétanisée par cette nouvelle. Son cœur manqua un battement, alors que des tas de questions s'emmêlaient dans sa tête.

— Qu'est-je fait pour mériter ça ? demanda-elle, désespérée.

— Ma femme a décidé que tu devais partir, j'en suis navré, s'excusa l'homme qui semblait assez peiné d'annoncer ça.

— Je vois... murmura la petite fille d'une voix tremblante.

Son sac à ses pieds, elle le mit sur ses épaules et tourna les talons, pour la première fois depuis longtemps, les yeux embués de larmes.

Elle croisa le regard de la mère, posée près de la porte de sortie. Lorsque la petite fille passa devant elle, la femme lui murmura :

— Un assassin n'a pas besoin d'amis.

Sarah ne répondit rien, beaucoup trop troublée pour répondre ou répliquer quoique ce soit. Elle sortit en trombe du manoir, pressée. Pourquoi ? Pourquoi n'avait-elle plus le droit de rester ici ? Pourquoi ? Était-ce à cause de Killua ? Parce qu'elle était devenue son amie ?

"Un assassin n'a pas besoin d'amis."

Sarah sortit en trombe du manoir, le cœur battant à cent à l'heure. Elle ne voulait pas partir, elle ne voulait pas quitter Killua. Mais elle n'avait pas le choix. La jeune fille ne voulait pas lui faire ses adieux, elle ne voulait pas le croiser.

Alors que les larmes menaçaient dangereusement de couleur, une voix l'interpella derrière elle, la stoppant net.

— Sarah ! appela une voix.

L'intéressée se retourna, et vit Killua qui courait vers elle. Une lueur d'incompréhension illuminait son regard océan. Sarah aurait pu se perdre dans ce doux regard pour l'éternité.

— Tu pars ?! Mais... pourquoi ?

La petite brune baissa la tête. Elle ne pouvait pas regarder le garçon en face. Il était triste, elle pouvait facilement ressentir sa peine.

Et voilà, elle allait de nouveau faire du mal à quelqu'un qu'elle aimait. A cause d'elle, Killua allait être malheureux.

— Un assassin n'a pas besoin d'amis, lâcha-t-elle simplement d'une voix déchirante.

Et c'est à ses derniers mots, qu'elle franchit le portail, tournant le dos au garçon qu'elle aimait.

Killua n'avait pas compris au début, et avait éprouvé une certaine rage contre Sarah qui l'avait abandonné.

Mais quand il entendit les mêmes mots sortirent de la bouche de sa propre mère, il comprit tout de suite : c'était sa mère qui l'avait forcé à partir, pour l'éloigner de lui.

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