Chapitre 5

Chapitre 5

Je me fis agripper le bras d'une main froide. Je sursautai sur le coup. Tout me prenait au dépourvu ces temps-ci, j'avais l'impression qu'une seule vibration de l'air pouvait me donner le vertige. Je levai les yeux vers la personne qui se plantait devant moi.

- Chérie? Une voix résonna même avant que je puisse lever ma tête. C'était ma cousine, qui venait tout juste de me donner ce surnom, essayant sûrement de paraître plus douce à mon égard. Mais la chose, c'était que je n'essayais pas de faire pitié.

- Marianne? Demandai-je sur un air douteux.

Elle semblait vouloir compatir avec moi, avec ma peine, mais ce n'était qu'un cas désespéré. Personne ne pouvait réellement comprendre, peu importe ce qu'ils essayeraient de faire.

- Hum, continua-t-elle d'une voix plus distante, j'aimerais savoir si tu aimerais venir en ville avec moi cet après-midi. On pourrait magasiner un peu, et bavarder, non?

Elle était sur ses gardes et avait l'air intimidée par moi. Je n'ai jamais vraiment fait une activité avec Marianne. Je ne savais pas si je voulais faire cette première aujourd'hui, mais ce n'est pas comme si cette proposition me dégoûtait non plus. Je me contentai de sourire.

Je m'aperçus rapidement que mon sourire ne servait pas de réponse à ma cousine. Elle affichait une mine interrogée, à la quête d'une réponse sensée.

- D'accord, d'accord, pourquoi pas? Répondis-je avec un lot de difficulté.

- Tu en es sûre? Reprit-elle, un sourire énorme sur son visage. Elle semblait avoir gagné quelque chose mais non, ce n'était que mon pauvre être.

- Bien sûr, Marie. Je ne te mentirais pas.

Je ne savais pas ce qu'elle croyait que je faisais, mais je n'avais pas de temps à perdre à faire des mauvaises blagues.

- Je vais prendre la voiture de ma mère, et puis on s'en ira tranquillement.

- Parfait.

- Oh, vous faites quelque chose? S'imposa Isabelle.

- Ouais, on va en ville, eus-je le temps de répondre avant Marianne.

- Génial, ça va te faire du bien Élé! Me dit-elle, essayant de me faire pénétrer dans son étreinte. Je reculai, ce rapprochement si soudain me fit peur. Ma tante me fit tout de même un sourire puis s'éloigna.

Ma cousine revint quelques secondes après, clés et porte-feuille à la main.

- Tu as ton argent, Éléonore?

- Hum, non, je reviens.

J'allai chercher mon portefeuille et revint vers la porte.

*

- On s'assoit? Me proposa Marianne alors qu'on venait de marcher pendant plus de deux heures. J'avais mes sacs d'achat dans mes mains que je déposai sur le sol.

Il y avait des bancs sur le bord de la rue complète. Les gens passaient et semblaient pressés. Il faisait un peu froid, mais c'était supportable. Ma cousine soupira et eut l'air hésitante. Je ne savais pas ce qui se passait, alors je pris un risque en lui demandant une question.

- Marianne, ça va?

- Hum, bof, mais bon c'est moi qui devrait être à ton écoute, pas toi.

- Pourquoi?

- C'est toi qui as vécu tant de choses ces derniers temps.

- Je sais bien, mais là, qu'est-ce qui ne vas pas?

Elle passa une main dans ses cheveux.

- Tu te rappelles de Loïc?

J'hochai la tête en guise d'une réponse positive.

- Eh bien, il fréquentait une autre fille en même temps que moi. Le pire là-dedans, c'est que cette fille, elle est tombée enceinte de Loïc. Donc il s'est barré, aussi rapidement qu'il est entré dans ma vie, mais...

Marianne échappa un sanglot. Je pouvais la comprendre. J'espérais que Loïc soit un bon gars pour elle, du moins en apparence il le paraissait. J'étais vraiment déçue pour elle, mais je ne pouvais nier que sa douleur devait être petite comparée à la mienne. Je pris Marianne dans mes bras. Elle continua à laisser évacuer quelques larmes, mais elle se reprit brusquement.

- Parle-moi de toi.

- Quoi? Dis-je, abasourdie.

- Je..

- Éléonore.

Je serrai l'emprise que j'avais sur mon sac plastique. Les ganses de celui-ci me faisait des marques sur les doigts, mais je ne savais pas comment réagir.

- Ok, laisse tomber, alors! Dit-elle, frustrée par mon silence.

- C'est juste que...

- Non, Élé! Je te donne la chance de me parler, tu ne le fais pas. J'essaie de te parler de moi, et tu t'en fous! Tu veux penser qu'à toi, hein? Es-tu si égoïste à ce point?

Ouch. Je me sentis attaquée de plein fouet. Je restai là, essayant de garder mon calme et me concentrant pour ne pas pleurer. Marianne ne comprenait rien. Personne ne comprenait, ou se donnait la chance. Tout ce qui compte pour les autres, c'est l'extérieur. Je tremblai, je ne savais pas quoi répondre à cette remarque si vite sortie. Je me levai et marchai de reculons. Mon regard se brouilla, et je vis Marianne faire des signes de négations. Elle se leva d'une vitesse incroyable, et vint me prendre par le poignet. Je regardai partout, encore une fois je me sentait comme l'attraction au milieu de toute cette population.

- Je m'excuse, Élé! Ce n'est tellement pas ce que je voulais dire, je m'excuse, je m'excuse...

Ma cousine essaya de me faire une étreinte mais je refusais. Elle me colla le plus possible et me pris la main. Que devais-je faire?

- C'est si vite sorti... je ne le pensais pas vraiment.

Elle ne l'a peut-être pas vraiment pensé, mais c'est sorti, et puis voilà ça m'as blessé. Entendre des mots aussi crus d'une personne proche de toi, ça fait mal. Je ne le pourrais dire autrement. Je décidai de faire comme si je la croyais, et je lui souris. Je ne voulais pas commencer une guerre, je ne voulais que la douceur.

- Ça va, ça va, lui répondis-je en m'éloignant de son corps. Je rattrapai mes sac d'achats et nous nous sommes dirigées vers la voiture d'Isabelle.

Marianne semblait désolée, mais je l'ignorais. Je ne fit que m'assoir sur le siège passager, me disant que demain tout sera oublié. J'essayai de lutter contre toutes mes pensées négatives, mais ce ne fut pas la chose la plus simple.

Je savais ce qui n'allait pas au fond. Je n'avais pas besoin de spécialistes pour m'indiquer quoi que ce soit, c'était là, écrit, mais seule moi pouvait le remarquer. J'avais un besoin flagrant d'affection, ce qui entraînait aussi le fait que je me sentais aussi seule. Personne ne voulait vraiment m'abandonner, et peut-être qu'au fond ce n'était que moi qui abandonnait mon âme. Cette problématique entourant ma mère entraîna autre chose que la peine et la douleur, par celles-ci je pourrais nommer la perte de mes amis. Non car ils étaient hypocrites ou peu importe, simplement puisque nous n'étions pas assez amis. Le lien de confiance entre nous n'était pas assez grand, alors quand je quittai, ces amitiés s'envolèrent. Je parierai beaucoup sur le fait que je ne manque aucunement à ces gens, mais je préfère ne pas y penser. Appelons-les seulement des connaissances. Je regardai ma cousine qui se sentait toujours aussi mal et qui accélérait la vitesse. Je l'analysais quelques secondes. J'aime bien Marianne. On se connaît depuis toujours, évidemment, mais certainement pas jusqu'aux fins fonds de nos secrets. Il y a comme une barrière que je n'arrives pas à percer avec elle, me disant que tout ce que je pourrais dire pourrait sonner tabou. Il y a donc quelques moments où je le n'a supporte pas tellement, mais je finis encore par laisser ça derrière moi. J'espère que ça sera de même avec la journée d'aujourd'hui.


*

Mes longues jambes flottent dans l'eau de la baignoire. Je les frôle doucement avec mes doigts. Je me sens attirée vers le fond, vers une noirceur qui semble plus invitante que la clarté. Le monde semble se refermer sur moi, m'enroulant d'une énorme toile noire, m'obligeant à vivre avec mes démons.

Es-tu si égoïste à ce point?

Es-tu si égoïste à ce point?

Cette maudite pensée ne faisait que revenir. Il y a quelques temps déjà que j'y pense. Devrais-je le faire? Ai-je le culot de faire l'acte? Je n'avais aucune idée de comment m'y prendre et de la sensation que j'allais ressentir. C'est assez étrange, tous ces personnages dans les films, dans les livres, ils savent exactement comment s'y prendre, même si c'est la première fois. Comment cela semblait si évident? D'une main rapide, je tassai les quelques bouteilles de shampoing qui traînaient à l'extrémité de la baignoire. Il était là, je le savais. Bel et bien caché, comme si par magie cela permettrait à mon esprit de ne pas avoir à le faire.

Je pris le rasoir d'une poignée ferme. Aussi sec que cela, je le plantait dans ma cuisse. Devais-je tourner, glisser? Je ne savais pas. Je faisais des mouvements dans tout les sens. Rien ne se produisit. J'étais fâchée, putain, même pas capable de faire mal à moi-même ! Je me demandais si j'avais fait une erreur. Puis là, je ressentis. Le sang sortit à flot de la mince coupure que je venais de créer. Une sorte de pincement se propagea dans mon organisme. Je me mis à trembler. Je regrettai. Je ne me sentais pas bien, de plus, je n'avais jamais réellement tolérer le sang. Cela sortait trop. Ça n'arrêtait pas de couler. L'eau de la baignoire commença à prendre une teinte plus foncée. Ce n'était pas pour moi. Plus jamais, plus jamais, bordel!

Je reposai ma tête contre le mur, paniquée.

Es-tu si égoïste à ce point?

Bonjour tout le monde ! Comme vous pouvez vous apercevoir, je commence à poster 2x par semaine ! Alors, ce chapitre est encore triste, sincèrement désolée 😕 On peut voir une autre facette de Marianne ainsi qu'une autre manière de voir l'automutilation... Je me suis demandée pourquoi tous les personnages semblent ressentir une réaction positive face à cet acte, alors que ce n'est pas toujours le cas dans la réalité, ce que j'ai voulu transmettre avec Éléonore. J'espère que vous appréciez et malgré le fait que vous êtes beaucoup moins nombreux qu'au tome 1 (heartbreak duh😓) je vous aimes autant et vous remercie de lire ce que j'écris ! 😊💋

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