Chapitre 15

Chapitre 15

Comme j'habite officiellement chez Amy, je me dois d'aller chercher le courrier. Par ce fait, j'habite chez elle depuis un moment déjà. Cela nous permet aussi de se rendre au centre ensemble, puisque même si nous n'y sommes plus comme avant, nous pouvons encore avoir certaines rencontres. Je vais beaucoup mieux, mais le processus n'est pas terminé tout comme celui d'Amy. On commence tout de même à voir la lumière au bout du tunnel par rapport à cela, on se convainc mutuellement qu'on va toutes les deux en sortir gagnantes. Pour revenir à notre colocation, nos familles le savaient (on ne parle pas de notre relation par contre) mais la loi, elle, n'était pas au courant. J'ai dû remplir des papiers et finalement, j'habitais au même lieu qu'Amy pour le gouvernement. Donc, ce matin, je suis sortie pour vérifier le courrier. Rare les jours où on en reçois, excepté les putains de factures.

Dès que je mis le pied dehors, je sentis que quelque chose n'allait pas bien se passer. Je ne dis pas que je sens des choses prémonitoires, loin de là, mais j'avais ce petit sentiment qui n'inaugurait pas bien. J'espérais que j'allais me tromper, mais quand je mis ma main dans la boites aux lettres et que je tombais sur une, j'avais ma réponse. Cela n'allait pas être positif. Je pris la lettre d'une main ferme et à vrai dire, je n'avais même pas envie de regarder qui était l'expéditeur. Je mis le morceau de papier sur ma poitrine et je pris une grande respiration de l'air frais de l'extérieur.

- Pourquoi refroidis-tu toute la-

Amy venait d'arriver derrière moi. Elle me scruta pendant quelques secondes.

- Ça va, Élé ?

Son ton de voix trahissait son inquiétude. Je me contentai d'hocher la tête et je m'accotai contre le cadrage de porte. Amy me prit dans ses bras d'une force nouvelle. Elle me fit un petit bisou dans le cou. Je baissai les yeux sur la lettre, pour de bon. L'enseigne de la prison de la ville y était. Bordel, non, pas maintenant ! Alors que ma vie commençait à s'améliorer au minimum, il se donnait le droit de revenir dans ma vie près de quinze ans plus tard. J'eus envie de ne pas lire cette lettre et de seulement la déchirer, mais je me retins.

- C'est de qui ? Demanda Amy d'une voix douce.

Je me défis de son emprise et me précipitai vers notre chambre. Je n'étais pas certaine à cent pour-cent de qu'est ce que ce salaud me voulait, mais j'avais ma petite idée. Amy ne vint pas me rejoindre immédiatement, et j'appréciai son respect. Elle n'a sûrement rien compris, d'ailleurs elle ne connaît rien à cette histoire. Un léger stress m'envahit, m'en voudra-t-elle de lui avoir caché cela? Malgré que ce n'était juste une envie de ne pas en parler, car je ne souhaitais pas réellement la mettre à part de cette malheureuse histoire.

J'ouvrai la lettre rapidement. Je la dépliai pendant que mon coeur battait à tout rompre.

Mlle Éléonore Darwin,

Voici ci-dessous une lettre de votre père, Léonard Darwin, sous toute son intégralité. Les procédures d'acceptation seront sur l'autre feuille, mais si vous désirez refuser, n'envoyez rien.

« Éléonore.. Je suis désolé, désolé pour tout. J'ai merdé. Tu vas sûrement lire cette lettre en te disant, pourquoi devrais-je prendre du temps pour lui ? Je ne sais pas. Je suis bien au courant qu'on ne s'est jamais revu depuis 11 ans. À quoi ressembles-tu maintenant? Es-tu aussi jolie qu'à tes six ans ? Je te contact pour essayer de te voir. Mon psy m'a conseillé ça. Je comprendrais bien que tu t'en foutre. Mais bon, j'aurais essayé. Je t'aime mon bébé, et je ne cesserai jamais. Je ne pourrais jamais assez m'excuser. Voilà. Oh, une dernière chose. Tu salueras ta mère, s'il te plaît. Peut-être aurons-nous l'occasion d'en discuter si tu décides de venir me voir? Je l'espère bien. À bientôt,

Papa. »

Ma bouche ne pu s'empêcher de rester ouverte sous la surprise. Je ne réfléchis pas et je déchirai la lettre d'une seule traitre. Je laissai échapper un cri de colère, un des sentiments que je peux ressentir envers lui. Mon menton se mit à trembler. En quel droit ? Pourquoi voudrais-je revoir un violeur ? Jamais. Je crois par contre que c'est le dernier passage qui m'a le plus secoué. Il ne sait même pas que maman n'est plus de ce monde. Il n'a eut aucune idée de sa souffrance ni de ce que j'ai vécu par rapport à ce deuil. Il est pathétique, il n'est resté qu'un salaud comme la décennie d'auparavant.

Je ne pu m'empêcher d'évacuer plus de larmes. Je ne savais pas pourquoi je pleurai. Tout se bousculai dans ma tête et j'étais à bout. Peut-être était-ce mes sanglots devenus accablants qui ramenèrent Amy dans notre chambre. Elle resta dans le cadre de porte quelques instants, toujours incertaine si j'allais lui donner l'autorisation de m'approcher. Bien sûr que si. Je ne voulais pour rien au monde que cette fille s'éloigne de moi. Quand je lui fis signe que j'étais prête à sortir autres choses que des sanglots, elle vint s'assoir au bout du lit.

- Approches-toi, lui dis-je.

Elle s'approcha mais n'était pas tout à fait en accord.

- Ça devrait être à moi de parler en premier, me dit-elle, me frottant de sa manière si réconfortante sur le bras.

- Alors, c'était qui ? C'était qui le salaud, ou la salope, qui se donne le droit de te rendre triste de la sorte ?

- Mon père.

- Ton... ton père ? Demanda-t-elle lentement.

- Mon putain de père qui séjourne en prison depuis plus de dix ans, ouais.

- Mais, Éléonore..

- Chut, Amy, la coupai-je. C'est moi qui t'en ai jamais parlé, je sais. J'attendais un bon moment, car... Tu vas faire plusieurs liens. Et je ne souhaitais pas que tu penses que j'ai fais mes actions seulement pour ça et non car je t'aimais aussi.

- Quoi ... ?

La peur mais l'interrogation se lisait à des kilomètres sur son visage.

- Mon père... Mon père a été arrêté il y a onze ans pour attouchements sexuels envers des mineurs. En autres, mon père est simplement un putain de violeur.

- Comme Alex, termina Amy plutôt dépassée par les événements.

- Oui. Il était coach de soccer à l'époque et il en a profité pour jouer à d'autres jeux avec ses joueurs. Mais ne paniques pas, il ne m'a jamais touché.

- C'est pour cela que tu as eu pitié de moi ?

- Amy, je n'ai jamais eu pitié de toi comme tu le penses. Je déteste mon père et ce qu'il a fait. Je ne pouvais laisser un autre salaud libre et je n'ai pas pu m'empêcher de t'aider. Mais tu me faisais déjà quelque chose... Je te désirais, Amy, et pas seulement à cause de ton frère.

La poitrine d'Amy montait et redescendait lentement. J'avais de la difficulté à percevoir ce qu'elle pensait à ce moment.

- Je suis désolée pour toi, Éléonore. Je... Je savais bien que je ne savais rien sur ton père, mais je n'ai jamais voulu forcer les choses. J'étais sûre que le bon moment allait survenir.

Je restai là, à regarder dans le vide.

- Que vas-tu faire ? Repris-t-elle.

- Qu'il aille se faire foutre. Il a même mentionné de saluer ma mère. Ça me lève le coeur, je ne veux plus rien savoir de lui.

- Normalement.

Amy me prit dans ses bras doucement. Je pleurai tranquillement, pendant qu'elle demeurait silencieuse. J'adorais comment elle se comportait avec moi. Elle savait toujours comment bien réagir. En même temps, elle a passé tellement d'épreuves.

- Merci, Amy.

Je jetai un dernier coup d'œil aux morceaux de papiers éparpillés sur le plancher. Jamais, salaud, jamais.

Oh le retour d'un des personnages !! Comment auriez-vous réagi à la place d'Éléonore ? Un de vos parents qui veut reprendre contact avec vous après de nombreuses années, ce n'est pas rien 😶 Il reste officiellement plus que deux chapitres ! Que pensez-vous qui va arriver pour bousculer la relation d'Amy et d'Éléonore ?

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