Chapitre 1
Chapitre 1
Je me retournai vers la gauche. Quelque chose sembla vouloir pénétrer entre mes omoplates. Je me retournai, une fois de plus, pour apercevoir que j'étais couchée sur mon écouteur. Je me suis encore endormie avec ceux-ci. Je l'amenai à mon oreille pour me rendre compte que la musique y jouait encore. Ma liste de lecture est plutôt longue, faut croire. Angel du chanteur The Weeknd y résonnait. C'est une chanson magnifique. Je pris le temps d'écouter quelques paroles des secondes qui suivaient, mais des voix s'emmêlèrent depuis l'étage du bas. Une atmosphère plutôt négative semblait y sévir. Cela fait plus de deux mois que j'ai quitté le milieu urbain pour rejoindre le rural. Je ne suis pas nécessairement tombée sous le charme, mais je m'y fait. Je savais que je devais prendre le temps d'apprécier d'être seule avec moi-même ces quelques instants avant de me retrouver dans ce brouhaha familial. J'entends la voix de ma cousine Marianne s'intensifier. Je n'ai pas envie de descendre dès maintenant, mais je sens qu'elle a besoin de moi. La situation dans laquelle ma mère nous a placé, indirectement bien sûr, nous épuise tous. Je me levai lentement. Je m'avançai, avec difficulté, devant le miroir placé sur le mur tel un cadre. Je passai ma main dans mes cheveux. Ils sont plutôt épais, aujourd'hui. Je n'approuves pas à cent pour-cent cela, mais j'ai vu pire. J'essayais de mettre mes cheveux dans un chignon, hélas, quelques mèches s'échappèrent comme à l'habitude. Je me demande si un jour elles resteront toute en place. Je réessayais une autre fois, et celle-là non plus ne s'avéra pas être concluante. Malheureusement, je dû me rendre à l'évidence de les laisser lousse, même si je détestais plutôt ce sentiment. Je les remis en place, mais un de mes ongles resta coincé dans mes cheveux. Seigneur, que je déteste quand ça me fait ça. Je tira un peu plus, mais mon faux ongle sembla ne pas aimé et décida de partir tout simplement. Merde, pas maintenant! C'était la seule belle chose qui restait sur moi. Je soupirai, repoussai mes couvertures dans un tas sur mon lit. Qu'elles restent comme ça, j'en ai strictement rien à foutre. Je descendais l'escalier et j'aperçus ma tante dans la cuisine. C'est la sœur de ma mère, bien entendu.
Je ne mis pas beaucoup de temps a arrivé en bas. Ma mère était assise dans une chaise roulante, près de la table de cuisine. Nous préférons l'asseoir là dedans tout simplement, car elle n'a pas tellement de force depuis quelques temps. Je l'ai vu énormément dépérir, même si Marianne s'en est occupé deux ou trois semaines avant mon arrivée. Avec mon emploi, j'avais préféré rester encore quelques semaines. Non parce que je n'aime pas ma mère, évidemment cela me faisait mal au cœur, mais je devais travailler pour mon argent. Ma famille n'en a pas énormément, et je suis encore jeune. Je n'ai donc pas le choix, mais dès que j'ai pu je suis venue ici. D'ailleurs, c'est à deux heures d'où je demeurai avant. J'ai dû faire plusieurs sacrifices...
Ma mère se remuait dans sa chaise. Cela se voit à des kilomètres qu'elle n'est pas en santé. C'est triste à dire, et souvent à réaliser, mais que voulez vous. Elle souffre d'un malheureux cancer de la thyroïde. Le cancer est une maladie si atroce, ça me rend si triste de voir que tellement de monde en meurent chaque an. Une chose est différente quand c'est dans notre famille, c'est certain.
La thyroïde est une glande peu connue par les gens. En autres, elle produit des hormones thyroïdiennes. Quand celles-ci sont insuffisantes, comme dans le cas de ma mère, cela entraîne assez de problèmes. Parmi le tout, il y a des pertes de mémoires, une humeur dépressive, le ralentissement du rythme cardiaque et autres. Bref, c'est tout sauf un plaisir. Le pire dans tout ça, c'est qu'apparemment, il ne reste qu'un minuscule mois de vie à la personne la plus importante dans ma vie. Juste à y penser, j'ai le moral à plat. Il y a des jours où elle ne se rappelle même plus de mon prénom. Je suis frustrée après cette foutue maladie. J'en veux éternellement à quelque chose dont je ne peux même pas touché. Je lançais un regard de compassion à ma mère avant de me retourner vers ma cousine. Cela faisait quelques minutes que je suis en bas, mais je ne faisais qu'observer ma mère.
- Éléonore? M'interpella ma cousine.
- Quoi? Demandai-je, relevant la tête.
- Tu veux m'aider à préparer le petit déjeuner, s'il te plaît?
- Bien sûr, bien sûr, répondis-je, me dirigeant vers une armoire. J'en ressortis des bols.
- Tu es très bonne pour ta mère, me dit ma tante alors qu'elle passait à côté de moi pour aider sa fille.
- Merci beaucoup, Isabelle. Mais c'est vous deux qui a fait le gros travail.
- Ne dis pas ça! On a passées autant de temps que toi! Seulement quelques semaines de plus..., rajouta ma tante.
Je déposai les bols sur la table pendant que Marianne sortait les céréales. Je vis Isabelle mettre des gaufres dans le grille-pain et ressortir du miel par la même occasion. Je tirai mon chandail vers le bas, et je retournai vers ma cousine.
- Je veux... De l'eau, de l'eau, souffla ma mère, difficilement.
- J'arrive, Caroline.
- Merci, dit-elle dans un soupir. Elle passa la main sur son crâne nu. Elle avait de si beaux cheveux avant.
Je fis signe à Marianne de venir un peu plus loin. Je devais aborder quelque chose dont je n'avais pas envie que ma mère entende.
- Est-ce que tu crois qu'il lui reste qu'un mois, Marie?
Elle baissa la tête et commença à jouer avec ses doigts nerveusement. Je connais ma cousine et je sais fortement que cela n'est pas bon signe.
- J'ai bien peur que oui, Élé.
J'essayai de rester calme, en vain.
- Mais, mais, tu ne trouves pas qu'elle semble aller mieux? Je ne sais pas, j'ai cru que...
Ma cousine s'approcha et me pris dans ses bras.
- Chut...
- Je ne veux pas qu'elle meurt, Marie, je ne veux pas...
- Marianne, tu viens m'aider à terminer?
Marianne se dirigea alors vers sa mère, me laissant dans le coin sombre de la cuisine. Je rongeai mon ongle.
- Éléonore?
- J'arrive, Isabelle, désolée.
- Tu n'as pas à t'excuser, chérie.
Ce matin là, ma mère ne mangea presque pas. Moi non plus d'ailleurs. Je restai là, impuissante à penser au futur qui n'était plus si lointain que ça. À côté de moi, Isabelle et Marianne, qui resteront encore longtemps mère et fille. Je sais bien par contre que ma tante perdra sa sœur et que ce n'est pas si facile. Je dois arrêter de tout ramener sur moi, je ne suis pas la seule à vivre ce drame, mais ce n'est pas simple.
Ce soir là, je ne trouvai pas sommeil. J'avais beau me retourner dans tous les sens, je ne pouvais pas. Mes pensées tournaient sans cesse dans ma tête. J'aurais aimé les tuer. J'étais moins forte que mon cerveau, je devais l'admettre. Je sentais que je pouvais réfléchir encore comme cela des heures et des heures. Des souvenirs mes remontèrent à la tête. Des souvenirs qui me pincèrent le coeur. Cette fois-là, la malheureuse journée où est ce que j'ai appris que ma mère n'allait pas bien. Que plus rien ne sera comme avant. Mais aussi la journée où j'ai dû mettre mes problèmes personnels de côté, pour aider une autre personne. Elle en avait besoin, je le savais.
Alors que je sortais du restaurant où je n'avais pas l'habitude d'aller, une jeune femme me fonça dedans. Je venais de replacer mon téléphone dans la poche arrière de mon jeans et j'étais concentrée sur ce que je venais d'apprendre, alors je ne réalisai pas ce qui venait de se passer. Le contenu de mon café chaud se déversa sur son t-shirt.
- Merde! C'est chaud! Cria-t-elle.
Je clignai des yeux. Je savais que cette fille ne m'était pas inconnue, mais ma tête roulait à cent mille à l'heure.
- Oh, je m'excuse je suis vraiment désolée, je ne regardais pas où j'allais, soufflai-je, stressée.
Je n'avais pas l'habitude de réagir de la sorte. Mais j'étais stressée, angoissée, malade et surtout attristée. Quelques minutes plus tôt, alors que je venais de passer ma commande mon alarme de téléphone sonna. Je venais alors de recevoir un texto de Marianne. Elle me disait que ma mère sortait du bureau du médecin, car depuis quelques temps elle ne se sentait pas bien. Elle aurait dû y aller plus tôt. Mais elle ne l'a pas fait. Cela lui a donné le diagnostic du cancer de la thyroïde. Avec seulement quelques mois à vivre. Je ne savais pas comment réagir à ce message et je savais que Marianne se sentait très mal de me l'avoir annoncé. Je ne lui répondus donc pas tout de suite.
- Amy? Oh je ne t'avais pas reconnu.
C'était vrai. Sur le coup, je n'avais pas pensé que j'étais face à face avec elle. Je savais qu'elle vivait des choses assez dures dans ces temps, et je me sentais responsable de l'aider. On dit qu'une relation professionnelle doit restée professionnelle mais dans ce cas, je ne pouvais pas laissé quelqu'un dans cet état. Peut-être que mon jeune âge et mon inexpérience en ont décidé ainsi. Elle ne m'avait pas encore raconté ce qui n'allait pas, mais je devais savoir, c'était plus fort que moi.
- Hum, bonjour, madame?
Je détestais qu'on m'appelle madame.
- Éléonore suffira pour aujourd'hui, rigolai-je, même si je n'étais pas réellement heureuse.
Je réalisais alors que je venais de renverser mon café sur elle. Son chandail était bon pour la poubelle à cet instant, et cela devait chauffer. Je mis donc mes angoisses de côté et m'occupa de ce qui se passait.
- Oh, je suis vraiment désolée pour ton chandail. Veux-tu que je t'offres un café? Je pourrais te ramener chez moi ensuite pour que tu puisses te changer. Je ne te laisserais pas comme ça voyons!
Je voulais être l'héroïne pour elle. Mais tout ce que je faisais, c'était donner un autre morceau de mon âme, alors qu'il ne m'en restait plus énormément...
➰
Bonjour ! 😻 C'est avec grande joie que je publie enfin le premier chapitre de cette suite attendue 😏 #elamyisback J'espère que vous allez apprécier et surtout n'hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire comment vous avez trouvé ce chapitre ! Je vous aimes 💖
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