Cas-sang-dra

Elle pensait que les mots n'étaient que des maux.

Elle pensait que ce n'étaient que des lames acérées, qui transpercaient votre peau avant de faire couler votre sang, liquide poisseux au goût de ferraille, sillons vermillons et luisants qui dégoulinaient trop lentement sur les peaux pâles et dénudées.

Au fond, nous saignons tous de l'intérieur ; mais toujours, la douleur si longtemps dissimulée resurgit, on vomit, on crache, on régurgite toute cette souffrance qui n'en peut plus de moisir, et le liquide compact s'étale sur le sol, odeur acide et nauséabonde, goût amer de cette blessure qui ne pourra jamais s'estomper.

Elle était rongée par cette tuberculose infernale, alimentée par les propos de ceux qu'elle craignait, déjà elle n'en pouvait plus de vivre.

Le sang qui giclait, les poumons qui se consumaient.

Sang, sang, sang... sang qui régit mon corps.

Sens, sens, sens... sens la souffrance qui m'habite.

Cent, cent, cent... cent jours que ça dure.

Sans, sans, sans... sans toi, que serais-je ?

Et les larmes qui coulaient, liquide transparent se mêlant au rouge écarlate.

Hurlements qui jaillissaient, déferlaient, les rires et les moqueries qui l'ébranlaient graduellement.

❝ Intello.❞

C'était ainsi qu'on l'appelait.

Trois syllabes insignifiantes qui pourtant parvenaient à l'ébranler graduellement. Chaque jour, ce mot revenait, perfide poison qui embrasait son âme alors que ses poumons hurlaient à l'aide.

Les mots pouvaient également être des antidotes, mais ça, ça, oh non elle ne le savait pas. Toute sa vie n'avait été que souffrance, tout ça pourquoi ?

Parce qu'elle était différente.

Parce qu'elle pensait différemment.

Elle avait tout essayé ; mais toujours les cris revenaient, le sang s'écoulait, sa confiance diminuait.

Sang, sang, sang... sang qui jaillit de moi.

Sens, sens, sens... sens comme je te perds.

Cent, cent, cent... cent jours qu'je me meurs.

Sans, sans, sans... sans toi, je ne suis rien. 

❝ Intello, intello, intello... "

Mais à quoi lui servaient toutes ces connaissances, si elle était au bord du gouffre ? Si elle s'apprêtait à s'effondrer dans les bras de la Mort ? Toutes ces moqueries n'avaient plus d'importance, néanmoins elle ne parvenait pas à les oublier. Ancrées dans sa mémoire, elle serait obligée de périr l'encéphale empli d'insultes.

Le souffle lui manquait, elle paraissait s'enfoncer lentement dans son lit, latent sombrement dans le sommeil.

Vois, vois, vois... vois comme je m'éteins.

Voie, voie, voie... maudit' voie vers l'enfer.

Voix, voix, voix... petite voix qui m'endort.

Bois, bois, bois... vas-y Mort, bois mon sang.

Et alors qu'elle expirait son dernier souffle, les derniers échos du carnaval de Rio se dissipaient peu à peu, clameurs et chansons ayant tant bercé son enfance d'auparavant.

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