Chapitre 31 : Une danse lumineuse

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Li Mei, jour 53

Les pieds dans l'eau, Li Mei profitait du moment. Joochan et Jiho jouaient dans le bassin, au pied du Saphir. Tandis que le premier essayait de faire de la musique avec sa bouche et l'environnement qui l'entourait, le deuxième bougeait ses bras en rythme, leur donnant l'aspect des vagues et il se débrouillait étrangement bien ! Quant à Harin, elle accompagnait la phytothérapeute dans ce moment de détente, assise à ses côtés à regarder les garçons se trémousser.

— Et dire que Joochan a passé la vingtaine... Et pourtant c'est toujours un enfant dans sa tête ! fit remarquer Harin en passant ses cheveux derrière ses oreilles.

— Et ça ne va pas changer avec les années, je pense, se moqua Li Mei.

La benjamine posa son menton sur ses paumes pour mieux observer le garçon à la houppette.

— Ce qui est assez marrant chez Joochan, c'est qu'il est le seul à pouvoir échanger de réelles conversations avec Insu, fit constater la brune.

— En même temps ils sont aussi bizarres l'un que l'autre, bougonna Harin.

— Oh tu l'aimes bien Joochan quand même ! contesta Li Mei.

— Oui, oui il est marrant. Mais je suis sûre que tu pourrais bien t'entendre avec Insu aussi. Tu t'entends bien avec tout le monde de toute façon.

La benjamine se gratta la nuque. Elle était gênée d'entendre que son caractère convenait à tout le monde. Mais après quelques secondes de réflexion, elle démentit soudainement son amie.

— Non, avec Miya ça ne passe pas.

— Avec Miya aucune fille ne passe. Ça doit être physique pour elle.

Li Mei repensa à Insu. Le Créateur avait révélé sa salle de classe, voilà de ça quatre jours. Depuis, c'était assez surprenant, mais ils le voyaient plus souvent sur le camp. Ce n'était pas pour autant qu'il aidait ses co-équipiers plus que ça. Il leur donnait plutôt des leçons de moral, mais il se montrait plus présent. Probablement parce qu'il n'avait rien à faire dans la forêt à présent, il était plausiblement à court d'idée. Puis voir Joochan lui faisait sûrement du bien. Parfois ils disparaissaient du village pour que le Créateur lui donne des cours sur diable elle ne savait quoi.

Manshik essayait tant bien que mal de discuter avec Insu. Mais il prenait tellement la main sur la conversation que ça ne plaisait pas à ce dernier. Et Insu l'avait encore de travers que Manshik ait décidé de partir de sa salle de classe quelques jours plus tôt.

— Puis pour Insu... je ne sais pas. Il ne me fait pas peur mais... Je ne sais pas comment réagir face à lui, il est tellement...

— Étrange ? Stressant ? Imbus de lui-même ? proposa la couturière.

— Déconcertant, oui, corrigea Li Mei.

Un blanc s'installa, puis Harin se mit à jouer avec la surface de l'eau à l'aide de ses mains.

— Tu sais... J'aimerais arrêter le temps... Dans cinq jours j'ai mon rêve éveillé et... j'ai peur.

Li Mei esquissa un mince sourire et posa sa tête sur l'épaule de son amie.

— Qui n'aurait pas peur ?

— J'ai l'impression que Juwon n'attendait que ça.

— Je pense qu'il n'apprécie pas tant sa vie que ça sur l'île.

— Tu penses ? Pourtant aller chercher les Indices c'est vraiment quelque chose qui lui tient à cœur.

Li Mei déglutit. Elle n'aimait pas juger les autres ou établir des conclusions trop hâtives. Elle avait peut-être faux sur toute la ligne, mais c'était son ressenti :

— Je pense que c'est une façon pour lui de fuir l'île. De trouver une échappatoire pour retrouver sa vie d'avant. J'ai l'impression qu'il a besoin de ça.

— Et pas Sooah ? demanda la blonde en pensant à leur Leader qui voulait tout autant résoudre les mystères de l'île que Juwon.

— Je pense que Sooah le fait aussi beaucoup pour remplir son rôle, pour montrer d'une certaine façon qu'on doit avancer tous ensemble.

— Je suis d'accord avec toi, s'invita Jiho en prenant place à côté des filles, son t-shirt gris lui collant à la peau.

— Tu nous écoutes depuis quand ? fit Harin, surprise.

— Pas assez longtemps pour vous entendre parler de moi, taquina-t-il.

Li Mei se mit à rire puis plongea sa main dans la poche de sa jupe. Elle sentit son Identité. Son flacon d'huile de ricin qu'elle possédait depuis le début. Quel pouvait donc être son lien avec elle ? Plus les jours avançaient plus Li Mei craignait de le savoir.

Comme tout le monde au final – hormis Juwon.

La benjamine ne se rappelait même plus de ses sentiments désorientés, dévastés, angoissants et affligeants qu'elle avait ressenti au début de son aventure. À présent, sa vie était ici. Et même si elle souhaitait retrouver sa famille, ses amis, ou sa terre natale, elle était autant angoissée que Harin à l'idée de recevoir un rêve éveillé... Serait-il positif, négatif ? L'attente pouvait paraître longue. Et vu l'illusion de la femme qu'elle avait vue dans un hôpital, cela ne présageait rien de bon...

Li Mei atteignait bientôt deux mois de survie sur le Laboratoire. Elle l'avouait en son for intérieur, le temps était passé vite, et il passait de plus en plus vite. Mais les cent jours pour recevoir cette seconde étape était encore très loin.

Mais ils avaient avancé. Ils avaient compris une bonne partie du code des objets.

Les groupes sanguins.

Voilà pourquoi ils avaient tous eu ce souvenir au bout de six jours. Tout s'expliquait.

Le deuxième souvenir imposé, au bout de douze jours, était leur date d'anniversaire.

Li Mei avait beau retourner cette information dans sa tête, elle ne voyait pas quel était le lien avec le code des Indices. Peut-être qu'il n'y avait aucun lien pour cette nouvelle information.

Li Mei était de groupe A. Tout comme Juwon, Manshik, Sangook et cette fameuse Siyeon qui était partie de l'île pour urgence médicale. Cela voulait dire que le diapason, la pomme en métal, une cravate, un piège à rat, la broche en forme de trèfles à quatre feuilles, une écharpe florale, un vieux réveil, un morceau de nappe, un doudou abîmé et un badge avec écrit "30 jours" pouvaient lui appartenir. Comme ils pouvaient convenir à ses quatre autres co-équipiers du groupe sanguin A.

Sans compter sur les messages.

"Laisse-moi un peu de place, j'ai besoin d'être, au moins, aussi importante que ça."

"Oublie tout ce que tu sais."

"L'inspiration ne viendra pas en te noyant".

"Ils étaient exaltants... C'est vraiment dommage ce qui t'es arrivé... Vraiment dommage."

"Tu as fait tout ce que tu as pu. Ne te laisse pas abattre, et surtout, ne sois pas fâchée contre moi... Promets-moi de profiter de toutes les beautés qu'offre la vie."

Quel message pouvait donc appartenir à Li Mei ? Une chose était sûre, l'un d'entre eux était le sien. Mais lequel ?

Elle n'en savait fichtre rien et cela l'angoissait davantage rien que d'y penser.

Ils avaient encore du chemin à faire avant de comprendre totalement la raison de leur venue ici... Mais une chose était sûre, ils retrouveraient qui ils étaient, et cela serait peut-être plus proche qu'ils ne l'imaginaient.

Ils passèrent ainsi la soirée tous les quatre ensembles, autour de la cascade du Laboratoire.

Harin et Joochan ne cessaient de se taquiner, le garçon adorait entendre la blonde râler, il y allait à cœur joie. Tandis que Li Mei et Jiho rigolaient en douceur ou s'amusaient à faire des ombres à travers leur reflet dans l'eau.

C'était la première fois qu'ils restaient le soir, en petit comité. Et cela faisait du bien à Li Mei. Elle s'entendait tellement bien avec ces trois-là. Elle était vraiment heureuse de les avoir rencontrés. Elle aimerait pouvoir dire qu'elle ne regretterait pas son expérience sur le Laboratoire rien que pour les avoir connus.

— Allez un petit bain de minuit Harinie, proposa Joochan en attrapant les chevilles de la blonde avec rapidité.

Elle cria de toutes ses forces, Li Mei posa une main sur sa bouche, surprise.

— Allez Jiho, aide-moi, on va la mettre à l'eau ! cria l'autre garçon.

— Je ne m'y risque pas ! se dégonfla-t-il. Je tiens à mes tympans.

Pour toute réponse, Harin hurla d'avantage et Joochan lâcha prise.

— On va t'entendre du Diamant avec une voix aussi criarde que celle-ci ! râla le châtain.

— Toi on t'entend à longueur de journée, peu importe où nous sommes ! renchérit Harin.

Mais Li Mei n'écoutait plus. De petites lumières scintillaient au-dessus du Saphir. Ces petits rayonnements étaient en lévitation, caressant l'air avec tendresse. Une douceur incroyable s'en dégageait. La benjamine avait l'impression de rêver.

— Est-ce que... je suis toute seule à le voir ? murmura-t-elle.

Avec le temps, elle commençait à se méfier de ce qu'elle voyait ou entendait. Était-ce une illusion que l'Organisation lui envoyait ? Li Mei espérait que non. Elle n'osait pas regarder son bracelet, car elle ne voulait pas quitter le spectacle des yeux.

Les petits éclats verts se firent plus nombreux et certains se déposèrent sur des roches, des branches. Comme si un dessin se formait. Mais Li Mei avait beau regarder, cela ne ressemblait à rien de plus qu'un nuage scintillant d'une beauté époustouflante.

— Limmie, est-ce que ça va ? résonna la voix douce de Jiho à son oreille.

— Est-ce que tu vois ça, toi aussi ? répéta-t-elle, sans quitter le spectacle illuminé du regard.

Elle entendit au souffle de Jiho qu'il voyait la même chose qu'elle.

Elle sentit le garçon passer une main dans ses cheveux et respirer avec lenteur.

— Waouh... Quelle beauté ! Mais... ce sont des lucioles !

Li Mei risqua un regard vers le garçon. Elle sourit de toutes ses dents. Oui ! Il avait raison ! De multiples lucioles venaient d'éclairer le sommet de la cascade !

La benjamine trouva un nouveau charme au visage de son ami éclairé ainsi par les lueurs nocturnes.

Ses cheveux noirs, si bien rangés, illuminés par le clair de lune ajoutait une pointe mystérieuse à son aura. Ses lèvres rose clair offraient de la douceur à son visage et ses yeux sombres, d'où reflétait la lumière des lucioles, apportait un côté utopiste que Li Mei n'avait jamais observé chez lui.

Jiho était tout simplement élégant ce soir. Comme ces lucioles étaient majestueuses. Comme cette soirée avait été parfaite.

Li Mei lui envoya un sourire serein, comblé. Puis elle retourna son visage vers les lucioles.

Elle posa sa tête sur l'épaule de Jiho. Instinctivement. Puis ils observèrent les lumières dansantes avec légèreté, sous les moqueries et les râles de Harin et Joochan qui continuaient de se disputer.

À un moment, ils se rendront compte de la féérie qui se dérouleront sous leurs yeux, et à ce moment-là, ils n'oseront même plus parler.

Mais Li Mei n'osa pas les interrompre. Elle voulait profiter au maximum de ce moment.

Cet instant que lui offrait le Laboratoire.

Ces jolies images qu'elle enregistrait dans sa mémoire.

Ces instants inoubliables qu'elle n'aurait pas connu sur sa terre natale.

Car ici, l'île leur donnait l'opportunité de voir la vie autrement. D'avancer tant qu'il était encore temps et de profiter de chaque seconde comme si c'était la dernière.

C'était aussi, ça, la magie du Laboratoire.


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Un chapitre plus doux qui permet de revoir un point de vue de Li Mei, ça faisait plusieurs chapitres qu'on la voyait à peine.

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