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Sooah, jour 83

Sooah se promenait dans le Diamant, à la recherche de Minjae qu'elle avait à peine vu de la matinée. Puis elle vit, de loin, Chonhee lui faire un signe.

La nouvelle arrivée avait de longs cheveux châtains ondulés. Son corps légèrement potelé mettait en avant de jolies formes, rare pour une Coréenne. Elle leva l'extrémité de ses lèvres fines pour esquisser un sourire et s'abaissa pour saluer la Leader.

— Bonjour Unni, je me permets de venir te voir car je sais quel rôle j'aimerais exécuter ici.

Chonhee passa une main sur son nez, comme pour remonter des lunettes qu'elle ne possédait pourtant pas.

Cinq jours que la jeune femme était arrivée et elle avait déjà trouvé son rôle... Sooah en était soulagée.

— Bonjour Chonhee, oui. Dis-moi donc.

— En fait, j'aime bien sortir du Diamant... J'aimerais aussi pouvoir me rallier un peu à la cuisine.

Sooah hocha la tête et esquissa un rictus. Chonhee passait beaucoup de temps à aller voir Sangook.

La Leader ne savait pas si c'était Sangook qui intéressait la nouvelle, ou bien les plats qu'il cuisinait. Ou peut-être bien les deux. Mais Chonhee passait une bonne partie de sa journée à aller lui parler. Sangook, lui, en tant que bon professionnel, adorait travailler la tête dans ses poêles. Il n'écoutait que d'une oreille les paroles de Chonhee, et lui demandait parfois de le laisser tranquille. Une chance pour lui, la jeune femme l'écoutait et allait se rendre ailleurs.

Sooah n'était donc pas surprise de cette révélation.

— Oui ? engagea la brune, ne comprenant pas où Chonhee voulait en venir.

— J'aimerais pouvoir aider les Explorateurs à récupérer les fruits sauvages et les pièges à animaux.

Sooah ne put cacher sa surprise. Récupérer le travail des autres ?

— Un jour sur trois ils ne peuvent pas s'occuper de ces ressources, et je suis quasiment sûre qu'ils aimeraient pouvoir explorer l'île un peu plus chaque jour. Et non pas uniquement les jours où ils reçoivent les Signaux.

Il était vrai. Juwon et Jiho avaient des journées bien remplies. L'exploration était leur principale activité les jours où ils recevaient les Signaux – soit un jour sur trois -, et pourtant, il y avait encore pleins d'endroit à découvrir sur le Laboratoire...

— Je vois ce que tu veux dire. Est-ce que tu leur en a parlé ?

— Non, je n'ai pas réussi à les voir. À vrai dire je préférais te demander avant...

Mais Sooah n'écoutait plus. Elle voyait Li Mei, au loin, qui la regardait, les sourcils froncés. Comme si elle attendait pour lui parler.

Chonhee était pourtant nouvelle, mais elle était un vrai moulin à parole ! Et Sooah était loin d'en avoir fini avec ses explications.

Elle se permit de lever, avec douceur, une main pour faire taire Chonhee.

— Désolée, je dois te laisser... Mais c'est une bonne idée ! Demande-donc à Jiho et Juwon ce qu'ils en pensent et on se voit après, d'accord ?

— D'accord Unni ! J'espère que je ne vous décevrai pas, et merci beaucoup, j'ai hâte de pouvoir aider tout le monde !

Sooah s'avança vers Li Mei et porta un regard au ciel en même temps. Le temps était très grisâtre depuis ce matin et le vent était fort. Il ne faisait pourtant pas si lourd que ça... Elle ne savait dire si un orage allait éclater ou non.

— Excuse-moi de te déranger... J'aimerais te parler de quelque chose.

— Oui ? Dis-moi.

C'était rare que Li Mei vienne demander quelque chose à Sooah. Elle était assez autonome et allait souvent demander directement à la personne quand elle avait besoin. Elle passait rarement par Sooah.

— J'ai des suppositions à émettre sur l'utilisation des bracelets... commença-t-elle.

Li Mei avait redonné à Sooah un nouvel espoir. Elles venaient d'échanger pendant près d'une demi-heure sur le rôle de leur bracelet respectif.

La médecin était dotée d'une logique et d'une intelligence que Sooah avait négligé jusque-là. La Leader comprenait mieux pourquoi ils pouvaient trouver le sommeil si rapidement... Quand ils avaient veillé devant la cabane, les premiers jours, pour savoir qui la remplissait... Ils s'endormaient très souvent sans s'en rendre compte. Quand ils avaient déposé SiYeon, trop malade pour marcher toute seule. Ils s'étaient tous endormis quelques minutes plus tard... Tout ça, pour que ceux qui les observent, puissent venir la chercher sans soucis. Et tout ça, en les endormissant via le bracelet.

Et ceci pouvait donc être repéré par une diode rouge sur le bracelet quand il est en fonctionnement... Li Mei lui avait fait part de Harin qui avait cru que tout le monde parlait Japonais hier. À cause de son bracelet. Sooah s'était demandé s'il y avait un lien avec les flashs qu'avait vu Minjae un matin... Leur envoyait-on des signaux personnels ? Dans ce cas, qui d'autres en auraient reçu ? Et lesquels ?

Beaucoup de nouveaux questionnements mais aussi des avancées... Sooah en était comblée.

Li Mei repartit à son travail et la Leader s'étira, les mains vers le ciel nuageux.

L'horizon était noir... La brune se questionnait. Ne devait-elle pas dire à tout le monde de quitter leur poste ? C'était bien la première fois qu'ils avaient un temps pareil.

Mais sa pensée fut coupée par un maçon qui souriait jusqu'aux oreilles.

— Hey ! Ma Leader adorée, s'exclama-t-il d'une voix chantante.

— Salut Dakho, tu sembles d'excellente humeur.

— Oui, je suis très content, mon pont est enfin terminé !

— Ah oui ? ricana Sooah.

Cela faisait des jours que le maçon fabriquait un pont au-dessus de la rivière, à plusieurs centaines de mètres du Saphir. Et il semblait plus que soulagé d'être enfin arrivé à la fin de ses travaux.

— Je vais avoir beaucoup de choses à dire pour la prochaine réunion alors, se ravit la Leader.

— Que des choses positives j'espère, dit-il avec un clin d'œil.

— Bien évidemment.

— Et qu'est-ce que tu dirais de venir voir le pont en avant-première ? proposa-t-il avec entrain.

— Ce sera avec plaisir ! Et puis, avec ce temps, on saura tout de suite s'il est solide, le titilla Sooah.

Dakho sifflota tout au long du chemin. Si Sooah s'était contentée de regarder uniquement le maçon, elle aurait cru qu'un beau ciel bleu se tendait au-dessus de leur tête.

Même ce mauvais temps n'arrêtait pas sa bonne humeur. Et Sooah avait très envie de la partager ! Depuis la nouvelle de Li Mei et ce travail finalisé, rien ne pourrait morfondre la Leader.

Ils arrivèrent à destination.

Sur ce flot d'eau habituellement transparente, guidées par des roches grisâtres, tantôt rondes, tantôt pointues, Dakho avait dressé un pont en bois.

Le bois était clair, et les lattes qu'il avait disposées les unes à côtés des autres donnaient une forme de demi-cercle à la passerelle.

Ses rampes, d'un bois aussi clair, étaient customisées par des motifs en arabesques aux abords lisses et rondes.

Il y avait mis tout son cœur, Sooah ne pouvait que le constater. Et si elle savait siffler aussi bien que Dakho le faisait, elle aurait exprimé son admiration de cette façon.

— Il est très joli ce pont ! complimenta la Leader.

— Eh oui ! Et il est incassable ! Attends, assis-toi là.

Dakho posa ses mains sur les épaules de Sooah pour l'emmener un peu plus loin et la faire asseoir sur un rocher. Il la lâcha pour retourner au niveau du pont.

Il fit semblant de tirer une charrette.

— Oh yé, oh yé ! Laissez-moi passer, je suis chargé !

Il traversa son pont en tapant fortement avec ses pieds au passage.

Un fois de l'autre côté, il envoya un sourire satisfait à Sooah et tendit un pouce en l'air. Elle se mit à rire.

— Attends, regarde ça.

Dakho se mit au centre du pont, posa ses mains sur les rambardes et sauta à pieds joints sur la passerelle.

— Même les gros pourront passer ! s'exclama-t-il, heureux.

— Tu veux parler des ours ? se moqua Sooah.

— Oui, on peut faire copain-copain avec eux. Ah ! Et regarde !

Le maçon se mit à secouer les rampes avec violence. Sooah laissa échapper un cri de surprise. Mais pourtant, rien ne bougeait. Tout était solide.

Le vent se leva et Sooah s'attacha les cheveux en queue de cheval. Ses mèches lui cachaient de vue le maçon faire son cirque.

— Allez, maintenant viens. Voyons voir si elle supporte deux poids...

Sooah se leva et laissa échapper un rire.

— C'est une façon de dire que je devrais perdre du poids ?

— Non, tu ne dois absolument rien changer, dit-il taquin.

— Tu essayes de mousser ta Leader pour que je fasse un super discours sur ton pont lors de la prochaine réunion ?

— Mince démasqué, j'aurai essayé.

Sooah leva les yeux au ciel pour la forme.

Il était très rare qu'elle se retrouve seule avec le maçon. Mais elle aimait beaucoup ces moments. Dakho ne se prenait jamais la tête, et son sourire était communicatif et virulent. Sooah était assez curieuse sur le genre d'homme qu'il était avant d'arriver ici. Avait-il toujours été comme ça ?

Sooah posa ses pieds sur le pont et se mit aux côtés du maçon qui n'avait pas bougé du centre.

La Leader se mit à sautiller sur la surface pour tester sa solidité. Elle entendit un grincement. Elle regarda le maçon avec un regard plein de malice.

— Ah ! Ça grince ! C'est un pont anti-Sooah je crois, dit-elle en cachant un rire.

— Yah, yah, yah, c'est le bois qui travaille. Jamais il ne sera un pont anti-Leader.

Sooah croisa les bras et fut légèrement bousculée par une rafale de vent.

Elle leva les yeux au ciel et dégagea sa queue de cheval qui s'était collée à son visage.

— Waouh, je crois qu'on devrait rentrer... On va savoir si c'est un pont anti-tempête ou non, dit-elle, légèrement amusée.

Et pourtant, sur le chemin du retour, Sooah et Dakho avaient accéléré le pas. Le vent se faisait de plus en plus violent. Elle devait demander à tout le monde de rejoindre le Diamant. Le temps était inhabituel, ils ne pouvaient plus l'ignorer.

Le maçon, comme la Leader, laissaient place à une expression d'inquiétude sur le visage. Fini les sourires et la joie. Ils en avaient oublié les bonnes nouvelles qui avaient égayé leur journée quelques minutes plus tôt.

Quand ils eurent atteint le Diamant, Sooah bouscula Dakho accidentellement. Le village était dégagé de tous arbres, et le vent venait de la pousser sans peiner.

Dakho avait passé ses mains autour de ses épaules et ses bras pour la retenir.

— Ça va aller ? Je pense qu'on devrait mettre tout le monde à l'abri dans le Hall, proposa Dakho qu'elle n'avait jamais vu aussi sérieux jusqu'à maintenant.

— Tu as raison. Si ça continue de se lever, ça risque de devenir violent.

Ils échangèrent un regard, un signe de tête et chacun partit d'un côté.

Au moment où Sooah quitta Dakho, une pluie déchaînée se déversa.

Le ciel était gris, voire noir, et Sooah ne savait pas par où commencer.

Elle pensa à Minjae qu'elle avait cherché toute la matinée, elle espérait qu'il ne serait pas allé bien loin... Et ce fut comme si quelqu'un avait entendu ses pensées, elle l'aperçut sortir du dortoir masculin.

— Minjae ! cria Sooah en courant vers lui, les cheveux lui collant au visage. Va dans le Hall, nous allons réunir tout le monde. Est-ce qu'il y a du monde dans le dortoir avec toi ?

La pluie coulait à flot, Sooah se retrouva trempée jusqu'aux os. Elle cligna des yeux toutes les secondes. L'eau lui rentreait dans les pupilles et il était difficile de résister à ce temps déchaîné.

Minjae la regardait étrangement, comme s'il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Il la scruta de haut en bas et ajouta :

— Mais tu es trempée !

— Oui, ce n'est pas grave, dit-elle à toute vitesse. Regarde s'il y a du monde ici et ramène-les au Hall. D'accord ?

Minjae hocha doucement la tête, puis Sooah ne perdit pas de temps pour se retourner et courir vers le dortoir féminin. Le sol se gorgeait d'eau. Elle sentait ses chaussures se remplir et faire du bruit à chacun de ses pas.

Elle entra dans la hanok et poussa la porte de sa chambre. Personne n'était dedans. Elle poussa l'autre porte, où Chonhee y avait élu domicile depuis son arrivée. Elle n'était pas là non plus.

Sooah sortit et trouva Dakho un peu plus loin. Ses cheveux châtains collaient à son visage. Son t-shirt en lin blanc collait à ses pectoraux et à ses abdominaux. Sooah se réjouit un instant de porter un t-shirt rouge qui devait être bien moins transparent que celui du maçon.

Il accourut vers elle.

— J'ai trouvé Joochan et Chonhee. Je leur ai dit d'aller dans le Hall. Li Mei, Sangook et Kihyun y étaient déjà, cria Dakho pour couvrir le son de la pluie qui coulait à flot.

Le lieu de travail de ces trois derniers était dans l'extension du Hall. Sooah se réjouit de savoir qu'ils se trouvaient à leur poste.

— J'ai trouvé Minjae au dortoir. Je lui ai demandé d'aller dans le Hall avec les autres, s'écria-t-elle.

— C'est qui les autres ? demanda-t-il en fermant un oeil, dérangé par l'eau qui y coulait.

Sooah ne répondit pas... Elle n'avait pas vérifié. Elle ne pouvait pas savoir qui était à l'abri et qui ne l'était pas.

Elle sentit un sentiment désagréable la couver. Elle ne remplissait pas bien son rôle de Leader, elle était totalement perdue par cette tempête si soudaine.

— Euh, je...

Puis elle les vit. Minjae et Juwon quitter le dortoir pour courir vers le Hall.

— Il y avait Juwon, répondit-elle d'une voix forte.

— Il nous manque les pêcheurs, Harin et Jiho.

— Et Insu, ajouta Sooah qui était surprise de ne pas l'avoir oublié.

— Exact. Je vais entrer dans la forêt pour croiser Insu.

Le garçon passait toujours le plus clair de son temps dans la forêt sans que personne ne sache ce qu'il y trafiquait. À part cette balançoire, le créateur n'avait rien fait de plus.

— Ok, je vais remonter la rivière pour trouver les pêcheurs.

— Très bien. Je passe vite fait au Hall pour demander à quelqu'un de surveiller s'ils voient Harin ou Jiho arriver au Diamant.

Sooah hocha la tête et s'apprêta à partir. Elle s'arrêta dans son geste et se retourna vers le maçon qui partait déjà vers le Hall.

— Dakho !

Il se retourna pour faire face à la Leader.

— Fais attention ! cria-t-elle.

Aller dans la forêt était dangereux. Elle savait que le maçon ferait attention, mais elle préférait ajouter une couche. Elle voulait que tout le monde rentre sans problème.

Alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre la rivière, elle vit Harin, les bras chargés de tissus se battant pour avancer sous ces bourrasques.

— Harin ! cria Sooah avant de rejoindre la couturière.

Évidemment, Harin prenait soin de ses biens avant de prendre soin d'elle-même, ça n'étonnait même pas la Leader qui l'avait rejoint pour la décharger et l'aider à emporter ses affaires dans le Hall.

— Va te réfugier dans le Hall, on réunit tout le monde !

— Ok !

Harin n'ajouta rien de plus et baissa son visage pour avancer tête baissée vers le Hall.

Sooah l'accompagna jusqu'à la porte et l'ouvrit avec elle. Un brouhaha emplissait le bâtiment. Un bruit qui rassura Sooah. Bon nombre de personnes étaient en sécurité - si mettre tout le monde dans un le hall était une bonne idée...

Mais la Leader ne prit pas la peine de réfléchir plus longtemps et repartit vers la rivière, laissant Harin rejoindre les autres.

Pour son plus grand bonheur, elle y croisa Jiho qui avait trouvé refuge près d'une grosse roche. Elle lui ordonna de rejoindre le Hall. Elle lui demanda s'il avait croisé les pêcheurs mais il répondit négativement. Sooah continua sa route le long de la rivière, laissant Jiho retrouver le chemin du Diamant.

La jeune femme était subjuguée de voir la rivière si déferlante, elle commençait à déborder de sa capacité habituelle.

Le chemin de la brune fut semé d'embuches, des branches et même de jeunes arbres étaient tombés au sol.

Pourvu que les pêcheurs n'aient pas eu d'accident...

— Sooah !

La jeune femme tressaillit. Elle ne savait pas si c'était le froid et l'humidité sur sa peau ou bien le timbre rauque de Manshik qui venait de l'appeler. Jamais elle n'avait été si soulagée d'entendre sa voix grave.

Elle se retourna vers lui, il était accompagné de Miya. Les deux étaient trempés, tout comme l'était Sooah.

— On a laissé nos poissons sur place, on voulait rentrer à l'abri, lui lança-t-il quand la Leader eut atteint leur niveau.

— Vous avez bien raison ! Votre vie avant tout ! On part au Hall, tout le monde se retrouve là-bas, vous étiez les derniers !

Si le temps n'avait pas été si ardent, Sooah aurait sûrement voulu garder en mémoire cette entraide entre elle, Manshik et Miya. Le garçon tenait la main de sa co-équipière pour aller plus vite. Il jeta de nombreux regards à Sooah pour savoir si elle suivait bien.

La course aurait été belle hors de ce contexte. Et la Leader souffla enfin quand ils atteignirent le Diamant toujours intactes, malgré ces bourrasques.

Alors que Sooah allait entrer avec eux dans le Hall. Elle aperçut une silhouette sombre aux abords du village.

— Dakho ? Insu ? appela-t-elle à travers les rideaux d'eau.

On ne lui répondit pas, Sooah s'en approcha.

Elle fut prise d'un frisson de panique. Elle avait l'impression de connaître cette façon de se tenir, cette corpulence.

Mais ceci ne correspondait ni à Insu, ni à Dakho.

Quelqu'un était donc sortit du Hall ?

— Tu dois rentrer dans le Hall ! On doit se mettre en sécurité ! cria-t-elle.

Mais l'ombre ne bougea pas. Sooah s'avança, ses muscles tremblants sous ce temps impétueux.

Puis il entra dans la forêt, disparaissant de sa vision. Sooah cria, elle ne pouvait pas laisser quelqu'un risquer sa vie dans le bois. Des arbres tombaient ! Elle devait l'aider !

Au moment où elle se mit à courir, son cœur loupa un battement. Des bras l'enserrèrent, l'obligeant à s'arrêter.

— Sooah ! Tu vas où ?! Tu dois aller dans le Hall !

Sooah frissonna. Dakho.

Elle se retourna puis lui faire face et se défaire de lui.

— Dakho, il manque quelqu'un à l'appel ! Il est allé dans la forêt !

— Non, tout le monde est dans le Hall !

— Insu aussi ?!

— Oui, je l'ai trouvé, c'est bon, allons-nous mettre à l'abri.

Sooah recula d'un pas. Elle ne voulait pas rentrer, il y avait quelqu'un.

Elle devait l'aider.

— Dakho, il y a quelqu'un ! C'est peut-être une nouvelle ou un nouveau ! Je dois y aller !

La voix de Sooah se brisa. Quelque chose clochait.

Cette silhouette de taille moyenne, cette tenue droite, ces épaules en arrière, ces bras si fins... Tout lui était familier. Elle connaissait cette ombre, mais elle ne savait pas qui c'était.

Sooah fit demi-tour et courut vers la forêt.

Mais Dakho était bien plus rapide qu'elle. Il la rattrapa en un instant.

Sooah cria. Dakho entoura ses bras, sa taille, de sorte à ne lui laisser aucune manière de s'en sortir.

— Calme-toi Sooah ! Fais-moi confiance, tout le monde va bien ! Tu dois venir ! cria-t-il pour couvrir le bruit de l'eau, les rafales du vent.

Mais Sooah n'écoutait pas. Elle fixait l'endroit où cette ombre avait disparu. Des larmes coulaient sur ses joues sans qu'elle n'en comprenne le sens.

Elle l'avait perdu. Elle ne le retrouverait jamais.

Il lui avait échappé.

Cet espoir de savoir pourquoi elle était ici.

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Nous rentrons dans un côté un peu plus sombre pour ce chapitre... Sooah se rapproche peu à peu de ses souvenirs...

Qui pouvait-donc être cette ombre ? Était-elle réelle ou fausse ?