Chapitre 20 : Les quatre zones
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Manshik, jour 67
Manshik sifflotait, détendu. Il était assis à même le sol, le dos contre un arbre, les pieds surélevés reposés sur un tronc couché sur l'herbe. Il avait une longue herbe coincée entre ses dents qu'il s'amusait à faire bouger au rythme de ses lèvres. Il se cachait des rayons du soleil avec un chapeau qui couvrait son visage plutôt que son crâne.
Il s'était permis une petite pause depuis une bonne dizaine de minutes. Il entendait Miya s'activer derrière lui. Il essayait de couvrir le bouquant qu'elle faisait avec ses sifflements, mais ce n'était pas suffisant. Il commençait à taper ses doigts sur sa cuisse, au rythme de sa musique du Laboratoire.
— Sous cet aspect idyllique, tu nous plonges dans un sombre mystère. Sous cette lueur éphémère, tu nous gardes prisonniers par tes océans, chuchota-t-il au rythme de sa mélodie.
— Bon, Manfou ! Ta sieste est terminée !
Manshik se leva d'un coup, reposa son chapeau sur sa tête et jeta l'herbe qu'il avait mâchouillé.
Miya le regardait comme s'il avait fait quelque chose de mal. Elle venait de l'appeler par le même surnom que lui donnait Kihyun. Assez surprenant, pour ces deux êtres qui n'arrivaient pas à danser sur un même pied d'égalité.
— Oui, c'est bon ! Je suis requinqué à fond !
La jeune femme le regardait, les mains sur les hanches. Elle était postée devant un seau rempli de poissons, trop lourd pour elle. Manshik s'approcha pour prendre le contenant et le placer à l'ombre, près de la forêt.
Il était content. Ils revenaient riches en poissons ces derniers jours. Il ne savait pas le pourquoi du comment, mais peu lui importait. Il apportait de délicieux mets au Diamant.
Il rentrait chaque soir, le torse relevé, en ramenant ses récoltes fructueuses. Manshik se retourna vers la rivière où Miya se penchait dangereusement au-dessus pour récupérer un piège un peu trop loin du bord.
Sa petite sieste lui avait fait du bien et il était d'humeur farceuse. Il s'approcha de sa collègue tout en discrétion puis l'attrapa au niveau de la taille, la souleva et cria :
— J'ai attrapé un É-NOR-ME poisson !
Miya se débattit en bougeant ses jambes et en secouant son visage. Ses petits cheveux fouettèrent les yeux de Manshik qui la lâcha plus vite qu'il ne l'aurait voulu.
— T'es qu'un idiot.
Il le voyait bien, ce petit rictus qu'elle avait au coin des lèvres. Il la connaissait Miya. Elle faisait froide en apparence, mais elle aimait ce genre de taquinerie. Elle ne voulait pas le montrer, mais Manshik passait ses journées avec... Il discernait les facettes de sa personnalité.
Que les femmes pouvaient être compliquées. Il le savait, pourtant, ce n'était pas un secret. Il essayait de décrypter au mieux les sentiments de sa collègue pour qu'elle se sente bien à ses côtés.
Il l'observa récupérer le piège. Miya ne portait pas ses vêtements noirs et kakis, aujourd'hui. Elle avait un t-shirt et un pantalon en lin marron, rien de plus soft. Comme toujours, Miya se masculinisait et réfutait tout signe de féminité.
— Tu ne voudrais pas une tenue plus peps ? Un truc qui irait bien avec mes vêtements rouges ! proposa Manshik en se montrant lui-même.
— Je refuse d'être accordée avec toi.
Elle ne le regardait pas, mais sa voix était légère malgré le sens de sa phrase. Il savait que ça ne lui déplairait pas au fond.
— Allez ! On gagnera le prix de meilleurs collègues !
— Qu'est-ce que tu racontes ? Il n'y a pas de prix ici.
Miya s'assit à même le sol pour sortir les deux poissons attrapés par le piège. Manshik s'accroupit devant elle, sans pour autant l'aider.
— On pourra inventer ce genre de prix.
La jeune femme secoua la tête, signe que c'était une mauvaise idée.
— Tu ne veux pas que je demande à Harin de te faire une tenue accordée à la mienne ?
— Je t'interdis. Je n'en veux pas, dit-elle d'un ton sec.
C'était toujours comme ça, quand Manshik parlait d'une autre fille. Quand quelqu'un tout court parlait d'une autre fille. Miya avait comme une phobie. Parler de Sooah, Harin ou Li Mei était tabou chez elle. Le pêcheur n'avait jamais su pourquoi. Ressentait-elle une haine envers elles ? Ne se sentait-elle pas à sa place à leurs côtés ? Miya se fermait tout de suite quand il essayait de lui poser ce genre de questions, dont il n'avait jamais eu les réponses. Miya pouvait même parler avec Minjae ou Juwon. Mais jamais, au grand jamais, avec les filles.
— Tu sais quoi ? Je te la couds moi-même. Je fais un grand rectangle pour le corps, et deux petits pour les bras. Le tout, rouge comme moi.
— Je refuse de porter quelque chose d'aussi grossier, répondit-elle avec ironie, tout d'un coup plus légère.
— Une petite robe ça ne te plaira pas ? tenta-t-il.
— Arrête, je n'aime pas ça. Ce n'est pas confortable, bouda-t-elle.
Il releva sa mèche qui cachait son visage, puis approcha le sien, pour mieux la voir - et la taquiner par la même occasion.
— On ne voit même ton visage derrière ta crinière. Pourtant, j'adore te voir bouder.
Miya écarta sa main et leva les yeux au ciel. Il savait qu'elle le trouvait lourd mais Manshik s'en amusait ! Si il la pousserait à bout, le pêcheur le saurait : elle lui aurait lancé tous les poissons à la figure, comme elle lui avait déjà fait auparavent, quand ils apprenaient à se connaître.
— Tu veux que je te fasse une petite coiffure ? demanda-t-il en se redressant, faisant semblant de remonter des manches qu'il n'avait pas.
— Tu ne touches pas à mes cheveux, ils sont très bien devant mon visage.
Manshik croisa les bras. Comme toujours, Miya ne voulait pas démordre.
Il observa autour de lui. Il lui fallait une idée. Juste une petite idée... Il n'eut pas besoin d'y réfléchir à deux fois. Il les voyait. Ces fleurs blanchâtres qui poussaient près de la rivière. Il courut en attraper une et la tendit à Miya en lui offrant son plus beau sourire.
— Si tu refuses ce présent, alors tu rejettes notre amitié.
Miya souffla et attrapa la fleur sans aucune douceur.
— C'est moche de faire du chantage.
Manshik sauta et s'écria de joie quand elle accepta. Miya décrocha un nouveau rictus.
Le garçon aux cheveux aussi fous que ceux de sa collègue, reprit la fleur pour l'accrocher dans la tignasse de la jeune femme.
— Par contre, je te le dis direct : personne ne me voit comme ça ! C'est juste pour que tu me lâches la grappe. Et je refuse que tu dises que ça m'aille bien !
Manshik leva les mains vers le ciel, ferma sa bouche en collant sa lèvre du haut avec celle du bas pour montrer qu'il ne dirait rien. Il s'autorisa à faire un sourire, et tendit un pouce en l'air pour dire que la fleur dans les cheveux lui allait à merveille.
Le pêcheur ne s'arrêta plus de la matinée. Il était tel un charbon enflammé, boosté à 200%. Les poissons n'avaient qu'à bien se tenir, car Manshik allait tous les attraper.
Il tissait un filet. Il serrait comme un bœuf pour le rendre le plus solide possible. Il voulait devenir le meilleur de la région - pas très difficile, il était tout seul avec Miya.
Mais sa collègue le coupa dans son activité.
— Eh ! Le soleil est au zénith. Nous devons rentrer manger, il y a une réunion après.
Manshik leva son regard vers le ciel et ferma un œil. La voûte était d'un bleu éclatant et le soleil brillait de mille feux. Il semblait être près de midi, Miya avait raison.
Et la pêcheuse n'était jamais en retard pour les réunions. C'était quelque chose qui l'intéressait vraiment. Peut-être parce que c'était la seule façon qu'elle avait pour se tenir informée des avancées du Diamant.
Manshik lâcha son filet, déçu de faire une pause après une si bonne avancée. Il aurait pu continuer encore longtemps. Ou c'était ce qu'il croyait. En lâchant son travail, Manshik vit ses mains trembler, il avait trop sollicité ses muscles, sans s'en rendre compte.
Ses organes se retournèrent dans son corps, à la vue de ses tremblements. Le visage de Manshik se déroba d'un voile sombre. Il détestait voir ça. Il en avait... peur.
Le début de ses aventures ici n'avait été rien d'autre que des sueurs à répétitions, des tremblements aléatoires et tellement désagréables. Des sautes d'humeur incontrôlables. Ce mal-être avait été très présent. Il lui avait donné l'impression d'être très différent des autres.
Ces sensations l'avaient quitté depuis un moment maintenant. Cette période avait été très compliquée pour lui. Il craignait d'y retourner. Il se sentait bien mieux en tant que Manshik-pêcheur-jovial que Manshik-Explorateur-lunatique.
Il serra ses poings. Ses jointures devinrent blanches mais les tremblements persistaient.
Il quitta des yeux ses membres. Il plaqua ses deux mains ensemble et se promit d'arrêter de les regarder jusqu'au retour à la normale.
Ce n'étaient que ses muscles. Ils étaient endoloris et ils tremblaient. Tout était normal. Tout ceci allait disparaître.
— Bon, tu viens ? lança Miya, voyant que Manshik restait statique, le regard dans le vide.
— Hein ? Ah oui. J'arrive.
Il prit une grande inspiration. Il n'était plus celui qu'il était au début. Il était un homme meilleur, et il allait continuer sur cette lancée.
Il se mouva, et se déplaça enfin. Il suivit Miya. Elle posa délicatement la fleur qui était dans ses cheveux sur le tronc d'un arbre. Elle ne voulait pas être vue avec par les autres Joailliers.
Manshik n'insisterait pas. C'était déjà une belle avancée qu'elle la porte aussi longtemps.
Quand les deux pêcheurs arrivèrent au Diamant, Manshik se réjouit de voir autant de monde se regrouper autour d'un buffet qu'avait mis en place Sangook. Les tables avaient été mises dehors pour profiter de la journée ensoleillée. Des draps avaient été tendus au-dessus pour les protéger de l'astre lumineux. L'ambiance semblait y être légère et bon enfant.
Mais Manshik s'arrêta. Du coin de l'œil, il vit deux Joailliers parler avec discrétion, cachés derrière le hanok masculin.
Le pêcheur plissa des yeux pour mieux les apercevoir.
Juwon et Insu.
Depuis quand se parlaient-ils ces deux-là ?
Et pourquoi se cachaient-ils à la vue de tous ? Juwon semblait vouloir se faire discret, petit, avec son dos vouté, alors que Insu se tenait droit. Ce dernier passa sa main dans ses cheveux longs qui retombaient en cascade dans son dos.
Quelque chose se tramait. Jamais ils n'avaient échangé de mots ces deux-là. Manshik les soupçonnait, on leur cachait quelque chose. Et il découvrirait, un jour, quel serait ce secret.
Puis Juwon se retourna, et il se stoppa, plongeant son regard dans celui de Manshik.
Le pêcheur releva son torse, garda son regard droit, intense, dans celui de Juwon.
Il avait envie de lui dire "Tu ne me la feras pas à moi, mon gars". Mais il garda sa réflexion pour lui tout seul.
Être surpris en train de parler secrètement avec le gars le plus étrange du Diamant, c'était déjà une punition pour Juwon, et Manshik s'en réjouit intérieurement.
Il lança un rictus avant de détourner le regard pour rejoindre ses comparses au déjeuner.
Manshik en avait mal aux abdos à force de rigoler avec Dakho, son cher ami maçon à l'esprit aussi farceur que le sien. Il était détendu depuis que ses tremblements avaient cessé.
Li Mei et Jiho mangeaient à côté d'eux. Le pêcheur se réjouissait quand il voyait Jiho mettre la main devant sa bouche pour rigoler, ou que Li Mei se cachait le visage. Ils débitaient des âneries aussi majestueuses que la falaise qui séparait l'île en deux.
— Eh ! Limmie, tu ne pourrais pas nous faire un petit poison maison ?! demanda subitement le pêcheur.
Li Mei avala de travers, elle toussa et Manshik lui tapa dans le dos.
— Je ne pensais pas que ça te ferait un tel effet, se moqua-t-il en voyant la phytothérapeute se calmer.
— Waouh, mais ça ne va pas, dit-elle en essuyant une larme qui menaçait de tomber, pourquoi tu veux que je fasse ça ? Je ne veux la mort de personne !
Manshik lança un rire tonitruant.
— Je sais, je sais, moi non plus ! Mais écoute mon plan...
Manshik se pencha vers elle et porta une main à son crâne, pour montrer qu'il avait réfléchi à tout.
— Siyeon, tu sais comment elle est partie ?
Li Mei eut un moment de réflexion. Avait-elle oublié qui était Siyeon ? Après tout, était-elle au courant de qui était cette ancienne Joaillière ?
— En étant gravement malade ? répondit-elle d'une voix peu assurée.
Son visage s'illumina un léger instant puis s'assombrit la seconde suivante. Elle avait compris.
— Oublie tout de suite ! Je ne risque pas la santé de quelqu'un pour qu'il puisse rentrer.
Manshik tapa dans ses mains.
— Je savais que tu refuserais ! Mais tu as vu, il y en a là-dedans, dit-il en montrant son crâne. Ça se trouve ils t'ont envoyé pour ça.
— Arrête, le coupa Dakho avec un petit rictus, Li Mei va nous faire une syncope.
Manshik rigola avec force et Li Mei déglutit, les yeux grands ouverts, encore sous le "choc" de cette déclaration.
— Au fait, j'ai commencé ton paravent, continua le maçon pour détendre la médecin.
— Oh ! Merci beaucoup Dakho ! J'ai hâte de l'avoir ! dit-elle surprise qu'il ait déjà commencé sa commande.
— Tu pourras passer à mon atelier, voir si la taille te convient. Et aussi, pour savoir si je me lance dans des petits motifs pour te le personnaliser... Mais Sangook est plus méticuleux, il pourra te faire quelque chose de plus sympa que moi.
— Il refile le boulot, ricana le pêcheur.
Dakho mit sa main sur le visage de Manshik pour le faire taire.
Puis Sooah coupa court à toute discussion en élevant la voix.
— Nous allons commencer la réunion !
Comme à leurs habitudes, Sooah et Juwon se placèrent devant le Hall et les autres se mirent en tailleur au sol. C'était une tradition.
Manshik s'était toujours demandé, si les choses avaient été différentes, aurait-il été à la place de Juwon aujourd'hui ? Le bras droit de Sooah ? Ou aurait-il pu devenir Chef ? Il n'était pas passé bien loin de ce poste à l'époque... Mais l'âge et l'affinité avaient fait que Sooah avait atteint ce poste, et Manshik s'était réjoui que ce ne soit pas Juwon à sa place.
— J'espère que vous allez tous bien... dit la Leader, obnubilée par son carnet qu'elle tenait entre ses mains, afin de n'oublier aucune information à partager.
— Oui au top, merci pour ton inquiétude, s'écria Manshik, faisant rire la galerie.
Sooah leva un regard vers lui, sans sourire. Elle était fatiguée par toutes ses interventions, mais lui, il s'en amusait. Il lui envoya son plus beau sourire, rien que pour l'agacer encore plus.
— Tant mieux, répondit-elle malgré elle. Pour aujourd'hui, les nouvelles sont plutôt bonnes. Nous avançons. Tranquillement et sûrement, comme toujours, mais nous progressons et c'est surtout ça qu'il faut retenir.
Manshik siffla. Il se prit un coup d'épaule de la part de Kihyun qui s'était assis à côté.
— Les poules sont complètement guéries. Elles ne sont plus en quarantaine et ont rejoint la basse-cour avec tous les autres animaux. Elles reprennent actuellement du poids pour revenir à leur corpulence habituelle.
— Eh, eh !
Manshik leva la main, tel un enfant.
— Et nous on a de plus en plus de poissons ! On va se péter le bide pour les prochains repas !
— Tu viendras m'aider à les vider alors, ajouta Sangook, de plus en plus occupé en cuisine, avec l'augmentation constante des habitants au Diamant.
— Moi, moi, moi ! J'ai encore jamais fait la cuisine ! s'exclama Joochan qui essayait encore de trouver sa voie au sein du village.
Sooah laissa échapper un rictus.
Les réunions donnaient aussi l'occasion de pouvoir échanger tous ensemble. Et Manshik était bien le premier à lancer toute sorte de sujet. Il était content quand ses interventions arrangeaient Sooah dans ses affaires. Il pouvait lui prouver qu'il n'était pas qu'un clown, finalement.
— C'est une très bonne idée. Joochan tu aideras Sangook ce soir.
Joochan cria un "Yes" et tapa dans la main de Jiho, qui l'avait levé plus par politesse que par réel intérêt.
— J'en profite pour vous montrer aussi les deux nouveaux objets que nous avons trouvé. Une sacoche en cuir, et une carte rouge avec un masque noir imprimé dessus.
Juwon fit passer les objets à travers la foule.
Alors que Manshik blaguait en faisant semblant que la sacoche lui allait à merveille et qu'il porta la carte à ses yeux pour faire style qu'il portait le masque noir qui était imprimé dessus, certains d'entre eux entraient dans de longues réflexions quant à la signification de ces objets. Ils étaient visibles depuis le Hall. Mais les réunions permettaient aussi d'échanger sur leurs idées. Même si ces idées n'avaient encore mené nulle part.
— Nous avons découvert un nouvel endroit. Un champ fleuri, rempli de cosmos de toutes les couleurs mais principalement roses. C'est aussi pour cette raison que nous avons appelé cet endroit "la Rose".
— On veut des photos ou une visite guidée ! lança Manshik.
Juwon passa à Sooah un papier plié qu'elle ouvrit, face visible vers elle, avant de continuer à partager ses informations.
— Pas plus tard qu'hier, alors que Sangook venait de dessiner la Rose sur le plan, Jiho lui a demandé de le cartographier une deuxième fois avec une taille plus réduite. À force de découvrir des endroits, les Explorateurs ont besoin d'avoir un plan lors de leurs déplacements, car ils commencent à y avoir trop de zones différentes sur cette île...
Manshik se tut. Il sentait que cette information serait la plus importante de toutes.
— Alors que le plan habituel est roulé sur lui-même pour mieux le conserver, cette petite version a été pliée en quatre pour la transporter plus facilement.
Sooah gardait ce papier en main qu'elle avait dépliée quelques secondes plus tôt. Du point de vue de Manshik, cette page était blanche. Ce qui les intéressait se trouvait juste sur la face opposée.
— Sangook l'a dessiné ce matin. Et nous avons découvert quelque chose d'assez intéressant...
Sooah lança un regard dans la foule. Manshik le suivit pour tomber sur Minjae qui hocha discrètement la tête. Était-ce cet homme - presque invisible - qui avait découvert quelque chose d'aussi important ?! Lui qui, d'habitude, ne s'investissait pas dans les recherches.
— En pliant ce plan en quatre, nous avons remarqué quelque chose. Le Diamant est au centre, comme nous l'avons supposé depuis le début. Mais ici c'est flagrant, comme si l'île était séparée en quatre zones. Et c'est ceci que nous avons dessiné.
— Que ce soit dans le sens de lecture universel ou dans l'ordre d'écriture d'un symbole hangeul, nous avons noté les zones de 1 à 4 ou plutôt de A à D...
— La dernière lettre du code, souffla Harin subjuguée.
— Exactement, rebondit Sooah qui l'avait entendu de son poste de Cheffe. Si vous observez la sacoche de cuir que nous avons fait passer, son code est O22NB. Où a-t-elle été découverte ? À la Mélodie, où les palmiers sont plantés de façon symétrique.
Dans la zone B.
Manshik n'osait même pas couper ces explications, trop absorbé par cet avancement soudain.
— La carte mystérieuse rouge et noire a été découverte au Rocher du Lion, soit dans la zone D.
— Et son code c'est O92YD, lança Dakho qui tenait l'objet en main.
— Encore exact. Nous avons comparé tous les objets dans la matinée, et nos estimations s'avèrent justes.
Un brouhaha monstre s'éleva dans l'air.
Mais Manshik était calme, son regard était bloqué sur Sooah qui tenait encore ce plan plié en quatre dans sa main. Elle souriait sincèrement. Elle apportait de l'espoir à tous les habitants, elle semblait soulagée. Et Manshik s'en voulait de ne pas pouvoir apporter autant aux autres. De ne pas pouvoir participer à toutes ces découvertes, car il feignait la raison de leur amnésie, il feignait le fait de retrouver leurs souvenirs passés.
Il avait tellement peur de découvrir la vie qu'il menait avant. Car pour lui, ce n'était rien de bon. S'il était ici, c'était bien pour une bonne raison. Et il était persuadé qu'il était mieux sur cet île que dans sa vie en Corée.
L'arrivée de Kihyun lui avait donné cet espoir. Il ne voulait pas croire en cette histoire de devoir retrouver son passé et Manshik s'y était accroché. Pensant qu'ils pourraient se soutenir tous les deux. Pensant qu'il pourrait s'échapper de cette ancienne vie.
Mais un jour, on le rattrapera, et Manshik le savait au fond de lui : cette vie au Diamant ne serait plus qu'un vague souvenir de sa vie.
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Un mystère de résolu !!
À partir de ce chapitre, vous allez en apprendre un peu plus sur le fonctionnement et les mystères du Laboratoire... N'hésitez pas à me dire vos réactions ! Ou vos propositions si vous aviez pensé à quelque chose d'autre :)
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