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ELIZABETH
Je reste dans le lit, tremblante, sans oser me lever. J'entends les deux hommes discuter dans le salon, j'aimerais bien les rejoindre, mais je ne peux pas. Je vais les contaminer.. Il ne faut pas...
Je me réveille dans une salle aux murs blancs quelques heures après mon enlèvement. Les poings liés, je ne peux plus bouger. Un masque d'oxygène me couvre la bouche et le nez et pourtant, je n'en ai pas besoin. Je me sens bien, mis à part ma cuisse qui brûle et mes égratignures douloureuses.
Je m'agite dans le lit en essayant de parler, de crier, n'importe quoi, mais le masque camoufle mes sons. Seuls des gémissements se font entendre dans le silence de la chambre. Au bout d'un moment, quelqu'une entend mes suppliques et ouvre brusquement la porte, me regarde un instant puis sort à nouveau en fermant la porte derrière lui.
Je me débats de plus belle et dois arrêter lorsque mes poignets commencent à me faire souffrir. Soudainement, j'ai la tête qui tourne. Des étoiles apparaissent devant mes yeux, je ne vois plus clair. J'entends vaguement des gens discuter.
— Elle est censée être contaminée maintenant, non ? Tu m'avais dit que ce serait rapide avant que le virus contamine son système.
— Oui, justement, je vais vérifier ça maintenant.
La personne se penche près de moi et pianote sur un ordinateur. Un schéma de mon corps avec des lignes rouges qui avancent progressivement apparaissent sur l'écran.
— Ça fonctionne.
Elle m'enlève le masque et je fais bien attention de fermer les yeux pour qu'elle ne remarque pas que je suis consciente. Ce n'est pas trop difficile, en fait, mes paupières sont lourdes et je me sens nauséeuse. J'entends marmonner les deux autres hommes dans la salle avant qu'ils me laissent tous et claquent la porte à leur suite.
Quitte à blesser Gael, il ne faut pas qu'il me touche. Plus maintenant. Je ne supporterais pas de le voir souffrir comme moi à l'instant. Alors je fais taire la douleur qui me vrille le ventre et attrape un papier pour me moucher. J'ai le nez qui coule depuis quelques temps.
La porte s'ouvre doucement sur Mathis. Lui, je n'ai pas à faire semblant. Je me relève et me colle contre lui pendant qu'il me caresse les cheveux.
— Gael est allé t'acheter un truc à manger. Ça va un peu mieux ?
— Mathis, je suis contaminée.
Ses yeux s'écarquillent d'horreur et il s'éloigne légèrement de moi.
— Alors quand tu t'es fait enlever, c'était...
Je hoche rapidement la tête en me triturant les mains.
— Les symptômes ? Demande-t-il, les yeux dans le vide.
— Je ne sais pas, alors, je veux que tu finisses le truc de l'ordinateur le plus vite possible. Je veux que Gael ne se doute de rien.
— Comme ton ancienne relation avec lui ?
Je garde le silence et il soupire.
— Je t'aide déjà beaucoup en taisant votre passé. Mais je ne cacherai pas tout indéfiniment. Il finira par découvrir, Eli, il faut que tu lui dises.
— Non...
— Regarde, je t'aide dans la mesure du possible. Mais le jour où il pétera les plombs parce que nous lui avons menti tous les deux, ça risque de chauffer.
Je veux lui répondre, mais je suis interrompue par une quinte de toux violente. Mathis me passe un mouchoir en s'assoyant près de moi et en replaçant ses cheveux noirs. Je plaque le mouchoir contre ma bouche en toussant de plus belle. Puis lorsque j'écarte le papier de mes lèvres, je reste pétrifiée. Mat devient livide.
— Tu tousses du sang... Premier symptôme...
Je me cache le visage entre les mains et éclate en sanglots incontrôlables. Mathis me serre contre lui en me caressant le dos et en me murmurant des mots réconfortants à l'oreille. Je m'accroche à lui de toutes mes forces en trempant son t-shirt de larmes de fatigue, de désespoir.
Puis lorsque mes pleurs se calment, je me détache de lui en reniflant.
— Merci...
— De rien. Mais sache que je ne pourrais pas le lui cacher longtemps. Si ton état se détériore, je vais devoir tout balancer, Elizabeth. Je ne vais pas te laisser mourir.
— OK... je chuchote à contrecœur.
— Tu veux un verre d'eau pour te ressaisir avant qu'il arrive ?
— S'il te plait...
Il me tapote l'épaule et sort de la chambre d'un démarche assurée. Je suis rassurée d'avoir trouvé un ami si fidèle. Prêt à faire taire tous mes secrets.
Même les plus dangereux.
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