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Lorsque Mathis part à son tour, je me laisse choir sur mon lit en me passant les mains sur le visage. Je n'ai aucune espèce d'idée comment je vais réussir à dénoncer ce problème comme il faut ni comment sortir ma mère de ça malgré que je sais maintenant qu'elle a fait partie des gens qui ont planifié ma perte de mémoire. Peut-être qu'elle n'a pas nécessairement décidé ça elle-même, mais tout de même, pourquoi elle voudrait participer à une telle atrocité ?
Aucun manque d'argent, aucune famine, rien ne peut expliquer son implication dans ce truc.
Je fouille dans ma commode à la recherche d'aspirines pour le mal de tête quotidien qui me casse la tête à tous les matins au réveil. Je prends un cachet, me remplis un verre d'eau dans la cuisine et avale la pilule. Je retourne au lit en essayant de dormir un peu, en vain. Ça me torture trop l'esprit, il faut que je sache le reste des informations sur le virus. Il faut que j'aille une idée sur où il va être relâché, est-ce qu'il est injectable ou s'il se respire, s'il y a un antidote déjà inventé.
Mais je n'ai pas envie la voir, de lui parler. Que vais-je lui dire ? « Ouais, m'man, j'ai besoin de ton cahier d'expériences pour pouvoir te dénoncer et prépare-toi à te retrouver en taule, bisous » ? Non, je ne pense pas. Il faut que j'obtienne ça sans risquer de lui adresser la parole.
Je vais voir comment je vais réussir à faire ça...
ELIZABETH
Je prends un taxi cette fois pour me rendre à mon atelier puisque ma voiture est toujours chez moi étant allée chez Gael dans la voiture de celui-ci. Après une demi-heure de route, j'arrive à mon magasin où Maya est presque en état de panique.
— Dépêche-toi !!
— OK ! D'accord, du calme !
Je dépose mon sac sur le comptoir de caisse et vais accueillir la.. le client. C'est un homme finalement. Il se tourne vers moi et me dévisage avec circonspection, comme s'il voulait mémoriser mon visage.
— Bonjour, madame Salvatore.
— Salut ! Comment puis-je vous aider ?
— Je voudrais juste que vous me fassiez faire le tour de votre magasin pour inspection.
Hein ? On ne m'a pas prévenue...
— Pourquoi ne m'avez-vous pas dit que vous viendrez ?
— Il fallait vous prendre au dépourvu, madame, pour pouvoir observer votre travail sans que vous vous soyez préparés pour que nous soyons certains à 100% que ceci est votre routine habituelle. Et déjà ça commence mal puisque la gérante est en « vacances ».
Il m'énerve, déjà en partant.
Je le contourne en lui faisant signe de me suivre. Je l'emmène à l'arrière de l'atelier où je lui montre mes couturières au travail depuis ce matin à coudre des robes de soirée et de mariée. Elles lèvent toutes la tête vers moi en m'offrant un sourire et un signe de tête pour certaines. Il fait le tour des machines à coudre en hochant la tête avec satisfaction.
Je l'observe à la dérobée alors qu'il interroge mes employées sur leur salaire, leurs conditions de vie. Mais pourtant, il n'y a rien à reprocher. Une heure et demi de pause pour diner, des pauses de quinze minutes à chaque tranche de une heure quinze et des congés payés. Il veut quoi de plus ?
Il porte un long manteau noir et un bonnet sur son crâne que je devine chauve, hormis les deux touffes de cheveux présents au-dessus de ses oreilles. Il porte un jean bleu délavé avec une chemise blanche que je devine sous son manteau.
Il revient vers moi avec la même expression impassible.
— Vous êtes chanceuse, madame, votre atelier-magasin ou peu importe comment vous l'appelez ne fermera pas. Il n'y a rien à vous reprocher malgré que vous êtes en « congé »...
— Et alors ?
Il me fixe.
— Et alors quoi ?
— J'ai le droit de prendre des congés comme tout le monde, non ?
— Non. Vous devez toujours être là pour superviser le travail de vos employés. De tout manière, la discussion est terminée. Au revoir, madame Salvatore.
Il tourne les talons et me laisse perplexe. Comment ça je n'ai pas le droit à des congés ?! C'est quoi cette espèce de nouvelle règle ? En tous cas, je ne la respecterai pas, qu'il me montre ce qu'il va faire. Je salue Maya, attrape mon sac à main et sors de l'atelier avec la ferme intention d'obtenir ma journée de congé, qu'il le veuille ou pas.
Aucun signe de lui à l'horizon. C'est mieux comme ça.
Je prends à nouveau l'autobus et m'assois au fond en brûlant intérieurement de colère. Je suis sûre qu'en fait, ce n'est même pas un inspecteur. Je mets mes écouteurs en attendant que j'arrive à l'arrête le plus proche de chez moi pour pouvoir prendre ma voiture et filer chez Gael pour m'excuser.
Je sais que c'est sa mère, qu'il l'aime et tout le tralala, mais la justice s'applique sur tout le monde, il n'y a pas d'exception. Du moins, c'est-ce que je pense. Je m'en veux de lui avoir fait de la peine ce matin et la culpabilité va me tuer si je ne vais pas lui demander pardon.
Mais j'ai toujours connu Gael comme ça; prêt à rendre justice, mais lorsque ça touche sa famille, gare à toi.
Au bout d'une vingtaine de minutes, j'arrive à l'arrêt qui est à une rue de mon appartement et débarque avant de me diriger lentement vers le stationnement en profitant du beau temps qui règne dehors.
Mais je n'ai pas le temps d'en profiter.
Parce qu'une petite flèche se fiche dans ma cuisse et je m'écroule en perdant connaissance.
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