🌸 t w e n t y t h r e e ; distance 🌸
♫ Heal - Tom Odell ♫
Ana lisait sur un banc, assise dans le parc tandis que je revenais du travail, l'ayant directement rejoint ici. Sur mon chemin pour la rejoindre, j'aperçus un marchand de glace, alors je décidais de m'arrêter pour prendre deux cornets.
Je n'oubliais pas le parfum préféré d'Ana, la pistache, qu'elle pouvait manger sous toutes ses formes. Je remerciais le vendeur avant de la rejoindre, m'asseyant à ses côtés sur le banc.
Elle se tourna vers moi, ses cheveux au vent avant de déposer un rapide baiser sur ma joue, déplaçant son regard sur les deux cornets.
- C'est pour moi ? demanda t-elle en souriant
Je hochai la tête en lui tendant le cornet à la boule verte, son sourire s'agrandissant.
- T'es génial, merci beaucoup !
Son sourire à lui seul avait permis d'égayer toute ma journée, et surement ma semaine.
Ana dégusta sa glace, et je fis de même, nous plongeant dans un silence reposant, seul le bruit des oiseaux et des enfants se faisant entendre.
- Comment on s'est retrouvés, demanda t-elle en quittant sa glace des yeux, après l'université ?
- Cette histoire ne sera pas pour maintenant, il faut d'abord savoir comment on s'est quittés..
...
Dix ans plus tôt.
Seul, dans la chambre de mon appartement, je voulais prendre une décision. Ana et moi étions toujours ensemble, mais c'était tellement différent. Nos vacances n'étaient pas sur les mêmes semaines, ce qui faisait qu'il était difficile de se voir.
Nous étions au mois d'avril, et les cours se terminaient en juillet. J'avais cependant appris qu'Ana devait partir chez sa tante quelques semaines pendant les grandes vacances étant donné de l'état de son grand père.
Ana avait beaucoup changé vis à vis de moi, et je ne remettais pas en cause le fait que j'avais changé également. Nos crises de jalousies étaient fréquentes, et toujours plus grosses chaque semaines. Ayant des fiertés presque aussi grosses que nous même, nous avions du mal à revenir vers l'autre, et nos activités préférées étaient de se rendre jaloux en postant des photos accompagnés de camarades de sexe opposé. Et je n'en pouvais plus.
Je ne remettais pas en doute le fait que nous nous aimions, bien au contraire, mais cette distance nous faisait gâcher tout ce que nous avions construit au fil du temps. J'en devenais malade.
D'un côté, je ne voulais pas la perdre, car je l'aimais à un point que je ne pouvais même pas expliquer. Mais de l'autre, nous étions en train de nous détruire, et je me détruisais également. Je ne voulais pas arriver à un point où j'allais la haïr parce que nous ne cessions pas les coups bas.
Alors je pensais à la séparation. Je me déchirais le cœur rien qu'en songeant à cette éventualité, mais d'un côté, je me disais que c'était mieux pour nous. La distance ne nous aidait en rien, et Ana semblait se détacher de moi au fil des jours. Mon cœur s'opprimait en repensant à notre histoire, aux premiers mois de notre relation, et toutes les bonnes choses que nous avions connues. Je ne savais pas vraiment si j'étais prêt à dire au revoir à tout ça.
Mais je le devais, parce que notre histoire se dégradait, et il n'allait en rester que des cendres à la fin, quelque chose d'irrécupérable, de brisé à jamais.
Je ne voulais pas la quitter au téléphone, mais je ne voyais aucune solution, je ne pouvais pas prendre la route juste pour lui annoncer que je mettais un terme à notre relation. Je me connaissais par cœur, rien qu'en la voyant, j'aurais oublié la raison pour laquelle j'avais parcouru tout ces kilomètres et je l'aurais embrassé, profitant de chaque seconde à ses côtés.
Je l'aimais, comme un fou, mais un tas de petites choses m'avaient fait prendre conscience de la monotonie de notre relation, et de la direction qu'elle prenait. J'avais eu le déclic il y a un mois, lorsque je l'avais appelée et qu'elle dormait chez une amie. Tout se passait bien en apparence, jusqu'à ce que j'entende des voix masculines.
Vous pourrez dire ce que vous voulez, c'est peut-être rien, c'est peu être trop, mais cet événement à réveillé quelque chose en moi. Je ne sais pas qui étaient ces mecs, et à vrai dire je mentirais si je disais que je n'étais pas jaloux. Mais c'était étrange. J'avais le sentiment de ne pas en vouloir à Ana, mais plutôt en vouloir à moi d'être là.
Je savais qu'elle refusait souvent des sorties avec ses amies parce qu'elles étaient toutes en couple et qu'elles essayaient de lui trouver quelqu'un. Peut-être que parmi tout ces gars là, l'homme de sa vie l'attendait. J'étais peut-être que de passage, je n'étais peut-être que celui qui l'avait ouverte à l'amour. Je ne voulais pas qu'elle regrette en se disant qu'elle était passée à côté de quelque chose, à cause de moi.
Alors les mains tremblantes, j'attrapais mes clés et décidai qu'il n'y avait rien de mieux qu'un petit jogging pour prendre l'air et m'éclaircir les idées. En m'élançant dans les rues bondées, je jetai un coup d'œil à la photo de nous deux que j'avais en fond d'écran.
Je ressentais la nostalgie qui me comprimait à ce moment là. Je repensais à ce jour ci, ainsi qu'à tous les autres qui avaient suivi. On était heureux. Que s'était-il passé ?
J'entrais dans un parc, ressentant le besoin de me défouler, et courir pour évacuer tout ce que j'emmagasinais depuis quelques mois. Mais malheureusement, chaque foulée que je faisais n'avait aucun effet sur le poids qui pesait sur mon cœur. Je devais prendre cette décision pour nous deux.
Regardant mon téléphone une dernière fois, je constatais qu'elle ne m'avait pas envoyé de message, rien. Depuis deux jours, nous n'avions pas parlé et elle semblait s'en contenter. Notre histoire ne pouvait plus durer de la sorte, du moins je ne pouvais plus agir comme si tout allait bien.
Je portais le téléphone à mon oreille, m'asseyant sur le banc le plus proche. Ça sonnait chez elle, et au moment où je pensais qu'elle ne décrocherait pas, j'entendis sa voix à l'autre bout du combiné.
- Josh, tu vas bien ?
Je prenais une grande inspiration. C'était dur mais j'allais m'en remettre.
- Hey Ana, dis-je, ça va et toi ?
Je ne savais pas trop comment commencer une conversation de rupture. Autant j'étais un gros connard avant, autant je n'avais jamais brisé le cœur d'une fille de la sorte. Ou plutôt mon cœur à moi.
- Ça va, pourquoi tu m'appelles ?
Le fait qu'elle me pose la question me confortait dans mon choix. Je n'avais jamais eu besoin de justifier les raisons de mes appels, cela montrait bien que quelque chose avait changé entre nous, que quelque chose s'était brisé.
- Je .. je voulais te parler de quelque chose.
- Dis moi ?
Vas-y Josh, t'es un homme.
- D'abord, je veux que tu m'écoutes jusqu'à la fin, dis-je pour commencer, et je sais que tout va te paraitre confus mais je comprendrais et tu pourras me poser autant de questions que tu voudras.
Et m'insulter aussi, éventuellement.
- Tu me fais peur Josh..
Je me haïssais déjà pour ce que je m'apprêtai à faire.
- Écoute Ana, je.. Je sais que notre relation à changé, et tu le sais aussi. Je ne vois pas où on va, et chaque jour on s'éloigne et on perd ce truc qui nous unissait. Je prenais une pause. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivé, et à l'heure d'aujourd'hui je ne vois pas ce que j'aurais fait sans toi. J'ai adoré ce qu'on a vécu ensemble et je te remercie de m'avoir changé, de m'avoir fait devenir quelqu'un de meilleur, car j'avais perdu espoir. Mais.. Mais je ne supporte plus cette distance entre nous, je ne supporte plus de devoir compter les jours pour te voir, pour finalement que les choses ne se réalisent pas, je ne supporte plus d'être loin de toi, et de te priver de quelqu'un, ou de ton bonheur qui pourrait se trouver juste sous tes yeux. Mes sentiments sont toujours là Ana, et ils resteront où ils sont, mais je pense que cette distance entre nous me coupe l'air et nous empêche d'avancer..
Pour la première fois, je sentais les larmes monter à mes yeux, tant ce que je faisais m'affectait.
- Qu'est ce que tu veux dire Josh ? demanda t-elle d'une petite voix.
Elle savait très bien ce que je voulais dire, elle voulait juste savoir si j'étais capable de le prononcer.
- Je préfère qu'on s'arrête là Ana.. murmurai-je en sentant mon cœur se briser en mille morceaux. Je sais que c'est lâche de faire ça par téléphone, et je sais que tu m'en veux du plus profond de ton être, mais je pense à toi, et je pense à nous. Je ne veux pas que notre relation continue de se détériorer parce qu'on aurait pas eu la force d'y mettre fin. Je veux que tu sois heureuse, et après mure réflexion, ce n'est surement pas avec moi que tu le seras.. Je suis désolé pour tout Ana, je suis désolé d'avoir bousillé ta vie, et de t'avoir empêché de trouver ton bonheur. Je veux juste que tu saches que je ne te souhaite que les meilleures choses qui puissent arriver, et que j'aimerais te garder dans ma vie pour toujours. Je doute que tu veuilles qu'on reste amis après ce que j'ai fais mais sache que je t'aimerais, pour toujours.
La ligne était silencieuse, j'étais même à me demander si elle n'avait pas raccroché, jusqu'au moment où je l'entendis sangloter au bout du fil. Ce fut a partir de ce moment là que je sentis tout me lâcher en moi. Les larmes roulaient à présent abondamment sur mes joues, mais je savais que j'avais pris la bonne décision.
- Je ne t'en veux pas.. Tu as raison Josh, répondit-elle d'une voix calme, je n'ai pas envie de tout gâcher non plus, et moi aussi je veux que tu trouves quelqu'un de bien, quelqu'un qui te rendra heureux, plus heureux. Tu n'as pas à t'excuser de n'avoir apporté que du bien dans ma vie, tu l'as bouleversée, et même si aujourd'hui tout se termine, j'ai été heureuse d'être avec toi Josh. Je ne te promets pas qu'on sera amis mais une chose est sure, je veux continuer de te parler, je ne vais pas pouvoir t'effacer comme ça.. Je te souhaite que tu sois heureux, et que tu trouves celle qui te correspondra, qui sauras te combler entièrement..
Elle était celle qui me comblait entièrement. Cette fille qu'elle décrivait, c'était elle, totalement elle. Elle, me rendait heureux, elle me correspondait. Mais les choses n'étant jamais simples, il fallait que j'abandonne tout.
- Je t'aimerais toujours Ana, crois moi.
- Moi aussi Josh, moi aussi.
Sa voix était brisée, surement comme son cœur. Je savais que c'était le bon choix, même si il aurait pu se passer dans de meilleures conditions. Mais ça serait bénéfique pour elle, et pour moi.
J'espérais juste que nous allions garder contact, bien que je comprenais qu'elle ne veuille plus parler au connard égocentrique qui lui avait brisé le cœur. Mais le mien l'était également, comme quoi je n'étais pas intouchable dans cette histoire.
Je n'avais jamais connu ce sentiment, mais j'espérais ne pas le ressentir à nouveau de sitôt, car il m'avait déchiré de l'intérieur. J'étais brisé moi aussi. Josh Carter était brisé par l'amour. Qui l'eut cru.
...
🌸
❝ Take my mind and take my pain, like an empty bottle take the rain ❞
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