♫ You were never gone - Hannah Ellis ♫

Ana partit dans la salle de bain pour rincer ses mains, tandis que je fermais les yeux, appréciant cette sensation de bien être se propageant en moi.

Je me retournais sur le dos, passant mes bras sous ma tête et admirant le plafond blanc, tandis qu'Ana vint s'asseoir à mes côtés sur le lit.

- Tu as toujours bien su masser, dis-je en me retournant légèrement vers elle, parce que tu t'entrainais sur moi.

Elle se mit à glousser, posant à présent sa tête sur l'oreiller, son regard toujours tourné vers moi.

- On s'est remis beaucoup de temps ensemble après que tu m'aies quittée ?

...

Neuf ans plus tôt.

Je me dirigeais vers le bureau du directeur de l'université, une seule idée en tête. Il y a deux mois, je m'étais luxé l'épaule suite à un accident avec un ami. De ce fait, je m'étais fait opéré afin de remettre rapidement mon épaule pour être capable de rejouer le plus vite possible. Cette année était décisive, et je ne devais perdre aucun match, sinon je pouvais dire au revoir à ma licence.
Le directeur m'avait annoncé qu'il avait reçu les résultats de mes derniers tests à l'hôpital, et j'avais hâte de découvrir si je pouvais rejouer ou non.

Je pensais à Ana, qui attendait également la réponse, cette réponse qui allait décider de mon avenir, et ma carrière. 
Notre relation avait quelque peu évolué, après notre rupture il y a presque un an. Nous étions restés amis, nous appelant de temps à autres pour prendre des nouvelles, se souhaiter les anniversaires. Nous discutions un peu de nos rencontres, et nos relations, bien que je serrais les dents à chaque fois qu'elle me racontait ses rendez-vous. Mais c'était moi qui l'avait voulu, j'en assumais les conséquences.

J'étais également sorti avec quelques filles, mais je n'avais jamais réussi à dépasser le stade des baisers un peu langoureux, Ana trottant toujours dans ma tête. Même si nous n'étions plus ensemble, j'avais un sentiment de culpabilité qui me rongeait.

Ana et moi ne nous étions revus qu'une seule fois, à l'anniversaire d'Erica auquel Emma était conviée. Ma mère m'avait demandé de l'accompagner, jugeant que cela aurait pu être une bonne occasion pour retrouver Ana et essayer de retisser des liens avec elle.

La tension avait été palpable, nos regards se croisant, nos discussions brèves, et nos envies de se sauter mutuellement dessus afin de se retrouver. C'était comme au début, nous étions gênés au contact de l'autre, comme des gamins de sept ans. Finalement nous rentrions bien dans le thème. C'était tellement étrange, parce que nos discussions en messages paraissaient se dérouler comme entre deux vieux amis, mais en réalité, nous étions comme deux ex, ce que nous étions réellement.

Je toquais à la porte du bureau, entrant lorsqu'on m'en donna la permission. Je m'asseyais face à lui, un peu nerveux à l'idée d'entendre le verdict.

- Bonjour Josh, commença t-il, on a reçu tes résultats et je voulais les ouvrir avec toi afin qu'on les découvre en même temps.

Je hochai la tête tandis qu'il me tendit l'enveloppe, que j'ouvrais immédiatement.
Je lisais en diagonale, tentant de me rendre à l'essentiel. Je compris très rapidement que mon destin se trouvait dans les dernières lignes.

- Alors ? demanda le proviseur, aussi impatient que moi.

Je relevais les yeux vers lui après avoir lu ce que j'attendais de lire.

- Ils disent que je dois arrêter la compétition, dis-je d'une voix monotone, car mon bras est trop fragile et qu'il est préférable que j'arrête le football..

- Je suis vraiment navré Josh, répondit-il, mais cela signifie que tu ne peux pas continuer le programme, tu en es conscient ?

Je hochai la tête, à la fois triste et à la fois agréablement soulagé, car une idée apparaissait dans ma tête.

- Je peux demander à ce qu'on te redirige dans un autre programme de l'université, si tu le ..

- Non ça ira, merci, rétorquai-je à la hâte, j'ai un autre plan, je vous enverrai mes papiers de désinscription. Merci pour tout ! Au revoir.

Et je quittais le bureau sans attendre une seconde de plus. Je courrais à travers le campus, slalomant entre les groupes de gens discutant dans les allées et les étudiants se baladant à vélo. Je montais les marches quatre à quatre avant d'ouvrir la porte de mon appartement, me rendant sur un site de compagnie aérienne.

Je regardais les vols en direction du New Jersey, défilant entre les pages en tentant de ne manquer aucune annonce. Après quelques minutes, j'en trouvais un qui partait dans trois heures. Sans plus réfléchir, je réservai une place, prenant le soin de la transférer sur mon téléphone avant de fermer mon ordinateur subitement. Je me levais, me dirigeant vers ma chambre avant d'attraper un sac afin d'y mettre quelques affaires, du moins le strict nécessaire.
Ma décision était prise. Depuis quelques temps, je constatai que j'étais capable de prendre des décisions par moi même, sans avoir besoin de quelqu'un derrière moi. Je changeais,  moi aussi.

Jetant un coup d'œil à l'horloge, je réfléchissais à ce que je m'apprêtai à faire. Tout quitter, sur un coup de tête. Mon destin était scellé avec cette blessure, je n'allais pas pouvoir faire carrière dans le sport. En y réfléchissant, j'avais perdu deux ans de ma vie à pratiquer ma passion en y mettant mon âme et en y perdant tout ce que j'avais, pour au final devoir y mettre fin à cause d'une stupide blessure. Mais je croyais au destin, et j'étais persuadé qu'il y était pour quelque chose.
Je regardais mon téléphone, y trouvant un message d'Ana me demandant pour mes résultats. En souriant, je le verrouillais, sans prendre la peine de répondre : j'allais lui dire de vive voix.

Je mettais un peu d'ordre dans mon appartement, m'apprêtant mentalement à lui dire au revoir. C'était une grosse décision, certes, mais je n'allais pas la regretter. Je ne pouvais pas passer à côté de l'amour encore une fois.

🌸

A l'aéroport, j'attendais que mon vol soit appelé, prêt à monter dans cet avion et y passer trois heures pour la rejoindre. Je décidai tout de même de passer un coup de fil à ma mère, histoire de la tenir un peu au courant.
Elle décrocha à la première sonnerie.

- Mon chéri, comment tu vas ?

- Ça va super maman, j'ai juste pas trop le temps, il faut que je te dise quelque chose..

- Dis moi ? demanda t-elle, d'ailleurs c'était pas aujourd'hui que tu devais recevoir tes résultats ?

Bingo.

- Justement.. murmurai-je. Juste, écoute moi, je fais peut-être la plus grosse erreur du monde, et je comprendrais que tu ne voies pas l'intérêt de mon choix mais.. J'ai quitté l'université. Mes résultats étaient mauvais et je ne me voyais pas continuer là bas sachant que je ne pourrais plus pratiquer le sport et faire les études que je désirais. Je prévois également de rendre l'appartement, et tout ce qui va avec, je ne compte pas rester dans le Michigan..

- Tu vas rentrer à la maison ?

- Pas pour l'instant maman, soupirai-je tristement à l'idée de lui faire de fausses joies, je.. Ana me manque, vraiment. Je suis à l'aéroport et je vais aller la rejoindre. Je veux vivre avec elle maman, je veux plus être séparé d'elle, mais je ne sais pas si elle voudra de moi vu que je l'ai quittée. Mais je veux essayer.. Je sais que tu penses à mon avenir, mais je vais travailler, je vais retrouver quelque chose mais la seule chose que je veux maintenant c'est Ana.

- Je suis tellement fière de toi Josh, déclara ma mère, que je présumai au bord des larmes, tu as tellement grandi. J'ai confiance en toi, je sais que tu retrouveras quelque chose à faire. Ne perds pas de temps, va la rejoindre, et ne t'inquiète pas, je suis sure que tout va bien se passer.

- Je l'espère, soufflai-je, je l'espère vraiment.

J'entendis une voix au microphone qui demanda à tous les passagers du vol en direction du New Jersey de se rendre à leur porte. Il était donc temps pour moi de dire au revoir à ma mère.

- Maman, je dois y aller, dis-je, je t'appellerais pour te tenir au courant, et je viens te voir dès que je peux, c'est promis.

- Bien sur mon ange, profite. Et j'espère que la prochaine fois qu'on te voit, ce sera avec Ana.

Je souriais en espérant que cela allait se réaliser.

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A peine un pied posé sur la terre ferme, je m'empressai de récupérer mon bagage. Il était à peine quatre heures de l'après midi, un samedi, et j'imaginais Ana dans son appartement à lire un livre dans le calme.

Je n'avais pas une seconde à perdre, alors je me rendis sur le parvis de l'aéroport, faisant des signes pour appeler un taxi. J'étais allé voir Ana une fois l'année dernière, mais avec ma voiture, alors je connaissais un peu son campus et son université. Une fois dans le taxi, je glissai l'adresse au chauffeur qui démarra sur les chapeaux de roues.

Chaque seconde, chaque mètre passé me rapprochait d'elle. Et une partie de moi ne pouvait s'empêcher d'angoisser à l'idée de la retrouver. Si elle était avec quelqu'un, si elle ne voulait pas me voir, si elle ne m'aimait plus ? Trop de questions demeuraient sans réponse en moi, et j'avais seulement hâte de leur en trouver une.

Mon angoisse atteint son paroxysme lorsque je me retrouvais au pied de son immeuble. Après avoir glissé des billets au chauffeur pour la course. Un pas après l'autre, j'entrais dans le bâtiment, serrant mon sac contre moi. La montée des escaliers me sembla interminable jusqu'au moment où je me retrouvais devant sa porte.
La dernière fois que j'étais venu, nous étions encore Ana et Josh, aujourd'hui c'était Ana sans Josh, et j'espérais pouvoir la retrouver, comme au bon vieux temps.

Je restai face à la porte, essayant de réfléchir à toutes les choses que je pouvais bien lui dire, ce par quoi j'allais commencer, ce par quoi j'allais finir. Tout n'était que confusion dans ma tête.

Mes pensées furent interrompues quand la porte s'ouvrit sur Ana, qui manqua de s'évanouir en me voyant.

- J.. Josh ? Qu'est ce que tu fais là ?

Je ne prenais pas le temps de lui répondre et m'avançais pour la prendre dans mes bras, la soulevant pour la serrer contre moi.

Je ne sais pas si vous avez déjà ressenti une sensation de vide intense en vous, comme si tout ce qui vous composait vous avait été arraché. A ce moment là, pour la première fois depuis notre rupture, cette sensation s'évapora, et en la sentant contre moi, je redevenais moi, je revivais.

Ana ne chercha pas à se débattre, et passa ses bras autour de mon cou. A ce moment là, un dilemme prenait place en moi. Devais-je l'embrasser ? Devais-je agir comme avant ? Devais-je simplement lui parler ?
Je la reposai au sol, sans pour autant mettre de la distance entre nous. Ce moment était plongé dans le silence total, mais finalement, c'était ce qu'il fallait, pour le rendre unique, et inoubliable.

Nos yeux ne se quittaient plus, et je mettais toute la force que j'avais en moi pour ne pas plaquer soudainement mes lèvres contre les siennes. C'était comme si elles m'appelaient, comme si elles agissaient comme un aimant sur les miennes.

- Et tes résultats ? Et tes cours ? La voix d'Ana me ramena à la réalité.

- Je.. J'ai tout lâché Ana. Mon année était foutue à cause de la blessure, et les résultats n'étaient pas positifs, alors j'ai tout laissé tomber.

- Comment ça ? s'empressa t-elle de demander, qu'est-ce que tu vas faire ?

- Je n'en sais rien, je ne sais pas ce que je veux faire, avouai-je, mais ce que je sais c'est que je veux être avec toi, et c'est pourquoi je suis là. Je sais que j'ai rompu avec toi, et je comprendrais que tu ne veuilles plus entendre parler de nous, mais cette rupture m'a fait comprendre à quel point j'avais besoin de toi dans ma vie, et même si cette école était mon rêve, il n'est maintenant plus à ma portée. Je ne peux plus remettre à demain l'amour que j'ai pour toi Ana, c'est toi que je veux, et je veux être avec toi, qu'on ne se sépare plus jamais. Je veux retrouver cette sensation que j'avais lorsqu'on était ensemble, je veux te voir t'épanouir, réaliser tes rêves, et ça parait totalement pathétique mais je veux vieillir à tes côtés, je veux continuer de me disputer avec toi, continuer de vivre cette passion qui nous consumait tous les deux. J'ai déjà perdu un de mes rêves, alors je ne veux pas laisser filer le second..

Ana restait face à moi, silencieuse, et pour la première fois, il m'était impossible de lire dans son regard pour tirer ne serais-ce quelle émotion la traversait à ce moment là. Je me sentais impuissant, et sa réponse allait tout déterminer.

- On ne se séparera plus jamais ? demanda t-elle après quelques minutes, relevant les yeux vers moi, tu me le promets ?

- Plus jamais, promettais-je, la seule fois où on se séparera ce sera quand je t'attendrais à l'église pour te passer la bague au doigt.

Elle me regarda, son sourire et ses larmes formaient un parfait contraste sur son visage angélique. Et elle réduisit la distance qui nous séparait, pour se réfugier dans mes bras, là où était sa place. Elle releva son visage vers moi, avant sceller nos lèvres.

J'étais l'homme le plus comblé sur terre. Je ne pouvais rêver mieux, demander plus. Elle était là, nous étions là, et cette fois ci, nous allions le rester. Peut importe ce qui devait arriver, je n'allais plus quitter Ana.

- Donc tu vas venir emménager ici ? redemanda t-elle en souriant, avec moi ?

Je hochai la tête, son sourire contagieux se propageant sur mes lèvres, avant de me pencher pour la porter, ses jambes s'enroulant automatiquement autour de ma taille.

Son regard plongea à nouveau dans le mien, et dans celui ci, je voyais le soulagement et l'amour. J'étais persuadé qu'elle voyais la même chose en moi.

...

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❝  Picked up where we left off, like you were never gone ❞