♫ All I Want - Kodaline ♫

Mes yeux fixaient le plafond, tandis que je luttais pour trouver le sommeil. Notre première nuit ensemble, dans notre appartement. Tout était allé si vite. Il y a deux semaines, Ana et moi vivions la plus belle histoire que la terre ait pu porter, puis il a suffit d'une seconde pour que cette histoire nous soit arrachée, et que Ana me soit retirée.

Je vis avec cette peine et cette angoisse qui me hante chaque jour, me faisant me demander si je la retrouverai. Le baiser que nous avons échangé me donne de l'espoir, mais je n'ai pas envie de m'y accrocher et de finir déçu comme à chaque fois. La déception fait mal, mais la désillusion est encore plus meurtrière.

Je ne cesse de me retourner pour trouver une position confortable, alternant entre ajout d'oreillers, et réglages de couverture.

- Tu ne dors pas ? murmura Ana en se tournant vers moi.

- Je n'y arrive pas, soupirai-je.

- Viens là, chuchota t-elle en ouvrant ses bras à moi, me faisant signe de poser ma tête sur la partie supérieure de sa poitrine, près de son cœur.

Je m'approchai, avant de m'allonger délicatement contre elle, rapidement englobé par cette chaleur que je connaissais trop bien.
Avec elle, j'étais rassuré, pourtant je n'étais pas celui qui avait besoin de l'être. Elle était perdue, elle ne se souvenait plus de rien, et j'étais celui qui avait le sentiment de perdre ses repères. Mais j'avais besoin d'être rassuré. Elle voulait se souvenir, elle allait se souvenir, il fallait juste du temps.

- Pourquoi tu n'en profite pas pour me raconter encore un peu de nous, proposa t-elle, ça t'aidera peut-être à trouver le sommeil...

...

Onze ans plus tôt..

- Josh, Erica m'a volée ma poupée, hurla ma sœur en entrant dans ma chambre, nous faisant sursauter Ana et moi.

Cette dernière se leva, s'écartant de moi avant de frotter ses yeux, tentant de se réveiller de sa semi-sieste interrompue par ma sœur.
Erica ne tarda pas à arriver, tenant la dite poupée de ma sœur dans ses mains.

- Emma, prête un peu tes affaires, soupirai-je en regardant ma sœur, tu as bien pris la peluche d'Erica pendant une semaine et elle n'a pas bronché.

- Il n'a pas tord, acquiesça Ana de l'autre côté du lit.

Emma me regarda avant de se retourner et faire un câlin à Erica, s'excusant aussitôt de ne pas avoir été gentille avec elle. Puis elles repartirent, main dans la main, comme si de rien était.

Ana gloussa légèrement avant de revenir vers moi, tentant de retrouver une position confortable sur le lit. Elle passa sa jambe sur les miennes tandis que sa tête se nicha au creux de mon cou où elle y déposa un léger baiser.

- Tu y crois toi ? commençai-je, t'es quand même en couple avec le connard arrogant, qui l'eut cru ?

Sans la voir, je savais qu'elle avait levé les yeux au ciel, je lisais en elle comme dans un livre ouvert.

- Qui n'en est plus un je l'espère, rétorqua t-elle, mais oui, j'avoue que je me suis bien trompée sur ton compte.

- Ça me fait plaisir que tu l'avoue enfin, de toute façon tu m'appartiens maintenant, tu sais pas dans quoi tu t'es engagée.

Elle gloussa contre mon cou avant d'attraper ma main pour lier ses doigts aux miens.

- Eh bien je suis prête à tout, même si j'ai peur, je vais vivre l'expérience.

- De quoi as tu peur ? demandai-je directement

- Je ne sais pas... murmura t-elle, peur d'être oubliée, peur d'être trompée, déçue, peur que tu te rendes compte qu'il y a bien plus intéressante, bien plus jolie, plus drôle, bien mieux que moi. Peur de m'attacher trop rapidement, de ne rien pouvoir contrôler, d'être blessée, ou de te blesser, peur de tomber de haut, peur de tomber amoureuse de toi..

- Hey mon ange, chuchotai-je, je ne veux pas que tu aies peur de tout ça, c'est totalement stupide et insensé. Mieux que toi, il n'y a pas Ana. Je ne cesse de te le répéter, mais tu es la meilleure personne pour moi, je le sais, et je veux que tu le saches. Quant au fait de ne rien pouvoir contrôler, malheureusement je ne peux rien faire pour toi. Les sentiments ne sont pas quelque chose sur laquelle on a la main, on les subit, tout simplement, et lutter contre eux c'est se lancer dans une guerre perdue d'avance. Tu as déjà été aimée, et tu sais surement ce que ça fait d'aimer, alors tu ne dois pas être effrayée, tu dois te laisser guider et voir où le vent te mènera, ou où est-ce qu'il nous mènera, parce que mademoiselle Ana Robyn, je compte faire un bout de chemin avec vous.

Elle se mit à rire timidement, ses yeux larmoyants faisant chavirer mon cœur. Quel cliché.
Elle laissa ses lèvres rejoindre les miennes, et comme à chaque fois que nous nous embrassions, cette passion en moi me consumait entièrement.

- Tu deviens romantique c'est vraiment effrayant, sourit elle contre mes lèvres, et tu sais.. Elle perdit son sourire. Je.. Je n'ai jamais aimé. Je n'ai jamais senti cette chose en retour également, tu es le premier, tu es la première personne a me faire découvrir ces choses en dix-sept ans d'existence, et putain Josh, j'ai peur tu ne sais pas à quel point..

J'étais le premier. Le premier à l'aimer, le premier qu'elle aimait -du moins je l'espérais-  et j'avais cet énorme poids sur les épaules qui ne voulait pas que je la déçoive. Je devais lui montrer les meilleures facettes de l'amour, même si je n'étais qu'un vulgaire amateur en la matière. Je devais lui prouver que tout ces films aussi clichés qu'ils soient, ne disent pas que mensonge et surréalité. Je devais lui montrer qu'elle était capable d'aimer et d'être aimée, et je voulais lui montrer que si j'étais le premier, j'allais tout aussi bien être le dernier.

- Ana je te promet que je ne te ferais jamais de mal, je te promet tout ce que tu veux, et je vais te montrer que je suis peut-être le premier, mais que je peux très bien être le dernier. Je comprend que ça t'effraies, parce que moi aussi je le suis. Je suis terrifié, Ana. On est pas dans un match de foot, où une partie de poker. Je n'ai pas plus d'expérience que toi en la matière, mais je vais tout faire pour que ça marche, car je le veux. Je veux être avec toi, Ana.

- Alors soyons ensemble, susurra t-elle, apprenons ensemble.

...

- Et tu m'en a fait, finalement, du mal ?

Je secouai la tête négativement.

- On s'est fait du mal, la corrigeai-je, inutilement.

🌸

❝You took my soul and wiped it clean❞