Chapitre 6
-Ils seraient déjà arrivés ?... Si c'est bien le cas, le Shijie-Chuan n'en a plus pour longtemps.
-Je sais, mais... Euh... (Rei hésita à poser la question avant de finalement se lancer) Est-ce que vous pensez que c'est possible de... hum... Tomber amoureux d'un regard ?
Lan soupira face à la question de Rei.
La jeune homme le remarqua. Il avait hésité parce qu'elle sortait de nulle part, et parce que dire à son Aeon qu'on était tombé amoureux d'un criminel multirécidiviste et atteint d'une malédiction de l'Abondance, ça n'avait rien d'amusant. L'Aeon réfléchit quelques instants avant de répondre :
-Oui, c'est possible. Tu sais, quand je n'étais pas encore un Aeon à part entière, un de mes commandants était tombé amoureux d'une jeune femme avec un simple coup d'œil. Bon, la jeune femme en question l'a tué, mais oui, c'est possible.
Rei ne répondit pas. D'un regard pensif, son esprit regardait maintenant les étoiles de la salle mentale. Le jeune homme ne savait pas pourquoi son cœur avait décidé de tomber amoureux de cette paire d'iris dorés, mais quelque chose lui disait néanmoins que Blade avait aussi des sentiments.
Quand on a des yeux d'aigles, tous les détails humains d'autrui ne nous échappent pas... Seulement les siens.
-Est-ce que vous savez pourquoi il est comme ça ? Enfin, je veux dire : Pourquoi il a l'air aussi tourmenté ?
Lan soupira -décidément, ça devait être sa passion- et répondit avec une voix douce à Rei :
-Je pense que ça devrait être lui qui devrait en parler. Il n'est pas dans mon devoir de te dire des choses que tu pourrais très bien découvrir tout seul.
Décidément, Lan était décidé à jouer les entremetteurs.
Rei n'insista pas plus, sans doute parce que gagner une bataille d'arguments était presque impossible face à un Aeon.
-Avez... Avez-vous besoin de me parler de quelque chose d'autre ? demanda Rei, prêt à partir.
Lan fit non de la tête, et claqua des doigts.
Rei reprit ses esprits exactement dans la même position que quand il avait commencé sa réunion avec Lan. Sauf que le temps avait passé. Blade dormait -ou il semblait dormir en tout point de vue- sur le canapé, emmitouflé dans un amas de couvertures douillettes.
Se rappelant que la majorité des chambres n'étaient pas occupés, Rei décida de porter son coup de cœur jusqu'à une chambre. Arrivé dans une juste à côté de la sienne, le jeune homme posa Blade dans le lit -avec sa délicatesse légendaire et inexistante. Il ne se réveilla pas. Ouf.
Juste avant que Rei ne quitte la chambre, Blade s'agita dans son sommeil. Rei s'approcha, et fut tenter de l'embrasser. Il lui déposa un baiser sur le front, et Blade s'apaisa en retrouvant une certaine sérénité.
Rei alla ensuite se coucher. Il prit une douche chaude, se mit en pyjama -même si son "pyjama" était juste un bas ample, puisque notre cher Général dormait torse nu-, checka si Xingxing était entrain de dormir dans son lit (et elle était entrain de roupiller paisiblement).
Rei se coucha donc, s'enveloppant dans sa couette, mais le sommeil ne vint pas. Au lieu de dormir, Rei pensait aux yeux d'or de Blade et à son corps musclé et à ses traits raviss...
Stop. se dit Rei, essayant sans pourtant réussir d'interrompre le désir qu'il éprouvait pour Blade.
Mais quand il l'avait vu, torse nu avec toutes ses cicatrices, son cœur n'avait pas pu de s'empêcher de battre la chamade comme une discothèque -même si Rei ne savait pas vraiment ce qu'était une discothèque. Et avec sa voix grave qui faisait vibrer la corde amoureuse de Rei, Blade était définitivement rentré dans sa tête. Ses traits coupés au couteau et pourtant doux et son regard si simple mais si complexe faisaient tourner la tête de Rei...
Stop, j'ai dit. réessaya Rei.
Et puis même si il semblait froid, ses heures à discuter dans la maison de Rei alors que la pluie se déversait abondamment dehors avaient fait en sorte qu'il ne paresse plus si froid au yeux de Rei. Rei repensa encore à ses yeux, dorés et beaux comme si toutes les lunes de l'univers étaient dedans, et à sa gentillesse une fois quelques dizaines de minutes passées...
STOP ! cria intérieurement Rei, si fort que le Yamato qui était pourtant par terre trembla légèrement.
Il ne fallait penser à ça maintenant. L'esprit du Général arrêta donc de proposer des images de Blade plus ou moins... hum... imagées. Rei se reconcentra sur sa mission : dormir.
Après quelques minutes de batailles intérieurs acharnées contre lui-même, Rei put finalement dormir paisiblement...
Mais les cauchemars prennent souvent la place des rêves.
...
Deux personnes discutaient. Ou semblaient discuter. La première personne était assise sur un trône. Ses traits étaient doux et fiers, avec des yeux verts comme la vie florissante. Ses cheveux blonds longs étaient lâchés. Il était habillé dans une robe très ample aux motifs florales.
Une femme était en face de lui. Et cette femme était Lingyue. Elle tenait ses deux dagues, "Kōri to fubuki", et elle semblait assez fatiguée. Mais quelque chose clochait.
L'homme noble parla avec une voix qui évoquait la vie elle-même :
-Alors, madame la Générale ? Vous ne voulez toujours pas parler ?
-Je ne marcherais pas dans votre petite combine, Luocha... Ou devrais-je dire Rakshasa ?
Et la véritable scène que Rei avait tant de mal à voir se dressa devant lui.
La salle était tapissé de sang, plus ou moins frais, et Luocha/Rakshasa mangeait une assiette posée sur un plateau lui-même posé sur ses genoux.
Ses traits étaient maintenant hautains et cruels, avec des yeux verts de haine. Sa robe était comme la salle, barbare et tachée du liquide rouge qui coulait dans la plupart des veines. Mais Rei vit deux choses qui l'horrifia.
La première était que le trésor du Cangcheng était posé à côté de lui, plantée dans un socle dédié. Mais la deuxième était que l'Émanateur mangeait de la chair humaine. Dans une assiette creuse était posé des morceaux de viande humaine baignant dans du sang. Un œil et des morceaux d'os flottaient dedans, et quelques ongles sanguinolents étaient sur le point d'entrer dans la bouche vorace de l'abomination.
Malgré le paquet d'horreur que Rei avait vu, le jeune homme était horrifié. Les abominations portaient bien leur nom. Rei vit ensuite que sa mère avait un œil en moins. Surement dans le "plat" de Luocha. Pourtant, Lingyue ne bronchait pas. Pas le moins du monde.
-Et donc...? commença l'abomination.
Luocha essuya sa bouche avec une serviette rouge grenat, avant de reprendre la parole :
-Je pense que tu as envie de retrouver tes enfants, n'est-ce pas ?
-Je... Comment tu sais que...
Si Rei ne connaissait pas sa mère, il n'aurait pas deviné son jeu d'actrice.
-Alors dis-moi où se trouve le Shijie-Chuan, et je vous laisserai tranquille, toi et tes enfants adoptifs.
Lingyue pouffa de rire avant de rire à pleins poumons :
-Hahahaha ! Tu penses vraiment que je sacrifierai la vie de millions d'innocents pour revoir mes enfants ?! Ils sont assez grands et matures pour se débrouiller tout seul ! Tu sais quelque chose, Rakshasa ? Tu es l'homme le plus idiot de l'univers !
Et Lingyue enleva ses liens. Avant que Luocha ne puisse faire quoi que se soit, elle se planta sa lame jumelle dans son cœur. Son corps se raidit et ses veines ainsi que son sang se gelèrent. Lingyue était morte. Et elle était morte en héroïne.
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Pour que vous ne soyez pas trop perdu, j'aimerais vous expliquer pourquoi Luocha et tous les trucs.
Sachez que Luocha a une étymologie, le Rakshasa, des esprits maléfiques bouddhistes cannibales, et que j'en m'en suis inspiré pour cela !
Si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas !
J'espère que vous aurez aimé ce chapitre !
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