Après avoir raconté tout ce qu'il avait à dire, Rei alla prendre sa douche. Comme d'habitude, il se déshabilla le long du couloir pour finir en caleçon à la porte de la salle de bain.
Si certains et certaines trouvaient cela peu convenable, ça ne dérangeait en rien Xingxing. Et puis c'était Rei qui faisait le ménage.

Il entra donc dans la pièce, avant d'enlever la dernière pièce de vêtement qui le séparait de la nudité et se glissa dans sa douche. Si Xingxing avait plus l'habitude de prendre des bains (où elle s'endormait quand elle n'avait pas bu son café spécial), Rei préférait les douches. Il n'aurait d'ailleurs pas été contre que Blade le rejoigne mais Rei devait servir la Chasse.

Comme disait bien souvent les Doyens, Rei et Xingxing n'avaient pas le droit de s'amuser. C'était les Maréchaux, maintenant. Souvent, lorsque quelque chose n'était pas bien selon eux, ils réprimandaient les deux adolescents en leur hurlant dessus, même si les hurlements étaient plus destinés à l'égard de l'Émanateur de Lan.
Ce jour-là, Baojun s'était particulièrement énervé après le combat contre Jingliu, rabâchant que Rei avait montré un mauvais exemple aux yeux de ses sujets.

De son point de vue, Rei avait plutôt envie de lui coller son poing dans la face et de lui péter le reste de ses dents, mais le jeune homme voulait plus retrouver son foyer -surtout Blade- et prendre une douche pour se laver du sang et de la sueur.

En vérité, les autres Seigneurs avaient plus de leste sur le comportement des deux Maréchaux. Sans compter Xixian, la vieille Lieutenante.
Rei et Xingxing la considérait comme une tante. Elle était en service depuis le début du règne de Lingyue, et les deux femmes avaient grandis toutes les deux ensemble avant de travailler également ensemble.

Bref.

Comme disait Rei, Xixian défendait souvent les deux adolescents lorsqu'eux mêmes ne le pouvaient pas.
En vérité, Rei pensait que les Doyens étaient jaloux des deux jeunes Maréchaux.

D'habitude, lorsque lea Maréchal.e se désistait ou décédait, lea nouveau/nouvelle était nommé par la population, et les candidats étaient partis les Dix Seigneurs. Ainsi, un des quatre Doyens avaient assurément sa place, étant donné leurs anciennetés, et que plus un des Dix Seigneurs était au poste depuis longtemps -et donc qu'il était vieux-, plus les gens lui faisait confiance.

Sauf que Lingyue avait marqué sur son testament que ses deux enfants devaient devenir les Maréchaux.
Et entre temps, Rei était devenu l'Émanateur de Lan.

Pendant son petit temps de réflexion, et alors que Rei était perdu dans ses pensées, il entendit un cri.
Un cri qu'il connaissait trop bien.
Celui de sa sœur.

Ni une ni deux, il sortit de la douche -défonçant par la même occasion la porte vitrée- en prenant une serviette pour s'habiller un minimum.

Sur le maigre chemin, il invoqua le Yamato, qui parcourut le chemin en lévitation pour finir dans la main gauche de son possesseur.
Rei courut ensuite dans l'atelier, où il vit... Un cocon. Un cocon métallique, informe et bizarre, gris et terne.

-J'arrive pas à le modifier, ce machin ! s'énervait Louve d'Argent, en tentant de modifier le cocon hideux.

-Qu'est-ce que... C'est quoi ce machin ? interrogea le Maréchal.

-C'est une bague qui a mangé mon sabre et ta sœur. répondit Kafka, de marbre.

Et Rei dégaina le Yamato pour planter la lame dans le métal. Le cocon ne réagit pas, et Rei enfonça de plus en plus profondément le Yamato dans la chrysalide.

"A tous les coups, elle va ressortir en mi-femme mi-papillon..." pensa Rei.

Au bout d'un moment, Rei laissa une entaille dedans, avant de faire glisser son odachi dans la coupure qu'il avait faite, laissant une ouverture grande.

Puis, avec ses gros bras, Rei entendit la fente pour ressortir sa sœur. Elle était endormie, sans bijoux.

-C'est bon ! souffla Rei, en finissant d'extirper Xingxing de son cocon.

Sauf que ce n'était pas bon. La masse métallique se rassembla en doublant de volume -voire triplant- pour créer une nuée de têtes aux dents acérées.
Et au même moment, Xingxing hurla de douleur. Ses mains commencèrent à brûler. Littéralement.
Des flammes rouges et blanches dansaient sur les mains de Xingxing.
La masse métallique se mut pour se transformer en une chose que tout le monde pouvait redouter... Un Léviathan. Miniature, certes, mais un Léviathan quand-même.

La bête rugit avant de trouer la pièce, et de s'enfuir en volant.
Xingxing, quant à elle, avait arrêté d'hurler. Les flammes s'étaient éteintes, laissant sur ses mains des marques rougeoyantes en forme d'étoiles.

-Qu'est-ce... Qu'il vient de se passer ?! hurla Rei, en s'assurant un minimum que sa serviette était toujours sur ses hanches.

Rei remarqua que Blade détournait les yeux de lui. Mieux ! Il rougissait !

...Mais pas de temps pour les sentiments.
Rei essaya de rester concentré, tout en posant Xingxing sur le canapé du salon. Néanmoins, il était toujours en serviette.

-Bon... Qu'est ce qu'il vient de se passer ? Je prends ma douche et ma sœur s'est transformé en chenille ?!

-O-On ne sait pas ce qu'il s'est passé... On l'a ent-t-tendu hurler et y'avait du métal qui la recouvrait... expliqua Louve d'Argent qui tentait de ne pas rigoler face à la situation de Blade.

-Donc maintenant y'a un patin de merle de Léviathan en liberté ?! s'emporta le Maréchal. Déjà

Rei soupira, avant de reprendre.

-Bon. Je vais aller m'habiller et on va aller traquer ce... Truc.

Les Chasseurs acquiescèrent les propos de Rei, et le jeune homme monta s'habiller en vitesse. Il prit des habits à la va-vite avant de les mettre. Un t-shirt ample et un jogging blanc cassé.

En s'habillant, il repensa à Blade. Peut-être qu'en fin de compte, il l'aimait. Ou alors c'était juste ses muscles qui l'impressionaient. Mais l'heure n'était pas à l'amour. Au pire, Rei pouvait toujours organiser un rencard après.

Avant de partir, il alla embrasser le front de sa petite sœur. Xingxing dormait paisiblement, toujours avec ses marques rougeoyantes sur ses mains. Rei remarqua aussi que des symboles s'étaient gravés sur ses ongles, toujours en forme d'étoiles.

Les Chasseurs de Stellaron attendaient, armes en main. Kafka avait troqué son katana pour deux mitraillettes, qu'elle avait accroché sur sa ceinture. Blade attendait bras croisés. Il semblait paisible. Son coeur fit une accélération en voyant son potentiel futur amant aussi...

Rei prit le Yamato dans sa main, avant d'ouvrir la porte.

-Vous avez déjà combattu un Léviathan ? demanda le jeune garçon, en les laissant passer.

A son plus grand étonnement, ses trois compagnons acquiescèrent.

-Tant mieux, parce que moi non.

Et les quatre commencèrent la traque du Léviathan.