Chapitre 2



Cédric 

Décembre 2015

Depuis plus d'une heure, je suis installé dans ce maudit fauteuil. Je l'observe dormir. Elle semble paisible, alors que je bouillonne intérieurement. Comment ai-je pu me réveiller totalement nu aux côtés de ma meilleure amie, aussi peu vêtue que moi ?

Je n'en ai pas la moindre idée !

Furieux, je passe mes mains dans mes cheveux pour la centième fois. J'ai tellement de questions en tête, mais elles restent toutes sans réponse. Une telle chose entre Naya et moi n'aurait jamais dû se produire.

Si c'est vraiment ce que je crois...

Quand j'ai ouvert les yeux, il faisait encore nuit et depuis je suis comme un lion en cage. Mais désormais les rayons du soleil commencent à percer à travers les volets pour caresser sa peau qui a l'air si douce vue d'ici.

Mon vieux tu dérailles complètement !

Je connais mon amie. Elle va se réveiller, ne pas comprendre pourquoi elle a dormi en tenue d'Eve. Puis elle va me hurler dessus, car je suis en train de la mater comme un débile et elle va paniquer. Malheureusement, je n'en sais pas plus. Dans mon souvenir, on est allés dans un bat au coin de la rue pour fêter la signature de son nouveau contrat de travail. Naya a décroché un job de rêve : bosser pour une des plus grosses librairies de la région Parisienne.

Pendant la soirée, je me rappelle qu'elle a bu plus que de raison. Elle était dans un état lamentable seulement deux heures après. En arrivant, je m'étais promis de ne pas picoler pour qu'elle puisse s'éclater. Il fallait que l'un de nous reste lucide pour rentrer sans encombre à l'appartement que nous partageons. Manque de chance pour moi, Naya m'a fait les yeux doux et j'ai fini par craquer pour trinquer avec elle. Le problème, c'est que je ne me souviens pas d'avoir bu plus d'un verre. Alors pourquoi ai-je terminé complètement bourré ?

Je ne me rappelle qu'une partie de la soirée et ma mémoire ne veut pas revenir. Tout ceci m'énerve. Dans quel bordel nous sommes-nous encore fourrés tous les deux ? Tout porte à croire que nous avons fini la nuit ensemble. Mais c'est juste inconcevable ! Rien que d'y songer j'en ai des frissons. J'avoue qu'elle n'est pas moche du tout, loin de là, c'est tout le contraire. C'est une bombe ! Ses formes ne laissent personne indifférent, même si à ses yeux elle pense être énorme. Naya est une femme avec des rondeurs qui lui vont si bien ! Ses longs cheveux blonds et ses prunelles bleues mettent, à merveille, son charme en avant, et elle ne s'en rend pas compte... Elle reste fixée sur son poids et parfois ça me désole de la voir ainsi. C'est une femme tellement belle que les hommes devraient se bousculer pour sortir avec elle !

Je secoue la tête de gauche à droite pour reprendre mes esprits. Je crois que l'alcool est encore bien présent dans mes veines, car je déraille ! Je me lève, bien décidé à m'habiller avant que Naya ne se réveille. Nous sommes déjà dans une situation gênante, inutile d'en rajouter en arpentant l'appartement en boxer. Au moment où j'enfile mon jean, je l'entends bouger. Je me retourne, et découvre qu'elle n'est finalement pas encore décidée à se réveiller.

Pour mon plus grand malheur.

Mon regard se dirige comme par automatisme vers son corps. Je ne peux m'empêcher de la détailler. Sa peau blanche brille à la lueur du jour et j'observe qu'un suçon est apparu dans le creux de son cou.

Et je continue à la mater...

À mes yeux, Naya n'a aucune imperfection. C'est nouveau pour moi de la voir ainsi. Je m'arrête au niveau de sa poitrine et constate que ses seins ne sont ni petits ni gros, mais qu'ils sont tout simplement parfaits. Quant à ses jambes...

Je serre les poings. Je ne me reconnais plus. C'est ma meilleure amie que je suis en train de reluquer comme un pervers ! C'est bien la première fois que je prends le temps d'admirer le corps d'une femme de cette façon... Je me contente normalement de baiser puis de rentrer chez moi et on n'en parle plus, mais là... Bordel, Cédric, qu'est-ce que tu fiches ? C'est Naya ! Ton amie d'enfance. Je remonte mes yeux vers son visage, et croise ses prunelles qui me fixent.

– Tu peux m'expliquer pourquoi je suis nue dans ton lit ? me questionne-t-elle tout en soulevant la couverture pour observer son corps.

– J'aimerais bien, je t'assure. Mais je comptais sur toi pour me donner un peu plus d'informations, car je ne me souviens pas de grand-chose.

– Attends, mais je te signale que j'étais complètement ivre hier soir, comment veux-tu que je me rappelle quoi que ce soit ? La dernière chose qui me revient, c'est que tu m'as dit que tu n'allais pas boire, du coup je misais sur toi pour rester lucide ! Et ensuite j'ai enchaîné les coups.

– Je me remémore très bien que c'est toi qui m'as forcé à boire. Je n'ai pas vraiment eu le choix, si tu vois ce que je veux dire. Tu m'as fait tes yeux doux, j'ai craqué la première fois et maintenant je me souviens que quand j'ai refusé le second verre, tu m'as sauté dessus et tu m'as tenu la bouche ouverte.

Naya remonte le drap sur elle et s'enroule dedans. Mes iris ne la quittent pas du regard. Je deviens complètement taré !

– Tu crois qu'on a... couché ensemble ? me demande-t-elle d'une voix hésitante.

– Tu es nue dans mon lit, non ? Et je l'étais également, donc je ne vois pas d'autres explications...

– On ne peut pas avoir fait ça !

– Écoute, on était bourrés, ça peut arriver à tout le monde, tenté-je de la rassurer.

– Non, ce n'est pas possible, surtout entre nous deux. Tu penses qu'on s'est protégés ? Non, mais parce qu'on risque d'avoir un léger souci...

Contraception... Nous voilà !

– Je n'en sais absolument rien, mais si tu imagines choper quelque chose avec moi, tu n'as pas à t'en préoccuper, je suis clean. Je fais un test tous les mois.

– Mais je m'en fiche de ça... Je ne prends pas la pilule, je ne l'ai jamais supportée ! Alors, utiliser une pilule du lendemain... C'est mort, me réplique-t-elle, affolée.

Ne surtout pas paniquer !

Elle finit par se lever du lit et file dans sa chambre aussi vite que le drap lui permet d'avancer. J'essaie de la suivre pour qu'on puisse en discuter, mais elle me claque violemment la porte au nez. Je suis d'accord qu'il y a de quoi paniquer ! Nous n'avons que 23 ans et un bébé maintenant ce n'est pas le bon timing !

Non, mais... qu'est-ce que je raconte ?!

Naya est ma meilleure amie ! On ne peut tout simplement pas coucher ensemble ni avoir d'enfant, c'est tout bonnement impossible.

– Et ça t'arrive souvent de mater ta meilleure amie dans son lit alors qu'elle est à poil ? me souffle ma conscience.

Ta gueule !

Je n'ai découvert aucun emballage de préservatif dans l'appartement et j'ai eu le temps d'en faire le tour depuis que je me suis réveillé. J'en viens donc à la conclusion que si on a vraiment couché ensemble, on a oublié d'utiliser une capote... Et ça craint un max !

Résigné, je décide d'attendre dans le salon qu'elle digère la nouvelle. Alors que je pensais ne plus la voir réapparaître de la journée, elle déboule devant moi comme une furie.

– Tu es un homme mort, je vais te castrer, tu peux dire adieu à ta descendance.

Je l'observe sans rien comprendre. J'adore cette fille du plus profond de mon cœur, sauf que parfois ses sautes d'humeur me font perdre la tête !

– Tu m'expliques ce que j'ai encore fait ? la questionné-je.

– ÇA ! hurle-t-elle en me désignant son cou du doigt. Des suçons ! Tu ne pouvais pas rester loin de moi au lieu de t'accrocher comme une sangsue ! Même bourré t'es pas fichu de faire les choses correctement.

– Oh ça va ! Tu auras enfin une bonne excuse pour tenir éloigné les mecs qui ne te lâchent pas à la librairie. Tu leur diras que tu as un petit ami.

Furieuse, elle s'empare du premier objet qu'elle trouve et me le lance en pleine figure avant de repartir d'où elle vient. Le coussin retombe sur le canapé sans m'avoir touché. C'est la pire vicieuse que je connaisse.

Elle claque de nouveau la porte et intérieurement, je prie pour que les voisins n'aillent pas se plaindre aux propriétaires, sinon on risque d'avoir de gros ennuis... Déjà qu'on leur a menti dans l'espoir d'obtenir l'appartement en jouant les faux couples. Le propriétaire refusait de louer à de simples colocataires suite aux problèmes que ça a pu causer par le passé. On a omis de dire la vérité pour pouvoir toucher un peu plus d'APL. Quand le voisinage a appris pour nous, nous ne faisions pas les fiers... Désormais toute excuse est bonne à prendre pour eux pour nous mettre à la rue.

Je finis par abandonner et préfère qu'elle passe ses nerfs ailleurs que sur moi, puis me dirige à grandes enjambées vers la salle de bains pour prendre une douche. Tandis que l'eau chaude coule sur mon corps, je ferme les yeux pour tenter d'avoir ne serait-ce qu'un flash de cette nuit. Sauf que c'est le trou noir. J'en viens à me demander si mon subconscient ne me bloque pas cette partie-là de la soirée parce que c'était une connerie monumentale !

N'importe quoi !

Naya est une bombe, je suis certain que c'était la plus exceptionnelle des baises de ma vie.

Tu parles de ta meilleure amie, là !

Une fois douché, je suis plus que motivé pour la faire sortir de sa tanière. On doit parler, elle et moi, qu'elle le veuille ou non ! Je suis prêt à défoncer sa porte s'il le faut. Après m'être habillé d'un jogging, je me poste devant la chambre de Naya.

Je toque une première fois :

– Naya, tu veux bien sortir s'il te plaît ? Il faudrait qu'on discute, toi et moi...

Je n'obtiens aucune réponse. Je souffle de frustration et je commence sérieusement à m'impatienter. Surtout que je ne comprends pas son comportement... D'habitude, elle est la plus mature de nous deux.

Je toque une seconde fois.

– Écoute, je suis aussi flippé que toi... Puis tu me connais, jamais je n'émettrais de jugement sur quoi ce soit. On est tous les deux fautifs sur ce qu'il s'est produit. Mais faut vraiment qu'on en parle.

Au même moment, la porte s'entrouvre légèrement. Je pénètre enfin dans la pièce et me tourne vers son lit où je l'aperçois recroquevillée sur elle-même. Je ne prends pas la peine de l'inspecter comme je l'ai fait tout à l'heure, car il y a plus urgent ! Naya pose son regard vers moi, et je remarque que ses yeux sont rouges et bouffis.

Je n'aime pas du tout la voir dans un tel état... Mais une question me démange : depuis combien de temps pleure-t-elle ? Je m'approche d'elle et m'allonge à ses côtés pour la prendre dans mes bras, elle se laisse faire et niche sa tête dans mon cou.

Je suis vraiment qu'un pauvre con !

Je m'énerve en lui lançant que ce n'est qu'une gamine alors qu'elle... elle est enfermée ici à verser toutes les larmes de son corps.

– Parle-moi... Dis-moi ce qui ne va pas ? la questionné-je tout en caressant ses cheveux pour tenter de la calmer.

– J'ai... j'ai peur Cédric, dit-elle avant d'éclater en sanglots.



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