Epilogue


Quelques années plus tard.

- La dernière scène de votre roman est lorsqu'Harold se réveille dans cette chambre d'hôpital. Il comprend que Nick était en fait son médecin et que Léo était décédé.

Je hoche la tête de haut en bas en regardant le journaliste qui vient de me poser la question. Je me mordille la lèvre inférieure et le laisse continuer. Je déteste les conférences de presse. J'ai cédé pour une seule et unique conférence, évidemment tous les journalistes se sont rués sur l'occasion !

Je ne voulais pas la faire, mais Monsieur Cameron m'a convaincu de l'accepter. Ca fait des semaines que j'angoisse et que je ne veux pas y aller. Zayn et Taylor ont su me dire les bons mots.

- Donc, Harold ne se doutait pas une seconde de la vérité ?

- Non, je réponds sans hésitation. Avant qu'il ne trouve le livre dans le centre commerciale, Harold savait qu'on lui mentait. Mais il n'aurait jamais imaginé une telle mascarade.

- Donc, vous écartez la théorie de beaucoup de lecteurs qui pensent qu'Harold est fou?

Je hoche la tête en le regardant. Certaines personnes se sont attelées à dire qu'Harold, donc moi, était un fou. Ca m'a vraiment déchiré le coeur parce que je ne suis pas fou, je ne l'ai jamais été. J'ai passé deux ans de ma vie à me réveiller chaque matin sans réaliser ce qu'il s'était passé la veille, sans me souvenir des visites journalières de ma mère, de la peine de Zayn, et du soutien de Taylor. Ils ont tous été là pendant ces deux longues années. Chaque matin était un éternel recommencement, comme si je me réveillais au lendemain de l'accident. D'après mes médecins, le choc de la mort de Louis avait été tellement violent que j'avais préféré la nier pendant des mois... années.

Puis, j'ai changé de médecin. Niall est arrivé. Et j'ai fait un transfert de personnalité. Niall est devenu Louis, et Louis est devenu Niall. J'y ai cru. La première chose que j'ai vu chez Niall était son regard. Aussi bleu que celui de Louis, d'où le transfert. J'y ai véritablement cru. Vraiment cru.

Puis quand la vérité a éclaté, je me suis réveillé le lendemain matin après un blackout total comme chaque matin depuis l'accident, j'avais tout oublié. J'ai mis des mois à recommencer à assimiler les choses et à m'en souvenir d'un jour sur l'autre. Petit à petit je me souvenais de ce que ma mère me disait, les visites de ma soeur quand elle rentrait les week-ends, et sans oublier le soutien de mes deux meilleurs amis.

- Non. Harold mourrait de chagrin sans le savoir, vous savez, revivre tout ça, retomber amoureux d'une personne décédée. Harold a fait ce qu'il a pu pour survivre.

- Est-ce qu'il y aura une suite ? Intervient un autre journaliste.

Je hausse des épaules. Sûrement, mais pour le moment, je n'ai même pas commencé à l'écrire. Après le premier roman que j'ai écris avant l'accident, j'ai rassemblé les lettres que nous nous étions envoyées avec Louis. J'en ai fait un recueil et écrit la fin jusqu'à l'accident. Puis mon troisième roman était un véritable exutoire par rapport à ce que j'ai vécu il y a quelques années maintenant. Je pense qu'écrire tout le travail que j'ai du effectuer sur moi-même, le combat de ma mère, Zayn et Taylor, et tout ce qui a gravité autour de moi pour que je retrouve un semblant de vie normale est important.

J'ai envie de raconter cette histoire aussi. Mais je n'y suis pas encore prêt.

- Harold n'est pas encore prêt à vous raconter tout ça.

- Est-ce que nous pouvons au moins savoir ce que devient le médecin après toute cette histoire ?

- Nickolas?

Les journalistes hochent la tête et je me pince les lèvres.

Nickolas, donc Niall n'a pas été radié de l'ordre des médecins. Parce qu'en réalité, il n'a jamais dépassé les limites avec moi. Ses gestes n'ont jamais été déplacés, et nous ne nous sommes même jamais embrassés. Mon esprit s'est amusé à imaginer chacun des moments tendres que j'ai eu avec lui. Il était au courant de toute mon histoire avec Louis, comme il me l'avait dit. Ma mère, Taylor, Zayn, lui avaient tout dit. Il avait joué avec ce qu'il savait pour pousser mon esprit à se souvenir. Aucune de nos rencontres n'avaient été un hasard. Tout avait été orchestré pour que je puisse me rappeler. Notre première rencontre dans le café, comme pour Louis & Moi, l'affaire du Pont de Brooklyn où en réalité c'était lui qui avait demandé à Taylor de me dire de l'emmener là-bas, et ainsi de suite. La seule chose qu'il ne savait pas avait été pour le roman. Et en définitive, c'est ce qui avait été l'élément déclencheur. Mais à partir du moment où il a compris que je faisais aussi un transfert de mes sentiments pour Louis sur lui, il a véritablement mis des distances. J'ai bien essayé de l'embrasser sur le pont, mais il a évité mon baiser, les fois où je suis allé chez lui ont été beaucoup moins romantiques que ce que j'avais vécu. Niall est resté correct, de A à Z. Mais j'ai toujours refusé de le revoir après mon Blackout. Il m'a écrit une lettre pour s'excuser. En réalité, je devrais sûrement le remercier. Sans lui j'en serais toujours au même point.

Je reprends contenance face à la question du journaliste et je lui réponds alors.

- Nickolas travaille toujours, mais il quitté New-York.

- Il n'a pas été radié ? s'étonne une jeune femme dans le fond de la salle.

Je secoue la tête de gauche à droite avant de répondre.

- Sans Nickolas, Harold vivrait toujours et éternellement la même journée...

- Je vois, réponds la journaliste.

Je tourne le regard vers James, mon éditeur qui comprend que je ne vais pas encore pouvoir tenir bien longtemps. Il m'adresse un sourire et se penche sur moi pour me murmurer un "encore cinq minutes Harry."

- Tout à l'heure on parlait d'une éventuelle suite, cela veut dire qu'Harold a de nouveau retrouvé la mémoire aujourd'hui ?

Je hoche la tête de haut en bas. J'ai retrouvé la mémoire, j'ai mis des années à retrouver tout ce qui a constitué ma vie, mais j'ai retrouvé la mémoire. J'ai écrit le recueil de lettres il y a deux ans environ. J'étais toujours à l'hôpital. Enfin... dans une maison de repos. J'ai écrit la suite à ma sortie, il y a un an environ. J'ai écrit pratiquement jours et nuits pendant trois mois pour arriver à donner une version potable à James. Puis après de longues séances de relecture et de correction, nous avons sorti le roman il y a deux mois. C'est un succès. L'histoire d'Harold et Léo a déchiré le coeur de millier de personnes... on m'a même déjà demandé les droits pour une adaptation au cinéma. Sauf que je ne sais pas si je suis prêt à voir mon histoire sur grand écran. James m'a simplement dit que je devais y réfléchir et prendre mon temps.

- Harold va bien, il a retrouvé la mémoire. Ca a été long, c'est toujours compliqué, mais il va bien.

- Vous n'avez jamais avoué si le fait que ce soit VOTRE histoire soit vrai.

Je me pince la lèvre inférieure en tournant les yeux vers James. Nous savions que cette question allait venir. Elle sort à chacune de mes apparitions publiques. A chaque fois, j'arrive à l'éviter. James et ma mère m'ont toujours dit que je pouvais garder cette information pour moi, ou la dévoiler quand je serais prêt. Je ne pourrais de toute façon pas y échapper encore longtemps.

- Oui. L'histoire d'Harold est inspirée de faits réels. L'histoire d'Harldo se rapproche de mon histoire.

On entend un brouhaha s'élever dans la salle et James se penche sur moi.

- On a fini. Tu veux ajouter autre chose?

Je secoue la tête en le regardant et je le laisse prendre la parole pour annoncer la fin de la conférence de presse. Les flashs d'appareils photos m'éblouissent et je sors de la salle avec l'aide d'un vigil. Une fois à l'arrière, je retrouve les bras de ma mère. Elle me sert contre elle avec tendresse avant d'embrasser mon front et de me souffler un "je suis fier de toi". J'inspire profondément son parfum si réconfortant et ferme les yeux en souriant.

Lui aussi serait fier de moi.

*

Je n'habite plus à New-York depuis quelques mois maintenant. A ma sortie de l'hôpital, j'avais l'impression que j'allais croiser Louis à chaque coin de rue. Mon coeur n'était véritablement pas prêt à ça. J'ai donc déménagé à Los Angeles et repris ma dernière année en Littérature là-bas. Maman est restée à N.Y.C pour son travail, mais je sais qu'elle aimerait pouvoir venir nous rejoindre Gemma et moi. C'est pas facile pour elle de nous avoir à l'autre bout du pays. Mais on fait souvent le voyage avec ma soeur.

Il doit être deux heures du matin quand je déverrouille la porte de ma petite maison. A mon arrivée j'ai logé quelques semaines chez Gemma. J'ai rapidement voulu prendre mon indépendance. J'adore ma soeur, mais j'avais plus l'impression de vivre chez une brigade de police qu'autre chose. Toujours à me demander où je suis, avec qui je suis, ce que je fais... épuisant. Gemma m'a couvé et s'est assurée que tout allait bien avant de finalement me laisser partir. Je crois que je le fait que je ne vive pas seul l'a réconforté aussi... Évidemment elle a tenu à m'offrire une baraque aussi merveilleuse et fastueuse que la sienne. Mais je me suis contenté d'une petite maison sur les hauteurs de L.A. avec un grand jardin.

Ce sont les aboiements de Pixie qui m'accueillent dans l'entrée, je roule des yeux en soupirant et me mets à sa hauteur en la pointant du doigt, et lui intimant le silence.

- Pix' chut... tu vas te taire?! Je souffle en essayant de ne pas faire de bruit.

Ma chienne me répond avec ses aboiements stridents et je roule des yeux. C'est Taylor qui me l'a offerte quand je suis sorti de l'hôpital. C'est un petit Berger Australien, elle est adorable et a tendance à prendre toute la place dans mon lit. Je sais que c'est de ma faute et que je la laisse faire depuis qu'elle est toute petite, mais je me sentais si seul quand je suis parti de la maison de repos, qu'elle m'a beaucoup aidé. Taylor l'a récupéré dans un refuge, et je suis certain que Pixie a compris qu'on l'a sauvé....

Au lieu de se taire, ma chienne se jette sur moi en posant ses deux pattes sur mes épaules et je ne peux réprimer mes éclats de rire. Je suis parti à New-York pour cette conférence de presse seulement trois jours.... et j'ai l'impression d'être parti depuis des années.

Je la serre contre moi, la gratouille là où elle aime bien puis j'arrive finalement à me lever. Je récupère mon sac de voyage pour le mettre sur mon épaule. Je referme la porte d'entrée à clé derrière moi, éteins les lumières et monte rapidement jusqu'à ma chambre. Pixie me suivant comme mon ombre s'enferme avec moi quand je vais prendre ma douche, puis je vais retrouver mon lit simplement habillé de mon caleçon. Pixie saute aux pieds du lit et je me glisse silencieusement sous les draps.

Je souris en sentant presque instantanément un bras chaud m'entourer la taille, et mon dos vient rapidement se coller contre son ventre. Je me retourne lentement et pars à la recherche de ses lèvres. Il sourit contre ma bouche et je murmure.

- Tu es réveillé ?

- Comment ne pas l'être avec ta folle.

Je rigole en secouant la tête de gauche à droite. Je glisse mes doigts dans ses cheveux et il pose son front contre ma tempe. Je le sens parcourir mon épaule avec l'une de ses mains et je frissonne légèrement à son geste.

- Tu es jaloux de Pixie.

- Elle partage notre lit, répond-il.

Je souris en hochant la tête à sa réponse et ferme les yeux.

- Tu es jaloux.

- Elle a plus de caresses que moi.

Je pouffe de rire avant de le repousser et de monter à califourchon sur lui plantant mon regard dans ses yeux chocolat. Il glisse ses mains sur mes hanches et se redresse pour embrasser mes lèvres avec tendresse. Je souris contre sa bouche et... je sens Pixie se rapprocher et essayer de se glisser entre nous deux.

Zayn roule des yeux, je rigole et je demande à Pixie de descendre du lit.

Je me rallonge près de lui et il passe un bras autour de ma taille. Il pose ses lèvres dans ma gorge et murmure.

- Cette conférence de presse?

- Passée.

- Hmm.. tu veux en parler?

- Non.

- Tu sais que je t'aime?

- Oui.

- Toi aussi tu m'aimes ? souffle-t-il avec une petite voix.

Je souris, me tourne vers lui et prends ses lèvres.

- Oui moi aussi je t'aime.

- Tu ne me le dis pas assez souvent je trouve, me dit-il rieur.

Je lève les yeux au ciel en rigolant et me rallonge contre lui en fermant les yeux.

- Maintenant dors, je souffle.

- On ne peut pas faire l'amour ce soir ?

- Zayn.

- Oui ?.

- Dors.

- Ok ok ok !

Je souris, lui vole un dernier baiser, et m'endors paisiblement entre les bras de la personne qui partage aujourd'hui ma vie.

*

Je me souviens un jour avoir lu que nous pouvions avoir deux grands amours dans notre vie. Et je crois en cette théorie.

J'ai perdu le premier. Louis est parti dans cet accident de voiture qui a pris plusieurs années de ma vie et aujourd'hui je suis avec Zayn. Certains diront que j'ai choisi la facilité en me tournant vers lui, mais il a été là. Tout le temps. Il ne m'a jamais quitté, jamais abandonné, toujours soutenu. Et ça a été comme une évidence. Quand je suis parti à Los Angeles, il n'a mis que trois semaine à arriver "j'ai trouvé un job en ville, c'est pas beau ça?" hmm... coïncidence ? J'en doute. Mais je ne regrette pas, je ne regrette rien. J'aime Zayn, et je m'évertue à ne jamais le comparer à Louis parce que ce sont deux personnes différentes, deux histoires différentes.

Si Louis n'était pas mort, est-ce-que nous serions encore ensemble ? Je ne sais pas. Il me manque toujours beaucoup, un petit plus chaque jour, parfois j'arrive à oublier, je n'y pense pas pendant quelques jours, puis la culpabilité me ronge, et je craque. Zayn est toujours là dans ces moments là et il ne me juge pas. Il me soutient.

Louis n'est plus là mais il fera partie de ma vie à tout jamais.

Zayn ne le remplace pas, il ne le remplacera jamais, mais la vie continue.

Il me fait sourire, m'aide à avancer et à construire une vie stable.

Mais je pense qu'une partie de mon coeur sera toujours pour Louis. Mon Louis.

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