Chapitre n°37
Janvier 2017 - Le lendemain matin.
Je suis obligé d'avouer que j'ai passé une bonne soirée hier soir avec Louis.
Ca fait un bien fou de se sentir normal le temps d'une soirée. Il n'y a que lui et Zayn qui me font cet effet là. J'ai l'impression d'être vivant et entier quand je suis avec eux. Mais Louis a ce petit plus qui me donne des ailes. J'ai l'impression que je pourrais tout surmonter quand il me fait me sentir comme ça. Et ça fait du bien. Je n'en peux plus de lire la pitié des gens dans leurs regards. Dès que je croise une personne au courant de ce putain d'accident, de ... la mort de Niall, j'ai envie de vomir. Ca ne m'aide absolument pas ce type de comportement. Les gens ne semblent pas vouloir le comprendre pourtant.
Louis m'a encore accueilli pour la nuit. Sauf que cette fois-ci, j'ai dormi avec lui, dans son lit, et pas sur le canapé. M'endormir dans ses bras m'a fait du bien, ça m'a apaisé et je me suis senti "comme à la maison" en me réveillant ce matin. Il m'a cependant réveillé sans le vouloir quand il s'est levé pour aller travailler. Ce qui m'a rappelé que j'ai un rendez-vous avec lui à l'hôpital dans la semaine. Bref, on a déjeuné ensemble puis je suis parti en même temps que lui. Il voulait me déposer chez moi, mais je lui ai dit que je préférais marcher et prendre mon temps. Je ne sais pas si je vais rentrer chez ma mère ou retrouver Zayn. De toute façon, je ne sais pas s'il a cours ou pas ce matin.
Cette soirée m'a fait un bien fou. J'ai oublié l'enquête que nous sommes en train de faire avec Zayn le temps de quelques heures. Faire un petit break a été bénéfique et je peux ainsi repartir d'attaque ce matin pour mes recherches. J'ai décidé d'aller dans une librairie, de regarder les derniers romans sortis, les différentes nouveautés et surtout pour voir si je trouve une trace du bouquin. Il est normalement en magasin depuis septembre dernier. Nous sommes en janvier, il y a des chances qu'il soit toujours en rayon. A moins que ne je sois un bien piètre écrivain et que personne n'en veuille. Ce qui me ferait un petit pincement au coeur quand même.
Quand j'aurais ce bouquin entre les mains, je ne sais pas ce que je ferais. Je ne sais pas si je ferais comme avec les lettres. Si je ne vais pas le confier à Zayn et tout ressortir lorsque je serai prêt. J'ai l'impression d'avoir retrouvé un certain équilibre depuis mon retour de Los Angeles. Louis arrive à panser mes blessures et mes amis m'entourent et me soutiennent. Il n'y a que la situation avec ma mère qui me dérange un peu. Peut-être que si je mets en lumière toute la vérité je pourrais arranger ça. Je ne sais pas.
Pour le moment, je me concentre sur le roman et rien de plus.
J'ai pris le métro pour aller dans un centre commercial où j'ai mes habitudes. Peut-être que je pourrais trouver un vendeur qui me connaît et qui pourra m'aider. Je descends du métro quelques minutes plus tard, remonte deux rues puis m'engouffre à l'intérieur. Je marche jusqu'au magasin qui m'intéresse et une fois à l'intérieur, je me dirige directement vers le rayon concerné.
Au vue de l'histoire que je raconte dans ce bouquin je vais le retrouver au rayon pour les jeunes adultes et surtout pour les jeunes femmes. Je déambule entre les bouquins, laissant mes doigts parcourir les tranches de certains et mes yeux lire les titres qui m'interpellent, mais rien ne me parle. Je soupire largement en regardant autour de moi à la recherche d'un vendeur. Quelqu'un va peut-être bien pouvoir m'aider !
Je vois une blonde avec un badge en train de ranger des livres plus loin. Je m'avance vers elle et lui offre mon plus beau sourire.
- Excusez moi, je peux vous déranger quelques secondes ? Je lui demande
- Oui évidemment ! me répond la jeune fille, qu'est ce que je peux faire pour vous aider ?
- Je recherche un roman dont on m'a parlé, mais j'ai perdu le titre et le nom de l'auteur.
- Nous voila bien, mit-elle en rigolant légèrement.
C'est vrai que dit comme ça, c'est un peu idiot. Je me rattrape cependant rapidement pour continuer à lui expliquer la situation. Enfin à mentir sur la situation. Si je lui dis que je cherche mon roman parce qu'il raconte mon histoire et que je suis amnésique, elle va me prendre pour un fou.
- Non mais je connais l'histoire un petit peu ne vous en faites pas ! lui dis-je en souriant.
Elle hoche la tête en souriant en coin avant de croiser les bras sur sa poitrine.
- C'est l'histoire d'une relation entre deux hommes. L'un est comédien à Broadway, l'autre étudiant en littérature et il rêve de devenir écrivain.
- Oh ! Vous parlez du Best Seller d'Harold Miles ?
Sérieusement ? Harold Miles ? J'ai pas trouvé mieux comme idée de pseudonyme ?
- Je ne sais pas... peut-être.
- Ce bouquin fait un tabac depuis sa sortie ! Vous avez de la chance, on vient juste de le réapprovisionner. Il paraît que l'auteur a écrit sa véritable histoire d'amour, comme un récit autobiographique un peu. Il a changé le nom des personnages et quelques lieux je crois, mais on dit que c'est une histoire vrai. Ca fait deux ans que j'attends la suite ! s'exclame la jeune femme avant de continuer à parler sauf que je ne l'écoute plus.
Deux ans. Ca fait deux ans qu'elle attend la suite. Nous ne parlons pas du même bouquin ce n'est pas possible. Le miens a été publié il y a quelques mois à peine. Je secoue la tête en m'apprêtant à lui répondre qu'elle doit se tromper de roman, ou de date, ou j'en sais rien. Mais elle attrape un livre qu'elle me met ensuite entre les mains.
Je le sais. C'est MON livre.
Cinquième année de fac - Mois de novembre 2014
Je n'ai parlé de ce roman qu'à Niall et Taylor. Eux seuls savent qu'il va être publié. Je me doute que s'il se retrouve entre les mains de mes amis ou de ma mère ils vont rapidement comprendre que c'est moi l'auteur. J'ai pris soin de changer les noms des personnages, quelques noms de lieux que je cite, etc... mais dans le fond et la forme ça reste MON histoire. Enfin NOTRE histoire plutôt !
L'imprimeur a pris du retard cet l'été et malheureusement le bouquin n'a pas pu sortir en septembre. J'étais très déçu de ça d'ailleurs... J'aurais vraiment voulu l'avoir entre les mains plus tôt. J'étais tellement impatient de pouvoir donner un exemplaire à Niall. Il se moque de moi depuis son retour d'Asie. Il dit que je suis un putain de romantique qui ne pense qu'à l'emballer et à faire de lui mon homme pour le reste de ma vie. Ce qui est peut-être un petit peu vrai. On a que vingt-deux ans, certes, mais je sais que c'est LUI l'homme de ma vie. On s'est autant détesté qu'aimé, mais une chose est certaine, on ne peut plus se quitter maintenant.
Après sa tournée, Niall a décidé de faire un break de quelques semaines pour prendre du temps pour lui et se reposer. Il était vraiment épuisé à son retour. Personnellement, les cours me prennent beaucoup de temps et mon éditeur me demande d'écrire un tome deux à notre histoire. Sauf que je ne sais pas bien ce que je pourrais écrire parce que je n'ai pas encore assez de recul. A part nos échanges épistolaires et notre voyage au Vietnam, il n'y a pas grand chose à raconter ! Et je refuse d'inventer quoi que ce soit. Pour peu que ça nous porte malheur... ce serait bête quand même.
Non je ne suis pas superstitieux.
Mais aujourd'hui je récupère ENFIN mon roman. Mon éditeur m'a appelé en début de semaine pour me dire qu'il recevait un carton en avant première à la maison d'édition aujourd'hui. Je suis excité comme une puce. Je ne l'ai dis à personne. Ce soir, on doit aller à un soirée chez Ed. Niall doit passer me prendre avec sa nouvelle voiture. Ce con s'est acheté une voiture. Il essaie de se la jouer à la Liam je crois ! Quoi qu'il en soit, je compte bien donner un exemplaire à Taylor dès mon retour de l'éditeur, et un à Niall quand il passera me prendre. C'est une surprise pour eux deux. J'espère que ça leur fera plaisir.
J'arrive en bas de l'immeuble de la maison d'édition pile à l'heure. Monsieur Cameron, enfin... James, m'a demandé de venir à quatorze heures. J'avais cours ce matin. J'aurais bien séché mais quand je l'ai dis à James, il m'a dit que c'était une mauvaise idée. J'ai sauté dans le métro à la sortie de mon TD pour être à l'heure à mon rendez-vous.
Je passe les portes coulissantes en saluant Vanessa qui est à l'entrée et elle me renvoie mon sourire.
- Ton bouquin est arrivé. James est vraiment content du rendu. Il dit que ça va faire un tabac, s'exclame la jolie brunette.
Je souris largement avant de hocher la tête de haut en bas.
- Merci. J'espère aussi !
- Ne t'en fais pas pour ça. Personnellement je n'ai aucun doute. Je préviens James que tu arrives.
Je remercie Vanessa une fois de plus et je monte directement à l'étage pour retrouver James qui m'attend dans son bureau. Je frappe deux fois, j'entends la voix de mon éditeur me dire d'entrer et je me fais accueillir par un large sourire et des applaudissements. Je m'approche de James et il contourne le bureau pour me serrer la main en me félicitant.
- Harry Styles, notre nouveau prodige ! Je suis heureux de te recevoir Gamin.
Il sait que je déteste quand il m'appelle comme ça, mais je crois que lui aime bien. Je suis de toute façon trop content pour le contredire aujourd'hui.
Je lui serre la main avec bonheur et il retourne derrière son bureau. Il s'assoit, plonge en avant et ressort alors un roman d'un carton que je devine être au pied de son bureau. Il me le tend et je souris largement en découvrant la couverture en papier glacé.
"Le jour où tu me pardonneras"
Retour dans le présent - Deux ans plus tard.
J'attrape fébrilement le roman que me tend la vendeuse. Je reconnais la couverture, la police d'écriture que j'ai mis des heures à choisir avec James, la photo qui illustre le livre et mon pseudonyme écrit en gros, en gras, en grand.
- J'ai adoré ce roman. Dommage qu'on n'ait pas la suite. J'ai entendu dire qu'il n'y en aura sûrement jamais.
Elle parle mais je ne l'écoute pas, mon coeur bat à tout rompre dans ma poitrine, je retourne le roman pour lire la quatrième de couverture mais le voile recouvrant mon regard m'empêche de lire correctement ce qui est écrit..
Inspirer, expirer.
Calme-toi Harry. Calme-toi.
J'ouvre le roman à la fin pendant que l'autre blondasse continue de parler. Je dois me concentrer sur ce que je vois, ce que je lis.
Mes yeux se posent alors sur la date d'édition à la fin du bouquin. Novembre 2014.
Je n'ai pas fait une semaine de coma. Niall n'est pas mort depuis deux mois.
Ca fait deux ans. Ce putain d'accident a eu lieux il y a DEUX ANS !
Je referme le livre d'un geste, relève les yeux vers la jeune femme qui m'offre alors le regard le plus étrange du monde.
- Je... vous remercie. Je vais aller en caisse pour le payer, lui dis-je en faisant demi-tour et en la plantant là au milieu du rayon au milieu d'une phrase.
Je parcours la distance qui me sépare de la caisse au rythme avec mes battements de coeur qui se font de plus en plus fort dans ma poitrine. Quand la vendeuse me voit arriver essoufflé et qu'elle me demande si j'ai couru un marathon je me contente de secouer la tête en lui posant le roman sur sa caisse.
- Je vous dois combien ? j'enchaîne très rapidement.
Je dois rentrer voir Zayn.
Vite.
Lui me dira la vérité ! Pourquoi est-ce qu'on m'a menti, pourquoi est-ce qu'on m'a dit que cet accident avait eu lieu quelques jours avant mon réveil ? Pourquoi on ne m'a pas dit que j'avais loupé DEUX années de ma vie dans le coma. POURQUOI ?
- Monsieur !!
Je sursaute en laissant mes yeux divaguer quelques secondes avant de fixer la vendeuse.
- Quinze dollars s'il-vous-plaît..
J'hoche la tête de haut en bas et je plonge mes mains dans mes poches pour en sortir de la monnaie. Je paye rapidement et m'en vais sans dire au revoir à la caissière. Je sors à la hâte du magasin pendant que mon coeur continue de s'emballer dans ma poitrine. Je sens comme un poids immense venir s'abattre contre ma poitrine, et mes yeux se voilent de larmes. Je lutte pour ne pas craquer et m'effondrer au milieu de la rue alors que les questions ne cessent de m'assaillir de toute part.
Je ne comprends pas. Je ne COMPRENDS pas. Je ne comprends PAS ! Deux ans. Le livre a été publié en novembre 2014. Je me suis réveillé en novembre 2016. Niall est mort depuis deux ans. Deux ans qu'il m'a abandonné.
Je manque de renverser quelqu'un alors que je ne regarde pas où je vais. Je m'excuse d'une voix éraillée, il me demande si ça va et je fonds en larme. Je lève une main en l'air pour qu'il me laisse tranquille. J'accélère la cadence pour traverser la rue et aller jusqu'à la station de métro la plus proche.
Zayn.
J'attrape mon téléphone portable pour appeler mon ami. Je compose son numéro. Je l'appelle, mais il ne me répond pas.
Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois.
Quand j'arrive en bas de chez lui à la dixième fois il n'a toujours pas répondu. Je compose le code pour rentrer dans son immeuble, frappe chez sa voisine canon pour récupérer le double de ses clés, et je rentre dans l'appartement en claquant la porte derrière moi.
Inspirer, expirer. Calme-toi, tu dois te calmer Harry.
Je balance mon manteau sans regarder où il atterrit, je traverse l'appartement en ouvrant le roman. Je parcours les pages en diagonale.
Notre première rencontre dans les coulisses après sa représentation du Roi Lion.
Notre premier rendez-vous dans ce bar où il m'a traité de gars inutil toute la soirée.
Ma première visite chez lui et mon extase devant son magnifique appartement.
La première fois que je l'ai embrassé avec sincérité.
Mes remords quand je ne lui ai pas dit que je partais à Oxford.
La première fois que je lui ai dit que je l'aimais sur le pont de Brooklyn.
Mon départ à Oxford.
Putain. C'est mon histoire, ma vie, Niall, moi. Nous. PUTAIN.
Je suis incapable de m'arrêter. Je tourne et retourne les pages dans tous les sens. Je lis du début à la fin, de la fin au début, quelques mots, une phrase, un chiffre, une date. 2014. Je continue. Mon regard se remplit de larmes une fois de plus, l'eau commence à noyer le papier, mes doigts tremblent, je manque de déchirer le papier en tournant les pages.
La sonnerie de mon téléphone me fait sursauter et je manque de faire tomber le roman par terre. Je l'attrape, vois le prénom de Zayn. Je raccroche, je pose le téléphone sur la table basse et je le laisse sonner une fois, deux fois, trois fois... je perds le compte.
Je reviens au début du livre, première page, les remerciements.
"Est-ce que tu me pardonneras?
On ne sait jamais ce que demain peut t'apporter.
Ce que l'amour peut t'apporter.
Pardonne-moi. Aime-moi.
C'est pour toi Louis."
Non.
Non.
NON !!
Je balance le livre en travers de la pièce alors que mon esprit commence à s'embrouiller. Je traverse l'appartement à la hâte, j'ouvre la porte de la chambre de Zayn à la volée et récupère mes lettres dans le tiroir de son bureau. Je tire l'élastique d'un coup sec en le cassant et j'attrape la première qui m'arrive sous la main. Je l'ouvre en tremblant, les larmes ruisselant le long de mes joues, le coeur arrachant ma poitrine à chaque battement, m'arrachant une terrible douleur à chaque geste.
Je tire le papier de l'enveloppe, le déplie et le parcours des yeux,
"Cher Louis,
Je sais que tu n'ouvriras sûrement jamais cette enveloppe mais je t'écris en...."
Je la déchire en pleurant de rage. J'attrape une seconde lettre.
Louis, Louis, LOUIS.
Cinquième année de fac - Mois de novembre 2014
Taylor m'a félicité quand elle a vu le roman. Elle m'a dit que c'était un très beau travail et qu'elle était fière de moi. Je lui ai évidemment dédicacé celui que je lui ai offert. Ok je me suis pris pour une star de cinéma ou j'en sais trop rien, mais je suis tellement fier du travail que j'ai accompli.
Sans lui, je n'y serais jamais arrivé. S'il n'avait pas envoyé mon manuscrit chez James, je n'en serais pas ici aujourd'hui. Je ne le remercierai jamais assez pour tout ça. Je lui ai d'ailleurs préparé un exemplaire spécialement pour lui. Dédicacé. Ce qui me parait logique ! Il va encore me dire que je suis dégoulinant d'amour, totalement et profondément amoureux de lui mais c'est la vérité !
Taylor est partie avec Liam plus tôt dans l'après-midi. Ils devaient allés faire des courses pour la soirée. Ed a oublié la moitiée des trucs. Il m'a demandé d'y aller avant de venir mais je lui ai dit que j'avais autre chose à faire. Ce qui n'était pas totalement faux. Mais pas totalement vrai non plus...
Je suis en train de terminer de me préparer quand j'entends la porte de chez moi sonner. Il est à l'heure pour une fois ! Faut que je le lui fasse remarquer ! Je finis de boutonner ma chemise rose à motif et ouvre la porte de mon appartement en souriant grandement.
Le voilà. Il est là, devant moi, appuyé contre l'embrasure de la porte, cigarette au bec (connard) en pianotant sur son téléphone portable. En voyant la porte s'ouvrir, il relève les yeux vers moi. Il me sourit en coin, et je suis aspiré par l'océan de ses yeux.
- Tu as avalé une montre ? Je lui demande en souriant.
- Quoi tu veux que je reparte et que je revienne dans une heure Hazza ?
Je roule des yeux en rigolant avant de coller mes lèvres contre les siennes.
- Arrêtes de dire des conneries Louis et rentre. J'ai une surprise pour toi.
Retour dans le présent - Deux ans plus tard.
Niall est mort. - Louis est vivant.
Niall était mon amoureux - Louis est mon médecin.
Louis est mort. - Niall est vivant.
Louis était mon amoureux - Niall est mon médecin.
*
La première chose que je vois en ouvrant les yeux, c'est du blanc. Un plafond blanc, des draps blancs, une chemise de nuit blanche, des murs blancs, du blanc. Uniquement du blanc. Partout. Je sais où je suis, je reconnais cet endroit, qui ne le reconnaîtrait pas ?
Cette odeur, cette lumière, cette couleur. Je suis dans un hôpital. Dans le lit du malade.
Je me suis toujours demandé quelle serait la sensation de se réveiller dans une chambre d'hôpital et de ne pas savoir comment on s'est retrouvé là.
Je pense que l'on doit chercher dans notre mémoire tout ce qui pourrait répondre à la seule et unique question que l'on se pose : "Comment ai-je atterri dans ce lit ?" On doit chercher, se tordre le cerveau, agiter nos méninges, et... rien ne doit venir.
Je peux vous en parler, parce que je suis là, dans ce lit, les yeux grands ouverts, et je ne sais pas. Je ne sais rien.
Enfin si, je sais. Je sais que je m'appelle Harry Styles, que j'ai vingt-deux ans, que j'habite à New-York et que je vais à l'université de Columbia, j'ai une grande soeur qui s'appelle Gemma et elle a vingt-cinq ans. Elle est mannequin et elle vit à Los-Angeles. Elle adore le rose, quand elle était petite elle s'habillait toujours en rose. Encore aujourd'hui elle essaye toujours d'avoir une touche de rose dans sa tenue. Même si je sais que ça agace profondément son agent qui voudrait qu'elle puisse "grandir un peu". Je sais même que, pas plus tard qu'il y a deux jours, j'ai eu un grand débat là dessus avec ma soeur. Ma maman, elle, est danseuse. Ou plutôt était danseuse. Elle dansait pour le New-York City Ballet et aujourd'hui elle est chorégraphe. Elle vit dans l'Upper West Side. Elle adore Broadway, sa comédie musicale préférée est Le Roi Lion, et je sais qu'elle l'a vu dix-huit fois (j'étais présent six fois). Mon père, lui, est mort. Il est mort en 2006, en Irak. Il était militaire. Je sais tout ça ! Je suis aussi capable de vous dire que j'ai couché avec quatre garçons et deux filles, que j'avais un chien qui s'appelait Léon quand j'avais huit ans, que je vis dans le quartier de Chelsea en colocation avec ma meilleure amie Taylor, que j'étudie la littérature à l'université, que je suis allé en vacances à Cuba avec ma soeur cet été, je sais tout ça !
Mais je ne sais pas pourquoi je suis à l'hôpital !
Bon sang comme j'ai mal à la tête. Pourquoi j'ai mal à la tête ? Qu'est ce qu'il m'est arrivé ? Pourquoi je suis là ? Pourquoi je suis seul ? Où est ma mère ? Ma soeur ? Taylor ? Tout le monde, ils sont passés où ? Je suis dans un putain d'hôpital et personne n'est auprès de moi ?
Je m'agite, mais je n'y arrive pas. Je suis comme cloué dans ce lit. JE SUIS PARALYSÉ ? Non.. j'agite un orteil... je ne suis pas paralysé, alors pourquoi je ne peux pas me lever ? Je sens mon coeur tambouriner dans ma poitrine, il va s'envoler, il veut s'échapper de ma cage thoracique, il veut s'extraire de moi ! Il veut partir ! Il s'en va, je le sens partir ! J'ai mal au coeur, j'ai envie d'hurler, je hurle !
La porte de la chambre s'ouvre à la volée ! Je vois ma mère arriver avec deux personnes en blouse blanche. Je ne connais pas les deux personnes qui l'accompagnent !
- Harry ! Mon chéri ! Comment tu te sens?
- Qu'est ce que je fais ici maman? Pourquoi je suis à l'hôpital?
Je vois la détresse et les larmes commencer à apparaître dans le regard de ma mère et je n'aime pas ça. Du tout. Ma mère c'est cette femme calme et déterminée. Celle qui m'apaise et qui me réconforte. C'est mon pilier, c'est ma maman ! Elle ne peut pas craquer.
- Maman, pourquoi je suis là ? Qu'est ce qu'il se passe? Maman?
- Tu.. ne te rappelles rien ? Oh Harry ! Tu... vraiment ? Rien?
Elle pleure, ma maman pleure, je n'ai jamais vu ma maman pleurer, même pas le jour de la mort de mon père. Ma mère ne pleure pas. JAMAIS !
- Maman ! Maman !
Je vois l'homme en blouse blanche s'approcher de moi alors que je m'agite dans tous les sens. Il plante son regard azur dans le mien et attrape mes mains pour me stabiliser et me calmer.
- Harry, calmez-vous. Je suis le Docteur Horan. Tout va bien. Tout va bien vous êtes à l'hôpital.
- Je... mais... Pourquoi ?
- Vous n'avez aucun souvenir de ces deux dernières années Harry?
- NON ! Mais Pourquoi ?
Ma mère s'effondre, elle fond en larmes à côté de moi, la petite brune qui m'observe depuis l'arrière de la chambre s'avance vers elle pour la réconforter et moi je ne comprends rien de ce qu'il se passe. Est-ce que quelqu'un va m'expliquer?
- Ca recommence, j'ai encore perdu mon bébé... Harry... j'ai reperdu Harry...
Mais... maman?
Je ne comprends pas. Je ne comprends rien. Le médecin s'avance et plonge son regard dans le mien.
- Vous avez eu un accident de voiture vous et votre ami.
- Mon ami? Quel ami?
- Est-ce que vous vous souvenez?
Je secoue la tête de gauche à droite.
- Qui était avec moi? Je... Qui ?
- Louis. Il s'appelait Louis.
Louis ?
- Qui est Louis ?
FIN
PS : Je vous aime.
Toutes les explications dans l'épilogue !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top